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Poésie

Posts Tagged ‘(Pierre Béarn)’

Dans la nuit qui finit (Pierre Béarn)

Posted by arbrealettres sur 21 novembre 2018



Dans la nuit qui finit l’usine est une étoile
Mitez-vous ô mes moucherons !
Courons, ô ma raideur, sur les pavés bossus
avec la main sur la musette
pour empêcher la vinaigrette
de corrompre en flic-floc mon repas suspendu

Gueule du métro chaude où l’on plonge enfiévrés
Bus et tramways que l’on submerge
— Accours et cours ! l’usine héberge ! —
Camions de brume où l’on s’entasse en étrangers.
Cadrans de pointage au giron
l’usine vous attend au centre de sa toile.

La sirène en serpent furieux se raidissant
s’élance ! Hâtez-vous travailleurs !
elle sera sur les rumeurs
tête coupée bientôt jet de sang s’affaissant.

Au déboulé, garçon, pointe ton numéro
pour gagner ainsi le salaire
d’un morne jour utilitaire
métro, boulot, bistro, mégots, dodo, zéro.

(Pierre Béarn)

Illustration

 

 

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PRECEDE D’OMBRES (Pierre Béarn)

Posted by arbrealettres sur 18 novembre 2018



PRECEDE D’OMBRES

La main de l’enfant se tend
vers une ombre qui la prend.
La main de l’homme se tend
vers une ombre qui la prend.
Nous marchons, nous marchons

Plaignez le long troupeau des hommes
toujours précédés de leurs ombres.

Des mains de l’enfant au berceau
l’enfant mûri prend le témoin
qu’il donne à l’homme de demain
et l’homme trouve devant lui
un moi vieilli qui lui succède
d’autres effigies de lui-même
jusqu’au vieillard en son défi.

Nous marchons, nous marchons,
Plaignez le long troupeau des hommes
toujours précédés de leurs ombres
le long troupeau qui loin se fond
et toujours prêt se renouvelle
le Temps l’efface à l’horizon
mais l’enfant germe, l’enfant germe,

Nous marchons, nous marchons,
Plaignez le long troupeau des hommes
toujours précédés de leurs ombres
l’enfant crie qu’il ne veut pas vivre
et l’homme aussi crie dans l’enfant
et tous les cris s’oublient en cris
dans la marche du mouvement.

Nous marchons, nous marchons.
Plaignez le long troupeau des hommes
toujours précédés de leurs ombres.

La main se tend un homme tombe
et l’absent devient un enfant
qui vient bientôt combler le vide.
Le jour s’en va coiffé de nuit
la nuit s’en va coiffée de jour.

Nous marchons, nous marchons.
Plaignez le long troupeau des hommes
toujours précédés de leurs ombres.
Des mains de l’enfant au berceau
l’enfant mûri prend le témoin
qu’il donne à l’homme de demain
et l’homme trouve devant lui
l’ombre vieillie qui lui succède
d’autres effigies de lui-même
jusqu’au vieillard du dernier cri.

Nous marchons, nous marchons.
Plaignez le long troupeau des hommes
toujours précédés de leurs ombres
car vient le temps des mains tendues
vers une ombre qu’on ne voit plus.
On a porté se transformant
de relayeur en relayeur
le don malingre de la vie
mais vient le temps où l’ombre meurt.

(Pierre Béarn)

 

 

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LES TRAQUÉS (Pierre Béarn)

Posted by arbrealettres sur 27 octobre 2018



LES TRAQUÉS
(fragment)

Où sommes-nous sur le dos du monde ?
Nous avons tant roulé
d’un sabord sur l’autre
et piqué du nez dans l’embrun
que les méridiens sont brisés.

Le froid du vent ne trouve plus d’obstacle
sur le spardeck nu
c’est un torrent d’herbes mouillées qui dévale.

De la nuit, rien ne naît que ce filin
qui tombe dans ma main durcie.
On entend, comme d’un cachot, rôder la vie
et la Vie c’est la mer façonnant nos destins.

Le vie c’est aussi ce filin dans ma main
ce filin rude et froid qui vient d’en haut
du ciel peut-être
et qui vibre dans ma main.

Je le tirais á moi lorsque j’étais enfant
et la cloche éclatait d’orgueil !
Puis la nuit se peuplait d’étoiles vagabondes
qui glissaient en cercle vers moi
et l’église emmurait alors la voie lactée.

Si je tirais la cloche
dans ce vent d’herbes mouillées
viendraient-ils les vieux de mon village
sur la mer illimitée ?

Si j’éveillais le bruit des heures sur nos têtes
l’église de la nuit serait-elle assez grande
pour accueillir tous ces errants que j’ai perdus ?

Mais les heures ne sont plus saluées par des cloches
dans les sillons de nuit la guerre nous a vidés
loin des villages
loin des étoiles qui vagabondent.

Le vent nous reste, avec la mer, avec la nuit,
près de la Mort qu’il faut servir.

La cloche des heures ne sonne plus
mais les glas sont infinis

(Pierre Béarn)

Illustration: ArbreaPhotos
 

 

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Je devins une serrure (Pierre Béarn)

Posted by arbrealettres sur 21 octobre 2018



nid HTLf

Je devins une serrure qui veut prendre clef…
Je suis un nid d’oiseaux nouveau-nés qui chantent
un nid d’oiseaux cherchant leurs ailes
Sous la caresse encore incomprise du vent.

(Pierre Béarn)

Illustration

 

 

 

 

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Wollo Wollo (Pierre Béarn)

Posted by arbrealettres sur 21 octobre 2018



J’ai marché sur la terre usée des champs
Wollo Wollo
et j’ai suivi les femmes qui cheminent
sous les calebasses
longtemps longtemps vers les marchés.
l’ai vu passer les bêtes roulantes
des hommes qui n’ont pas de couleur
Wollo Wollo
mais j’ai vu fuir les démons qui les habitent.
Le lion perdra sa chevelure
et le surprenant ne pourra plus rien contre le surpris
Wollo Wollo
mais il faut marcher plus vite que l’horizon
et je marche.

(Pierre Béarn)

Illustration: Alberto Giacometti

 

 

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Un vertige (Pierre Béarn)

Posted by arbrealettres sur 15 octobre 2018



Un vertige en moi déforme mes sens
et bouscule mes sentiments profanés.
Je sens naître en moi mon corps
Je ne suis plus seule avec moi.

(Pierre Béarn)

Illustration: Raipun

 

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Le travail de ta main (Pierre Béarn)

Posted by arbrealettres sur 15 octobre 2018



Le travail de ta main
qui me fera semblable à la roue
dont l’un après l’autre éclatent les rayons.

(Pierre Béarn)

Illustration: Thierry Lambert

 

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Je me veux sans liens (Pierre Béarn)

Posted by arbrealettres sur 13 octobre 2018



Je me veux sans liens
tel un bateau qui navigue.

(Pierre Béarn)

Illustration: Odilon Redon

 

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QUATRE CANARDS (Pierre Béarn)

Posted by arbrealettres sur 13 octobre 2018



canards jpg [800x600]

QUATRE CANARDS

Quatre canards fort affairés
s’en allaient à la file indienne
le bec au vent, l’oeil affamé
sur le lac du bois de Vincennes.

Le premier vit un poisson vert
mais l’ayant couvert de son ombre
le second n’aperçut qu’un ver
qu’il négligea dans la pénombre.

Le troisième n’eut qu’un pli d’eau
jugez ce qu’eut le quatrième !
Autant voguer sur un ruisseau
avec la cane que l’on aime.

(Pierre Béarn)

 

 

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LES ARAIGNÉES ET LES DICTONS (Pierre Béarn)

Posted by arbrealettres sur 13 octobre 2018



LES ARAIGNÉES ET LES DICTONS

Araignée du matin : chagrin,
pensait un bébé coccinelle
cherchant à libérer ses ailes.

(Pierre Béarn)

Illustration: ArbreaPhotos
 

 

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