Posts Tagged ‘pilé’
Posted by arbrealettres sur 22 mars 2022

Illustration: Bing Wright
LE JOUR OÙ TOUT SE BRISE EN TOI
Le jour où tout se brise en toi
est un jour de vacances, ou bien
un jour de bureau, ou encore
un jour de retrouvailles, un jour
de famille, d’amis, de mariage ou de sexe.
Le jour où tout se brise en toi
ressemble aux autres jours de l’année : bien
sûr il y eut des signes de cet effondrement
mais tout est toujours sur le point de
s’effondrer, les immeubles, les piles de
linge propre, les actions en bourse,
alors pourquoi accorder à ces alarmes
quotidiennes la moindre importance ?
Le jour où tout se brise en toi —
je dis bien « tout » car il ne s’agit pas seulement
du coeur cassé comme le cou d’une volaille
la veille d’un dimanche à la campagne,
je parle du corps, de l’os du genou à celui de la mâchoire,
je parle de l’âme dans ses derniers retranchements,
je parle des plaies qui s’ouvrent, toutes en même temps.
Je parle de la raison qui se jette contre les murs,
du crâne mordu du sommet au
menton, des doigts de la main gauche
pliés entre ceux de la main droite.
Le jour où tout se brise en toi,
le pire n’est pas la quantité ahurissante de larmes
que tu bois des paupières à la bouche,
ni la migraine qui paralyse le visage et la nuque,
le pire, le jour où tout se brise en toi,
c’est le langage qu’on abandonne pour
des reniflements, le langage qu’on roue de coups
pour qu’il cesse d’aboyer ses mots d’amour
et de respect, le langage qu’on étouffe
dans la pornographie, le langage auquel on croyait tant
qui s’effondre avec le reste.
Le jour où tout se brise en toi
tu t’en veux si fort d’y avoir cru.
(Cécile Coulon)
Recueil: Noir Volcan
Traduction:
Editions: Le Castor Astral
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Cécile Coulon), abandonner, aboyer, accorder, action, ahurissant, alarme, ami, amour, année, âme, boire, bouche, bourse, bureau, campagne, cassé, cesser, coeur, corps, cou, coup, crâne, croire, dimanche, effondrement, famille, fort, genou, immeuble, importance, jour, langage, larme, linge, mariage, mâchoire, migraine, mot, mur, nuque, os, paralyser, parler, paupière, pilé, pire, plaie, pourquoi, propre, quantité, quotidien, raison, renifler, respect, ressembler, reste, retranchement, retrouvailles, rouer, s'en vouloir, s'ouvrir, se briser, se jeter, sexe, signe, tordu, vacances, veille, visage, volaille | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 16 juillet 2021
DITES! DITES!
Ah ! dites, dites
Où sont passés les troglodytes?
Où sont passés les troglodytes?
Où sont passés les Mohicans?
Et Blériot avec son biplan ?
Et l’Arabie pas Séoudite ?
Où sont passés les fiacres
Qu’étaient couverts de nacre?
Et les cochers boiteux
Qui devenaient le Diable en moins de deux?
Où sont passées les Amazones
Qui n’avaient qu’un sein comme bouclier?
Où est parti le puits de Dôme ?
Que sont devenus les Alliés ?
La guerre de Cent Ans ? Celle de Soixante-Dix ?
Et celle de Trente Ans?
Et Vercingétorix
Mon ancêtre, mon Gaulois,
Où donc est-il passé avec ses guêtres et ses oies?
Où sont passés les habitants
Des cavernes du bon vieux temps
Qui s’éclairaient modestement
Au moyen de vers luisants ?
Où sont passés les Thermopyles?
Où sont passés les Thermidors ?
Et les Anglais qu’ont pris la pile
Quand Jeanne d’Arc était en or ?
Et Léontine la femme à Léon ?
Et ce monsieur Napoléon
Qui donnait son foie
A tous les soldats
Et faisait semblant d’être là
Même quand il était dans les draps
Avec la Joséphine extra?
Et Samson? Et Dalila ?
Ah ! dites, dites
Y’en a des choses qui existent.
Moi, je veux bien. Moi, je vous crois.
Mais faut vraiment avoir la Foi!
(René de Obaldia)
Illustration: Johann Heinrich Wilhelm Tischbein
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in humour, méditations, poésie | Tagué: (René De Obaldia), Amazone, ancêtre, biplan, bouclier, cocher, croire, diable, drap, exister, extra, fiacre, foi, foie, guerre, oie, or, pilé, puits, sein, temps, troglodyte | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 mars 2021

Illustration: Simone Massi
Le mouchoir
Ce sont ses mains
qui l’ont lavé
repassé
plié
ses mains
qui l’ont déposé
sur la pile
dans l’armoire
ses mains
qui ont refermé les portes
de l’armoire
et que l’on a refermées
sur elles-mêmes
et sur nous
Ses mains
grattaient à la porte des robes
des chemises
et du linge de maison
même quand le linge
et la maison avaient disparu
de ses mains
Ses mains glissaient
à vide
sur le drap
où son corps tournait
à vide
dans les draps
ses mains
que j’ai prises dans mes mains
le jour où ses yeux se sont ouverts
une dernière fois
au jour qui se ferma
à cinq heures de l’après-midi
ce jour-là
Ce sont les mains de ma mère qui ont lavé
repassé
plié
hier
le mouchoir
que je déplie
aujourd’hui
avec mes mains.
(Yvon Le Men)
Recueil: Les mains de ma mère
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Yvon Le Men), armoire, aujourd'hui, à vide, chemise, corps, déplier, déposer, dernier, disparaître, drap, fermer, glisser, gratter, hier, jour, laver, linge, main, maison, mouchoir, ouvrir, pilé, plier, porte, refermer, repasser, robe, tourner, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 27 novembre 2019

Dimanche matin
La neige au-dessus des mimosas, les paquets de
journaux près des flaques, la fontaine dans les bois où le
receveur des contributions nettoie sa voiture.
En bas les bâches bleues et rouges tendues sur les piles
de sacs de ciment et les taches de rouille ou de minium sur
les coques des cargos qui viennent de Limassol ou d’Odessa.
Plus loin quelques fleurs mauves dans les rochers
blancs, les nudistes parcourent le sentier des douaniers,
baisers dans les coins, chiens qui flairent, la mer lape les
galets et les retourne comme des pièces fausses.
Au large les yachts frétillent après une semaine de
somnolence, les mouettes virent à l’assaut, claquent un
peu et plongent vers les épluchures que les cuisiniers
laissent tomber dans leur sillage.
Puis l’heure sonne à travers le frisson des branches
et le tintement des câbles métalliques dans l’accalmie de
la circulation.
Soudain le nid du phénix s’enflamme dans les collines et les mots éperdus, comme lâchés après des mois
de claustration, se cherchent dans ma tête au galop.
Alors je ramasse au bord du chemin les fragments
d’un vieux prospectus vantant les mérites d’une voyante, et
m’appuie sur le dossier d’un banc pour écrire ceci au verso.
(Michel Butor)
Recueil: Collation précédé de HORS-D’OEUVRE scandés par les SOUVENIRS ILLUSOIRES D’UN JAPON TRES ANCIENS
Traduction:
Editions: Seghers
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Michel Butor), accalmie, assaut, au-dessus, écrire, épluchure, baiser, banc, bâche, blanc, bleu, bois, branche, cargo, câble, chemin, chien, ciment, circulation, claquer, coin, contribution, coque, cuisinier, dimanche, dossier, douanier, faux, flairer, flaque, fleur, fontaine, fragment, frétiller, frisson, galet, journal, laper, large, matin, mauve, mérite, mer, mimosa, minium, mouette, neige, nettoyer, nid, nudiste, parcourir, phénix, pièce, pilé, plonger, prospectus, receveur, retourner, rocher, rouge, rouille, sac, sentier, sillage, somnolence, soudain, tache, tendre, tinter, tomber, vanter, venir, verso, virer, voiture, voyant, yacht | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 23 avril 2019

Annoncez les couleurs du soleil étouffé
annoncez l’incendie du blanc déjà tué
annoncez le roi nu
annoncez quatorze heures à midi
annoncez sur le seuil la venue des maudits
la neige des pétales sur l’hiver qui s’est tu
annoncez j’aime dans leurs palais de sang
annoncez pile et deux fois face
sur les linges qui savent quelle face ils essuient
annoncez l’impossible multiplié par tous
ne vous laissez pas questionner
ne vous laissez pas déséquilibrer
ne vous laissez pas séduire
annoncez.
(Jean Pérol)
Recueil: Histoire contemporaine
Traduction:
Editions:
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Jean Pérol), aimer, annoncer, étouffer, blanc, couleur, déséquilibrer, essuyer, face, hiver, impossible, incendie, linge, maudit, multiplier, neige, nu, palais, pétale, pilé, questionner, roi, sang, savoir, séduire, se taire, seuil, soleil, tuer, venue | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 2 novembre 2018

Je me souviens de « La pile Wonder ne s’use que si l’on s’en sert ».
(Georges Perec)
Recueil: Je me souviens
Traduction:
Editions: Hachette
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Georges Pérec), pilé, s'user, se souvenir, servir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 26 août 2018

Illustration: Gao Xingjian
Par quel foudroyant
éblouissement
découvrirons-nous
la face cachée
de tout et de rien
celle qui dit tout
sans rien contredire
sans rien attester
sans verbe ou silence
dans le tout de rien
dans le rien de tout
celle qui n’est pas
l’envers de la vie
l’endroit de la mort
l’invisible atteint
dès qu’on la retourne
celle qui n’est pas
le tout ou le rien
côté pile ou face
la nuit ou le jour
le mal ou le bien
celle qui n’est pas
un ordre contraire
un monde masqué
car on peut toujours
contrarier l’ordre
arracher un masque
Mais peut-on surprendre
la face cachée
qui n’est d’aucun ordre
d’aucune couleur
d’aucune saveur
et d’aucun côté
sans rien qui la crée
sans rien qui l’efface
sans rien de semblable
à rien de connu
la face cachée
de tout et de rien
dans l’inimaginable
unité?
(Robert Mallet)
Recueil: Presqu’îles presqu’amours
Traduction:
Editions: Gallimard
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Robert Mallet), arraché, atteint, attester, éblouissement, bien, caché, connu, contraire, contredire, couleur, créer, découvrir, dire, envers, face, foudroyant, inimaginable, invisible, mal, masque, mort, ordre, pilé, retourner, rien, saveur, semblable, silence, surprendre, tout, unité, verbe, vie | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 4 janvier 2018
Quelque part en toi
Où nul œil ne voit
Tu rumines ta plaie
Comme du verre pilé.
(Guillevic)
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Guillevic), oeil, pilé, plaie, ruminer, verre, voir | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 13 décembre 2017

RUE VOLTA
La petite échoppe ancienne
au cinq de la rue Volta
rareté électricienne
dont le nom s’égara là
garala garala
garala pile à Volta
(Raymond Queneau)
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in humour, poésie | Tagué: (Raymond Queneau), ancien, échoppe, électricien, nom, pilé, rareté, s'égarer, Volta | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 22 novembre 2017

Illustration
retouche au départ
dans cette petite minute
ton souvenir prend ses grands airs :
« je vous ai laissé pour draps
des piles d’horizons »
(Daniel Boulanger)
Recueil: Retouches
Editions: Gallimard
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Daniel Boulanger), départ, drap, grands airs, horizon, laisser, minute, pilé, retouche, souvenir | Leave a Comment »