Quand le vent pille le village
Tordant les cris
L’oiseau
S’engouffre dans le soleil
Tout est ruine
Et la ruine
Un contour spirituel
(Michel Deguy)
Posted by arbrealettres sur 23 juillet 2022
Quand le vent pille le village
Tordant les cris
L’oiseau
S’engouffre dans le soleil
Tout est ruine
Et la ruine
Un contour spirituel
(Michel Deguy)
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Posted by arbrealettres sur 4 juin 2022
JE SERRE SES MAINS …
Je serre ses mains ; je la presse contre ma poitrine.
J’essaie d’emplir mes bras de sa beauté, de piller
avec mes baisers son sourire, de boire avec mes yeux ses regards.
Hélas ! mais où est tout cela ?
Qui peut forcer l’azur du ciel ?
J’essaie d’étreindre la beauté ; elle m’élude, ne laissant
que le corps entre mes mains.
Confus et lassé, je retombe.
Comment pourrait le corps toucher la fleur que
seule l’âme peut toucher ?
(Rabindranath Tagore)
(Traduction : André Gide)
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Posted by arbrealettres sur 12 janvier 2021
Aux arbres
Arbres de la forêt, vous connaissez mon âme!
Au gré des envieux, la foule loue et blâme ;
Vous me connaissez, vous! – vous m’avez vu souvent,
Seul dans vos profondeurs, regardant et rêvant.
Vous le savez, la pierre où court un scarabée,
Une humble goutte d’eau de fleur en fleur tombée,
Un nuage, un oiseau, m’occupent tout un jour.
La contemplation m’emplit le coeur d’amour.
Vous m’avez vu cent fois, dans la vallée obscure,
Avec ces mots que dit l’esprit à la nature,
Questionner tout bas vos rameaux palpitants,
Et du même regard poursuivre en même temps,
Pensif, le front baissé, l’oeil dans l’herbe profonde,
L’étude d’un atome et l’étude du monde.
Attentif à vos bruits qui parlent tous un peu,
Arbres, vous m’avez vu fuir l’homme et chercher Dieu!
Feuilles qui tressaillez à la pointe des branches,
Nids dont le vent au loin sème les plumes blanches,
Clairières, vallons verts, déserts sombres et doux,
Vous savez que je suis calme et pur comme vous.
Comme au ciel vos parfums, mon culte à Dieu s’élance,
Et je suis plein d’oubli comme vous de silence!
La haine sur mon nom répand en vain son fiel ;
Toujours, – je vous atteste, ô bois aimés du ciel! –
J’ai chassé loin de moi toute pensée amère,
Et mon coeur est encor tel que le fit ma mère!
Arbres de ces grands bois qui frissonnez toujours,
Je vous aime, et vous, lierre au seuil des antres sourds,
Ravins où l’on entend filtrer les sources vives,
Buissons que les oiseaux pillent, joyeux convives!
Quand je suis parmi vous, arbres de ces grands bois,
Dans tout ce qui m’entoure et me cache à la fois,
Dans votre solitude où je rentre en moi-même,
Je sens quelqu’un de grand qui m’écoute et qui m’aime!
Aussi, taillis sacrés où Dieu même apparaît,
Arbres religieux, chênes, mousses, forêt,
Forêt! c’est dans votre ombre et dans votre mystère,
C’est sous votre branchage auguste et solitaire,
Que je veux abriter mon sépulcre ignoré,
Et que je veux dormir quand je m’endormirai.
(Victor Hugo)
Posted in poésie | Tagué: (Victor Hugo), abriter, aimer, amer, amour, antre, apparaître, arbre, atome, attentif, attester, auguste, âme, écouter, étude, blâmer, bois, branchage, branche, bruit, buisson, cacher, calme, chasser, chêne, chercher, ciel, clairière, coeur, connaître, contemplation, convive, courir, culte, désert, Dieu, dormir, doux, emplir, en vain, entendre, entourer, envieux, esprit, feuille, fiel, fleur, forêt, foule, frissonner, front, fuit, goutte, haine, herbe, homme, humble, ignoré, joyeux, lierre, louer, mot, mousse, mystère, nature, nid, nom, nuage, obscur, occuper, oeil, oiseau, ombre, oubli, palpiter, parfum, parler, pensée, pensif, pierre, piller, plein, plume, pointe, poursuivre, profond, profondeur, pur, questionner, rameau, ravin, répandre, rêver, regard, regarder, religieux, rentrer, s'élancer, s'endormir, sépulcre, scarabée, semer, sentir, seul, silence, solitaire, solitude, sombre, source, souvent, taillis, tomber, tressaillir, vallée, vallon, vent, vert, voir | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 11 décembre 2020
Illustration
L’eider
L’eider habite la Norvège ;
c’est là qu’il réside au bord du fjord bleu de plomb.
Il arrache de son sein le moelleux duvet, et bâtit son nid chaud et tiède.
Mais le pêcheur du fjord avec son pic d’acier trempé s’en vient dépouiller le nid jusqu’au dernier flocon.
Si le pêcheur est cruel, l’oiseau a la chaleur ; de nouveau il se dénude le sein.
Et qu’on le pille encore, il revêt tout de même de nouveau son nid dans un recoin bien caché.
Mais que l’on ravisse son troisième, son dernier trésor, il déploie ses ailes par une nuit de printemps.
Il fend la brume, poitrine ensanglantée ; vers le sud, vers le sud pour une côte ensoleillée !
(Henrik Ibsen)
Posted in poésie | Tagué: (Henrik Ibsen), acier, aile, arracher, bâtir, bleu, bord, brume, cacher, côte, chaleur, chaud, cruel, dénuder, déployer, dépouiller, de nouveau, dernier, duvet, eider, encore, ensanglanter, ensoleiller, fendre, fjord, flocon, habiter, moelleux, nid, Norvège, nuit, oiseau, pêcheur, pic, piller, plomb, poitrine, printemps, ravir, résider, recoin, revêtir, sein, sud, tiède, trésor | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 24 septembre 2019
Tout va bien
Une minuscule
araignée trapue
traverse la table
avec dans la bouche
une mouche
le vent souffle
sporadiquement
dès que je me retourne
plus rien ne bouge
si ce n’est
la nurserie ocre
du tilleul
que les abeilles
veillent
à savamment
piller
tout va bien
le monde court
après le monde
dans les paisibles
chuchotements
de nos agonies
veloutées
(Thomas Vinau)
Recueil: Juste après la pluie
Traduction:
Editions: Alma
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Posted by arbrealettres sur 29 novembre 2018
Hommage aux anges
[1]
Hermès Trismégiste
est le patron des alchimistes ;
sa province est la pensée,
inventive, rusée et curieuse ;
son métal est le vif-argent,
ses clients, orateurs, voleurs et poètes ;
vole donc, ô orateur,
pille, ô poète,
prends ce que la vieille-église
trouva dans la tombe de Mithra,
bougie et écriture et cloche,
prends ce sur quoi la nouvelle-église a craché
ce qu’elle a détruit et cassé ;
ramasse les fragments de verre brisé
et de ton feu et de ton haleine,
fais fondre et intègre,
ré-invoque, re-crée
l’opale, l’onyx, l’obsidienne,
à présent éparpillés en tessons
que foulent les humains.
***
Hermes Trismegistus
is patron of alchemists;
his province is thought,
inventive, artful and curious;
his metal is quicksilver,
his clients, orators, thieves and poets;
steal then, O orator,
plunder, O poet,
take what the old-church
found in Mithra’s tomb,
candle and script and bell,
take what the new-church spat upon
and broke and shattered;
collect the fragments of the splintered glass
and of your fire and breath,
melt down and integrate,
re-invoke, re-create
opal, onyx, obsidian,
now soattered in the shards
men tread upon.
(Hilda Doolittle)
Posted in poésie | Tagué: (Hilda Doolittle), alchimiste, écriture, église, éparpillé, bougie, brise, cloche, détruire, feu, fouler, haleine, Hermès, inventif, onyx, opale, pensée, piller, poète, ruse, tesson, verre, voleur | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 21 août 2018
LA GARE
GARE de la douleur j’ai fait toutes tes routes.
Je ne peux pîus aîler, je ne peux plus partir.
J’ai traîné sous tes ciels, j’ai crié sous tes voûtes.
Je me tends vers îe jour où j’en verrai sortir
Le masque sans regard qui roule á ma rencontre
Sur le crassier livide où je rampe vers lui,
Quand le convoi des jours qui brûle ses décombres
Crachera son repas d’ombres pour d’autres ombres
Dans l’étable de fer où rumine la nuit.
Ville de fiel, orgues brumeuses sous l’abside
Où les jouets divins s’entr’ouvrent pour nous voir,
Je n’entend plus gronder dans ton gouffre l’espoir
Que me soufflaient tes choeurs, que me traçaient tes signes,
A l’heure où les maisons s’allument pour le soir.
Ruche du miel amer où les hommes essaiment,
Port crevé de strideurs, noir de remorqueurs,
Dont la huée enfonce sa clef dans le coeur
Haïssable et hagard des ludions qui s’aiment,
Torpilleur de la chair contre les vieux mirages
Dont la salve défait et refait les visages,
Sombre écofe du soir où la classe rapporte
L’erreur de s’embrasser, l’erreur de se quitter,
Il y a bien longtemps que je sais écouter
Ton écluse qui souffre à deux pas de ma porte.
…
Gare de ma jeunesse et de ma solitude
Que l’orage parfois saluait longuement,
J’aurai longtemps connu tes regards et tes rampes,
Tes bâillements trempés, tes cris froids, tes attentes,
J’ai suivi tes passants, j’ai doublé tes départs,
Debout contre un pilier j’en aurai pris ma part
Au moment de buter au heurtoir de l’impasse,
A l’heure qu’iî faudra renverser la vapeur
Et que j’embrasserai sur sa bouche carrée
Le masque ardent et dur qui prendra mon empreinte
Dans le long cri d’adieu de tes portes fermées.
(Léon-Paul Fargue)
Posted in poésie | Tagué: (Léon-Paul Fargue), abside, adieu, aller, ardent, écluse, étable, bouche, chercher, choeur, clef, coeur, crassier, cri, douleur, empreinte, erreur, fer, gare, gronder, hagard, jeunesse, jouet, livide, masque, nuit, ombre, orage, orgues, partir, piller, rencontrer, repas, route, s'embrasser, saluer, signe, solitude, sortir, souffrir, traîner, vapeur, ville | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 31 juillet 2018
LES P’TITS OISEAUX CHANTAIENT TROP FORT…
Voilà : ce matin je voulais
Honorer d’un brin de romance
L’éveil des nids pleins d’oiselets
Et le doux printemps qui commence
J’ai débouché mon encrier,
Pris une plume et du papier
Refrain
J’ai voulu faire une chanson
Mais tireli tirelirette
Dans mon champ rempli de moisson
Mais tireli tirelirette
Les p’tits oiseaux chantaient trop fort (bis)
Au bout des vers de ma chanson
Tombèrent d’un vol unanime
Fauvette, bouvreuil et pinson
Dont le bec pilla chaque rime
Et leur refrain assourdissant
Étouffa le mien en passant.
Ainsi ce soir auprès de vous
Froissant nerveusement des roses
Je cherche les mots les plus doux
Pour vous dire certaines choses
J’en trouve trop… qui sont très bien
J’ouvre la bouche et ne dis rien.
Refrain final
Je voudrais vous causer d’amour
Mais tireli tirelirette
Dans mon coeur qu’enfête le jour
Mais tireli tirelirette
Les p’tits oiseaux chantent si fort (bis).
(Gaston Couté)
Posted in poésie | Tagué: (Gaston Couté), amour, assourdissant, étouffer, éveil, bouche, bouvreuil, causer, chanson, chanter, coeur, encrier, enfêter, fauvette, fort, froisser, honorer, nerveusement, nid, oiseau, oiselet, ouvrir, papier, piller, pinson, plume, printemps, refrain, rime, romance, rose, vol | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 5 juin 2018
S.A. 1911-1979
De la perte. Et d’une perte telle
qu’elle pille l’esprit — jusqu’à la perte même
de l’esprit. Commencer avec cette pensée : sans rime
ni raison. Et puis simplement attendre. Comme si
le premier mot
venait seulement après le dernier, après une vie
d’attente du mot
qui était perdu. Ne pas dire plus
que la stricte vérité : les hommes meurent, le monde déçoit,
les mots
n’ont aucun sens. Et par conséquent ne rien demander
que les mots.
Mur de pierre. Coeur de pierre. Chair et sang.
Autant que tout ceci.
Plus.
(Paul Auster)
Posted in poésie | Tagué: (Paul Auster), attendre, attente, chair, coeur, décevoir, demander, esprit, mourir, pensée, perdu, perte, pierre, piller, plus, raison, rime, sang, sens, vérité | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 5 avril 2018
Illustration
BILL
I
C’était le fils de la terre, et avant et après tout
Le rêve entier de son coeur aurait été sien, s’il avait été sage,
Ayant espace et lumière le nourrissant par les yeux,
Mais par le don des langues le fils fut maudit.
Il avait vite pillé la lumière des étoiles
Et pris des arbres le vent; de l’amour, de la mort
Il a fièrement fait un schibboleth stérile,
Assourdi, il oublia ce qu’était le silence.
Alors il découvrit que le silence avait un Nom,
Que la lumière des étoiles lui montrait un visage,
Il trouva à nouveau le vent dans l’herbe et la feuille, et Elle
Comme des ailes argentées sans fin qui respirent et battent
Plus lourdes et réelles que la musique, ou qu’une flamme
D’étoile lumineuse, et il se tait, étant avec elle.
***
BILL I
Son of earth was he, and first and last
His heart’s whole dream was his, had he been wise,
With space and light to feed it through his eyes,
But with the gift of tongues he was accursed.
Soon he had refs the starlight from the stars
And wind from trees he took, of love and death
He proudly made a sterile shibboleth,
‘Till deafened, he forgot what silence was.
Then he found that silence held a Name,
That starlight held a face for him to see,
Found wind once more in grass and leaf, and She
Like silver ceaseless wings that breathe and stir
More grave and true than music, or a flame
Of starlight, and he’s quiet, being with her.
(William Faulkner)
Posted in poésie | Tagué: (William Faulkner), aile, amour, arbre, argenté, étoile, battre, coeur, découvrir, don, entier, espace, feuille, fièrement, fils, flamme, herbe, langue, lourd, lumière, lumineux, maudit, mort, musique, nom, nourrir, piller, réel, rêve, respirer, sage, se taire, silence, terre, vent, visage, yeux | Leave a Comment »