Qu’il est doux d’aller sous l’Ormeau,
Danser au son du Pipeau,
Et de la Musette !
Mais il est cent fois plus charmant
D’être seulette
Dessus l’herbette,
Avec son Amant.
Un soir favorisé de colombes sublimes,
La pucelle doucement se peigne au soleil.
Aux nénuphars de l’onde elle donne un orteil
Ultime, et pour tiédir ses froides mains errantes
Parfois trempe au couchant leurs roses transparentes.
Tantôt, si d’une ondée innocente, sa peau
Frissonne, c’est le dire absurde d’un pipeau,
Flûte dont le coupable aux dents de pierrerie
Tire un futile vent d’ombre et de rêverie
Par l’occulte baiser qu’il risque sous les fleurs.
Mais presque indifférente aux feintes de ces pleurs,
Ni se se divinisant par aucune parole
De rose, elle démêle une lourde auréole ;
Et tirant de sa nuque un plaisir qui la tord,
Ses poings délicieux pressent la touffe d’or
Dont la lumière coule entre ses doigts limpides !
… Une feuille meurt sur ses épaules humides,
Une goutte tombe de la flûte sur l’eau,
Et le pied pur s’épeure comme un bel oiseau
Ivre d’ombre…
Vois l’aurore tremper les feuilles des mélisses,
La libellule errer au bord frais des calices,
Mêlant aux iris d’or son vol phosphorescent.
La grive a retrouvé ses pipeaux idylliques,
L’écho confusément lui donne la réplique,
Le jour s’effeuille ainsi qu’un églantier naissant.
Comme il est éphémère et suave de vivre!
Est-ce ta bouche encor dont la langueur m’ennivre,
Est-ce ton regard vert aux moires de l’étang?
Mais rien ne peut mourir des baisers que l’on donne
Et quand le temps cruel et faux nous abandonne,
Ils fleurissent en nous comme un divin printemps.
D’INVISIBLES pipeaux charment ma solitude.
Le soir voit défleurir le mélilot des prés.
O nymphes aux yeux verts, et toi, Pan au poil rude,
Je vous offre ces fruits que l’automne a dorés.
Lorsque j’ai convoité la fraîcheur des fontaines,
Etendu sur la roche et las des longs chemins,
Vous m’avez apporté l’eau des sources lointaines,
O nymphes ! dans le creux frissonnant de vos mains.
Je n’ai plus redouté l’aridité des sables,
Bouclier d’or où se double l’airain du ciel,
Car j’ai bu longuement, dans vos mains pitoyables,
L’eau claire qui me fut plus douce que le miel.
Voici le soir. Au ciel passe un vol de pigeons.
Rien ne vaut pour charmer une amoureuse fièvre,
Ô chevrier, le son d’un pipeau sur la lèvre
Qu’accompagne un bruit frais de source entre les joncs.
A l’ombre du platane où nous nous allongeons
L’herbe est plus molle. Laisse, ami, l’errante chèvre,
Sourde aux chevrotements du chevreau qu’elle sèvre,
Escalader la roche et brouter les bourgeons.
Ma flûte, faite avec sept tiges de ciguë
Inégales que joint un peu de cire, aiguë
Ou grave, pleure, chante ou gémit à mon gré.
Viens. Nous t’enseignerons l’art divin du Silène,
Et tes soupirs d’amour, de ce tuyau sacré,
S’envoleront parmi l’harmonieuse haleine.
L’amour, l’amour, l’amour
toujours le vieux discours
soit divin soit humain
idem le baratin
jusque dans les vécés
j’en peux plus par pitié
faudrait changer de disque
entreprise à hauts risques
Les curés en chaleur
idoles en pleurs
les mémés les plus louches
n’ont que ça à la bouche
oh de grâce arrêtez de vous badigeonner
de cette pub idiote
j’en ai plein la culotte
L’amour c’est du pipeau
c’est bon pour les gogos
L’amour c’est du pipeau
c’est bon pour les gogos
Bardes dégoulinants
scribouillards pleurnichants
délicats militaires
épargnez nous vos glaires
Vénus ô statue creuse
mets la donc en veilleuse
vas t’faire voir chez les Grecs,
les anthropopithèques
L’amour c’est du pipeau
c’est bon pour les gogos
L’amour c’est du pipeau
c’est bon pour les gogos
L’amour, l’amour, l’amour
toujours le vieux discours
soit divin soit humain
idem le baratin
Vénus ô statue creuse
mets la donc en veilleuse
vas t’faire voir chez les Grecs,
les anthropopithèques
L’amour c’est du pipeau
c’est bon pour les gogos
L’amour c’est du pipeau
c’est bon pour les gogos
Avez-vous entendu aux bois la voix nocturne
du poète d’amour chantant son infortune ?
Lorsque les champs au matin se taisaient,
ce chant pur et traînant du pipeau,
l’avez-vous entendu ?
L’avez-vous rencontré au plus sombre des bois,
le poète d’amour chantant son infortune ?
Avez-vous reconnu la trace de ses larmes,
son sourire, ses yeux, voilés par la langueur ?
L’avez-vous rencontré ?
Avez-vous soupiré, oyant la douce voix
du poète d’amour chantant son infortune ?
Voyant l’adolescent errer dans la forêt
et croisant le regard de ses yeux embués,
avez-vous soupiré ?