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Posts Tagged ‘pirate’

Palissade (Henri Monnier)

Posted by arbrealettres sur 28 mars 2022




    
Palissade

Le chat noir de la palissade
Promène son museau partout,
C’est un pirate en ambassade,
Le chat noir qui s’en vient chez nous.
Dans le jardin ou sur le toit,
En mille et une escapades
De tous côtés, il est le roi.

Il est le tigre du Bengale
Et le prince des maraudeurs,
Sa moquerie est sans égale:
Ce chat-là est un chapardeur.

Il faut le voir, cet escogriffe,
Ce gracile animal ingrat
Qui lacère à grands coups de griffe
Les détritus de papier gras.
Il mène sa vie à sa guise,
Ne faisant que ce qui lui plaît,
Il se complaît dans des bêtises
Qui ne valent pas un couplet.

Et cependant si ce vaurien
Ne commet que des incartades
A la maison, on l’aime bien,
Le chat noir de la palissade.

(Henri Monnier)

Recueil: le chat en cent poèmes
Traduction:
Editions: Omnibus

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Les feuilles sont l’espoir des racines (Jacques Lacarrière)

Posted by arbrealettres sur 23 mars 2021




    
Les feuilles sont l’espoir des racines
Les fleurs, celui des branches
Et le bourgeon, celui de la ramure

Pour nous, quelle sève à notre espoir ?

Le ramage est l’espoir de l’oiseau
Le clapotis, celui des eaux
Le chuchotement, celui des vents

Pour nous, quel chant à notre espoir ?

La rose est l’espoir de la tige
Le bleu, celui de l’océan
Et le vert, celui du printemps

Pour nous quelle couleur à notre espoir ?

Le miel est l’espoir de la ruche
Le vin est celui de la vigne
Et la miche est celui du blé

Pour nous, quelle saveur à notre espoir ?

La proie est l’espoir du rapace
Le venin, celui du serpent
Le butin, celui du pirate

Pour nous, quel destin à notre espoir ?

(Jacques Lacarrière)

 

Recueil: A l’orée du pays fertile
Traduction:
Editions: Seghers

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Une Louise dans chaque port (Jean Villard–Gilles)

Posted by arbrealettres sur 6 novembre 2019



Illustration: René Leforestier

    

Une Louise dans chaque port

C’était au bon temps des voiles latines
Nous, on naviguait sur la Madelon
Le patron c’était Jules d’Essertines
Il était beau comme Apollon
Il fallait le voir commander sa barque
Oeil clair, torse nu, gorgé de soleil
Plein de majesté, comme un vrai monarque
Doré ma foi jusqu’aux orteils
Un tombeur de charme, et un tout bon type
Les belles partout guettaient son retour
Il aimait la vie, il aimait sa pipe
Son bateau, le vin, et l’amour

(Refrain)
Car après Dieu seul maître à bord
Comme tous les marins du monde
Il avait pour son réconfort
Une Louise dans chaque port

Par le Bouveret, c’était, grassouillette
L’Angèle une blonde aux jolis yeux pers
Qui lui tricotait maillots et chaussettes
Pour qu’il s’enrhume pas l’hiver
A Thonon l’Irma, la belle cafetière
L’abreuvait d’amour et de vin clairet
Mais il apprenait les belles manières
Avec une Anglaise à Revers
Y avait l’Amanda, la muse de Morges
Qui lui donnait tout dans sa véranda
Son corps, son esprit, sa superbe gorge
C’était lui l’amant d’Amanda

(Au refrain)

On le surnommait parfois « Fend-la-bise »
Mais le plus souvent « Jules-le-tombeur »
Pour bien bourlinguer entre les Louises
Fallait un fort navigateur
Y avait les maris, y avait les tempêtes
Le soleil, la pluie, et le calme plat
On restait des jours sans bouger en quête
D’un souffle d’air et puis voilà
Le coup de Vauder, escale à l’auberge
Douchy où l’Esther, l’ange du quartier
Lui jouait au piano « La prière d’une vierge »
Qu’il exauçait bien volontiers

(Au refrain)

Mais le vent tournait, rabattait les voiles
Et la Madelon, chargée de graviers
Mettait cap à l’ouest, et Jules en sandales
Veillait au grain sans sourciller
Le vent fraîchissait, on voyait les grèves
Défiler ma foi vite et joliment
Puis on débarquait au port de Genève
Ahuri sans savoir comment
Pour nous accueillir, toutes les grandes gueules
De Piogre étaient là, ça faisait du bruit
La grande Lulu disait : « Pas de meule
J’emmène Jules pour la nuit »

(Au refrain)

C’était le bon temps, mais trop de Louises
Et trop de bordées, c’est bien épuisant
C’est ainsi qu’un soir, notre Fend-la-bise
Il allait sur ses cinquante ans
En faisait escale au port de Villeneuve
Est tombé, ma foi, mort en plein bonheur
Dans les bras douillets d’une jolie veuve
On peut bien dire « au champ d’honneur »
Au navigateur de charme et d’eau douce
On a fait alors un bel enterrement
Toutes étaient là, les blondes, les rousses
Toutes les perles du Léman

Et les pirates de tous bords
Pour fleurir la tombe où repose
Désormais celui qui est mort
D’une Louise dans chaque port

(Jean Villard–Gilles)

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Congo, Congo (Hubert Juin)

Posted by arbrealettres sur 29 novembre 2018



tam tam  2

Congo, Congo couleur de feu dans le grand rêve revenez
dans le songe Liberté tout de bronze revêtu !
Congo comme un puma qui guette dans les cavernes
végétales de l’ombre ! Congo avec les grands signes du tamtam
qui déchirent ta peau ! Congo d’ébène pour les négoces
du voleur et les gains du pirate,
Congo de chair humaine pour qui est négrier,
Congo de femmes nues pour le cinémascope!

(Hubert Juin)

Illustration

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Après l’amour (Denise Boucher)

Posted by arbrealettres sur 10 octobre 2017




    
Après l’amour

Tu dors heureux d’abandon

dans un pli d’éternité
sur le bleu de nos draps
au fil de nos eaux salées
tu dors dedans ton destin
sur la ligne de l’horizon
où tombent les voiliers
tu reviendras pirate
plein l’oeil de métamorphoses
sur la terre ronde des retours
ma main sur ton coquillage
les yeux à nouveau fermés
tu rediras mon amour
mon amour entends-tu bien
le chant bleu des baleines
épaves humides de la nuit
nous resterons immobiles
attendant une autre marée
où nous serons mouillés
par les vagues nouvelles
parce que la mer est mémoire
et qu’un jour de jeunesse
elle nous avait fait la peau

Tu dors heureux mon amour

(Denise Boucher)

 

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Les pirates du soleil dansent sur la grève (Rabah Belamri)

Posted by arbrealettres sur 14 mai 2017



encore la nuit
le silence nous serre les lèvres
la pierre de la peur est déjà dans le ventre

quelle main mettra en place le jour
quel pied donnera le gué

les chiens se taisent
l’attente franchit le rempart

jubilation
de l’autre côté la terre dresse ses mâts
les pirates du soleil dansent sur la grève

(Rabah Belamri)

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