Il paraît que les poètes
Sont des paresseux
Et qu’ils disent ce qu’ils ne font pas.
Parfois c’est bien pire !
Quand la neige tombe sur la terre
Quand le soleil chante le soir
Quand un oiseau se couche sous son aile
Les poètes n’ont rien à faire
Et rien à dire
Le poème s’écrit tout seul.
(David Dumortier)
Recueil: Pff! ça sert à quoi la poésie ?!
Traduction:
Editions: Rue du Monde
Le jour où tout se brise en toi
est un jour de vacances, ou bien
un jour de bureau, ou encore
un jour de retrouvailles, un jour
de famille, d’amis, de mariage ou de sexe.
Le jour où tout se brise en toi
ressemble aux autres jours de l’année : bien
sûr il y eut des signes de cet effondrement
mais tout est toujours sur le point de
s’effondrer, les immeubles, les piles de
linge propre, les actions en bourse,
alors pourquoi accorder à ces alarmes
quotidiennes la moindre importance ?
Le jour où tout se brise en toi —
je dis bien « tout » car il ne s’agit pas seulement
du coeur cassé comme le cou d’une volaille
la veille d’un dimanche à la campagne,
je parle du corps, de l’os du genou à celui de la mâchoire,
je parle de l’âme dans ses derniers retranchements,
je parle des plaies qui s’ouvrent, toutes en même temps.
Je parle de la raison qui se jette contre les murs,
du crâne mordu du sommet au
menton, des doigts de la main gauche
pliés entre ceux de la main droite.
Le jour où tout se brise en toi,
le pire n’est pas la quantité ahurissante de larmes
que tu bois des paupières à la bouche,
ni la migraine qui paralyse le visage et la nuque,
le pire, le jour où tout se brise en toi,
c’est le langage qu’on abandonne pour
des reniflements, le langage qu’on roue de coups
pour qu’il cesse d’aboyer ses mots d’amour
et de respect, le langage qu’on étouffe
dans la pornographie, le langage auquel on croyait tant
qui s’effondre avec le reste.
Le jour où tout se brise en toi
tu t’en veux si fort d’y avoir cru.
(Cécile Coulon)
Recueil: Noir Volcan
Traduction:
Editions: Le Castor Astral
[Tony] – Moi, Anton, je te veux pour épouse, Maria…
[Maria] – Moi, Maria, je te veux pour époux, Anton…
[Tony] – Dans la richesse comme dans la pauvreté…
[Maria] – Dans la santé comme dans la maladie…
[Tony] – Je t’aimerai et t’honorerai…
[Maria] – Pour le meilleur et pour le pire…
[Tony] – Du lever du soleil au coucher de la lune…
[Maria] – De lendemain en lendemain…
[Tony] – Pour l’éternité…
[Maria] – Jusqu’à ce que la mort nous sépare.
[Tony] – Avec cette alliance, je te prends pour épouse.
[Maria] – Avec cette alliance, je te prends pour époux.
(Chanté)
[Tony]
Que nos mains n’en forment plus qu’une,
Que nos cœurs ne fassent plus qu’un,
Échangeons maintenant un dernier vœu :
De n’être séparés que par la mort.
[Maria]
Que nos vies n’en forment plus qu’une,
Jour après jours, construisons notre vie.
[Ensemble]
C’est à présent le début
Une main, un cœur,
Même la mort ne saurait nous séparer.
Que nos vies n’en forment plus qu’une,
Jour après jours, construisons notre vie.
C’est à présent le début
Une main, un cœur,
Même la mort ne saurait nous séparer.
(West Side Story)
***
WEST SIDE STORY – ONE HAND, ONE HEART
(Dialogue parlé)
[Tony] – I, Anton, take thee, Maria . . .
[Maria] – I, Maria, take thee, Anton . . .
[Tony] – For richer, for poorer . . .
[Maria] – In sickness and in health . . .
[Tony] – To love and to honor . . .
[Maria] – To hold and to keep . . .
[Tony] – From each sun to each moon . . .
[Maria] – From tomorrow to tomorrow . . .
[Tony] – From now to forever . . .
[Maria] – Till death do us part.
[Tony] – With this ring, I thee wed.
[Maria] – With this ring, I thee wed.
(Chanté)
[Tony]
Make of our hands one hand,
Make of our hearts one heart,
Make of our vows one last vow:
Only death will part us now.
[Maria]
Make of our lives one life,
Day after day, one life.
[Ensemble]
Now it begins, now we start
One hand, one heart;
Even death won’t part us now.
Make of our lives one life,
Day after day, one life.
Now it begins, now we start
One hand, one heart,
Even death won’t part us now.
« Qui m’aidera ? Nul ne peut venir jusqu’ici.
Qui me tiendrait les mains ne tiendrait pas celles qui tremblent,
qui mettrait un écran devant mes yeux ne me garderait pas de voir,
qui serait jour et nuit autour de moi comme un manteau
ne pourrait rien contre ce feu, contre ce froid.
D’ici, j’atteste au moins qu’il est un mur
qu’aucun engin, qu’aucune trompette n’ébranle.
Rien ne m’attend plus désormais que le plus long et le pire. »
Est-ce ainsi qu’il se tait dans l’étroitesse de la nuit ?
Qui parle en moi, qui me regarde, d’où ?
Qui dit le bien, le mieux, le pire ?
Qui veut l’amour, qui nie l’amour ?
Qui perce des issues, qui ouvre des gouffres ?
Qui se sent étranger ?
Qui habite le vide
Où ce grand cri résonne ?
Qui tient haut les étoiles ?
Qui veut la vie, qui veut la mort ?
(Roger Milliot)
Recueil: Je est un autre Anthologie des plus beaux poèmes sur l’étranger en soi
Traduction:
Editions: Seghers
Nous parcourons les âges
l’amour est du voyage
nous revêtons ses mues
pour le meilleur et pour le pire
serments crachés et puis rompus
nous alternons entre chaud froid
tunnels passés
nous remercions les crépuscules
sur le clocher un coq s’affole
girouette avec le vent du nord.
J’aime les gens qui doutent
Les gens qui trop écoutent
Leur cœur se balancer
J’aime les gens qui disent
Et qui se contredisent
Et sans se dénoncer
J’aime les gens qui tremblent
Que parfois ils nous semblent
Capables de juger
J’aime les gens qui passent
Moitié dans leurs godasses
Et moitié à côté
[Refrain]
J’aime leur petite chanson
Même s’ils passent pour des cons
J’aime ceux qui paniquent
Ceux qui sont pas logiques
Enfin, pas comme il faut
Ceux qui, avec leurs chaînes
Pour pas que ça nous gêne
Font un bruit de grelot
Ceux qui n’auront pas honte
De n’être au bout du compte
Que des ratés du cœur
Pour n’avoir pas su dire :
« Délivrez-nous du pire
Et gardez le meilleur »
[Refrain]
J’aime leur petite chanson
Même s’ils passent pour des cons
J’aime les gens qui n’osent
S’approprier les choses
Encore moins les gens
Ceux qui veulent bien être
Qu’une simple fenêtre
Pour les yeux des enfants
Ceux qui sans oriflamme
Et daltoniens de l’âme
Ignorent les couleurs
Ceux qui sont assez poires
Pour que jamais l’histoire
Leur rende les honneurs
[Refrain]
J’aime leur petite chanson
Même s’ils passent pour des cons
J’aime les gens qui doutent
Mais voudraient qu’on leur foute
La paix de temps en temps
Et qu’on ne les malmène
Jamais quand ils promènent
Leurs automnes au printemps
Qu’on leur dise que l’âme
Fait de plus belles flammes
Que tous ces tristes culs
Et qu’on les remercie
Qu’on leur dise, on leur crie :
« Merci d’avoir vécu
Merci pour la tendresse
Et tant pis pour vos fesses
Qui ont fait ce qu’elles ont pu »