T’es pas la femme du boulanger
J’en crève rien qu’à te regarder
Je suis un mauvais comédien
Amoureux de toi jusqu’aux mains
Il te parle et tu lui souris
Moi je caresse ma jalousie
Non ça ne m’ennuie pas du tout
Qu’il vienne s’asseoir auprès de nous
Tout le monde lève son verre de champagne
Tout le monde m’a trouvé formidable
Cette chanson de mon enfance
Ca les a émus jusqu’aux larmes
Je dis merci en plaisantant
C’est peut-être ça le talent
Etre à la scène comme à la ville
Un sentimental imbécile
Toi tu ne me vois pas tu t’en fous
Tes yeux ressemblent à des bijoux
C’est un hold up très ordinaire
Il y a changement de cavalière
Quand il allume ta cigarette
Tu penches légèrement la tête
A ton oreille tous ces discours
C’est pire que de lui faire l’amour
S’il vous plaît garçon la même chose
J’ai envie d’arracher ces roses
Ni le plus grand des incendies
N’éteindra cette jalousie
T’es pas la femme du boulanger
J’en crève rien qu’à te regarder
Je suis un mauvais comédien
Amoureux de toi jusqu’aux mains
Il te parle et tu lui souris
Moi je caresse ma jalousie
Non ça ne m’ennuie pas du tout
Qu’il vienne s’asseoir auprès de nous
Tout le monde lève son verre de champagne
Tout le monde m’a trouvé formidable
Cette chanson de mon enfance
Ca les a émus jusqu’aux larmes
Je dis merci en plaisantant
C’est peut-être ça le talent
Etre à la scène comme à la ville
Un sentimental imbécile
il se tait devant la grande table
ses enfants parlent plaisantent
ses petits enfants jouent et se chamaillent
quels souvenirs sombrent dans ses yeux vides?
L’orage a duré toute la nuit. Sélénis aux beaux cheveux était venue filer avec moi.
Elle est restée de peur de la boue et serrées l’une contre l’autre, nous avons empli mon petit lit.
Quand les filles couchent à deux, le sommeil reste à la porte.
« Bilitis, dis-moi, dis-moi qui tu aimes. »
Elle faisait glisser sa jambe sur la mienne pour me caresser doucement.
Et elle a dit, devant ma bouche : « Je sais, Bilitis, qui tu aimes. Ferme les yeux, je suis Lykas. »
Je répondis en la touchant : « Ne vois-je pas bien que tu es fille ? Tu plaisantes mal à propos. »
Mais elle reprit : « En vérité, je suis Lykas, si tu fermes les paupières. Voilà ses bras, voilà ses mains… »
Et tendrement, dans le silence, elle enchanta ma rêverie d’une illusion singulière.
(Pierre Louÿs)
Recueil: Les chansons de Bilitis
Traduction:
Editions: Gallimard
Comblée de bonheur par ton amour,
Je ne reproche rien à l’occasion ;
Quand bien même elle fut pour toi un larron,
Combien je me réjouis de pareil larcin !
Et pourquoi parler de larcin ?
Donne-toi à moi par libre choix ;
I1 me serait très doux de croire —
Oui, c’est moi qui t’ai volé.
Ce que tu as donné si volontiers
Tе rapportera un gain splendide ;
Mon repos, ma vie en fleur,
Je te les donne volontiers, accepte-les !
Ne plaisante pas ! Ne parle pas de ruine !
L’amour ne nous fait-il pas riches ?
Quand je te tiens dans mes bras,
Mon bonheur ne le cède à aucun autre.
(Johann Wolfgang Von Goethe)
Recueil: Goethe Le Divan
Traduction: Henri Lichtenberger
Editions: Gallimard
On ne sait jamais qu’on part – quand on part –
On plaisante, on ferme la porte
Le Destin, qui suit, derrière nous la verrouille
Et jamais plus on n’aborde.
***
We never know we go, — when we are going
We jest and shut the door;
Fate following behind us bolts it,
And we accost no more.
Nous avions l’un pour l’autre un tendre sentiment,
Et nous avons vécu en parfait accord.
Nous avons souvent joué « au mari et à la femme »,
Sans jamais nous chamailler et nous battre.
Nous avons ri et plaisanté ensemble,
Nous avons échangé caresses et tendres baisers.
A la fin, nous nous sommes amusés, comme les enfants,
A jouer à cache-cache dans les bois et dans les champs;
Et nous avons si bien su nous cacher
Que nous ne nous sommes jamais retrouvés.
Ô visage étrange dans le miroir!
Ô compagnie ribaude, hôte saint,
Ô pauvre fou ravagé par le chagrin,
Quelle réponse? O toi myriade
Qui lutte, joue et passe,
Plaisante, défie, dément,
Moi? Moi? Moi?
Et toi?