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Posts Tagged ‘plongé’

À une dame qui lui demandait des énigmes (Claude Malleville)

Posted by arbrealettres sur 9 juillet 2019



Olga Naletova    (41)

À une dame qui lui demandait des énigmes

Je suis en même temps et de glace et de flamme,
La crainte et le désir accompagnent mes pas,
Ma peine a ses plaisirs, mon mal a ses appas
Et ma propre douleur me tient lieu de dictame.

En cet étrange état où souvent je me pâme,
J’ignore également la vie et le trépas.
Les endroits où je suis, c’est où je ne suis pas
Et j’ai du mouvement, bien que je sois sans âme.

Mon esprit de mon corps est toujours dégagé,
Un astre fait la nuit où je me vois plongé,
Un aveugle me guide, un enfant me conseille.

Je suis dans la prison et j’erre en mille lieux.
Voilà le seul énigme, adorable merveille,
Où ne pénètre point la clarté de vos yeux.

(Claude Malleville)

Illustration: Olga Naletova

 

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Soudain (Wang Wei)

Posted by arbrealettres sur 9 juillet 2019



A peine plongé entre les lotus rouges
Le voilà qui survole la berge claire
Soudain, poisson au bec, plumes tendres
Seul sur une branche, là, flottant…

(Wang Wei)


Illustration: Zhu Da

 

 

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Reflets (Maurice Maeterlinck)

Posted by arbrealettres sur 26 février 2019



 

Jeanie Tomanek strawberrymoon

Reflets

Sous l’eau du songe qui s’élève,
Mon âme a peur, mon âme a peur !
Et la lune luit dans mon cœur,
Plongé dans les sources du rêve.
Sous l’ennui morne des roseaux,
Seuls les reflets profonds des choses,
Des lys, des palmes et des roses,
Pleurent encore au fond des eaux.
Les fleurs s’effeuillent une à une
Sur le reflet du firmament,
Pour descendre éternellement
Dans l’eau du songe et dans la lune

(Maurice Maeterlinck)

Illustration: Jeanie Tomanek

 

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Une zone encore plongée dans la nuit (Charles Juliet)

Posted by arbrealettres sur 25 juillet 2018



Illustration: Gao Xingjian
    
une zone encore
plongée dans la nuit
mais qui s’éveille frémit
lance des appels

des concrétions
encore informes
s’attirent
s’articulent
donnent voix
à ce qui veut
monter vers le jour

le noyau
gagne en densité
s’entoure du cercle
qui l’aide
à prendre corps

la voix qui vagissait
se fait plus claire
plus forte
et le murmure
donne à entendre
ce qui aspire
à se formuler

la main transcrit
des mots tamisés
paisibles
où luit parfois
la douce lumière
de ce qui se vit
hors du temps

(Charles Juliet)

 

Recueil: une joie secrète
Traduction:
Editions: Voix d’encre

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Le vent dans l’île (Pablo Neruda)

Posted by arbrealettres sur 1 juin 2018



Le vent dans l’île

Le vent est un cheval:
écoute comme il court
travers mer et ciel.

Pour m’emmener : écoute
comme il parcourt le monde
pour m’emmener au loin.

Cache-moi dans tes bras,
cette nuit solitaire,
tandis que la pluie blesse
à la mer, à la terre,
innombrable, sa bouche.

Entends comme le vent
m’appelle en galopant
pour m’emmener au loin.

Ton front contre mon front,
ta bouche sur ma bouche,
nos deux corps amarrés
à l’amour qui nous brûle,
laisse le vent passer,
qu’il ne m’emporte pas.

Laisse courir le vent
d’écume couronné,
qu’il m’appelle et me cherche
en galopant dans l’ombre,
tandis que moi, plongé
au fond de tes grands yeux,
cette nuit solitaire,
amour, reposerai.

(Pablo Neruda)


Illustration: Ibara

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Je n’appartiens tout simplement pas à ce monde (Alejandra Pizarnik)

Posted by arbrealettres sur 2 décembre 2017



Illustration
    
Je n’appartiens tout simplement pas à ce monde.
J’habite la Lune avec frénésie.

Je n’ai pas peur de mourir,
j’ai peur de cette terre étrangère, agressive.

Je n’arrive pas à penser aux choses concrètes,
elles ne m’intéressent pas.

Je ne sais pas parler comme tout le monde.
Mes mots sont bizarres et viennent de loin,
d’un endroit où personne ne se rencontre.

Que ferai-je une fois plongée dans mes mondes fantastiques
et incapable de remonter à la surface?

Parce que c’est bien ce qui risque de m’arriver.
Je partirai et ne saurai pas revenir.

Je ne saurai d’ailleurs pas qu’il existe un « savoir revenir ».
Et je n’en aurai peut être tout simplement pas envie.

(Alejandra Pizarnik)

 

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DUO (Joë Bousquet)

Posted by arbrealettres sur 24 octobre 2017



DUO

Au fond de mes yeux mon visage
comme le pain de ce qu’il aime
un diamant dans la lumière
où sa profondeur l’a plongé

Amour partagé le silence
où mon regard trop grand pour moi
attend que mon corps se balance
dans les mains libres de mon coeur

(Joë Bousquet)

Illustration: Anne-Louis Girodet de Roussy-Trioson

 

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L’OMBRE (Jacques Basse)

Posted by arbrealettres sur 29 juillet 2017




    
L’OMBRE

le néant courbé sur le temps
captif de ces sombres parois
que lèche à volonté le vent
abrite là l’oiseau de proie

plus vigilant au soir de la vie
plongé dans de noires envies
suinte un regard de noirceur
qui effraie et ronge le coeur

là dans un décor agité passe
le temps ponctuant l’espace

(Jacques Basse)

 

Recueil: Le temps des Résonances
Editions: Rafaël de Surtis

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Le ciel de la mémoire est ouvert comme une ombre (Georges Jean)

Posted by arbrealettres sur 18 juin 2017



Le ciel de la mémoire
Est ouvert comme une ombre

Très loin court la rivière
Où passent les images

Un miroir est plongé
Dans l’étang des légendes

Et sur les bords du monde
L’attente a commencé

(Georges Jean)

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Ce n’est plus cette pesanteur (Paul Celan)

Posted by arbrealettres sur 2 mai 2016



Ce n’est plus
cette
pesanteur parfois
plongée dans l’heure
avec toi. C’en est
une autre.

C’est le poids retenant le vide
qui avec
toi irait.
Il n’a, comme toi, pas de nom. Peut-être
êtes vous la même chose. Peut-être
me donneras-tu aussi un jour ce
nom.

(Paul Celan)

 

 

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