Quand vous écrivez des haïkus,
votre intuition vous révèle
ce que vous ne saviez pas savoir
avant de l’écrire.
Cette façon de se surprendre soi-même
avec ses propres mots de sagesse
— ou d’être surpris par la sagesse
contenue dans les poèmes des autres —
est au coeur de la guérison poétique.
***
la mort n’a pas sa voix ici
l’espoir, le soutien, le courage, se partagent
Nous sommes des survivants!
Tout concentrer dans une vision poétique des évènements
et jouir ainsi des choses, transformer en être fantastique
ce qui habituellement arrive de la manière la plus banale
Un poème toujours se cherche en toi
Qu’il sorte de ta main
Qu’il sorte de la glaise
Qu’il sorte de ton sang
Qu’il sorte de nos rêves
Un poème toujours trouve son chemin
Qu’il naisse de ta sève
Qu’il naisse de ton pain
Qu’il naisse des vieux temps
Qu’il renaisse demain
Un poème toujours craquèle sa coquille
Qu’il éclate à l’aurore
Qu’il éclate au creux du soir
Qu’il éclate en traîne d’espoir
Qu’il éclate en poussière d’étoiles
Un poème toujours couve sous la cendre
Qu’il brûle comme brindille
Qu’il brûle comme bûcher
Qu’il brûle en ses méandres
Qu’il brûle en gerbe d’or
Nervures de la terre feu ciel amor
Le poème est en marche c’est la fin de la mort
(Claude Haller)
Recueil: Poèmes du petit matin
Traduction:
Editions: Hachette
D’où vient le poème ? A quoi sert
De tracer à l’équerre la semence :
Fleur ou herbe, forêt et fruit.
Mais avancer un pied n’est pas voyager,
Comme ne sera peinture la couleur qui ne s’inscrit
Avec tact rigoureux et harmonie.
Amour, s’il y a, de peu se contente
Si, pour les loisirs d’une âme accompagnée,
Du corps lui suffit la prescience.
Le poème ne s’oublie pas, ne s’ajourne pas,
Si le corps du mot est moulé
Avec rythme, assurance et conscience.
***
Arte poética
Vem de quê o poema? De quanto serve
A traçar a esquadria da semente:
Flor ou erva, floresta e fruto.
Mas avançar um pé não é fazer jornada,
Nem pintura será a cor que não se inscreve
Em acerto rigoroso harmonia.
Amor, se o há, com pouco se conforma
Se, por lazeres de alma acompanhada,
Do corpo lhe bastar a presciência.
Não se esquece o poema, não se adia,
Se o corpo da palavra for moldado
Em ritmo, segurança e consciência.
(José Saramago)
Recueil: Les poèmes possibles
Traduction: Nicole Siganos
Editions: Jacques Brémond
{Refrain:}
Un doux parfum qu´on respire
C´est fleur bleue
Un regard qui vous attire
C´est fleur bleue
Des mots difficiles à dire
C´est fleur bleue
C´est fleur bleue
Une chanson qu´on fredonne
C´est fleur bleue
Un jeune amour qui se donne
Deux grands yeux qui s´abandonnent
C´est fleur bleue
On envoie des pneumatiques
A fleur bleue
Les dimanches sont poétiques
Tout fleur bleue
On se met du cosmétique
Dans les cheveux, oui parbleu, pour fleur bleue
On jure que l´on s´adore
Tous les deux
Et l´on jurerait encore
Si fleur bleue
Ne vous plaquait, ça c´est vache
Pour un dragon à moustache
Ah! Morbleu!…
Elle n´est pas revenue
Mystérieux
Oui à jamais disparue
Sans adieux
Et je suis seul dans la rue
Larmes aux yeux, larmes aux yeux, larmes aux yeux
Mais soudain le cœur bat vite
Ah, mon Dieu :
La voilà c´est la petite
L´air joyeux
Non ce n´est pas elle, quel drame
C´est une assez grosse dame
Pas fleur bleue.
Alors le printemps l´automne
Sans fleur bleue
Coulent des jours monotones
Ciel pluvieux
Et cet air que je fredonne
Sans fleur bleue, devient vieux, ennuyeux
Pourtant ne soyons pas triste
Pour fleur bleue
J´en ai là tout une liste
C´est bien mieux
Amourettes passagères
Joies peines de cœur légères
Oui, fleurs bleues.
C’est une musique qui circulait au-dedans de nous
et qui attendait que les paroles prononcées la délivrent.
Aussitôt nous en mesurons la justesse et la vérité,
que la beauté poétique conduit au jour.
(Gérard Bocholer)
Recueil: Le poème Exercice spirituel
Traduction:
Editions: Ad Solem