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Un visage signé de rides (Jean-Vincent Verdonnet)

Posted by arbrealettres sur 22 février 2023




    
Un visage signé de rides
qu’une rose en s’ouvrant
lira

la poix de la suie douce aux poutres
où reposèrent un moment
les oiseleurs de sortilèges

le baiser des millénaires aux graminées
dans un tourbillon d’allégresse

la manne de ciels
qui naissent de faims pauvres

des gestes anciens fondant
l’espace nouveau des journées

et ces révélations d’étoiles
dont l’eau des fontaines frémit

pourraient changer
l’ordre du monde

(Jean-Vincent Verdonnet)

 

Recueil: D’ailleurs
Editions: Saint-Germain-des-Prés

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NARCISSE (Paul Éluard)

Posted by arbrealettres sur 16 février 2023



Illustration: Man Ray
    
NARCISSE

Masque de poix
N’être que soi
Guide égaré.

(Paul Éluard)

Recueil: Les mains libres
Traduction:
Editions: Gallimard

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LES USINES (Emile Verhaeren)

Posted by arbrealettres sur 1 juin 2017



 

 

LES USINES

Se regardant avec les yeux cassés de leurs fenêtres
Et se mirant dans l’eau de poix et de salpêtre
D’un canal droit, marquant sa barre à l’infini,
Face à face, le long des quais d’ombre et de nuit,
Par à travers les faubourgs lourds
Et la misère en pleurs de ces faubourgs,
Ronflent terriblement usines et fabriques.

Rectangles de granit et monuments de briques,
Et longs murs noirs durant des lieues,
Immensément, par les banlieues ;
Et sur les toits, dans le brouillard, aiguillonnées
De fers et de paratonnerres,
Les cheminées.

Se regardant de leurs yeux noirs et symétriques,
Par la banlieue, à l’infini,
Ronflent le jour, la nuit,
Les usines et les fabriques.

Parée et noire et opulente,
Au cri des orgues violentes
Qui la célèbrent,
La mort tout en ténèbres
Règne, comme une idole assise,
Sous la coupole des églises.

Des feux, tordus comme des hydres,
Se hérissent, autour du catafalque immense,
Où des anges, tenant des faulx et des clepsydres,
Dressent leur véhémence,
Clairons dardés, vers le néant.

Le vide en est grandi sous le transept béant ;
De hautes voix d’enfants
Jettent vers les miséricordes
Des cris tordus comme des cordes,
Tandis que les vieilles murailles
Montent, comme des linceuls blancs,
Autour du bloc formidable et branlant
De ces massives funérailles.

Drapée en noir et familière,
La Mort s’en va le long des rues
Longues et linéaires.

Drapée en noir, comme le soir,
La vieille Mort agressive et bourrue
S’en va par les quartiers
Des boutiques et des métiers,
En carrosse qui se rehausse

De gros lambris exorbitants,
Couleur d’usure et d’ancien temps.

Drapée en noir, la Mort
Cassant, entre ses mains, le sort
Des gens méticuleux et réfléchis
Qui s’exténuent, en leurs logis,
Vainement, à faire fortune,
La Mort soudaine et importune
Les met en ordre dans leurs bières
Comme en des cases régulières.

Et les cloches sonnent péniblement
Un malheureux enterrement,
Sur le défunt, que l’on trimballe,
Par les églises colossales,
Vers un coin d’ombre, où quelques cierges,
Pauvres flammes, brûlent, devant la Vierge.

Vêtue en noir et besogneuse,
La Mort gagne jusqu’aux faubourgs,
En chariot branlant et lourd,
Avec de vieilles haridelles
Qu’elle flagelle
Chaque matin, vers quels destins ?
Vêtue en noir,
La Mort enjambe le trottoir
Et l’égout pâle, où se mirent les bornes,
Qui vont là-bas, une à une, vers les champs mornes ;
Et leste et rude et dédaigneuse
Gagne les escaliers et s’arrête sur les paliers
Où l’on entend pleurer et sangloter,
Derrière la porte entr’ouverte,

(Emile Verhaeren)

 

 

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Présence de l’absence (Rina Lasnier)

Posted by arbrealettres sur 27 juillet 2016



Présence de l’absence

Tu es né mêlé à moi comme à l’archaïque lumière les eaux sans pesanteur,
Tu es né loin de moi comme au bout du soleil les terres noyautées de feu,
Tu nais sans cesse de moi comme les mille bras des vagues courant sur la mer toujours étrangère;
C’est moi ce charroi d’ondes pour mûrir ton destin comme midi au sommet d’une cloche;

Cette gorgée d’eau qui te livre la cime du glacier, c’est mon silence en toi,
Et c’est le sillage de mon défi cette odeur qui t’assujettit à la rose;
Cette pourpre dont tu fais l’honneur de ton manteau, c’est le deuil violent de mon départ;
C’est moi l’amour sans la longue, la triste paix possessive…

Moi, je suis en toi ce néant d’écume, cette levure pour la mie de ton pain;
Toi, tu es en moi cette chaude aimantation et je ne dévie point de toi;

C’est moi qui fais lever ce bleu de ton regard et tu couvres les plaies du monde.
C’est moi ce remuement de larmes et tout chemin ravagé entre les dieux et toi.
C’est moi l’envers insaisissable du sceau de ton nom.

Si ton propre souffle te quittait, je recueillerais pour toi celui des morts dérisoires;
Si quelque ange te frustrait d’un désir, ce serait moi la fraude cachée dans la malédiction.
Toi, tu nais sans cesse de moi comme d’une jeune morte, sans souillure de sang;
De ma fuite sont tes ailes, de ma fuite la puissance de ton planement;
De moi, non point l’hérédité du lait, mais cette lèvre jamais sauve du gémissement.

Je suis l’embrasement amoureux de l’absence sans la poix de la glutineuse présence.

(Rina Lasnier)

Illustration: Eric Fortune

 

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