les mots ont le balancement des barques
tandis la chaîne au bas du port se tend
dans la lumière creuse
(Daniel Boulanger)
Posted by arbrealettres sur 20 février 2023
Illustration: Serge Ceccarelli
Chatière
Un petit creux au ventre,
Il entre.
La maison qui s’endort,
Il sort.
Flip, flap, flip, flap.
Rêve de canapé,
Il entre.
Passe une météore,
Il sort.
Flip, flap, flip, flap
Besoin d’un bisou,
Il entre.
La lune est un trésor,
Il sort.
Flip, flap, flip, flap.
La vie est son antre,
Il rentre.
Il a atteint le port,
Il ressort.
Flip, flap, flip, flap.
(Patrick Bertrand)
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Posted by arbrealettres sur 20 février 2023
Illustration
Je ne puis voir la mer sans rêver de voyages.
Le soir se fait, un soir ami du paysage
Où les bateaux, sur le sable du port,
En attendant le flux prochain, dorment encor…
Oh ce premier sursaut de leurs quilles cabrées
Aux coups de fouet soudains des montantes marées!
(Émile Verhaeren)
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Posted by arbrealettres sur 20 février 2023
Illustration: Josephine Wall
Toutes les natures ont leur inclination,
plus ou moins, selon leurs genres divers,
rapprochées de leur principe :
d’où vient qu’elles voguent vers divers ports
à travers la grande mer de l’Etre,
emportées chacune par l’instinct qu’elle a reçu :
celui-ci emporte le feu vers la lune ;
celui-ci meut les cœurs mortels ;
celui-ci condense et unit en une masse la terre.
Et les flèches de cet arc n’atteignent pas seulement
les créatures privées d’intelligence,
mais celles aussi douées d’intelligence et d’amour.
La Providence ordonnatrice de ce vaste tout,
par l’effusion de sa lumière
maintient perpétuellement en paix le ciel
où tourne le Cercle le plus rapide.
(Dante)
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Posted by arbrealettres sur 19 janvier 2023
Ce que j’ ai ressenti et je ne veux pas le dire
Aujourd’hui
en allant au travail
j’ai fait un détour
par le quai du vieux port
j’ai vu dans la brume matinale
beaucoup de navires immobiles
je ne pensais à rien
mais ce que j’ai ressenti, et j’ai voulu le dire,
c’est que je ne suis pas
à bord de l’un d’eux.
J’ai observé les mouettes qui miroitaient
en poussant leurs cris
elles ont toujours signifié pour moi
des corbeaux blancs
mais ce que j’ai ressenti, et j’ai voulu le dire,
c’est que je ne suis pas
l’un d’eux.
Le temps m’a rattrapé
alors j’ai tourné le dos à la mer
indifférent à tout
beaucoup de gens m’ont dépassé
certains ont échangé un salut avec moi
mais ce que j’ai ressenti, et je ne veux pas le dire,
c’est que je ne suis pas
l’un d’eux…
***
(Mundhr Masri)
Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral
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Posted by arbrealettres sur 1 janvier 2023
Illustration: Takahiro Hara
Le port
Déchiré par les orages de l’amour
et ressoudé par les accalmies
de l’amour,
me voilà allongé dans un port
qui ne sait pas
où ton corps se termine
et où mon corps commence.
Des poissons nagent entre nos côtes
et des mouettes crient comme des miroirs
après notre sang.
***
The Harbor
Torn apart by the storms of love
and put back together by the calms
of love,
I lie here in a harbor
that does not know
where your body ends
and my body begins.
Fish swim between our ribs
and sea gulls cry like mirrors
to our blood.
(Richard Brautigan)
Recueil: C’est tout ce que j’ai à déclarer Oeuvres poétiques complètes
Traduction: Thierry Beauchamp, Frédéric Lasaygues et Nicolas Richard
Editions: Le Castor Astral
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Posted by arbrealettres sur 4 juin 2022
L’INSTANT CRÉÉ
Pose là tes mains
Comme deux silhouettes frémissantes
Qui ne trahiront pas ta mémoire
O Belle secrète
Déjà s’ébranlent tes veines
Pour apprendre le vertige
Pour poser des charnières
Aux personnages que nous incarnons
Tu as oublié ta pesanteur
Aux rives où l’on enchaîne
Les mouettes noires
Et s’ouvrent devant ton corps
Les horizons chauds du rêve
Du rêve du monde et de la vie
Fondus et confondus
Brillants à l’appel de tes yeux A
l’infini des parfums
J’ignore la croissance du miel
Le mécanisme de l’aile
Le port où l’on nous attend toi et moi
Séparément
Je ne veux reconnaître que l’appel du jour
La courbe de ta hanche
Et la frayeur de mon corps
A l’instant de l’amour
L’arbre non plus ne voit pas son destin La
pierre oubliée au fond de la rivière Espère
reconnaître chaque courant A mon
passage
Donne-moi tes mains
O Belle secrète
Cette nuit ta mémoire éclatera
(Jean-Guy Pilon)
Posted in poésie | Tagué: (Jean-Guy Pilon), aile, amour, appel, apprendre, arbre, attendre, éclater, belle, brillant, charnière, chaud, confondre, corps, courant, courbe, créer, croissance, destin, donner, enchaîner, espérer, fond, fondre, frayeur, frémissant, horizon, ignorer, incarner, infini, instant, jour, main, mécanisme, mémoire, miel, monde, mouette, noir, oublier, parfum, passage, personnage, pesanteur, pierre, port, poser, rêve, reconnaître, rive, rivière, s'ébranler, s'ouvrir, séparément, secret, secret;nuit, silhouette, trahir, veine, vertige, vie, voir, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 16 mai 2022
CALME
Tous les vents me traversent et toutes les flammes
Des volcans me brûlent et tous les coeurs
Me percent de leurs flèches et toutes les âmes
M’inondent de leurs rayons, ô douceur
De la flamme, du dard et des tempêtes,
Fraîcheur de la lumière et bonté du reflet,
Je brûle, je m’agite, je saigne et c’est fête
Au fond de moi, repos, oubli, calme complet.
L’univers a son port où tout bruit qui menace
Meurt et se change en silence éternel.
Les étoiles s’y vont reposer de l’espace
Et les hommes rêver des voluptés du ciel.
(Franz Hellens)
Posted in poésie | Tagué: (Franz Hellens), agiter, âme, étoile, bonté, brûler, bruit, calme, ciel, coeur, douceur, espace, fête, flamme, flèche, fraîcheur, inonder, lumière, menacer, percer, port, rayon, rêver, reflet, repos, reposer, silence, tempête, traverser, univers, vent, volcan, volupté | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 20 avril 2022
Vagues
J’ai vu un Dieu minuscule
Assis
sous un parapluie bleu vif
Qui avait des glands blancs
Et des baleines d’or fourchues.
Au-dessous de lui
Son petit monde
S’expose au soleil.
L’ombre de Son chapeau
S’étale sur la ville.
Quand il étire Son bras
Un lac devient un sombre tremblement.
Quand il donne un coup de pied
Il fait nuit sur les cols des montagnes.
Mais tu es petit !
Il y a des dieux bien plus grands que toi ;
Ils s’élèvent et chutent,
Les dieux de la mer dévalant.
Ton coeur peut-il avoir de tels soupirs,
De tels cris sauvages et vains,
Un tel souffle venteux,
Une telle mort gémissante ?
Et ton bras peut-il envelopper
Le vieux,
Le froid,
L’immuable et épouvantable lieu
Où les hordes
De monstres de mer cornus
Et où les oiseaux hurlant
Se réunissent?
De ces hommes silencieux
Qui gisent dans
Nos prisons nacrées,
Peux-tu en faire ta proie?
Comme nous peux-tu rester
Attendant ton heure,
Et alors t’élever comme une tour
Et t’écraser et te fracasser?
Il n’y a ni arbres ni buissons
Dans mon pays,
Dit le Dieu minuscule.
Mais il y a des ruisseaux
Et des cascades
Et des pics montagneux
Couverts de jolies herbes.
Il y a de petites côtes et des ports sûrs,
Des grottes pour la fraîcheur et des plaines pour le soleil et le vent.
Joli est le son des rivières,
Jolie l’éclatante lumière
Des pics jolis.
Je suis satisfait.
Mais Ton royaume est petit,
Dit le Dieu de la Mer.
Ton royaume va choir,
Je ne peux te tolérer.
Tu es fier!
Avec un bruyant
Carillon de rires,
Il s’est redressé et a recouvert
Le pays du Dieu minuscule
De l’extrémité de sa main,
De la pointe de son doigt: Et après —
Le Dieu minuscule
Se mit à pleurer.
***
Waves
I saw a tiny God
Sitting
Under a bright blue Umbrella
That had white tassels
And forked ribs of gold.
Below him His little world
Lay open to the sun.
The shadow of His hat
Lay upon a city.
When he stretched forth His hand
A lake became a dark tremble.
When he kicked up His foot
It became night in the mountain passes.
But thou art small!
There are gods fargreater than thou;
They rise and fall
The tumbling gods of the sea.
Can thy heart heave such sighs,
Such hollow savage cries,
Such windy breath,
Such groaning death?
And can thy arm enfold
The o1d
The cold
The changeless dreadful place
Where the herds
Of horned sea-monsters
And the screaming birds
Gather together.
From those silent men That lie in the pen
Of our pearly prisons,
Canst thou hunt thy prey?
Like us cant thou stay
Awaiting thine hour,
And then rise like a tower
And crash and shatter?
There are neither trees nor bushes
In my country,
Said the tiny God
But there are streams
And waterfalls
And mountain peaks
Covered with lovely weed
There are little shores and safe harbours,
Caves for cool and plains for sun and wind.
Lovely is the sound of the rivers,
Lovely the flashing brightness
Of the lovely peaks.
I am content.
But Thy kingdom is small
Said the God of the Sea.
Thy kingdom shall fall,
I shall not let thee be.
Thou art proud
With a loud
Pealing of laughter,
He rose and covered
The tiny God’s land
With the tip of his hand
With the curl of his fingers:
And after—
The tiny God
Began to cry.
(Katherine Mansfield)
Posted in poésie | Tagué: (Katherine Mansfield), après, arbre, assis, attendre, au-dessous, éclatant, épouvantable, étirer, baleine, blanc, bleu, bras, bruyant, buisson, carillon, cascade, côte, chapeau, choir, chuter, coeur, col, combre, cornu, coup, couvert, cri, dévaler, Dieu, doigt, donner, envelopper, extrémité, fier, fourchu, fraîcheur, froid, gémissant, gésir, gland, grand, grotte, herbe, heure, homme, horde, hurler, immuable, joli, lac, lieu, lumière, main, mer, minuscule, monde, monstre, montagne, montagneux, mort, nacre, nuit, oiseau, ombre, or, parapluie, pays, petit, pic, pied, plaine, pleurer, pointe, port, pouvoir, prison, proie, recouvrir, rester, rire, rivière, royaume, ruisseau, s'écraser, s'élever, s'étire, s'exposer, satisfait, sauvage, sûr, se fracasser, se réunir, se redresser, silencieux, soleil, sombre, son, souffle, soupir, tolérer, tour, tremblement, vague, vain, vent, venteux, vieux, vif, ville, voir | Leave a Comment »