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Poésie

Posts Tagged ‘portrait’

Je pense à toi (Salih Diyab)

Posted by arbrealettres sur 20 janvier 2023



Illustration: Amedeo Modigliani
    
Je pense à toi
sur mon chemin
pour trouver la maison
pour voyager tranquille
vers le soir
et arriver indemne
au matin

en passant
la longue file des jours
aux cous inclinés tels des
portraits de Modigliani
je traverse midi
où la désolation
est un olivier luisant

chaque fois que je ferme
mes yeux sur ton odeur
je vois la petite main
de la rose
mes pensées bleuissent
deviennent cerfs-volants
mon coeur divague
plus qu’une fenêtre

j’ouvre la porte
j’entre doucement
pour que ton sommeil se promène
à la manière d’un ange

***

(Salih Diyab)

 

Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral

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Cette vieille connaissance (Hamid Tibouchi)

Posted by arbrealettres sur 28 octobre 2022



Sylvie Bertrand

Cette vieille connaissance — dans ma mémoire son portrait
jauni et combien déformé —
elle et moi autour d’une bonne bouteille — de part et d’autre
les souvenirs affluent —
portrait dépoussiéré retouché au fil de la parole — gorgée après gorgée
après bien des années nous nous rencontrons enfin

(Hamid Tibouchi)

Illustration: Sylvie Bertrand

 

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Retouche au délaissement (Daniel Boulanger)

Posted by arbrealettres sur 27 septembre 2022


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la lumière a des trous de mémoire

de l’amour que la mort aimait
il reste au mur la trace d’un portrait
aux angles de la nuit les araignées du rêve

(Daniel Boulanger)

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SUR UN PORTRAIT PAR L. BARBIN (Robert Goffin)

Posted by arbrealettres sur 2 septembre 2022



 

Alice Pike Barney 29807

SUR UN PORTRAIT PAR L. BARBIN

Retenu par le sable aux dérives de l’onde
J’aurais voulu dans mes vers enfermer le ciel
Et dédier la chair aux musiques du monde ;
A peine ai-je approché du rythme essentiel
Que le poète exprime en syllabes impures !
Vous au moins vos pinceaux en fleur refont le feu
Puisqu’à jamais au rendez-vous de la peinture
Vous rendez aux regards la lumière des yeux.

(Robert Goffin)

Illustration: Alice Pike Barney

 

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Le portrait (Jules Supervielle)

Posted by arbrealettres sur 26 mai 2021



Le portrait

Elle passa comme un parfum de fleur d’automne.
J’espérais la revoir et ne la voyais plus,
Mon cœur était lassé de ne trouver personne,
Mes yeux étaient lassés d’avoir été déçus.

Je me souvins un jour que de notre amour brève,
Il me restait un vieux portrait que je baisais.
Sous les baisers brûlants de larmes arrosés,
L’image s’effaça et s’enfuit comme un rêve.

Et je désespérais quand je vis apparaître
Sur l’image effacée l’azur pur de ses yeux,
Quand je vis la pâleur de ses lèvres renaître
Avec un éclat tendrement mystérieux.

Le souvenir avait refait l’image pure.
Sur le papier vieilli je remis un baiser ;
Ses lèvres vinrent sur les miennes se poser
Et je sentis au cœur une vague brûlure.

(Jules Supervielle)

Illustration

 

 

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Tombée à mes pieds ce matin (Ishikawa Takuboku)

Posted by arbrealettres sur 30 décembre 2020




    
Tombée à mes pieds ce matin où je déménageais,
la photographie d’une femme !
Un portrait que j’avais oublié !

***

(Ishikawa Takuboku)

 

Recueil: Le jouet triste
Traduction: Jérôme Barbosa et Alain Gouvret
Editions: Arfuyen

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PORTRAIT D’UNE DAME (William Carlos Williams)

Posted by arbrealettres sur 16 novembre 2020



 

Jean-Honoré Fragonard - Young Woman Playing with a Dog

PORTRAIT D’UNE DAME

Vos cuisses sont des pommiers
dont les fleurs touchent le ciel.
Quel ciel ? Le ciel
où Watteau suspendit une pantoufle
de femme. Vos genoux
sont une brise du sud — ou
une rafale de neige. Ah ! quelle
sorte d’homme était ce Fragonard ?
— comme si cela répondait
à quoi que ce soit. Ah, oui — au-dessous
des genoux, puisque par là
s’écoule la musique, c’est
un blanc jour d’été,
les hautes herbes de vos chevilles
tremblent sur le rivage —
Quel rivage ? —
le sable se colle à mes lèvres —
Quel rivage ?
Ah, des pétales peut-être. Comment
le saurais-je ?
Quel rivage ? Quel rivage ?
J’ai dit des pétales de pommier.

***

PORTRAIT OF A LADY

YOUR thighs are appletrees
whose blossoms touch the sky.
Which sky ? The sky
where Watteau hung a lady’s
slipper. Your knees
are a southern breeze — or
a gust of snow. Agh ! what
sort of man was Fragonard ?
— as if that answered
anything. Ah, yes — below
the knees, since the tune
drops that way, it is
one of those white summer days,
the tall grass of your ankles
flickers upon the shore —
Which shore? —
thesand clings to my lips —
Which shore ?
Agh, petals maybe. How
should I know ?
Which shore? Which sho re?
I said petals from an appletree.

(William Carlos Williams)

Illustration: Jean-Honoré Fragonard

 

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Renaissance (Sri Aurobindo)

Posted by arbrealettres sur 20 mars 2020



Illustration: Nicholas Roerich

    

Renaissance

La félicité divine n’atteint pas si tôt sa plénitude en nous,
tout ne finit pas pour nous en une vie ;
il n’est pas de terme à notre esprit
ni à la joie qu’il recherche.

Nos âmes et le ciel sont d’égale stature
et de naissance immémoriale ;
impérissable semence, moule infini de la Nature,
ils ne furent point façonnés sur terre,

ni à la terre ne lèguent-ils leurs cendres,
mais en eux-mêmes ils perdurent.
Un avenir sans fin affleure sous tes paupières,
enfant d’un passé sans fin.

De vieux souvenirs nous reviennent, de vieux rêves nous submergent,
êtres disparus que nous avons connus,
fictions et portraits ; cadres insaisissables –
ils se détachent, austères et solitaires.

Tous nos espoirs, tous nos rêves, trésors du souvenir,
sont prévisions mal déchiffrées,
mais de quelle vie, de quel lieu? Seul peut le dire
qui mesura les cieux illimités.

Le Temps est une convention tenace ; avenir et présent
vivaient dans le passé ;
ils sont une même image que nos volontés complaisantes
en trois plans ont projetée.

Le passé oublié est en nous immortel,
nos naissances et la fin proche
déjà accomplies. Vers une cime, à bout de souffle,
parfois nos âmes s’élèvent,

d’où notre pensée revient fortifiée ; car en surgit
l’immense océan du Temps
dont la houle infinie s’étend devant nos yeux,
et ses sublimes symphonies ;

et parfois, levant ce voile du mental
l’esprit regarde et voit
les âges disparus dont héritent nos vies
et les siècles à venir :

il voit des royaumes labourés par les vagues refouler l’océan –
là où surgi des troubles profondeurs
se dresse maintenant Himâlaya, il voit la marche formidable
des flots mesurer la moitié du monde ;

ou bien derrière nous, la trame se dénoue
et sur ses fils nous contemplons –
courses anciennes des étoiles, lieux jadis parcourus
dans un temps dont le souvenir s’est effacé.

(Sri Aurobindo)

 

Recueil: Poésie
Traduction: Français Cristof Alward-Pitoëff
Editions: Sri Aurobindo Ashram Trust

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JE NE SAIS PAS… (Alfred Jarry)

Posted by arbrealettres sur 23 février 2020



 

Alfred Jarry

JE NE SAIS PAS…

Je ne sais pas si mon frère m’oublie
Mais je me sens tout seul, immensément,
Avec loin la chère tête apalie
Dans les essais d’un souvenir qui ment.

J’ai son portrait devant moi sur la table,
Je ne sais pas s’il était laid ou beau.
Le Double est vide et vain comme un tombeau.
J’ai perdu sa voix, sa voix adorable,

Juste et qui semble faite fausse exprès.
Peut-être il l’ignore, trésor posthume.
Hors de la lettre elle s’évoque, très
Soudain cassée et caressante plume.

(Alfred Jarry)

 

 

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LES MALICES DU VENT (Claude Roy)

Posted by arbrealettres sur 5 février 2020




    
LES MALICES DU VENT

Le vent n’arrête pas de me faire des malices
Il pose sur la page un tout petit insecte
dessiné si fin avec des yeux si microscopiques
des couleurs si pâles dans les verts étouffés
et des gris si transparents que je perds dix minutes
à le regarder Il reste d’abord immobile comme médusé
puis se met en route pour traverser la feuille
et je ne sais plus du tout comment commençait le poème
que je m’étais décidé à me mettre à écrire
Je vais chercher le manuel d’entomologie
pour essayer de percer à jour l’identité de mon insecte
qui est probablement un hétéroptère le berytines minor
Je n’en suis pas sûr cependant Il faudrait vérifier
mais le vent embrouille les pages et je n’arrive pas
à trouver son portrait dans les planches en couleurs
J’essaie de me souvenir de l’amorce du poème
Il y avait au début l’odeur du seringa
et le goût que doit avoir une certaine couleur
laiteuse et vive couleur du jour juste avant le soleil couchant
(un goût d’amande amère et de sorbet au citron)
Mais le vent fait tomber de l’arbre au-dessus de ma tête
les premières feuilles mortes de l’année
des feuilles de cerisier roussies par la canicule
Les feuilles bousculent le poème qui reprenait forme
et voilà mon poème éparpillé et défeuillé qui s’en va
Il faut se résigner et changer de sujet
Je vais écrire un poème qui commencera ainsi
Le vent n’arrête pas de me faire des niches

(Claude Roy)

 

Recueil: Claude Roy un poète
Traduction:
Editions: Gallimard Jeunesse

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