Illustration: Joseph Galante
LE POSTE DÉSERT
Une route attire les yeux au point de mire.
Toute route ! Mais celle-là qui part du coeur
et se perd dans les brumes proches, à venir,
aspirée par le grondement muet du gouffre,
le souffle au coeur, l’énorme souffle sans odeur,
je la connais avec ses arbres à contre jour,
et les cris des oiseaux venus d’un autre monde.
Quels cris?
On n’entend crisser que les corps qui souffrent
(baignés d’un soleil noir qui monte à contre-jour).
Un seul poste désert, quand la route est coupée.
La voix du fond répond : le creux en toi te sonde.
Maintenant, dans ton coeur, où le temps s’est vidé.
(Jean Mambrino)
Recueil: Anthologie de la poésie française du XXè siècle
Editions: Gallimard