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Posts Tagged ‘posthume’

CE QUI SE LÈVE (Jean Mambrino)

Posted by arbrealettres sur 10 mai 2023



    

CE QUI SE LÈVE

Une barque se meut dans les creux de l’esprit,
une voile, une vague où s’enfle le désir,
un élan né de soi quand le soi se retire,
une brise reçue à l’aube de l’esprit.

L’orage a la douceur de toute intimité.
Le mouvement fait fond sur l’air et sur l’écume.
L’acte reste vivant alors qu’il est posthume.
L’insaisissable est pris dans le temps dissipé.

(Jean Mambrino)

Recueil: Anthologie de la poésie française du XXè siècle
Editions: Gallimard

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L’HOMME POSTHUME (Georges Henein)

Posted by arbrealettres sur 24 juillet 2022



 

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L’HOMME POSTHUME

Nous étions nés pour la froideur des armes
nés pour contrarier le cours de la naissance
et pour tracer à l’intérieur des êtres
les signes du mauvais vouloir.
« Laissez errer le sang » nous disait notre Maître
et nous ne sûmes jamais
de l’errance ou de l’erreur
laquelle fut notre voie.

Sans cesse pourchassée
l’éternelle grimace de vivre
est loin de renoncer à nous
dans nos mouvements séparés de la terre
un souffle secret introduit la discorde
comme on disperserait des oiseaux.
« C’est la volonté des Absents » s’écrie l’un de nous
et sous nos épaulettes de roc
nous devinons que nous sommes nus

nous resterons, cette fois encore, d’improbables guerriers…

(Georges Henein)

Illustration

 

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De passage (Anthony Lhéritier)

Posted by arbrealettres sur 19 juillet 2020



Anthony Lhéritier 1

De passage

Pour mieux jouer mon personnage
J’avais cet orgueil ingénu
De me présenter humble et doux

Et vous ne m’avez pas pendu
Tandis que j’étais parmi vous
Pieds nus
En chemise et la corde au cou

Amis, vous m’avez bien déçu.

Chez nous on meurt par habitude
Pour survivre à titre posthume.

(Anthony Lhéritier)

 

 

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SABLIER (Louis Guillaume)

Posted by arbrealettres sur 27 décembre 2019



SABLIER

Poème posthume
A insérer dans le passé,
Poème qui ne vient pas
A son heure.
Le voici au jour,
Etrange
Comme un frère
Et désiré
Comme un visage sur des rails.
Poème à contretemps
A vivre après mort,
Né par erreur.
Sablier
Oublié
Près d’une photo pâle.
Sourire
Pour personne
Déchirant le silence.

(Louis Guillaume)

 Illustration: Sonia Fournier

 

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Sous la lanterne rouge du passé (Georges Libbrecht)

Posted by arbrealettres sur 26 mars 2019


 


 

Alain Amevet   la-vieille-dame-au-chat-jpg

Sous la lanterne rouge du passé, la vieille dame assise au balcon de son honneur inventorié
savamment caresse posthume la chatte ronronneuse d’un souvenir.
Quand viendra-t-elle cette dernière page
où l’horloge arrêtée marquera toujours minuit

(Georges Libbrecht)

Illustration:Alain Amevet

 

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LIBERTÉ (René de Obaldia)

Posted by arbrealettres sur 13 juin 2018



LIBERTÉ

A Pan-Mun-Jom
Faut tailler des joncs.

A Buenos Aires
Faut un revolver.

A Salonique
Faut s’armer de piques.

A Berlin
Faut pas s’tromper d’train.

A Moscou
Faut tenir le coup.

A Belgrade
T’en prends pour ton grade.

A Yokohama
Faut se faire tout plat.

A Québec
Béni-béni-bec.

A Pékin
Faut être pour Mâ-Chin.

A Shangai
Contre la racaille.

A Jérusalem
On pleure toute la semaine.

A Calcutta
Calcule ce que t’as.

A Bangkok
Faut subir le choc.

A Panama
Nu-tête il faut pas.

A Montevideo
Faut être comme il faut.

Plus bas à Cuba
Etre ou n’être pas.

A Rome
Il faut faire comme.

A Banga-Bango
Gare à ton gigot!

Lausanne, Genève
Les coeurs sant de neige.

Anvers, Amsterdam
Y’a des drôl’de dames.

Copenhague, Oslo
C’est pas du lolo.

New York, Tombouctou
Faut s’attendre à tout.

Bientôt dans la lune
On sera tous posthumes.

N’y a qu’à Viroflay
(Larirette, larirette)
N’y a qu’à Viroflay
(Poussez, poussez l’escarpolette)
N’y a qu’à Viroflay
Que je fais
Ce qui me plaît.

(René de Obaldia)

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Le brouillard indolent de l’automne (Georges Rodenbach)

Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2017




    

Le brouillard indolent de l’automne est épars…
Il flotte entre les tours comme l’encens qui rêve
Et s’attarde après la grand-messe dans les nefs ;
Et il dort comme un linge sur les remparts.

Il se déplie et se replie. Et c’est une aile
Aux mouvements imperceptibles et sans fin ;
Tout s’estompe ; tout prend un air un peu divin ;
Et, sous ces frôlements pâles, tout se nivelle.

Tout est gris, tout revêt la couleur de la brume :
Le ciel, les vieux pignons, les eaux, les peupliers,
Que la brume aisément a réconciliés
Comme tout ce qui est déjà presque posthume.

Brouillard vainqueur qui, sur le fond pâle de l’air,
A même délayé les tours accoutumées
Dont l’élancement gris s’efface et n’a plus l’air
Qu’un songe de géométrie et de fumées.

(Georges Rodenbach)

 

Recueil: Le Miroir du ciel natal

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Joies sans causes (René-François Sully Prudhomme)

Posted by arbrealettres sur 15 septembre 2017




Joies sans causes

On connaît toujours trop les causes de sa peine,
Mais on cherche parfois celles de son plaisir ;
Je m’éveille parfois l’âme toute sereine,
Sous un charme étranger que je ne peux saisir.

Un ciel rose envahit mon être et ma demeure,
J’aime tout l’univers, et, sans savoir pourquoi,
Je rayonne. Cela ne dure pas une heure,
Et je sens refluer les ténèbres en moi.

D’où viennent ces lueurs de joie instantanées,
Ces paradis ouverts qu’on ne fait qu’entrevoir,
Ces étoiles sans noms dans la nuit des années,
Qui filent en laissant le fond du cœur plus noir ?

Est-ce un avril ancien dont l’azur se rallume,
Printemps qui renaîtrait de la cendre des jours
Comme un feu mort jetant une clarté posthume ?
Est-ce un présage heureux des futures amours ?

Non. Ce mystérieux et rapide sillage
N’a rien du souvenir ni du pressentiment ;
C’est peut-être un bonheur égaré qui voyage
Et, se trompant de cœur, ne nous luit qu’un moment.

(René-François Sully Prudhomme)

Illustration: Paul-Jacques-Aimé Baudry

 

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Où suis-je (Robert Ganzo)

Posted by arbrealettres sur 29 novembre 2016



Où suis-je parmi ceux qui vont
flottant comme un écho posthume?

(Robert Ganzo)


Illustration: Michel Ogier

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FIANÇAILLES POSTHUMES (Alain Bosquet)

Posted by arbrealettres sur 4 novembre 2016



FIANÇAILLES POSTHUMES

J’aimerais tant te chanter, ma planète,
sans le secours des mots ni des chansons;
je marcherais près de toi, plein d’amour,
et cueillerais les fleurs de notre espace :
ici la jeune étoile à peine éclose,
et là cette comète qui est mûre.
Nous flatterions nos êtres familiers :
il est des épagneuls taquins et doux,
— on les appelle parfois météores —
qui viennent boire à même tes ruisseaux,
et dans mon âme aussi il est des bêtes
qui me font vivre en paix avec ma peur
et avec toi et avec la tristesse.
Nous choisirions l’endroit où le néant
est le plus frais, et nous nous aimerions,
toi devenant humaine par pitié,
et moi lunule heureux qui t’obéit.
Nous nous raconterions nos plus beaux rêves,
pour qu’ils écartent les lourdes limites
de nos esprits et de nos coeurs. Et même
je t’imagine en train de composer
un poème en syllabes de colline
et mots d’azur, tandis que je m’efforce
de devenir un très sage équateur.

(Alain Bosquet)

 

 

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