Posted by arbrealettres sur 16 novembre 2019

Illustration: Nathalie Mounier
Profession de foi
Je ne peux vivre sans ressentir la présence toujours
D’une étincelle de feu clair.
Mon coeur préfère errer éternellement
Que se rafraîchir dans le courant du jour.
Je cherche l’amour aux ultimes confins
Et brûle de me dissoudre enfin,
Quand bien même tous les appuis me lâchent,
Me jouant aux mains du Malin.
Je me tiens rayonnante devant les plus profonds abîmes,
afin de connaître leur sens ultime
Et il m’est permis aux heures magiques
D’aller à l’origine, au fond des énigmes.
***
Bekenntnis
Ich kann nicht leben ohne einen Funken
Von hellem Feuer stets zu fühlen.
Mein Herz wird lieber ewig wandern,
Als sich im Strom des Tages kühlen.
Ich suche Liebe an den letzten Grenzen
Und gliihe mich einmal zu lösen,
Selbst wenn mich aile Pfeiler lassen,
Mich spielend in die Hand des Bösen.
Ich stehe strahlend vor den tiefsten Gründen,
Um ihren letzten Sinn zu sehen
Und darf in zauberhaften Stunden
Bis an der Rätsel Urgrund gehen.
(Ingerborg Bachmann)
Recueil: Toute personne qui tombe a des ailes
Traduction: Françoise Rétif
Editions: Gallimard
WordPress:
J'aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Ingerborg Bachmann), abîme, aller, amour, appui, énigme, éternellement, étincelle, brûler, chercher, clair, coeur, confins, connaître, courant, dissoudre, enfin, errer, feu, foi, fond, heure, jouer, jour, lâcher, magique, main, malin, origine, permettre, préférer, présence, profession, profond, rayonner, ressentir, se rafraîchir, se tenir, sens, toujours, ultime, vivre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 15 novembre 2019

Illustration: Stéfane Gautier
Le moment bleu
Quand un martin-pêcheur
à ras de l’eau était passé
on s’appelait on se criait :
« Tu l’as vu ?
Il vient juste de passer. »
Mais très souvent l’un d’entre nous
n’avait rien vu
et c’était l’un – ou alors l’autre –
qui gardait seul
le moment bleu.
Ce moment bleu du grand courant
(on remontait jusqu’à la nuit
on se perdait on s’attendait)
tu l’as sur toi.
Dans tes papiers
contre ta carte d’identité
la petite plume
tu l’as glissée.
Elle est pour toi
comme mon poème :
éclair reflet présence absence
doigt sur la bouche.
Nos moments bleus
ils ont filé.
(François de Cornière)
Recueil: Ces moments-là
Traduction:
Editions: Le Castor Astral
WordPress:
J'aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (François de Cornière), absence, éclair, bleu, bouche, carte d'identité, courant, doigt, eau, filer, garder, glisser, martin-pêcheur, moment, nuit, papier, passer, plume, poème, présence, ras, reflet, remonter, s'appeler, s'attendre, se crier, se perdre, seul, voir | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2019

Présence informelle du silence
au coeur de l’homme
comme l’art en témoigne au dehors
La musique dans le ruissellement
des silences
Le poème en son propre dépassement
dans le silence
L’érection sur les sables
des tours de silence
Et si l’éblouissement sans forme
donnait forme à ce qu’il nous inspire
(Michel Camus)
Illustration: ArbreaPhotos
WordPress:
J'aime chargement…
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Michel Camus), art, éblouissement, coeur, dépassement, forme, homme, informel, inspirer, musique, présence, ruissellement, sable, silence, témoigner, tour | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2019

Illustration: Alex Alemany
DÉCOUVERTE DE LA FEMME
Alors la femme m’apparut sans voiles, dans une pudeur naturelle.
Depuis ce temps ses gestes, délivrés, surgissant dans une
solennité féconde, me consacrent à l’unique réelle douceur.
Au gré de cette présence familière le temps s’en va sans me lasser.
A cette heure la nuit peut venir, la clarté de la lune aura les ombres les plus nues.
(Giuseppe Ungaretti)
Recueil: Vie d’un homme Poésie 1914-1970
Traduction:
Editions: Gallimard
WordPress:
J'aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Giuseppe Ungaretti), apparaître, clarté, consacrer, découverte, délivrer, douceur, familier, fécond, femme, geste, lune, naturel, nu, nuit, ombre, présence, pudeur, se lasser, solennité, surgir, temps, unique réel, venir, voile | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 30 septembre 2019
Martinet aux ailes trop larges,
qui vire et crie sa joie autour de la maison.
Tel est le coeur.
Il dessèche le tonnerre.
Il sème dans le ciel serein.
S’il touche au sol, il se déchire.
Sa repartie est l’hirondelle.
Il déteste la familière.
Que vaut dentelle de la tour?
Sa pause est au creux le plus sombre.
Nul n’est plus à l’étroit que lui.
L’été de la longue clarté,
il filera dans les ténèbres,
par les persiennes de minuit.
Il n’est pas d’yeux pour le tenir.
Il crie, c’est toute sa présence.
Un mince fusil va l’abattre.
Tel est le coeur.
(René Char)
Illustration
WordPress:
J'aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (René Char), abattre, aile, étroit, coeur, creux, crier, fusil, joie, large, martinet, pause, présence, route, ténèbres, tonnerre, virer | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 28 septembre 2019

Que ma présence qui vous cause
énigmatique malaise,
haine sans rémission,
soit météore
dans votre âme.
(René Char)
WordPress:
J'aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (René Char), âme, énigmatique, causer, haine, malaise, météore, présence, rémission | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 22 septembre 2019

Illustration: Guy Swyngedau
J’ai souffrance beaucoup, de coeur surtout,
Comme on l’est d’hôpital, malade aux draps
Fiévreux. J’ai longs moments où je suis autre
Où je cherche ma route personnelle désespéré-
Ment. Je me repose, adossé aux poumons qui
Puisent l’air bon : celui qui donne envie de vie.
On voit, de par le monde, beaucoup de coeurs
Blessés. Et cette souffrance, parfois, confie tout
Bas, aux autres, les raisons de sa présence. Ici.
(Franck Venaille)
Recueil: Ça
Traduction:
Editions: Mercure de France
WordPress:
J'aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Franck Venaille), adosser, air, beaucoup, blessé, bon, chercher, coeur, confier, désespérément, drap, fiévreux, hôpital, ici, long, malade, moment, personnel, poumon, présence, puiser, raison, route, se reposer, souffrance, tout bas | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 30 juillet 2019

TRADUIRE UNE PRÉSENCE
Quelquefois, très rarement,
il arrive que dans ce qui respire ou s’exprime,
dans le vol de la beauté
ou ce qui couvre une lumière,
une fulguration de l’obscurité,
quelque chose d’ineffable et d’essentiel se dégage ,
prend forme dans sa forme, fait un pas,
du fond du geste, de la voix ou du silence,
et c’est comme une apparition accompagnée
sans laquelle rien n’émerge à la vie véritable.
Nous la percevons immédiatement,
en retenant le souffle,
et nous la nommons
présence.
(Sylvia Baron Supervielle)
Illustration: Catherine RÉAULT-CROSNIER
WordPress:
J'aime chargement…
Posted in méditations | Tagué: (Sylvia Baron Supervielle), apparition, beauté, couvrir, forme, fulguration, geste, immédiatement, ineffable, lumière, nommer, percevoir, présence, quelquefois, rarement, respirer, s'exprimer, silence, souffle, traduire, voix, vol | 3 Comments »
Posted by arbrealettres sur 23 juillet 2019

Une pendule fée ;
et toutes fois que l’on écoute le toc du balancier,
elle s’arrête, elle ne peut marcher
que dans ma demi-conscience,
non écoutée, non regardée.
Et une autre qui ne travaille que sous ma garde.
Si je m’en désintéresse
et ne la soutienne de ma présence,
— de ma prière,
— elle s’arrête net
(Paul Valéry)
Recueil: Poésie perdue
Traduction:
Editions: Gallimard
WordPress:
J'aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Paul Valéry), écouter, balancier, conscience, fée, garde, marcher, net, pendule, présence, prière, regarder, s'arrêter, se désintéresser, soutenir, toc, travailler | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 23 juillet 2019

Illustration: Laurent Fièvre
« Maintenant je ne sens plus la présence –
Tout donne sur le vide,
— sur le Moi…
Le Moi est le vide. Il se fait horreur.
Sitôt qu’on ne le confond plus avec les pensées,
on le sent, il se sent, indéfini et pourtant fermé.
Comme le ciel dans ces directions où il n’y a pas d’astres.
Fermé, puisqu’il est le même à quelle profondeur qu’on le pénètre ;
indéfini car rien n’empêche, ne marque le mouvement, mais ce mouvement est nul. »
« Ne m’abandonne pas. »
(Paul Valéry)
Recueil: Poésie perdue
Traduction:
Editions: Gallimard
WordPress:
J'aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Paul Valéry), abandonner, astre, ciel, confondre, direction, donner, empêcher, fermer, horreur, indéfini, maintenant, marquer, moi, mouvement, nul, pénétrer, pensée, présence, profondeur, sentir, vide | Leave a Comment »