… les sangliers tristes
ont l’air de ces prisonniers
privés de pâture céleste.
(Jean Follain)
Posted by arbrealettres sur 6 mai 2020
… les sangliers tristes
ont l’air de ces prisonniers
privés de pâture céleste.
(Jean Follain)
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Posted by arbrealettres sur 14 avril 2020
OPERATION VIETNAM
I
A vous voir on dirait
Que vous avez un creux
A meubler par des morts.
II
Grâce à vous, le néant
Mastique et se rumine
Sous forme d’hommes
Privés de vie.
III
Il vous faut tous ces morts
Pour qu’on vous reconnaisse
Tels vous serez gravés
Dans l’histoire du monde.
IV
A vous voir on se dit
Qu’il y a du néant
Qui connaît son métier.
V
Toujours ce creux
Qui ne se bouche pas
Avec les yeux des autres,
Même brûlés
Devant vos yeux.
(Eugène Guillevic)
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Posted by arbrealettres sur 12 février 2020
Illustration: Lia R.
Maman, plus tard, moi je serai
blanchisseur de nuages ou berger d’oiseaux,
peut-être compteur de gouttes d’eau,
arbitre pour combats d’escargots,
garde du corps pour papillons,
acupuncteur pour hérissons,
clown pour passants fatigués,
imprimeur pour sans-papiers,
décorateur de coccinelles,
empêcheur de tomber du ciel.
Puis, j’inventerai la machine à ne rien faire
qui se tendra en hamac depuis la Terre
vers un point très lointain du vaste univers.
Alors, on m’élira comme la plus lente
et la plus mignonne étoile filante.
Respirant le grand air des galaxies,
à cheval sur l’Ourse, sur la queue de Castor,
employé des affaires privées de l’infini,
je connaîtrai enfin l’âge d’or.
(Carl Norac)
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Posted by arbrealettres sur 12 novembre 2019
Les mots ont fui ma forêt solitaire
Perdus d’espace, privés d’eau,
Les arbres ont encor toutes leurs feuilles
Mais sur les branches plus un oiseau.
Leur chant rythmait un silence sans fond
Et l’immobilité des jours où le vent tombe.
Le vent peut agiter les feuilles, le silence
De mort n’en est que plus profond.
L’obscurité bougeait au bruissement des ailes
Et chaque feuille était le mirage d’un mot
Aujourd’hui plus une aile pour réveiller l’écho
De ma sombre forêt solitaire.
*
Les eaux de la mémoire ont délaissé mes plages,
Le temps de marée haute est bien fini,
Je suis de sable sec où de blancs coquillages
Rappellent le passé dans le sol endormi.
Des pas dans mon désert marquent seuls le passage
D’une vie qui m’échappe, et de qui, de quels dieux
Inconnus, de quel temps, de quels âges ?
J’avance avec ces mêmes pas, mais d’autres yeux
*
Le silence est si dur qu’on marcherait dessus,
Le sol est un pain sec tout rond, tout noir, mon âme
Si de ce corps tout sec aussi, durci, fourbu,
Tu trouves la sortie va-t’en à coups de rames
Sur le grand fleuve roux de soleil qui voisine
Et dans ce fond d’eau claire et de fraîcheur chemine
Jusqu’au retour de pluie on terre et ciel fondus
Dans une même chair au printemps revenus
Comme deux amoureux que le soleil marie
Voient la croûte changée en nourrissante mie.
Le silence est si blanc qu’on écrirait dessus.
La page luit comme un morceau de glace lisse.
Ma plume retiens-toi de glisser, n’écris plus,
C’est un piège tendu par la froide malice
Qui du plaisir d’aller plus vite fait un don.
Ne sais-tu pas que la vitesse est sans pardon
Quand l’âme ne suit plus, quand l’esprit se dérobe,
Arrête-toi, retiens ta chute, enfonce-toi
Par la pointe en ce papier glissant qui nous daube,
L’heure viendra de rompre un silence si froid.
Le silence est si lourd qu’on se pendrait à l’arbre.
Pas une feuille, un fruit, ne bouge, on les dirait
Comme le tronc qui les porte construits en marbre
Et l’absence du bruit damne à mort la forêt.
La vie dans ce trépas ne trouve plus d’issue,
Plus d’oiseaux pour l’ouïe et le bonheur des yeux,
Plus un bourdonnement d’insecte, tout est vieux,
Sourd et muet dans l’écorce, le bois, la nue
D’où ne tombera plus une goutte de pluie,
Et dans ma chair aussi l’âme ne chante plus.
*
Je n’ai pas moins de force en mon hiver
Que la pomme de jus après l’automne,
Je marcherai jusqu’au bord de la mer
Comme le fleuve au versant s’abandonne.
Nul au monde parmi ceux qui voient clair
Ne trouvera l’endroit de ma présence,
Je serai, mort, comme le vent de mer
Qui semble finir là et plus loin recommence.
(Franz Hellens)
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Posted by arbrealettres sur 28 septembre 2019
Le coeur soudain privé,
l’hôte du désert devient
presque lisiblement
le coeur fortuné,
le coeur agrandi,
le diadème.
(René Char)
Posted in poésie | Tagué: (René Char), agrandi, coeur, désert, diadème, fortune, hôte, lisiblement, privé | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 29 mars 2019
Voici que tu es devenu comme la nature et ton langage
autour de nous aussi privé d’attention pour nous que les collines.
(Guy Lévis Mano)
Posted in poésie | Tagué: (Guy Lévis Mano), attention, colline, devenir, langage, nature, privé | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 26 février 2019
NUIT CITADINE
Sur le pavé humide,
Des chevaux galopant
Des autobus grondant,
Et des phares rapides
Par les vitres glissant
Vivement éclairant
Maintes pièces sordides.
Des tic-tac obsédants,
Des silences pleurant,
Et la nuit pluvieuse
Au dehors, et poisseuse…
Je ne sais rien… La pluie…
Depuis des jours, des ans,
Toujours la même vie,
Les tic-tac obsédants,
Les silences pleurant
D’un temps privé de vie…
(George Bacovia)
Posted in poésie | Tagué: (George Bacovia), autobus, cheval, galoper, nuit, pavé, phare, pleurer, pluie, privé, savoir, silence, sordide, temps, tic-tac, vie, vitre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2019
D’UNE PERFECTION
ce qui est immortel ressemble
aux cigognes venues
d’un soleil égaré
nous n’avons pas le droit
d’en retenir
fût-ce une plume
fût-ce l’ombre d’un cou
va-t-en vivre chez toi
entre tes seins plus borgnes
que l’horizon mort-né
moi je retourne à mon désert
où les mots sont privés de pétales
car je reste quelconque
c’est mon église
car tu restes quelconque c’est ta chance
d’être avoine qui court
ou avoine couchée sous le galop du vent
séparons-nous
puisque tout est parfait
(Alain Bosquet)
Posted in poésie | Tagué: (Alain Bosquet), avoine, église, borgne, chance, cigogne, cou, galop, horizon, immortel, ombre, parfait, pétale, perfection, plume, privé, ressembler, retenir, retourner, se séparer, sein, vent, vivre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 3 janvier 2019
LE JOUR BAISSE LA TÊTE
Tu me vois désolé, Seigneur,
dans ton jour,
fermé à toute lumière.
Privé de toi, je panique,
la route d’amour perdue,
et il ne m’est ni grâce
ni angoisse de me chanter
ce qui assèche mes désirs.
Je t’ai aimé et fréquenté;
le jour baisse la tête
et je cueille les ombres des cieux:
quelle tristesse mon coeur
de chair!
***
SI CHINA IL GIORNO
Mi trovi deserto, Signore,
nel tue giorno,
serrate ad ogni luce.
Di te prive spauro,
perduta strada d’amore,
e non m’è grazia
nemmeno trepido cantarmi
the fa secche mie voglie.
T’ho amato e battuto;
si china il giorno
e colgo ombre dai cieli:
che tristezza il mio cuore
di carne!
(Salvatore Quasimodo)
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Posted by arbrealettres sur 13 juillet 2018
Encore un instant Monsieur le bourreau
Il n’y en a plus que pour un instant
Encore un instant Monsieur le bourreau
Parce que ça brille, la scène, parce que
Ca monte aux yeux le jour ému en pleurs
En pleurs aux yeux qui vont quitter cela
Qui ne l’ont pas non plus connu avant
Tout ce qu’il va falloir emporter
L’offre se tient, ce dont on fut privé
(Michel Deguy)
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