Chat touille
Ses petits rires
Dans un grand sac
De bonne humeur.
Chat cale
Sur son problème
De grain de sable
Dans le désert.
Chat pèle
Son orange,
Un sucre d’orge
Du Seigneur.
Chat leurre
Le soleil,
Chat est le prince
De la nuit.
(Patrick Bertrand)
Recueil: Silence la queue du chat balance
Traduction:
Editions: Actes Sud
A l’école on répétait
le problème
de l’étoffe et de la citerne
et sur la route personne
hormis l’homme à blouse soutachée
se désaltérant aux fontaines
dans sa poche tintaient des sous
du même bronze que les couches
mais dans l’été la pianiste
entamait ce vieil air
innocentant le monde.
Le soleil était un de ses problèmes personnels;
sa façon de naître
l’inquiétait; et il ne s’identifia jamais
aux plantes, quand elles tournaient
leurs feuilles vers le ciel.
Il évita le monde naturel (remarquons,
cependant, qu’il aimait certains animaux :
des oiseaux — et quelques reptiles très
petits), et il déplorait la clause de mort
qui le condamnait à la terre.
Il aurait préféré un espace vide,
un silence infini à l’intérieur
des chambres, une table sans fleurs
ni mélancolie. Mais l’ombre du soir
le poussa vers la lumière. Il ferma les yeux.
(L’impression du soleil l’incommoda encore quelque temps.)
(Nuno Jùdice)
Recueil: Un chant dans l’épaisseur du temps suivi de méditation sur des ruines
Traduction: Michel Chandeigne
Editions: Gallimard
Ô plus j’ai la haine
Ô plus ils me font de la peine
Ce n’est pas un drame
Si je ne fais plus la fête (fais plus la fête)
Lous, es-tu sereine
Ou fais-tu juste la guerre?
La vie est une chienne qu’il faut tenir en laisse
Vivre me hante
Tout ce qui m’entoure m’a rendu méchante
Si je rate, je recommence
Quand je suis triste, je chante
Ne jamais tout donner de moi
Dans ce monde c’est le diable qui est roi
Elles me disent que j’ai la poisse
« Blague à part » devient « Lous à part »
Seule, seule, seule
Si je pouvais je vivrais seule
Loin des problèmes et des dilemmes
Na na na na na
Si je pouvais je vivrais seule
Loin de mes chaines et des gens que j’aime
Na na na na
Si je pouvais je vivrais seule
Loin des problèmes et des dilemmes
Na na na na na
Si je pouvais je vivrais seule…
Ce qui vient et ce qui part
Pose un étrange problème
Qu’on ne résout nulle part
Par la prose ou le poème
…
Il ne faut pas éteindre la dernière étoile
Avant que la première ait son signe de feu
Du côté de l’aurore où les femmes fatales
Se dévêtent beaucoup pour se donner un peu…
Souvent a l’école, on se moque de nous
Les enfants rigolent, ce sont des jaloux
Ma princesse a osé, quelle bien jolie scène
Elle a déposé sa main dans la mienne
Nous faisons le mur, ce n’est pas de tout repos
Je suis sans armure, elle est sans château
Souvent dans la rue, on nous montre du doigt
Les gens sont bourrus, mais les gens sont comme ça
Tout ça parce que tous les deux, nous oublions d’être sages
On est amoureux, et nous enjambons les nuages!
Nous avons fugué entre deux paragraphes
Nous avons largué les leçons d’orthographe
Tout par dessus bord, les dictées, les problèmes
On est tombé d’accord, pour se dire je t’aime.
Ici les oiseaux sont dans la confidence
Quand on est en haut, plus rien n’a d’importance
Au premier baiser, plus rien ne bouge
J’ai senti passer, mes joues de roses à rouges
Selon les vents, si ça nous sonne
Quand nous serons de grandes personnes
Nous redescendrons sur Terre
Et quand les archers auront des ailes
Le cœur de tout les écoliers
Nous viendrons vous chanter ces vers
Levez bien la tête! Ouvrez grand les yeux!
Vous verrez peut être les enfants amoureux.
Fleurter sur les stratus, quelle sensation étrange.
Flâner sur les nimbus, deux apprentis-anges.
Nous oublions d’être sages, et nous enjambons les nuages.
Nous oublions d’être sages, et nous enjambons les nuages!
(Recueil Le professeur Froeppel)
PROBLÈME D’ALGÈBRE À DEUX INCONNUES
Étant donné qu’il va se passer je ne sais quoi je ne sais quand,
quelles dispositions prenez-vous ?
(Jean Tardieu)
Recueil: Jean Tardieu Un poète
Traduction:
Editions: Gallimard Jeunesse
(Recueil Le professeur Froeppel)
LA LOGIQUE
Lorsque vous « supposez le problème résolu », pourquoi
continuez-vous
mieux quand même la démonstration ? Ne feriez-vous pas
d’aller vous coucher ?
(Jean Tardieu)
Recueil: Jean Tardieu Un poète
Traduction:
Editions: Gallimard Jeunesse