Posted by arbrealettres sur 23 août 2017

Illustration: Titien
Un jour certainement viendra
où l’homme ne voudra plus procréer son espèce.
A quoi bon?
Pour prolonger la durée de cette infernale comédie,
pour perpétuellement refaire ce travail de Sisyphe,
remuer toujours cette boue et ce néant?
Jadis on avait Dieu,
et l’espérance de la lumière,
de la vie lumineuse au delà de la mort.
Nous ne sommes plus, d’après la science moderne,
que des animaux parmi les animaux ;
nos passions ne sont que les passions de la brute,
parées de brillants mensonges;
nos éclairs de génie ne sont que des névroses ;
nos prophètes, des hallucinés, et nos religions,
des fantômes créés par nos tristes cerveaux.
L’antique voile est tombé :
pour fin de tout,
c’est la tombe ignoble, la mort sans phrases…
Et il est encore des gens
qui mangent, boivent, dorment,
et engendrent tranquillement !
(Henri Cazalis)
Recueil: Le livre du Néant
Editions: Alphonse Lemerre
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Henri Cazalis), animaux, boire, boue, brillant, brute, cerveau, comédie, Dieu, dormir, durée, engendrer, espèce, espérance, fantôme, génie, halluciné, homme, ignoble, infernal, lumière, lumineux, manger, mensonge, mort, néant, névrose, passion, perpétuellement, procréer, prolonger, prophète, refaire, religion, remuer, science, SiSyphe, tombe, tomber, tranquillement, travail, triste, vie, voile | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2016

La lumière que je sens
inonder mon cœur quand je te vois,
ne serait-elle une goutte de la lumière
procréée au tout premier jour
par cette autre lumière si profondément assoiffée de vie ?
Le néant gisait à l’agonie,
errant au gré des ténèbres, lorsque, tout à coup,
l’Inconnaissable fit signe :
« Que la lumière soit ! »
Un océan
et un grand tourbillon de lumière
prirent corps au même moment :
il sévissait une soif de péchés, de désirs, d’élans et de passions,
toute une soif de vie et de soleil.
Mais qu’est devenue cette aveuglante
lumière de l’époque – qui peut savoir ?
La lumière que je sens inonder
mon cœur quand je te vois – ô, sublime,
n’est peut-être que la dernière goutte
de la lumière procréée au tout premier jour.
(Lucian Blaga)
Illustration: Charles Courtney Curran
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Posted in poésie | Tagué: (Lucian Blaga), agonie, assoiffée, élan, coeur, désir, errer, goutte, inconnaissable, inonder, lumière, néant, océan, passion, pêche, prendre corps, procréer, sentir, signe, soif, sublime, ténèbres, tourbillon, tout à coup, vie, voir | Leave a Comment »