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Poésie

Posts Tagged ‘produit’

Comètes (Richard Brautigan)

Posted by arbrealettres sur 1 janvier 2023




    
Comètes

Il y a des comètes
qui traversent en un éclair
nos bouches, elles portent
la grâce
d’océans et de galaxies.

Dieu sait
que nous essayons de faire de
notre mieux.

Il y a des comètes
liées à des produits chimiques
qui télescopent nos langues
pour se consumer dans
l’air.

Je sais
que nous essayons.

Il y a des comètes
qui se rient de nous
de derrière nos dents,
elles portent des habits
de poissons et d’oiseaux.

Nous essayons.

***

Comets

There are comets
that flash through
our mouths wearing
the grace
of oceans and galaxies.

God knows,
we try to do the best
we can.

There are comets
connected to chemicals
that telescope
down our tongues
to burn out against
the air.

I know
we do.

There are comets
that laugh at us
from behind our teeth
wearing the clothes
of fish and birds.

We try.

(Richard Brautigan)

 

Recueil: C’est tout ce que j’ai à déclarer Oeuvres poétiques complètes
Traduction: Thierry Beauchamp, Frédéric Lasaygues et Nicolas Richard
Editions: Le Castor Astral

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Pour Le paysan (Li Shen)

Posted by arbrealettres sur 13 juillet 2022



Illustration: He Zhihong
    
Pour Le paysan,

Sarclant les pousses de céréales, à midi, en plein soleil,
Les gouttes de sueur s’écoulent le long des tiges
et pénètrent la terre.
Qui se souvient que le repas de chaque assiette,
Est le produit de tant de labeur ?

***

(Li Shen)

Recueil: Poèmes de Chine de l’époque dynastique des Tang
Traduction: Guillaume Olive & He Zhihong
Editions: Seuil

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Deux mois (Hippolyte Taine)

Posted by arbrealettres sur 4 avril 2022




Illustration: ArbreaPhotos
    
Deux mois

Les petits ont deux mois; fourrés comme des ours,
Lustrés comme des loirs, ils sont bien de leur race.
Juin flambe en eux, jamais leur souplesse n’est lasse ;
Il faut à leurs ébats les seize heures des jours.

Dressant leurs reins arqués sur leurs pieds de velours
Ils s’affrontent; soudain, l’un à l’autre s’enlace;
Ils roulent; tous leurs jeux sont des assauts de grâce;
Auprès d’eux les chevreuils bondissants semblent lourds.

La grâce en les enfants, la beauté dans les roses,
La nature impuissante en ses métamorphoses,
N’a que deux fois produit le chef-d’oeuvre parfait.

Hors d’elle, l’art vagit empêtré dans ses langes.
Qu’a fait l’orgueil humain ? les peintres, qu’ont-ils fait ?
Corrège, des amours, et Raphaël, des anges !

(Hippolyte Taine)

Recueil: le chat en cent poèmes
Traduction:
Editions: Omnibus

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Aujourd’hui, en regardant (Christiane Singer)

Posted by arbrealettres sur 30 août 2020




    
Aujourd’hui, en regardant, assise devant ma maison,
le vent dans le grand tilleul,
j’ai compris que tout est déjà parfait,
mieux : que rien n’est pas encore tout à fait parfait,
que l’imperfection est le produit de mon esprit,
l’écharde d’une attente,
d’une espérance vaine dans la chair glorieuse de la Création.

(Christiane Singer)

 

Recueil: Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ?
Traduction:
Editions: LE LIVRE DE POCHE

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LE LIQUORIER (Carlos Drummond de Andrade)

Posted by arbrealettres sur 11 mai 2017




    

LE LIQUORIER

Le goût de la liqueur commence dans l’idée liquorier.
Je prononce tout bas: liquorier. Quelle saveur
à l’oreille, dans la connaissance du cristal
indépendante de la liqueur-de-lait,
ce produit si raffiné de notre ville,
le secret de famille d’Oscarlina.

Ce liquorier, je le vois
délicieux en soi, même vide
en attente de liqueur, tellement
dans la forme travaillée
habite le goût parfumé
qui dans chaque prisme-lumière se distribue
au palais de la vue déjà savourant

— Qu’a donc cet enfant, à contempler
tout le temps le liquorier
quand même il n’y a rien dedans?
Mon Dieu, cet enfant est corrompu,
il a bu, rien qu’à regarder le liquorier!

(Carlos Drummond de Andrade)

 

Recueil: La machine du monde et autres poèmes
Traduction: Didier Lamaison et Claudia Poncioni
Editions: Gallimard

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