Musique écoutée si profondément
Qu’on ne l’écoute plus, mais vous êtes la musique
Tant qu’elle dure…
(Thomas Stearns Eliot)
Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2021
Musique écoutée si profondément
Qu’on ne l’écoute plus, mais vous êtes la musique
Tant qu’elle dure…
(Thomas Stearns Eliot)
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Posted by arbrealettres sur 5 octobre 2021
Illustration: Odile Wysocki-Grec
Confronté au désastre
Un disciple dit à Joshu :
«Maître, confronté au désastre,
que fais-tu pour l’éviter?»
Joshu ouvrit les bras,
inspira profondément
et dit avec un large sourire :
« Ça. »
(Zen)
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Posted by arbrealettres sur 15 décembre 2019
Je fus, je fus et j’ai été
Depuis longtemps ici planté,
Plus d’une fois j’ai dû ramper
Et j’ai plané plus d’une fois.
Parmi les poissons j’ai nagé
Dans les nuits des gouffres obscurs,
Parmi les astres voyagé
Sur l’hippodrome de l’azur.
Dans les télescopes poudreux
Je m’agitais, je me mirais,
Pleuvant en rayons lumineux
Sur la tête d’un orphelin.
Mes larmes en rosée tombaient
Au coeur d’une rose. Je fus
Le songe du séminariste
Sur le banc d’un temple endormi.
Je fus une pure prière
Qu’emplissait l’effroi de Satan.
Je fus cette larme qui perle
Aux cils d’un tel, en même temps
Le réconfort qui chez un autre
Calme l’étreinte du tourment.
J’ai vécu, mué en tortue
De longues, de noires années,
Mâchant et pétrissant la terre,
Je n’ai rien vu, je me suis tu.
Je restais à l’état larvaire
Et j’étais bien le plus bizarre
Parmi tant de bizarreries,
Un chat dans l’ombre d’une cave,
De tous le plus abandonné.
J’ai franchi, plus vif que l’éclair,
Générations et pays
Jusque dans l’esprit d’un penseur.
Ici, durement j’ai souffert,
Et là, profondément aimé,
Tous les pays dans mes tréfonds
Leurs tempêtes, leur mois de mai,
Le Mississippi là-bas gronde,
Rêvent le Danube et le Nil,
Ma petite sœur l’infusoire,
Le Hottentot mon frère noir,
Ils me conduisent tous ensemble
Me pressent vers la délivrance
De ma réincarnation : Dieu.
(Aron Zeitlin)
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Posted by arbrealettres sur 28 avril 2019
II y a seulement le moment auquel nous ne prêtons
pas attention, le moment à l’intérieur et à l’extérieur du temps,
l’accès de distraction, perdu dans un rayon de lumière du soleil,
le thym sauvage non vu, ou l’éclair de l’hiver,
ou la chute d’eau, ou la musique entendue si profondément
qu’elle n’est pas entendue du tout, mais tu es la musique
tant que dure la musique.
(Thomas Stearns Eliot)
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Posted by arbrealettres sur 25 avril 2019
Tout s’était décidé au moment où ne pouvant plus supporter d’attendre au lendemain pour poser mes lèvres sur le visage de ma mère,
j’avais pris ma résolution, j’avais sauté du lit et étais allé, en chemise de nuit, m’installer à la fenêtre par où entrait le clair de lune jusqu’à ce que j’eusse entendu partir M. Swann.
Mes parents l’avaient accompagné, j’avais entendu la porte s’ouvrir, sonner, se refermer.
A ce moment même, dans l’hôtel du prince de Guermantes, ce bruit de pas de mes parents reconduisant M. Swann,
ce tintement rebondissant, ferrugineux, interminable, criard et frais de la petite sonnette qui m’annonçait qu’enfin M. Swann était parti et que maman allait monter,
je les entendais encore, je les entendais eux-mêmes, eux situés pourtant si loin dans le passé.
Alors, en pensant à tous les événements qui se plaçaient forcément entre l’instant où je les avais entendus et la matinée Guermantes,
je fus effrayé de penser que c’était bien cette sonnette qui tintait encore en moi, sans que je pusse rien changer aux criaillements de son grelot,
puisque, ne me rappelant plus bien comment ils s’éteignaient, pour le réapprendre, pour bien l’écouter,
je dus m’efforcer de ne plus entendre le son des conversations que les masques tenaient autour de moi.
Pour tâcher de l’entendre de plus près, c’est en moi-même que j’étais obligé de redescendre.
C’est donc que ce tintement y était toujours et aussi, entre lui et l’instant présent, tout ce passé indéfiniment déroulé que je ne savais pas que je portais.
Quand il avait tinté j’existais déjà et depuis, pour que j’entendisse encore ce tintement,
il fallait qu’il n’y eût pas eu discontinuité, que je n’eusse pas un instant pris de repos, cessé d’exister, de penser, d’avoir conscience de moi,
puisque cet instant ancien tenait encore à moi, que je pouvais encore le retrouver, retourner jusqu’à lui, rien qu’en descendant plus profondément en moi.
C’était cette notion du temps incorporé, des années passées non séparées de nous, que j’avais maintenant l’intention de mettre si fort en relief dans mon œuvre.
Et c’est parce qu’ils contiennent ainsi les heures du passé que les corps humains peuvent faire tant de mal à ceux qui les aiment,
parce qu’ils contiennent tant de souvenirs, de joies et de désirs déjà effacés pour eux, mais si cruels pour celui qui contemple
et prolonge dans l’ordre du temps le corps chéri dont il est jaloux, jaloux jusqu’à en souhaiter la destruction.
Car après la mort le Temps se retire du corps et les souvenirs – si indifférents, si pâlis – sont effacés de celle qui n’est plus
et le seront bientôt de celui qu’ils torturent encore, eux qui finiront par périr quand le désir d’un corps vivant ne les entretiendra plus.
Profonde Albertine que je voyais dormir et qui était morte.
(Marcel Proust)
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Posted by arbrealettres sur 19 mars 2019
LE RETOUR
Le retour Où A quel pays A quelle ville
A quelle maison
Qui te renseignera si tu te perds
répondra à ton bonjour et sourira — qui
t’indiquera la route à prendre
dira ce qu’il reste jusqu’au pays sans personne
Et tu marcheras le jour toute la nuit cent jours
cela durera des années tu traverseras mille rivières
sans arriver ni revenir jamais
c’est quelqu’un de tout à fait autre qui est revenu
a couru en haut des marches s’est arrêté un instant
devant le vieil appartement de la maison d’avant
a profondément repris son souffle
et impatient en vain a sonné
(Jan Skacel)
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Posted by arbrealettres sur 6 janvier 2019
Illustration
JUBILATION
Une à une, les choses se sont vidées
et il n’a plus rien à faire. Il reste seul,
il regarde ses mains, ses ongles — si étrangers —
se caresse encore une fois le menton, fait attention : —
un autre menton, tout simplement si étranger,
si profondément et si naturellement étranger, que lui-même
en vient à se réjouir de son caractère intact.
(Yannis Ritsos)
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Posted by arbrealettres sur 20 décembre 2018
Illustration: ArbreaPhotos
Illisible visage, rien
qui change :
l’impatience est obscure
et désirable.
Le monde s’efface
avant l’aube
dans l’effroi des lointains violents.
Te voici séparé si profondément
cherchant en toi-même asile :
où est la voix ?
où est la rive ?
Dans les sillons : jour maigre
échappé à l’abîme,
l’irrécusable lumière.
(Lionel Ray)
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Posted by arbrealettres sur 3 septembre 2018
CANTE HONDO
Je méditais profondément en déroulant
les fils de l’amertume et de la tristesse,
quand à mon oreille parvint,
par la fenêtre de ma chambre, ouverte
sur une chaude nuit d’été,
la plainte d’une copia songeuse,
brisée par les sombres trémolos
des rythmes magiques de ma terre.
… Et c’était l’Amour, comme une flamme rouge…
— Sur la corde vibrante une main nerveuse
plaquait un très long soupir d’or,
qui se transformait en une pluie d’étoiles —.
Et c’était la Mort, sa lame sur l’épaule,
marchant à grands pas, farouche et squelettique
— comme je la rêvais lorsque j’étais enfant —.
Et sur la guitare, résonnante et tremblante,
la main en frappant brusquement évoquait
le bruit d’un cercueil qui vient frapper la terre.
Et le souffle qui balaie la poussière
et jette au vent la cendre
était un gémissement solitaire.
(Antonio Machado)
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Posted by arbrealettres sur 12 juin 2018
Ivresse
De mon âme qui chante, ô combien j’aimerais
Guérir les tristes cœurs et secouer le monde!
Je pardonne à présent, je pardonne à la ronde
Les offenses d’hier. Je le sens. Je le sais.
L’esclave douloureux qui lutte pour la vie,
J’aimerais ô combien le serrer sur mon cœur!
Je voudrais rappeler et le frère et la sœur,
Tous ceux qu’on ne voit plus, que la mort s’approprie.
J’aimerais que tournât un peu plus lentement,
Que s’arrêtât enfin la gigantesque roue
Qui hâte les destins, qui de l’homme se joue.
Mais surtout je voudrais… aimer profondément.
Je voudrais concevoir, avec des doigts de fée,
Du grand et du splendide… et du miraculeux.
Après cela: périr. Oui, périr, je le veux.
C’est que je suis l’ivresse, à tout excès portée.
(Attila Jozsef)
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