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Poésie

Posts Tagged ‘progrès’

Corazón (Alain Borer)

Posted by arbrealettres sur 22 octobre 2022



Illlustration: Pascal Renoux
    
Corazón

Veneur aux menées de l’amour
je conduis l’encolure et l’haleine
les reins pour le progrès du plaisir

Corps à son

Bouche bée d’amour
c’est par ton corps
que passe la musique des sphères

Courbée

Infiniment la main
se confond à l’approche
de l’origine du monde

Je creuse
dans ton corps
mon retour

Dors lovée
pris à mon propre piège
de l’éternel va-et-vient

Je suis dansé
Quand je la quitte elle est en moi
l’amour ne dort jamais
pose ta source sur ma soif
scanne-toi

(Alain Borer)

Recueil: Le désir en nous comme un défi au monde 84 Poètes d’aujourd’hui
Traduction:
Editions: Le Castor Astral

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On peut pas aller contre le progrès (Anonyme),(Jean-Marie Gourio)

Posted by arbrealettres sur 10 octobre 2022




    
On peut pas aller contre le progrès,
et comme on peut pas aller avec,
on va où nous ?

(Anonyme),(Jean-Marie Gourio)

Recueil: Brèves de comptoir
Traduction:
Editions: Éditions Zéro/ Michel Lafon / Robert Laffont

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Le Progrès (Jacques Prévert)

Posted by arbrealettres sur 28 septembre 2022



Le Progrès:

Trop robot pour être vrai.

(Jacques Prévert)

Illustration

 

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Mains propres (José Saramago)

Posted by arbrealettres sur 16 mai 2022




    
Mains propres

Du geste de tuer à deux mains
L’art de pétrir n’est pas différent
(Que le progrès a du bon, quel repos :
Le bouton de droite donne le pain,
Avec le bouton de gauche, facilement,
Je lance, sans regarder, la fusée
Et j’atteins l’ennemi).

***

Mãos limpas

Do gesto de matar a ambas mãos
O jeito de amassar não é diferente
(Que bom este progresso, que descanso:
Obotão da direita dá o pão,
Com o botão da esquerda, facilmente,
Disparo, sem olhar, o foguetão,
E o inimigo alcanço).

(José Saramago)

Recueil: Les poèmes possibles
Traduction: Nicole Siganos
Editions: Jacques Brémond

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Saluez bas ce drapeau (Marc-Adolphe Guégan)

Posted by arbrealettres sur 24 mars 2022



drapeau [800x600]

Le sabre

Une oeuvre d’art, la poignée
De ce sabre fier.
Comme on embellit le crime!

***

Le quart

Quart en forme de sébile.
Piètre insigne
Des mendiants de la gloire.

***

Progrès

On tue à distance.
Plus de mains sanglantes.
La guerre est très propre.

***

Reportage

Le moribond criait: Maman!
De l’arrière, le journaliste
A entendu: Vive la France!

***

Testament

De sa poitrine déchirée
Sortit, en guise d’âme,
Un portrait de fillette blonde.

***

Cimetière

Petite croix. Epitaphe.
Ci-gît le soldat Gribouille.
Il mourut pour vivre libre.

***

L’emblème

Saluez bas ce drapeau.
On en fit l’emplette
L’autre jour dans mon bazar.

(Marc-Adolphe Guégan)

 

 

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Melancholia (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 12 janvier 2021




    
Melancholia
(extrait)

… Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu’on voit cheminer seules ?
Ils s’en vont travailler quinze heures sous des meules
Ils vont, de l’aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d’une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l’ombre,
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,
Ils travaillent. Tout est d’airain, tout est de fer.
Jamais on ne s’arrête et jamais on ne joue.
Aussi quelle pâleur ! la cendre est sur leur joue.
Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las.
Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas !
Ils semblent dire à Dieu : – Petits comme nous sommes,
Notre père, voyez ce que nous font les hommes !
Ô servitude infâme imposée à l’enfant !
Rachitisme ! travail dont le souffle étouffant
Défait ce qu’a fait Dieu ; qui tue, oeuvre insensée,
La beauté sur les fronts, dans les coeurs la pensée,
Et qui ferait – c’est là son fruit le plus certain ! –
D’Apollon un bossu, de Voltaire un crétin !
Travail mauvais qui prend l’âge tendre en sa serre,
Qui produit la richesse en créant la misère,
Qui se sert d’un enfant ainsi que d’un outil !
Progrès dont on demande : Où va-t-il ? que veut-il ?
Qui brise la jeunesse en fleur ! qui donne, en somme,
Une âme à la machine et la retire à l’homme !
Que ce travail, haï des mères, soit maudit !
Maudit comme le vice où l’on s’abâtardit,
Maudit comme l’opprobre et comme le blasphème !
Ô Dieu ! qu’il soit maudit au nom du travail même,
Au nom du vrai travail, sain, fécond, généreux,
Qui fait le peuple libre et qui rend l’homme heureux !

(Victor Hugo)

 

Recueil: Cent poèmes de Vivtor Hugo
Traduction:
Editions: Omnibus

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La vénus mathématique (Guy Béart)

Posted by arbrealettres sur 1 janvier 2019



venus

La vénus mathématique

Dans un journal à fascicules
J´ai lu en lettres majuscules
Qu´on ne peut vivre sans calcul
En ce siècle où les automates
Sont les grands rivaux des primates
Qu´on ne peut plus vivre sans maths

Comme d´ailleurs depuis toujours
Quel que soit l´homme et ses recours
On ne peut vivre sans amour

Moi qui tiens fermement à vivre
Et qui suis lucide autant qu´ivre
J´ai uni le lit et le livre

J´ai rencontré au point critique
La femme la plus érotique
Une Vénus mathématique
Vive la nouvelle Vénus mathématique!

Au bal de l´Hôtel Terminus
Je vis soudain cette Vénus
Qui embrasa mes cosinus

C´était la folle nuit du rythme
Au bras d´un jeune sybarite
Elle exhibait ses logarithmes

C´était pour moi un jour de bol
La voilà qui me carambole
D´un grand sourire en hyperbole

C´était la grande nuit du rut
Le temps de pousser un contre-ut
Je l´attaquai comme une brute

Grâce à son triangle et son pis
Aussi rond que le nombre Pi
Elle augmenta mon entropie
Vive la nouvelle Vénus mathématique!

Et moi, très vite, j´adorai
Cette enfant qui suivait de près
De toute science les progrès

Les manuels, les opuscules
Les courbes, les tests, les calculs
Lui tenaient lieu de crépuscules

Au saint nom des mathématiques
Elle appliqua ses statistiques
À nos étreintes frénétiques

Au diable les gens qui attifent
Leur passion de préservatifs
Ou de retraits intempestifs

Bientôt, nous réglâmes tous nos
Exercices abdominaux
Selon la méthode Ogino
Vive la nouvelle Vénus mathématique

Et la Vénus aux équations
Me fit goûter des sensations
D´une nouvelle dimension

Les entités humanoïdes
Aux formes hyperboloïdes
Charment les spermatozoïdes

Dans mon vieux grenier en spirale
Chaque soir, quel concert de râles
Quand je frôlais son intégrale

Elle avait uni sans histoire
La mécanique ondulatoire
Et les positions giratoires

Mes caresses venaient en troupe
Selon la théorie des groupes
Pour réunir jambes et croupes
Vive la nouvelle Vénus mathématique

Hélas, un jour, un jour funeste
Elle me fit passer un test
Qui lui démontra sans conteste
En comparant des numéros
Que j´étais un pauvre zéro
Elle prit la tangente au trot

Avec ses courbes inconnues
Dans l´espace discontinu
Elle s´en alla toute nue
Vive la nouvelle Vénus mathématique!

(Guy Béart)

 

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CANTINES (Pierre Béarn)

Posted by arbrealettres sur 3 août 2018



Robert Doisneau cantine

CANTINES

Jour d’usine en hiver où l’aurore à midi
s’ouvre sur le repas tapageur des cantines,
le ragoût a beaucoup vieilli
mais le vin malmené chante dans les chopines.

Par la fenêtre on voit les arbres de la cour
— squelettes biscornus dont le front dodeline —
allonger entre eux leurs bras courts
pour barrer le chemin qui mène à l’aubépine.

Le pétrole a rongé tout le cambouis des mains,
le pain prendra l’odeur de son puits d’origine.
Bah ! ne dit-on pas que c’est sain ?
Le pain des travailleurs a souvent goût d’usine.

On étale un journal qui servit de panier
à l’amour conjugal parfumé de cuisine
et l’on se prend à caresser
le corps d’une femelle ornant un magazine.

Les gamelles choquées sur l’assiette en métal
larguent un fond de sauce ou bien de gélatine
Ah ! jeunots, parlez-moi d’un bal
où le fer-blanc a des mélos de mandoline.

Est-ce mardi ? ou bien jeudi ? Pas samedi
mon compagnon, car on croquerait l’orpheline
un jour où tu joues l’affranchi
pour six journées que lentement on assassine.

Prisonniers de la vie ne vous attardez pas
à rêvasser au futur labeur des machines
l’usine a besoin de vos bras
car c’est demain que le Progrès vous extermine.

(Pierre Béarn)

Illustration: Robert Doisneau

 

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Les Chemins de Fer (Jules Lefèvre-Deumier)

Posted by arbrealettres sur 29 mai 2018



 

Les Chemins de Fer

Il m’est impossible de regarder sans une sorte de tristesse
ces chemins merveilleux auxquels notre industrie semble donner des ailes.
Je ne sais si c’est un progrès que de pouvoir fendre ainsi l’espace comme une flèche ;
mais ce qu’il y a de sûr, c’est que cela me rend plus sensible la rapidité de la vie,
qui, avant notre invention, l’était cependant bien assez.
Ces rainures de fer où nous sommes forcés de courir sans dévier d’une ligne,
emportés par une puissance aussi aveugle, presque aussi indomptable que la foudre,
n’est-ce pas une image de cet implacable sort qui nous entraîne,
et dont nous sommes les esclaves alors même que nous croyons les maîtriser ?

On croit gagner du temps parce qu’on l’accélère.
Mais ces voyages étourdissants ne font qu’abréger l’existence,
qui n’est, elle, qu’une traversée.
Ils ne permettent pas la mémoire,
le seul moyen qu’ait l’homme d’allonger et de doubler ses jours.
L’unique souvenir qu’ils nous laissent,
c’est qu’on va vite.
Aller vite, c’est mourir plus tôt.

(Jules Lefèvre-Deumier)

Illustration: Chris Ludlow

 

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Tu demandes (Yves Mabin Chennevière)

Posted by arbrealettres sur 8 janvier 2018



 Illustration
    
— Tu demandes pourquoi on peut jouer
le théâtre de Sophocle et d’Aristophane,
s’émouvoir du chant de Virgile et d’Empédocle,
des discours de Démosthène et de Cicéron,

On t’a souvent dit que le Progrès fait l’Histoire,
sauf en Art où le temps commence et pour toujours
au moment précis où l’expression le révèle,
et où siècle après siècle nous nous nourrissons,

Si Passé et Futur accompagnent les hommes,
l’Art est seul à connaître un éternel Présent ;

(Yves Mabin Chennevière)

 

Recueil: Variations du sensible
Traduction:
Editions: De la Différence

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