Le vent est tombé, la poussière embaume, les fleurs sont déjà passées,
Il se fait tard et je suis lassée de me peigner.
Le monde est là, il n’y est pas, tout est fini.
Je voudrais parler, mais les larmes coulent en premier.
J’entends dire que sur les Deux-Rivières, le printemps reste beau,
Alors me vient le projet d’aller y canoter.
Je crains pourtant que sur les Deux-Rivières une sauterelle, ce frêle esquif,
Ne puisse emporter autant de chagrin.
***
(Li Qing Zhào) (1084 — après 1149)
Recueil: Quand mon âme vagabonde en ces anciens royaumes Poèmes Song illustrés par Dai Dunbang
Traduction: du Chinois par Bertrand Goujard
Editions: De la Cerise
Joie nouvelle d’une fièvre
D’une saison secrète
Moins friables par surcroît de ténèbres
Ou avis de grand frais
Et cette marque au fer
Qui charme le destin
Sous un bracelet de cuir
Un écart volontaire a tout désarçonné
L’horizon s’est retrouvé avec un peu plus de ciel
Un peu plus de latitude inconnue
Et un projet de coupe claire
Au point du jour
C’est déjà le beau midi de la lumière
L’ardeur dans les coursives qui ouvrent sur le désert
Comme on étreint cet impossible été
Au goût de soufre et de miracle
En se regardant dans les yeux
Sur le chemin de l’école
Nous avions douze ou treize ans
Cheveux blonds et têtes folles
Nous parlions comme les grands
Nous avions la tête pleine
De jolis projets
Moi j’avais pour Madeleine
Un tendre secret
Refrain
Dites-moi ce qui m’entraîne
Dites-moi d’où vient le vent
Où s’en vont ceux que l’on aime
Dites-moi ce qui m’attend…
Sur le chemin de la vie
Nous nous sommes séparés
Chacun son jeu sa partie
Les amis l’argent les filles
Et puis mes vingt ans
Je n’ai pour toute famille
Qu’un petit enfant
Refrain
Sur le chemin de l’école
Quand j’irai t’accompagner
Je t’en donne ma parole
Je saurai te protéger
Je t’offrirai des voyages
Une jolie maison
Je t’apprendrai le langage
Des quatre saisons
L’amour essuie la pruine de fruit, dissout la brume et fait voir, derrière les apparences,
la perfection du projet Divin que chacun de nous incarne sans le savoir.
(Christiane Singer)
Recueil: Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ?
Traduction:
Editions: LE LIVRE DE POCHE
Certains jours
Le jour est si bleu
Qu’on voit l’avenir
À sa porte
Il fait froid
Mais la sève éclate
Une fois encore
La terre gonfle ses jupes
Pour de nouveaux matins
Mille projets sont dans l’air
Et la vie s’active
Que vas-tu faire
De tes mains
Sans amour?
(Hélène Cadou)
Recueil: Bris de vers Les émeutiers du XXè siècle
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
La glace à la vanille
le quart de pomme pour la tortue
l’eau pour les plantes
des jouets d’enfants qui traînent au sol
du vent dans les toiles d’araignées
les cerises les lucioles
les souvenirs et les projets
qui passent sans écraser
qui s’étirent dans le ciel
qui couchent l’herbe
qui sifflotent
qui germent
Là toute simple
la vie qui clapote
à nos pieds
(Thomas Vinau)
Recueil: Juste après la pluie
Traduction:
Editions: Alma