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Poésie

Posts Tagged ‘prophète’

Le programme en quelques siècles (Armand Robin)

Posted by arbrealettres sur 20 mars 2023


Les Temps modernes

On supprimera la Foi
Au nom de la Lumière,
Puis on supprimera la lumière.

On supprimera l’Âme
Au nom de la Raison,
Puis on supprimera la raison.

On supprimera la Charité
Au nom de la Justice,
Puis on supprimera la justice.

On supprimera l‘Amour
Au nom de la Fraternité,
Puis on supprimera la fraternité.

On supprimera l’Esprit de Vérité
Au nom de l’Esprit critique,
Puis on supprimera l’esprit critique.

On supprimera le Sens du Mot
Au nom du Sens de mots,
Puis on supprimera le sens des mots.

On supprimera le Sublime
Au nom de l’Art,
Puis on supprimera l’art.

On supprimera les Ecrits,
Au nom des Commentaires,
Puis on supprimera les commentaires.

On supprimera le Saint
Au nom du Génie,
Puis on supprimera le génie.

On supprimera le Prophète
Au nom du Poète,
Puis on supprimera le poète.

On supprimera l’Esprit
Au nom de la Matière,
Puis on supprimera la matière.

AU NOM DE RIEN ON SUPPRIMERA L’HOMME.
ON SUPPRIMERA LE NOM DE L’HOMME:
IL N’Y AURA PLUS DE NOM

NOUS Y SOMMES.

(Armand Robin)

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CE MAINTENANT (Khalil Gibran)

Posted by arbrealettres sur 11 mars 2023




    
CE MAINTENANT

Et un jour, alors qu’ils étaient assis
dans les longues ombres des peupliers blancs,
l’un dit : « Maître, j’ai peur du temps.
Il nous dépasse et nous dérobe notre jeunesse,
mais que donne-t-il en retour ? »

Et le Prophète répondit ceci :
« Ramasse maintenant une poignée de bonne terre.
Y trouves-tu une graine et peut-être un ver ?
Si ta main était suffisamment grande et patiente,
la graine deviendrait une forêt et le ver un troupeau d’anges.
Et n’oublie pas que les années qui transforment les graines en forêts
et les vers en anges, appartiennent à ce Maintenant.
Toutes ces années découlent de ce Maintenant. »

(Khalil Gibran)

Recueil: Le Secret
Traduction: Anahita Gouya
Editions: J’ai lu

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À Rosette (Louis Bouilhet)

Posted by arbrealettres sur 1 mai 2020



À Rosette

Mai sourit au firmament,
Mai, le mois des douces choses ;
Ton aveu le plus charmant
Est venu le jour des roses.

Pour témoins de ce bonheur
Nous avons pris, ô ma belle,
Le premier lilas en fleur,
Et la première hirondelle.

Le vallon sait notre amour,
Les grands bois sont nos complices ;
Les lis gardent, loin du jour,
Ton secret, dans leurs calices !

Les papillons nuancés
Et les vertes demoiselles
Portent tes serments tracés
Sur la poudre de leurs ailes.

L’étreinte des lierres frais,
Verts chaînons que rien ne brise,
Figure, dans les forêts,
L’ardeur que tu m’as promise.

Et pour qu’à notre dessein
Ton souvenir soit fidèle,
Sur les rondeurs de ton sein,
Tous les nids ont pris modèle.

Oh ! Ne trahis pas ta foi !
Regarde, mon cœur, regarde :
Tout l’azur a l’œil sur toi,
Et tout le printemps te garde !

Si tu venais à mentir,
Les muguets, aux fines branches,
Feraient tous, pour m’avertir,
Tinter leurs clochettes blanches ;

Les limaçons consternés,
Comme des prophètes mornes,
Par les chemins détournés,
Me suivraient avec des cornes ;

Et les oiseaux, dans la nuit,
Se heurtant à ma fenêtre,
Me rapporteraient le bruit
De ta rigueur prête à naître !

Hélas ! Hélas ! Les beaux jours
N’ont qu’un temps, comme les roses.
J’ai peur des grands étés lourds
Et des grands hivers moroses !

Ces mois-là n’ont rien promis,
Et tous les crimes s’y peuvent,
Sans que les blés endormis
Ou les glaçons froids s’émeuvent.

O mon ange ! ô mon trésor !
Cher bonheur que Dieu me donne,
Jure-moi d’aimer encor,
Lorsque jaunira l’automne !

Jure-moi !… ― mais tu souris
De mes alarmes trop fortes…
Viens !… les rameaux sont fleuris,
Oublions les feuilles mortes !

(Louis Bouilhet)

Illustration: Eugène Begarat 

 

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Le poète (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 26 décembre 2019




Le poète en des jours impies
Vient préparer des jours meilleurs.
Il est l’homme des utopies,
Les pieds ici, les yeux ailleurs.
C’est lui qui sur toutes les têtes,
En tout temps, pareil aux prophètes,
Dans sa main, où tout peut tenir,
Doit, qu’on l’insulte ou qu’on le loue,
Comme une torche qu’il secoue,
Faire flamboyer l’avenir !…
Peuples ! écoutez le poète
Écoutez le rêveur sacré !
Dans votre nuit, sans lui complète,
Lui seul a le front éclairé.

(Victor Hugo)

Illustration: René Baumer

 

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Chant est le chemin de sa maison (Adonis)

Posted by arbrealettres sur 15 novembre 2019



    
Chant est le chemin de sa maison
Une branche ici est bruissement
Une pierre par là est signe de la main
Et la terre est couche

De la main de l’air
Sur la route de sa maison
Est tombée la rose des prophètes.

(Adonis)

 

Recueil: Lexique amoureux
Traduction: Vénus Khoury-Ghata Issa Makhlouf Houria Abdelouahed
Editions: Gallimard

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Les pierres ont la mémoire longue (Werner Lambersy)

Posted by arbrealettres sur 7 novembre 2019



Les pierres ont la mémoire longue

Ce sont des êtres sensibles
noués autour d’anciennes convulsions
figées en des raidissements
quasi musculaires
après l’éloignement du feu
qui fut premier
dans la lignée de leurs ancêtres
et dans les spasmes orgiaques
de leur naissance

Ce sont des vies
qui portent en elles
sur elles et autour d’elles
les armoiries et les blasons
toute l’héraldique
de la noblesse universelle
du grand Chosier
l’arbre généalogique
des grands dynastes guerriers
et des prophètes méphitiques
du minéral

(Werner Lambersy)

 

 

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En méditerranée (Georges Moustaki)

Posted by arbrealettres sur 26 septembre 2019



 

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En méditerranée

Dans ce bassin où jouent
Des enfants aux yeux noirs,
Il y a trois continents
Et des siècles d´histoire,
Des prophètes des dieux,
Le Messie en personne.
Il y a un bel été
Qui ne craint pas l´automne,
En Méditerranée.

Il y a l´odeur du sang
Qui flotte sur ses rives
Et des pays meurtris
Comme autant de plaies vives,
Des îles barbelées,
Des murs qui emprisonnent.
Il y a un bel été
Qui ne craint pas l´automne,
En Méditerranée.

Il y a des oliviers
Qui meurent sous les bombes
Là où est apparue
La première colombe,
Des peuples oubliés
Que la guerre moissonne.
Il y a un bel été
Qui ne craint pas l´automne,
En Méditerranée.

Dans ce bassin, je jouais
Lorsque j´étais enfant.
J´avais les pieds dans l´eau.
Je respirais le vent.
Mes compagnons de jeux
Sont devenus des hommes,
Les frères de ceux-là
Que le monde abandonne,
En Méditerranée.

Le ciel est endeuillé,
Par-dessus l´Acropole
Et liberté ne se dit plus
En espagnol.
On peut toujours rêver,
D´Athènes et Barcelone.
Il reste un bel été
Qui ne craint pas l´automne,
En Méditerranée.

(Georges Moustaki)

 

 

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Message du pissenlit (Abbas Kiarostami)

Posted by arbrealettres sur 18 avril 2019



Message
Du pissenlit
Aux 124 000 prophètes :
« Rien »

(Abbas Kiarostami)

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Dies irae (Leconte de Lisle)

Posted by arbrealettres sur 27 janvier 2019



Dies irae

Il est un jour, une heure, où dans le chemin rude,
Courbé sous le fardeau des ans multipliés,
L’Esprit humain s’arrête, et, pris de lassitude,
Se retourne pensif vers les jours oubliés.

La vie a fatigué son attente inféconde ;
Désabusé du Dieu qui ne doit point venir,
Il sent renaître en lui la jeunesse du monde ;
Il écoute ta voix, ô sacré Souvenir !

Les astres qu’il aima, d’un rayon pacifique
Argentent dans la nuit les bois mystérieux,
Et la sainte montagne et la vallée antique
Où sous les noirs palmiers dormaient ses premiers Dieux.

Il voit la Terre libre et les verdeurs sauvages
Flotter comme un encens sur les fleuves sacrés,
Et les bleus Océans, chantant sur leurs rivages,
Vers l’inconnu divin rouler immesurés.

De la hauteur des monts, berceaux des races pures,
Au murmure des flots, au bruit des dômes verts,
Il écoute grandir, vierge encor de souillures,
La jeune Humanité sur le jeune Univers.

Bienheureux ! Il croyait la Terre impérissable,
Il entendait parler au prochain firmament,
Il n’avait point taché sa robe irréprochable ;
Dans la beauté du monde il vivait fortement.

L’éclair qui fait aimer et qui nous illumine
Le brûlait sans faiblir un siècle comme un jour ;
Et la foi confiante et la candeur divine
Veillaient au sanctuaire où rayonnait l’amour.

Pourquoi s’est-il lassé des voluptés connues ?
Pourquoi les vains labeurs et l’avenir tenté ?
Les vents ont épaissi là-haut les noires nues ;
Dans une heure d’orage ils ont tout emporté.

Les grandes visions sous les cèdres pensifs,
Et la Liberté vierge et ses cris magnanimes,
Et le débordement des transports primitifs !

L’angoisse du désir vainement nous convie :
Au livre originel qui lira désormais ?
L’homme a perdu le sens des paroles de vie :
L’esprit se tait, la lettre est morte pour jamais.

Nul n’écartera plus vers les couchants mystiques
La pourpre suspendue au devant de l’autel,
Et n’entendra passer dans les vents prophétiques
Les premiers entretiens de la Terre et du Ciel.

Les lumières d’en haut s’en vont diminuées,
L’impénétrable Nuit tombe déjà des cieux,
L’astre du vieil Ormuzd est mort sous les nuées ;
L’Orient s’est couché dans la cendre des Dieux.

L’Esprit ne descend plus sur la race choisie ;
Il ne consacre plus les Justes et les Forts.
Dans le sein desséché de l’immobile Asie
Les soleils inféconds brûlent les germes morts.

Les Ascètes, assis dans les roseaux du fleuve,
Écoutent murmurer le flot tardif et pur.
Pleurez, Contemplateurs ! votre sagesse est veuve :
Viçnou ne siège plus sur le Lotus d’azur.

L’harmonieuse Hellas, vierge aux tresses dorées,
À qui l’amour d’un monde a dressé des autels,
Gît, muette à jamais, au bord des mers sacrées,
Sur les membres divins de ses blancs Immortels.

Plus de charbon ardent sur la lèvre-prophète !
Adônaï, les vents ont emporté ta voix ;
Et le Nazaréen, pâle et baissant la tête,
Pousse un cri de détresse une dernière fois.

Figure aux cheveux roux, d’ombre et de paix voilée,
Errante au bord des lacs sous ton nimbe de feu,
Salut ! l’Humanité, dans ta tombe scellée,
Ô jeune Essénien, garde son dernier Dieu !

Et l’Occident barbare est saisi de vertige.
Les âmes sans vertu dorment d’un lourd sommeil,
Comme des arbrisseaux, viciés dans leur tige,
Qui n’ont verdi qu’un jour et n’ont vu qu’un soleil.

Et les sages, couchés sous les secrets portiques,
Regardent, possédant le calme souhaité,
Les époques d’orage et les temps pacifiques
Rouler d’un cours égal l’homme à l’Éternité.

Mais nous, nous, consumés d’une impossible envie,
En proie au mal de croire et d’aimer sans retour,
Répondez, jours nouveaux ! nous rendrez-vous la vie ?
Dites, ô jours anciens ! nous rendrez-vous l’amour ?

Où sont nos lyres d’or, d’hyacinthe fleuries,
Et l’hymne aux Dieux heureux et les vierges en choeur,
Eleusis et Délos, les jeunes Théories,
Et les poèmes saints qui jaillissent du coeur ?

Oh ! la tente au désert et sur les monts sublimes,
Où sont les Dieux promis, les formes idéales,
Les grands cultes de pourpre et de gloire vêtus,
Et dans les cieux ouvrant ses ailes triomphales
La blanche ascension des sereines Vertus ?

Les Muses, à pas lents, Mendiantes divines,
S’en vont par les cités en proie au rire amer.
Ah ! c’est assez saigner sous le bandeau d’épines,
Et pousser un sanglot sans fin comme la Mer !

Oui ! le Mal éternel est dans sa plénitude !
L’air du siècle est mauvais aux esprits ulcérés.
Salut, Oubli du monde et de la multitude !
Reprends-nous, ô Nature, entre tes bras sacrés !

Dans ta khlamyde d’or, Aube mystérieuse,
Éveille un chant d’amour au fond des bois épais !
Déroule encor, Soleil, ta robe glorieuse !
Montagne, ouvre ton sein plein d’arôme et de paix !

Soupirs majestueux des ondes apaisées,
Murmurez plus profonds en nos coeurs soucieux !
Répandez, ô forêts, vos urnes de rosées !
Ruisselle en nous, silence étincelant des cieux !

Consolez-nous enfin des espérances vaines :
La route infructueuse a blessé nos pieds nus.
Du sommet des grands caps, loin des rumeurs humaines,
Ô vents ! emportez-nous vers les Dieux inconnus !

Mais si rien ne répond dans l’immense étendue,
Que le stérile écho de l’éternel Désir,
Adieu, déserts, où l’âme ouvre une aile éperdue !
Adieu, songe sublime, impossible à saisir !

Et toi, divine Mort, où tout rentre et s’efface,
Accueille tes enfants dans ton sein étoilé ;
Affranchis-nous du temps, du nombre et de l’espace,
Et rends-nous le repos que la vie a troublé !

(Leconte de Lisle)

Illustration: Jean-Claude Forez

 

 

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Qui es-tu ? (Bogusław Adamowicz)

Posted by arbrealettres sur 19 novembre 2018



Alberto Donaire

Qui es-tu ?

J’ai l’impression de descendre au fond d’un gouffre obscur,
Plus bas, plus bas, et toujours plus profond, dans le remous noir de l’ombre…
Et je marche dans des pas inconnus…Qui es-tu ? Qui est devant moi ?
Qui es-tu et d’où viens-tu, mon maître, mon prophète ?

Qui es-tu, toi qui m’éclaires du flambeau du danger sanguinaire ?
Es-tu Virgile ? qui mena Dante sur le lit des Enfers ?
Es-tu l’ombre lugubre de Manfred ? qui avançait en tenant une arme ?
Ou bien, étranger aux bienheureux, es-tu le sombre Baudelaire ?

Qui que tu sois — après toi, dans ces cercles de l’enfer,
Je descends, frère de la malédiction éternelle, réclamant la ténèbre,
Dans la Nuit, le Désarroi, dans le cœur même mourant du chaos…
— Qui que tu sois, devant moi — montre-moi ton visage…
— Es-tu Satan ?…

(Bogusław Adamowicz)

Découvert ici: poetespolonais

Illustration: Alberto Donaire

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