Sur la route de Louviers (bis)
Y avait un cantonnier (bis)
Et qui cassait (bis)
Des tas d’cailloux (bis)
Et qui cassait des tas d’cailloux
Pour mettre sur l’passage des roues.
Un’ belle dam’ vint à passer (bis)
Dans un beau carrosse doré (bis)
Et qui lui dit (bis)
« Pauv’ cantonnier » (bis)
Et qui lui dit « pauv’ cantonnier
Tu fais un foutu métier »
Le cantonnier lui réponds (bis)
« Faut qu’ j’ nourrissions nos garçons (bis)
Car si j’ roulions (bis)
Carrosse comme vous (bis)
Car si j’ roulions carrosse comme vous
Je n’ casserions point d’ cailloux »!
Cette réponse s’ fait remarquer (bis)
Par sa grande simplicité (bis)
C’est c’ qui prouve que (bis)
Les malheureux (bis)
C’est c’ qui prouve que les malheureux
S’ils le sont c’est malgré eux !
(Anonyme)
Recueil: Les plus belles chansons du temps passé
Traduction:
Editions: Hachette
Il a laissé son rêve sur l’autre face de la Terre
et il est parti, n’emportant avec lui
que son bulletin gorgé de bonnes notes
pour rassurer les Aimables Autorités
qui seraient sûrement ses hôtes.
Prouver, garantir, certifier
qu’il était capable d’apprendre le monde,
et peut-être même de le réparer
comme il a su réparer le moteur
du groupe électrogène
du vieux village de sa grand-mère,
un jour où il a fait nuit.
Le sable a gardé son rêve
sur l’autre face de la Terre
et les Sourdes Autorités ne sauront rien
des bonnes réponses
qu’il emportait avec lui
pour peut-être guérir un jour
les nuits noires des grands-mères
d’ici.
(Alain Serres)
Recueil: La cour couleurs Anthologie de poèmes contre le racisme
Traduction:
Editions: Rue du monde
Ще не вмерла України і слава, і воля,
Ще нам, браття молодії, усміхнеться доля.
Згинуть наші воріженьки, як роса на сонці.
Запануєм і ми, браття, у своїй сторонці.
Душу й тіло ми положим за нашу свободу,
І покажем, що ми, браття, козацького роду.
***
Chtche ne vmerla Ukraïna
Chtche ne vmerla ukraïne i slava, i volia,
Chtche nam, brattia molodïi, usmikhnet’sia dolia.
Z’henut’ nashi vorojen’ke, iak rosa na sontsi.
Zapanuem i me, brattia, u svoïi storontsi.
Dushu i tilo me polojem za nashu svobodu,
I pokajem, chtcho me, brattia, kozats’ko’ho rodu.
***
L’Ukraine n’est pas encore morte
Ni la gloire ni la liberté de l’Ukraine ne sont mortes
La chance nous sourira encore, jeunes frères,
Nos ennemis périront, comme la rosée au soleil,
Et nous aussi, frères, allons gouverner, dans notre pays.
Pour notre liberté, nous donnerons nos âmes et nos corps,
Et prouverons, frères, que nous sommes de la lignée des Cosaques.
Un amateur d’oiseaux avait, en grand secret,
Parmi les œufs d’une serine
Glissé l’œuf d’un chardonneret.
La mère des serins, bien plus tendre que fine,
Ne s’en aperçut point, et couva comme sien
Cet œuf qui dans peu vint à bien.
Le petit étranger, sorti de sa coquille,
Des deux époux trompés reçoit les tendres soins,
Par eux traité ni plus ni moins
Que s’il était de la famille.
Couché dans le duvet, il dort le long du jour
À côté des serins dont il se croit le frère,
Reçoit la béquée à son tour,
Et repose la nuit sous l’aile de la mère.
Chaque oisillon grandit, et, devenant oiseau,
D’un brillant plumage s’habille ;
Le chardonneret seul ne devient point jonquille,
Et ne s’en croit pas moins des serins le plus beau.
Ses frères pensent tout de même :
Douce erreur qui toujours fait voir l’objet qu’on aime
Ressemblant à nous trait pour trait !
Jaloux de son bonheur, un vieux chardonneret
Vient lui dire : il est temps enfin de vous connaître ;
Ceux pour qui vous avez de si doux sentiments
Ne sont point du tout vos parents.
C’est d’un chardonneret que le sort vous fit naître.
Vous ne fûtes jamais serin : regardez-vous,
Vous avez le corps fauve et la tête écarlate,
Le bec… oui, dit l’oiseau, j’ai ce qu’il vous plaira,
Mais je n’ai point une âme ingrate,
Et mon cœur toujours chérira
Ceux qui soignèrent mon enfance.
Si mon plumage au leur ne ressemble pas bien,
J’en suis fâché, mais leur cœur et le mien
Ont une grande ressemblance.
Vous prétendez prouver que je ne leur suis rien,
Leurs soins me prouvent le contraire.
Rien n’est vrai comme ce qu’on sent.
Pour un oiseau reconnaissant
Un bienfaiteur est plus qu’un père.
Je ne vous aime pas, ô blonde Célimène,
Et si vous l’avez cru quelque temps, apprenez
Que nous ne sommes point de ces gens que l’on mène
Avec une lisière et par le bout du nez ;
Je ne vous aime pas…depuis une semaine,
Et je ne sais pourquoi vous vous en étonnez.
Je ne vous aime pas ; vous êtes trop coquette,
Et vos moindres faveurs sont de mauvais aloi ;
Par le droit des yeux noirs, par le droit de conquête,
Il vous faut des amants. (On ne sait trop pourquoi.)
Vous jouez du regard comme d’une raquette ;
Vous en jouez, méchante…et jamais avec moi.
Je ne vous aime pas, et vous aurez beau faire,
Non, madame, jamais je ne vous aimerai.
Vous me plaisez beaucoup ; certes, je vous préfère
À Dorine, à Clarisse, à Lisette, c’est vrai.
Pourtant l’amour n’a rien à voir dans cette affaire,
Et quand il vous plaira, je vous le prouverai.
J’aurais pu vous aimer ; mais, ne vous en déplaise,
Chez moi le sentiment ne tient que par un fil…
Avouons-le, pourtant, quelque chose me pèse :
En ne vous aimant pas, comment donc se fait-il
Que je sois aussi gauche, aussi mal à mon aise
Quand vous me regardez de face ou de profil ?
Je ne vous aime pas, je n’aime rien au monde ;
Je suis de fer, je suis de roc, je suis d’airain.
Shakespeare a dit de vous : « Perfide comme l’onde » ;
Mais moi je n’ai pas peur, car j’ai le pied marin.
Pourtant quand vous parlez, ô ma sirène blonde,
Quand vous parlez, mon cœur bat comme un tambourin.
Je ne vous aime pas, c’est dit, je vous déteste,
Je vous crains comme on craint l’enfer, de peur du feu ;
Comme on craint le typhus, le choléra, la peste,
Je vous hais à la mort, madame ; mais, mon dieu !
Expliquez-moi pourquoi je pleure, quand je reste
Deux jours sans vous parler et sans vous voir un peu.
Le rat de ville était dans la délicatesse ;
Le rat des champs vivait dans la simplicité ;
L’un avait plus de politesse ;
L’autre était en sûreté.
Il n’est point de plaisir où la crainte se trouve ;
Riches, c’est ce qu’ici ce rat sensé vous prouve :
Liberté, vous dit-il, repos et sûreté,
Sont des biens qu’on ne voit que chez la pauvreté.
Âgé de cent mille ans, j’aurais encor la force
De t’attendre, ô demain pressenti par l’espoir.
Le temps, vieillard souffrant de multiples entorses,
Peut gémir : Le matin est neuf, neuf est le soir.
Mais depuis trop de mois nous vivons à la veille,
Nous veillons, nous gardons la lumière et le feu,
Nous parlons à voix basse et nous tendons l’oreille
À maint bruit vite éteint et perdu comme au jeu.
Or, du fond de la nuit, nous témoignons encore
De la splendeur du jour et de tous ses présents.
Si nous ne dormons pas c’est pour guetter l’aurore
Qui prouvera qu’enfin nous vivons au présent.
Comment prouver que je suis là ce soir
Tout seul entre ces quatre murs
Nos amis intimes
Le plus simple est de m’enfermer en grandeur naturelle
Au fond de ces cinq vers