Posted by arbrealettres sur 21 décembre 2020

Le bon moment
Rien de meilleur que le plaisir :
printemps, verdure et amis tendres.
Où est l’échanson ? Dis-le-moi !
Pourquoi donc me fait-il attendre ?
Sache apprécier chaque occasion
que la fortune te propose,
Car personne ne peut savoir
quelle sera la fin des choses.
Sois vigilant, car notre vie
est suspendue à un cheveu.
Ne prends garde qu’à tes ennuis :
le monde tournera sans eux.
Que signifie : Eau de Jouvence ?
Qu’est-ce qu’un Paradis terrestre ?
L’une n’est qu’un petit ruisseau ;
l’autre, un bon petit vin champêtre.
Pudique ou buveur, ce ne sont
que deux facettes du réel.
Les deux aspects sont attirants,
mais nous allons choisir lequel ?
Le secret derrière l’écran,
qu’en connaît le Ciel ? Maintenant,
Tais-toi, prétentieux ! A quoi bon
traiter avec le chambellan ?
Si je n’étais pas responsable
de mes erreurs, de mes offenses,
Que signifierait Ton pardon,
ô mon Dieu miséricordieux ?
Le dévot boit l’eau de l’Eden ;
Hâfez, le vin. Auquel des deux
Le Créateur, en fin de compte,
donnera-t-il la préférence ?
***

(Hâfez Shirâzi)(Hafiz)
Recueil: L’amour, l’amant, l’aimé
Traduction: Vincent-Masour Monteil
Editions: Actes Sud
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Posted in poésie | Tagué: (Hafiz), (Hâfez Shirâzi), ami, apprécier, aspect, attendre, attirant, échanson, écran, boire, bon, buveaur, chambellan, champêtre, cheveu, choisir, chose, créateur, dévot, Dieu, dire, donner, eau, eden, ennui, erreur, facette, fin, fortune, jouvence, meilleur, miséricordieux, moment, monde, occasion, offense, paradis, pardon, personne, plaisir, pourquoi, préférence, prétentieux, prendre garde, printemps, proposer, pudique, réel, responsable, ruisseau, savoir, se taire, secret, signifier, suspendre, tendre, terrestre, tourner, traiter, verdure, vie, vigilant, vin | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 4 juillet 2020

Cru
mais pudique,incontestablement vert,
il dure sur le guéridon désert.
Sentinelle des immobilités,
extraordinaire à force d’être toujours pareil,
il préside au silence.
Il est la seule plante
à ne pas prendre de pose,
il attend,
discrètement nécessaire,précieusement infécond,
évident et profond,
dressant ses épines de tous les côtés du réel
comme pour n’être touché par aucune apparence.
(Henri-Frédéric Blanc)
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Posted in poésie | Tagué: (Henri-Frédéric Blanc), attendre, évident, cactus, désert, extraordinaire, guéridon, incontestablement, infécond, profond, pudique, sentinelle, vert | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 11 juillet 2019

Illustration: Lauri Blank
La dormeuse
La tombée de la nuit semble être prise d’un sortilège.
Sur la toile, l’étoile du soir ne s’est pas couchée.
Ayant dénoué ses boucles ondulantes
Elle dort sa tête posée sur un bras.
Qui est-ce qui l’a aidée à s’endormir ainsi,
Interrompant son vigile sur la terre ?
Ayant ramené de nulle part des murmures de silence,
Les ayant versés dans ses oreilles pour toujours.
Une cascade sans fin au fond de l’image
Jaillit sans cesse en chansons silencieuses.
Pour toujours le bruissement silencieux de la forêt,
Pour toujours on sent la présence pudique,
Aussitôt qu’elle se réveille, confuse
Elle couvrira de sa robe ses seins.
***
Beauty asleep : still life
The evening twilight is bound by a spell.
On the canvas the evening star has not set.
Having undone her undulating locks
She sleeps resting her head on an arm.
Who is it who has helped her to fall asleep
In the midst of a permanent vigil on earth ?
Having culled from nowhere murmurs of silence
And has poured them for ever inside her ears.
An unending waterfall behind the image
Keeps on gushing in silent songs.
For ever the silent rustling of the forest,
For ever stands the bashful presence,
As soon as she wakes up, ashamed
She will cover her breast with her robe.
(Rabindranath Tagore)
Recueil: Tantôt Dièse, Tantôt Bémol
Traduction: Prithwindra Mukherjee
Editions: Shahitya Prakash
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Posted in poésie | Tagué: (Rabindranath Tagore), étoile, boucle, bras, cascade, chanson, confus, coucher, couvrir, dénouer, dormeur, fin, forêt, image, interrompre, jaillir, murmuré, nuit, nulle part, onduler, oreille, présence, pudique, ramener, robe, sans cesse, se réveiller, sein, sentir, silence, silencieuse, soir, sortilège, tête;poser, terre, toile, toujours, verser, vigile | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 27 novembre 2018

Prima-Vera
Éveil des premières roses :
et leur parfum hésite
comme un rire léger;
rapide, comme sur
des ailes d’hirondelle,
il effleure le jour;
et quoi que tu touches,
tout est angoisse encore.
Tout reflet s’effarouche
et nul son n’est dompté,
la nuit est trop nouvelle,
pudique est la beauté.
(Rainer Maria Rilke)
Recueil: Oeuvres 2 Poésie
Traduction: Jacques Legrand, Lorand Gaspar, Philippe Jaccottet, Armel Guerne, Maurice Betz
Editions: Seuil
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Posted in poésie | Tagué: (Rainer Maria Rilke), aile, angoisse, éveil, beauté, dompter, effleurer, hésiter, hirondelle, jour, léger, nouveau, nuit, parfum, pudique, rapide, reflet, rire, rose, s'effaroucher, toucher | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 9 octobre 2018

Comme un naufragé indemne je me retourne
et je vois derrière moi, attendris
par le passé, des océans de rares
violettes, de primevères silencieuses.
Mais ce paysage de jeunes pousses azurées
que le clair Avril adoucissait
est déjà un songe plus lointain que le ciel.
Le temps se dissipe sans vague :
papillons aux vols pudiques,
fleurs violentes, paix hérissée…
Et saurais-je encore m’effrayer si
un son désaccordait la musique ténue
des champs ? Lever les yeux comme un enfant
angoissé par les gouffres célestes
que voile le cours paisible des nuages ?
Et si dans l’azur aride
l’irascible rossignol exhalait son chant diurne
je l’écouterais avec ferveur, mais sans espoir.
Je ne rêve pas, je ne veille pas…
***
Corne un naufrago incolume mi volgo
e vedo, inteneriti dal passato,
alle mie spale, oceani di rare
viole, di silenziose primule.
E già un sogno lontano più del cielo
il paesaggio di germogli azzurri
che il trasparente Aprile intiepidiva.
Il tempo è dileguato senza moto:
le farfalle che volano pudiche,
i fiori violenti, l’irta quiete…
E so ancora atterrirmi ad un accento
che disaccordi con la fioca musica
dei campi? Alzare il capo, puerilmente,
angosciato dai baratri celesti
tra i veli tranquilli delle nuvole?
Se l’iroso usignolo nell’azzurro
arido, esala i suoi canti diurni,
lo ascolto ardente, ma non ho speranza.
Io non sogno, non veglio…
(Pier Paolo Pasolini)
Recueil: Je suis vivant
Traduction: Olivier Apert et Ivan Messac
Editions: NOUS
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Posted in poésie | Tagué: (Pier Paolo Pasolini), adoucir, angoisse, aride, attendri, avril, azur, azuré, écouter, champ, chant, ciel, clair, cours, désaccorder, enfant, espoir, ferveur, indemne, irascible, lointain, musique, naufragé, nuage, océan, paisible, papillon, passé, paysage, poussé, primevère, pudique, rare, rêver, rossignol, s'effrayer, se dissiper, se retourner, silencieux, songe, ténu, temps, vague, veiller, violette, voiler, voir, vol, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 12 juillet 2018

Elle se souvient de toutes ses premières fois :
la première fois en mer, la première fois sous terre,
la première fois qui dure et le premier échec.
Elle dit se souvenir de la première stupeur et du premier bonheur.
Elle ne raconte pas : elle est bien trop pudique.
Elle se souvient des hommes, elle se souvient des bras,
— elle se souvient des sexes, elle se souvient des bouches —
Elle en parle de si près que des haleines embuent les verres de ses lunettes.
Elle dit « de cette mémoire, je n’ai pas de mérite
je compte vingt mille jours
et comme j’ai peu vécu, mes souvenirs
sont des jardins en pente faciles à entretenir ».
(Karel Logist)
Recueil: J’arrive à la mer
Traduction:
Editions: De le Différence
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Posted in poésie | Tagué: (Karel Logist), échec, bonheur, bouche, bras, durer, embuer, entretenir, facile, haleine, homme, jardin, lunette, mémoire, mérite, mer, parler, pente, premier, pudique, raconter, se souvenir, sexe, souvenir, stupeur, terre, verre, vivre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 11 juin 2018

CHANSON POUR RIRE A DEUX
Le rire est dans l’eau. Sais-tu ce qu’il fait?
Il fait rire l’eau.
Il tient à être propre pour humilier les rires malheureux
qui n’ont ni savon ni eau mais des poux dans les cheveux.
Le rire est tout blanc.
On dirait un crabe apprivoisé.
Il fait un signe de la tête
— cela signifie, je crois, «Bonjour ».
Il me fait signe de la main
— cela veut dire, je crois, «Adieu ».
Il essaie de me fermer les yeux parce qu’il est pudique.
Ce n’est pas moi qui contrarierai le rire.
Il a bien failli, une fois,
se noyer.
(Edmond Jabès)
Recueil: Le Seuil Le Sable Poésies complètes 1943-1988
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 7 janvier 2018

Illustration
L’art de mourir
Les oiseaux nous l’apprennent
Ils tombent
Avec les feuilles
Les nèfles durent
Plus longtemps qu’eux
Nul bruit ou presque
Dès qu’ils sont mûrs
Vite ils se perdent
Dans le fossé
Ce sont les morts
Les plus pudiques
(Pierre Emmanuel)
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Pierre Emmanuel), apprendre, art, bruit, durer, feuille, fossé, longtemps, mort, mourir, mur, nèfle, oiseau, pudique, se perdre, tomber | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 29 décembre 2017
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Illustration: Antoine Picard
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Nocturne entre les musaraignes
Corps de pierre, corps triste
Entre laines comme murs d’univers,
Identique aux races à leur anniversaire,
Aux édifices les plus innocents,
Aux cataractes les plus pudiques,
Blanches comme la nuit, tandis que la montagne
Déchiquète des formes en folie
Déchiquète comme doigts les douleurs,
Les joies comme des ongles.
Ne savoir où aller, où revenir,
En quête de vents pieux
Détruisant les rides du monde,
Bénissant les désirs coupés à la racine
Avant de donner leur fleur,
Leur fleur grande comme un enfant.
Les lèvres désirent cette fleur
Dont le poing, baisé par la nuit,
Ouvre les portes de l’oubli lèvre après lèvre.
***
Nocturno entre las musarañas
Cuerpo de piedra, cuerpo triste
Entre lanas con muros de universo,
Idéntico a las razas cuando cumplen años,
A los más inocentes edificios,
A las más pudorosas cataratas,
Blancas como la noche, en tanto la montaña
Despedaza formas enloquecidas,
Despedaza dolores como dedos,
Alegrías como uñas.
No saber donde ir, donde volver,
Buscando los vientos piadosos
Que destruyen las arrugas del mundo,
Que bendicen los deseos cortados a raíz
Antes de dar su flor,
Su flor grande como un niño.
Los labios quieren esa flor
Cuyo puño, besado por la noche,
Abre las puertas del olvido labio a labio.
(Luis Cernuda)
Recueil: Un fleuve, un amour
Traduction: Jacques Ancet
Editions: Fata Morgana
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Posted by arbrealettres sur 11 octobre 2017

Illustration: Henri Matisse
Plus de vers
Non, plus de vers, jamais ; ce monde où tout s’altère,
Ma muse, a fait pâlir ton front pudique et saint,
Ton aile s’est brisée en touchant à la terre :
Comme un oiseau blessé cache-toi dans mon sein.
Non, plus de vers, jamais, car les vers sont des larmes
Qui brûlent en tombant le cœur qui les forma,
Et les indifférents ne trouvent pas de charmes
A savoir de ce cœur qu’il souffrit, qu’il aima.
Vous qui venez sourire et pleurer dans mon livre,
Illusions d’un jour, beaux rêves que j’aimais,
A ce monde étranger en tremblant je vous livre,
Et je vous dis adieu ! Non, plus de vers, jamais !
(Louise Colet)
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