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Poésie

Posts Tagged ‘puni’

Un vieil enfant puni (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 30 novembre 2022



Illustration: Céline Roussin
    
Un vieil enfant puni :
nous ressemblons souvent à ça, n’est-ce pas?

Et quand on lève la tête sur les nuages
ou quand on la baisse sur les fleurs,

on entend une parole incroyable.

(Christian Bobin)

 

Recueil: La grande vie
Traduction:
Editions: Folio

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Rondeau des moineaux qui vont à l’école (Jacques Roubaud)

Posted by arbrealettres sur 2 février 2020




    
Rondeau des moineaux qui vont à l’école

Quand vous irez à l’école
Petits moineaux du printemps
N’oubliez pas en partant
De peigner vos plumes folles
Avec un peigne à cinq dents

Et chantez bien les paroles
De vos leçons en volant
Quand vous irez à l’école

Que les punis se consolent
Les larmes sèchent au vent
Vous trouverez en rentrant
Des grains de blé dans vos bols
Quand vous irez à l’école

(Jacques Roubaud)

 

Recueil: Rondeaux poésies
Traduction:
Editions: Gallimard

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Comparaison du Phénix (Adamis Jamyn)

Posted by arbrealettres sur 18 juin 2019



 

Ettore Aldo Del Vigo

Comparaison du Phénix

Comme le seul Phénix au terme de son âge
Amasse les rameaux du bois mieux odorant
En forêt de Sabée, afin qu’en se mourant
Pour le moins d’un beau feu se brûle son plumage,

Ainsi je fais amas, voyant votre visage,
De cent douces beautés que mon cœur va tirant
Puis j’en allume un feu doucement martyrant
Qui me donne la vie en mon propre dommage.

La flamme du Phénix vient du flambeau des Cieux,
Et la mienne s’embrase au soleil de vos yeux
Où je commets larcin comme fit Prométhée,

Ainsi je suis puni d’un mal continuel,
Car Amour qui se change en un vautour cruel
Me déchire toujours d’une main indomptée.

(Adamis Jamyn)

Illustration: Ettore Aldo Del Vigo

 

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La prisonnière (Jacques Charpentreau)

Posted by arbrealettres sur 28 janvier 2019



La prisonnière

Plaignez la pauvre prisonnière
Au fond de son cachot maudit!
Sans feu, sans coussin, sans lumière
Ah! maman me l’avait bien dit!

Il fallait aller chez grand-mère
Sans m’amuser au bois joli,
Sans parler comme une commère
Avec l’inconnu trop poli.

Ma promenade buissonnière
Ne m’a pas réussi du tout :
Maintenant, je suis prisonnière
Dans le grand ventre noir du loup.

Je suis seule, sans allumettes,
Chaperon rouge bien puni:
Je n’ai plus qu’un bout de galette,
Et mon pot de beurre est fini!

(Jacques Charpentreau)


Illustration: Benjamin Lacombe

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Qui Quoi (Michel Deguy)

Posted by arbrealettres sur 3 août 2018



Atsushi Suwa z9v0to1_500 [1280x768]

Qui Quoi

Il y a si longtemps que tu n’existes pas
Visage quelquefois célèbre et suffisant
Comment je t’aime Je ne sais Depuis longtemps
Je t’aime avec indifférence Je t’aime à haine
Par omission par murmure par lâcheté
Avec obstination Contre toute vraisemblance
Je t’aime en te perdant pour perdre
Ce moi qui refuse d’être des nôtres entraîné
De poupe (ce balcon chantourné sur le sel)
Ex-qui de dos traîné entre deux eaux
Maintenant quoi
Bouche punie
Bouche punie coeur arpentant l’orbite
Une question à tout frayant en vain le tiers

(Michel Deguy)

Illustration: Atsushi Suwa

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LA CIGOGNE (Textes chinois)

Posted by arbrealettres sur 19 juillet 2018



Illustration
    
LA CIGOGNE
Tchen-Tsé-Tsi

O pauvres habitants de la grande Patrie du Milieu,
vous êtes en proie à la guerre civile,
et mon cœur pâlit de tristesse, lorsque je songe à votre misère !

Vous êtes nés libres, et vous êtes esclaves ;
vous êtes punis quoique vous n’ayez fait aucun mal.
Quand donc viendra pour vous le jour du salut ?

De quelle race est-il, l’homme choisi par le ciel pour vous tirer de peine ?
Une blanche cigogne apparaît, là-bas, parmi les nuages,
mais on ne sait pas encore sur quelle maison elle se posera.

(Textes chinois)

 

Recueil: Le Livre de Jade
Traduction: Judith Gautier
Editions: Plon

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Les roses sont toutes nues (Pierre Albert-Birot)

Posted by arbrealettres sur 6 mai 2017



    

Les roses sont toutes nues dehors
Tandis que notre chair
Depuis près de vingt siècles
S’ennuie tant dans son noir
Punie d’être trop belle
Le soleil doit parfois regretter
D’éclairer des gens si sots

(Pierre Albert-Birot)

 

Recueil: Poèmes à l’autre moi précédé de La Joie des sept couleurs et suivi de Ma morte et de La Panthère noire
Editions: Gallimard

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DEUX LIARDS DE SAGESSE (Jean Richepin)

Posted by arbrealettres sur 5 février 2017



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DEUX LIARDS DE SAGESSE

C’est vrai, j’étais un insensé!
J’appelais notre amour le nôtre,
Le nôtre à nous; j’avais pensé
Qu’il n’était pas fait comme un autre.

Nous avons beau voir et savoir;
Pauvres orgueilleux que nous sommes.
Nous nous imaginons pouvoir
Ce que n’ont jamais pu les hommes.

Nous sourions lorsque l’aïeul
Dit : « J’ai cueilli ce que tu cueilles. »
Chacun de nous pense être seul
Maître du trèfle à quatre feuilles.

Tout le monde est ainsi construit.
Chaque flot de la mer profonde
Croit que le ciel n’est que pour lui…
Et j’ai fait comme tout le monde.

J’ai craque notre court printemps
Serait une immortelle chose,
Et qu’on pouvait rester cent ans
A respirer la même rose.

J’ai pris mon sou pour un trésor.
Ainsi la fillette ravie,
A qui l’on donne un louis d’or,
Pense qu’elle en a pour la vie.

J’ai cru que des autres humains
L’amour était une veilleuse,
Et que moi, dans mes fortes mains.
J’avais la lampe merveilleuse.

J’ai cru que je pouvais chercher
L’éternité dans l’heure brève,
Et que je saurais dénicher
Le merle blanc qui siffle en rêve.

J’ai cru que dans mon petit nid
Loin du Temps, cet oiseau de proie,
Je ferais couver l’Infini
Par les deux ailes de ma joie.

J’ai cru… Mais que n’ai-je point cru?
J’ai pris pour le jour la nuit brune.
Ma piquette pour un grand crû,
Et mon fromage pour la lune.

Hélas ! je connais aujourd’hui
Que l’homme est un fétu de paille
Parla valse du vent conduit.
Où le vent souffle, il faut qu’on aille.

On ne fait pas ce que l’on veut :
On fait ce que veut la Nature.
Quand nous écrivons notre vœu,
La main du hasard le rature.

Et je souffre, et je suis navré,
Et toujours, d’une âme aussi folle,
Dans l’azur lointain je suivrai
Mon espérance qui s’envole.

Je suis puni, je suis fouetté
Par cette mère méconnue,
L’implacable Réalité,
Qui m’a rattrapé dans la nue.

Je suis puni, je suis en deuil,
Pour avoir voulu l’impossible,
Car les flèches de mon orgueil
Prenaient une étoile pour cible.

(Jean Richepin)

Illustration: Jimmy Lawlor

 

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Il est celui de nous qui a quitté le masque (Guillevic)

Posted by arbrealettres sur 18 novembre 2016



Il est celui de nous
Qui a quitté le masque,

Au moins pendant le temps
Qu’il s’immole à son rire.

Ce temps passé,
Il ne sait plus quoi faire
De son visage, descendu
Trop bas pour lui.

Comme puni
D’avoir permis à tous

De se complaire
A leur sérieux.

(Guillevic)

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LES REGRETS (Jacques Rabemananjara)

Posted by arbrealettres sur 1 avril 2016




LES REGRETS

I

Lucy
Qu’as-tu fait de mon coeur, enfant aux cheveux blonds ?
De douleur en douleur comme de doute en doute,
Semblable au voyageur perdu dans les vallons,
Devrai-je de l’espoir abandonner la route ?

Puisqu’il faudra demain voir le soleil sans toi,
Qu’importe que ma vie à jamais soit brisée ?
Un malheureux de plus dans ce monde sans foi,
C’est comme dans la mer la goutte de rosée.

Je ne murmure point contre l’arrêt du sort :
Ton souvenir saura remplir ma solitude.
Un archange aux yeux bleus, avec sa toison d’or,
Evoquera toujours ta rêveuse attitude…

II

Pas plus que je ne veux crier ni blasphémer,
L’on ne me verra point étreindre en vain l’espace.
A quoi bon adoucir le tourment de s’aimer ?
Le temps ne guérit point un mal qui le dépasse.

Tant que je resterai dans ces lieux où l’amour
A nos coeurs enchantés dévoila ses mystères,
Les arbres dans les champs, la nuit avec le jour
Ranimeront pour moi nos rêves solitaires.

Je m’en irai, pensif, m’enfoncer dans les bois,
Refaire le chemin de la campagne immense.
Peut-être les échos, encor chauds de ta voix,
Voudront-ils me redire un peu de ta romance.

III

Mais sous mes pieds lassés les cailloux seront sourds.
L’Indrois ne taira pas sa chanson inutile.
L’ombre des temps défunts sur le manoir du bourg
Fiancera l’Ennui à mon âme stérile.

Lucy, ma Bien-aimée, est-ce cela l’Amour ?
Une ivresse éphémère, une peine infinie ?
Pourquoi tant de bonheur s’il fallait qu’en retour
On regrette à ce point la volupté bannie !

Les dieux, sans aucun but, auraient-il réuni
Nos pas que le hasard a comblés de merveilles ?
Ou dois-je concevoir qu’ils nous auront punis
D’avoir trop tôt vécu des heures sans pareilles…

IV

Oh ! laisse-moi du moins, laisse-moi pour ce soir,
Reposer sur ton sein mon front chargé de fièvres.
Et qu’avant d’échanger notre ultime au revoir,
Une ardeur sans égale unisse encor nos lèvres !

Le temps passe. Aimons-nous. Le reste n’est qu’orgueil.
baiser d’adieux, je veux que ta mémoire
L’inscrive comme un sceau mis sur mon coeur en deuil :
Ton nom, seul, désormais en formera la gloire…

Oh ! laisse-moi, Lucy, laisse-moi pour ce soir
Epancher sur ton sein la flamme de nos fièvres,
Regarder dans tes yeux mon amour se mouvoir
Et t’insuffler ma vie en dévorant tes lèvres…

V

J’ai voulu retrouver quelque chose de toi,
De nouveau respirer un peu de ton parfum ;
Et je suis revenu tout seul au fond des bois.

Mais la route est si noire et le soir est si brun !
Notre bonheur n’est plus qu’un songe d’autrefois
Qui flotte tristement au seuil des jours défunts.

Le rêve disparu s’agite et me fait signe.
La barrière est franchie où naquit le Passé.
Ô Rampela, regarde au-delà de la ligne :

La lumière s’éteint. L’azur s’est effacé.
Et vois sur le versant nos destins qui s’alignent
Comme de faux ibis dont l’essor s’est lassé.

VI

Je cherche vainement tes pas sur le gazon.
Je murmure ton nom à l’herbe où nous passâmes.
Mais la rose a trahi les voeux de la saison.

Les vents ont dispersé les secrets de nos âmes.
Les lotus dans le puits tombent sans floraison.
Les sables blancs ont bu ton sang avec mes flammes.

Le monde a violé le pacte et le serment.
Les fanes ont surpris les feuilles des ramures.
J’ai beau troubler la sente et couper le sarment,

Tout parle de silence au fond de la clôture.
A l’ombre des remparts tout parle de tourment
Et je meurs sans avoir terminé l’aventure.

VII

O Rampela, contemple au-delà de la ligne :
Ton visage me manque et le monde se voile.
La boue a traversé jusqu’au front des étoiles.

Ma Bien-aimée, entends la voix d’outre-rempart :
Mon cœur fond en sanglot et, depuis ton départ,
La vie est devenue un ennui rectiligne.

Et je reviens tout seul, tout seul au fond des bois,
Afin de recueillir un souvenir de toi,
De nouveau respirer un peu de ton parfum.

Mais la route est si noire et le soir est si brun !
Notre bonheur n’est plus qu’un songe d’autrefois
Qui flotte tristement au seuil des jours défunts…

(Jacques Rabemananjara)

Illustration: William Bouguereau

 

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