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POUR UNE FOIS QUELQUE CHOSE (Robert Frost)

Posted by arbrealettres sur 27 juillet 2022



POUR UNE FOIS QUELQUE CHOSE

Certains me raillent : chaque fois que je regarde
Au fond d’un puits, je suis toujours à contre-jour
Et ne vois pas plus loin dedans que la surface,
Qui me renvoie une image resplendissante
De moi-même en jeune dieu sur un ciel d’été,
Nimbé de fougères et de nuages blancs.
Un jour pourtant, le menton sur une margelle,
J’ai aperçu, je crois, au-delà de l’image,
A travers l’image, quelque chose de blanc
Et de vague, venu des grandes profondeurs —
Et puis j’ai soudain perdu de vue cette chose.
De l’eau rageusement vint brouiller l’eau trop claire.
Une goutte tomba d’une fougère — et pfutt
Une ride agita ce qui était au fond,
Le brouilla, l’effaça. Qu’était cette blancheur ?
Vérité ou quartz ? Pour une fois quelque chose.

***

Others taunt me with having knelt at well-curbs
Always wrong to the light, so never seeing
Deeper down in the well than where the water
Gives me back in a shining surface picture
Me myself in the summer heaven godlike
Looking out of a wreath of fern and cloud puffs.
Once, when trying with chin against a well-curb,
I discerned, as I thought, beyond the picture,
Through the picture, a something white, uncertain,
Something more of the depths—and then I lost it.
Water came to rebuke the too clear water.
One drop fell from a fern, and lo, a ripple
Shook whatever it was lay there at bottom,
Blurred it, blotted it out. What was that whiteness?
Truth? A pebble of quartz? For once, then, something.

(Robert Frost)

 

 

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Seul (Jean Cocteau)

Posted by arbrealettres sur 8 avril 2022




    
Seul

Seul debout.
Seul assis.
Seul couché.
Seul sur the gril.
Seul écartelé par les chevaux de labour
dont il ne voyait que les croupes.
Seul pendu et son sperme devint mandragore.
Seul dans la vitesse qui n’est pas,
dans la minute qui n’est pas,
dans l’espace qui n’est pas,
dans le temps qui n’est pas,
dans l’éternité qui n’est pas,
dans l rien qui ne l’est pas,
dans le vide plein de boue.

Seul dans un bloc de quartz ignoble,
dans un iceberg en voyage.
Seul avec la solitude qui n’en est pas une.
Avec la lune qui fut sans être.
Avec ses pas qui n’en sont pas.
Avec ce tison qui se croûte et qui brûle au milieu
et se croûte et brûle dans un songe qui n’est même pas un songe.
Seul avec le sommeil du condamné à mort.

***

Alone

Alone standing.
Alone sitting.
Alone lying down.
Alone on the grille.
Alone drawn and quartered by workhorses,
seeing only their rumps.
Alone hanging, ejaculating a mandrake.
Alone in the quickness that isn’t,
in the minute that isn’t,
in the space that isn’t,
in time that isn’t,
in eternity that isn’t,
in the nothing that isn’t,
in an emptiness full of mud.
Alone in a corrupted chunk of quartz,
in an iceberg floating by.
Alone in solitude that isn’t.
With a moon that was without being.
With his footsteps that aren’t footsteps.
With this ember that crusts over and burns at its center,
and crusts and burns in a dream that isn’t even a dream.
Alone in the sleep of the condemned to death

Translated by Mary-Sherman Willis

(Jean Cocteau)

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L’amour comme (André Frénaud)

Posted by arbrealettres sur 3 mars 2020


Comme un amas forestier la fille consentante.
Comme une source en haut de l’arbre la fille convoitée.

Comme une statue d’amiante une femme interdite.
Comme un ventre de jument une bouche embrasée.

Comme une rayure de quartz une femme attendant.
Comme un chaos de pierres une femme perdue.

Comme un cuivre qui luit l’épouse aimante.
Comme une branche reverdie la femme aimée.

(André Frénaud)

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YIN (Pierre-Bérenger Biscaye)

Posted by arbrealettres sur 26 décembre 2018



YIN

Le quartz d’heure en heure
s’incarne et s’abolit dans une idée
d’oasis Soleil vertical mais
soumis à la source où reposent
les mots
Le sable par nappes
échappées des mains porteuses d’ombres
s’immobilise dans un éclair très bleu
et le désert me fait naître
jusqu’au mirage

(Pierre-Bérenger Biscaye)

Illustration: Caroline Duvivier

 

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C’est l’Heure de Plomb (Emily Dickinson)

Posted by arbrealettres sur 21 décembre 2018


horloge-aveugle

A une grande douleur, succède un calme solennel –
Les Nerfs ont un air compassé, de Tombes –
Le Coeur gourd se demande si c’est Lui, qui a souffert,
Et si c’était il y a des siècles, ou Hier?

Les pieds, en automates, vont –
Rigide ronde –
Au sol, à l’Air, à Tout
Désormais Inattentifs,
Un contentement de Quartz, de caillou –

C’est l’Heure de Plomb –
Y survit-on, on s’en souvient
Comme des gens en proie au Gel, se rappellent la Neige –
D’abord – un Frisson – puis la Torpeur – puis l’abandon –

(Emily Dickinson)

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EXEMPLE (Kenneth White)

Posted by arbrealettres sur 20 septembre 2018



filon de quartz

 

EXEMPLE

Comme un mince filon de quartz dans le grès
qui a derrière lui toute la géologie
et dont la pureté est au-delà de la perfection

*

EXAMPLE

As a thin blaze of quartz in sandstone
has behind it the whole of geology
and in its purity is beyond perfection

(Kenneth White)

Illustration

 

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SILEX (Jacques Lacarrière)

Posted by arbrealettres sur 13 septembre 2018



SILEX

Quartz d’ombre ou de nuit, incrusté dans la paix
des mers. Tumeur des craies serties de tes silices
noires. Tu es cri opaque du temps, serre
close des ères où tu entas
le bras novice des Ancêtres.

(Jacques Lacarrière)


Illustration

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GNEISS (Jacques Lacarrière)

Posted by arbrealettres sur 23 août 2018



GNEISS

Plis. Feuillets. Pages clivées des bibles refroidies.
Pupilles des micas au clair-obscur des quartz.
J’aime ton nom de cendre et de granite gris,
ces méandres ourlés où hésita le feu.
Et tes rides étales au clair-obscur des quartz.

(Jacques Lacarrière)


Illustration

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THÉORIE (Kenneth White)

Posted by arbrealettres sur 30 juin 2018



ondes

 

THÉORIE

1.
Chambre blanche dans la pénombre
dehors : le tumulte des rocs, le silence
incertain de la mer. C’est là

2.
Forme brute, fissurée, ce quartz
né du chaos, lavé, rejeté par le flux et
dans l’espace clément, contemplé

3.
Lancée — la première pierre ; mais seulement
le geste, et la gerbe qui n’est ni argent, ni
blancheur, ni cristal
— inutile de lire les cercles toujours plus larges

4.
Ayant saisi le sens ultime, l’orateur aux douze mots
marche sur la grève
le regard tranquille

*

THEORY

1.
The white cell almost in darkness
outside : rocks in abruption, sea-
silence wavering. It is there

2.
Rough shape, clifted, that quartz
chaos given, ashored, tide-washed and
in the good space gazed-at

3.
Cast — the first stone; only the
thrust and the not-silver, not-white, not-crystal
splash — no reading in the widening circles

4.
Great reason grasped, the twelve-worded
orator walks on the shingle
with quiet eyes

(Kenneth White)

Illustration

 

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Je sais un lieu où l’Été lutte (Emily Dickinson)

Posted by arbrealettres sur 17 mai 2018



Je sais un lieu où l’Été lutte
Contre un Gel si expert —
Que — tous les ans — ramenant ses Pâquerettes —
Elle note en bref — «Perdues» –

Mais quand le Vent du Sud éveille les Étangs
Et se démène sur les chemins —
Son Cœur La trahit, touchant Son Serment —
Et dans le giron Adamantin

Elle verse de doux Refrains —
Des épices — et la Rosée —
Qui sans bruit se fige en Quartz —
Sur son Chausson Ambré —

***

I know a place where Summer strives
With such a practised Frost —
She — each year — leads her Daisies hack —
Recording briefly — « Lost » —

But when the South Wind stirs the Pools
And struggles in the lanes —
Her Heart misgives Her, for Her Vow —
And she pours soft Refrains

Into the lap of Adamant —
And spices — and the Dew —
That stiffens quietly to Quartz —
Opon her Amber Shoe —

(Emily Dickinson)


Illustration

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