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Poésie

Posts Tagged ‘quelqu’un’

PRÉSENCE (Pierre Gamara)

Posted by arbrealettres sur 21 février 2023




    
PRÉSENCE

Ne bouge pas. Écoute.
Quelqu’un viendra ce soir,
Peut-être…
Les rideaux se balancent.
Le ciel est plein de fraises
Et de lis.

Écoute les paroles
De la brise, écoute
Les longs murmures
Du crépuscule,
Écoute les chansons bleues
Des arbres,
Les silences de la rue.

Ne bouge pas. Regarde.
Quelqu’un viendra ce soir,
Peut-être.
Une porte a gémi
Avec finesse.

Regarde au fil des rues
Les colliers des feux rouges.
Toutes les voitures
S’éloignent
Vers des maisons de velours noir.
Regarde. Les portes de l’ombre
Vont s’ouvrir.

(Pierre Gamara)

 

Recueil: Noël en poésie
Editions: Folio Junior

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HOMMAGE AUX UPANISHADS (Nissim Ezekiel)

Posted by arbrealettres sur 28 janvier 2023




    
HOMMAGE AUX UPANISHADS

Sentir qu’on est Quelqu’un
Équivaut à conduire
Son propre corbillard en quelque sorte —
La destination est claire.

Je ne veux pas être
La peau du fruit
Ni la chair
Ni même la graine,
Qui ne ferait que devenir un autre
Fruit bien portant
Le secret celé à l’intérieur de la graine
Devient mon besoin, et ainsi,
Je me réduis au néant
À l’intérieur de la graine.

Au début il fait froid,
Je frissonne,
Plus tard arrive une touche de vérité,
Un ferment dans les ténèbres,
Et enfin une lumière qui agace.

Pour l’heure c’est assez
Que je sois libre
D’être le Moi en qui je suis,
Qui n’est pas Quelqu’un —
Pas, en tout cas,
L’ego mortel,
Mais l’oeil de l’oeil
Qui s’efforce de voir

(Nissim Ezekiel) (1924-2004)

Recueil: Un feu au coeur du vent Trésor de la poésie indienne Des Védas au XXIème siècle
Traduction:
Editions: Gallimard

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OCCUPATION (Nissim Ezekiel)

Posted by arbrealettres sur 28 janvier 2023



 


   
OCCUPATION

J’ai regardé la nuit,
J’ai écouté la pluie.
Scène de tempête :
Tonnerre, éclairs,
Une multitude de spectres parmi les arbres,
L’obscurité, le froid et l’agitation,
Un hibou hurlait, des chauves-souris,
Beaucoup de voix étranges.
Quelqu’un pleurait, un enfant peut-être,
Une femme sur la route glissante,
Des cloches, au loin,
Deux hommes, plusieurs hommes,
Un long trait de lumière volant vers moi,
Puis une corde de silence autour de ma gorge

Quand je me suis réveillé il faisait déjà jour.
J’ai refait la même chose :
Regarder et écouter la nuit.

(Nissim Ezekiel) (1924-2004)

Recueil: Un feu au coeur du vent Trésor de la poésie indienne Des Védas au XXIème siècle
Traduction:
Editions: Gallimard

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Ton ami le poisson-chat (Richard Brautigan)

Posted by arbrealettres sur 1 janvier 2023




    
Ton ami le poisson-chat

Si je devais vivre ma vie
sous forme de poisson-chat
dans des échafauds de peau et de moustaches
au fond d’un étang
et que tu venais à passer
un soir
où la lune brille
dans mon domicile de ténèbres
et que tu te tenais au bord
de mon affection
et pensais : « C’est magnifique
ici au bord de cet étang. J’aimerais
que quelqu’un m’aime. »
Eh bien moi je t’aimerais et serais ton ami
poisson-chat et chasserais de si tristes
pensées de ton esprit
et soudain tu serais
en paix,
et tu te dirais : « Je me demande
s’il y a des poissons-chats
dans cet étang. Ça semble être
un endroit parfait pour eux. »

***

Your Catfish Friend

If I were to live my life
in catfish forms
in scaffolds of skin and whiskers
at the bottom of a pond
and you were to come by
one evening
when the moon was shining
down into my dark home
and stand there at the edge
of my affection
and think, « It’s beautiful
here by this pond. I wish
somebody loved me »,
I’d love you and be your catfish
friend and drive such lonely
thoughts from your mind
and suddenly you would be
at peace,
and ask yourself, « I wonder
if there are any catfish
in this pond? It seems like
a perfect place for them. »

(Richard Brautigan)

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Une bougie qui parlait bien (Richard Brautigan)

Posted by arbrealettres sur 1 janvier 2023




    
Une bougie qui parlait bien

J’avais une bougie qui parlait bien
hier soir dans ma chambre.

J’étais très fatigué mais je voulais
quelqu’un pour me tenir compagnie,
alors j’ai allumé une bougie

et écouté son agréable voix de
lumière jusqu’à m’endormir.

***

A Good-Talking Candle

I had a good-talking candle
last night in my bedroom.

I was very tired but I wanted
somebody to be with me,
so I lit a candle

and listened to its comfortable
voice of light until I was asleep.

(Richard Brautigan)

 

Recueil: C’est tout ce que j’ai à déclarer Oeuvres poétiques complètes
Traduction: Thierry Beauchamp, Frédéric Lasaygues et Nicolas Richard
Editions: Le Castor Astral

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Poème d’amour (Richard Brautigan)

Posted by arbrealettres sur 30 décembre 2022




    
Poème d’amour

C’est si bon
de se réveiller le matin
tout seul
et de ne pas avoir à dire à quelqu’un
que tu l’aimes
alors que tu ne l’aimes
plus.

***

Love Poem

It’s so nice
to wake up in the morning
all alone
and not have to tell somebody
you love them
when you don’t love them
any more.

(Richard Brautigan)

 

Recueil: C’est tout ce que j’ai à déclarer Oeuvres poétiques complètes
Traduction: Thierry Beauchamp, Frédéric Lasaygues et Nicolas Richard
Editions: Le Castor Astral

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La plante s’est fanée (Jean-Luc Steinmetz)

Posted by arbrealettres sur 23 octobre 2022




    
La plante s’est fanée pour rien et pour personne,
Mais quelques heures avant il y avait quelqu’un.

(Jean-Luc Steinmetz)

Recueil: Nous, avec le poème comme seul courage
Traduction:
Editions: Le Castor Astral

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Jardin d’été (Anna Akhmatova)

Posted by arbrealettres sur 16 septembre 2022




    
Jardin d’été

Je veux aller dans ce jardin,
dans cette roseraie nonpareille
Où l’on voit des clôtures la plus belle,

Où les statues gardent mémoire
de la jeune fille que j’étais
Et moi, je les revois sous l’eau de la Neva.

Dans ce lieu caché, plein d’odeurs,
sous les tilleuls princiers,
Je crois entendre craquer
les mâts des vaisseaux.

Comme autrefois le cygne
traverse les siècles,
En extase devant la beauté de son double.

Par centaines de milliers, des pas
Dorment d’un sommeil de mort,
pas d’ennemis et d’amis,
Pas d’amis et d’ennemis.

Finira-t-il jamais, le cortège des ombres
Qui va du vase de granit
jusqu’à la porte du palais?

Mes nuits blanches là-bas
se parlent, dans un murmure,
De quelqu’un qui savait aimer
secrètement, superbement.

Partout on voit briller la perle et le jaspe,
Mais un mystère dérobe
la source de la lumière.

(Anna Akhmatova)

 

Recueil: L’HORIZON EST EN FEU Cinq poètes russes du XXè siècle
Traduction:
Editions: Gallimard

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J’ai rêvé (Claude Haller)

Posted by arbrealettres sur 17 juin 2022



    

Illustration: Gabriel Lefebvre  

J’ai rêvé

J’ai rêvé d’un train
Suis devenu le train

J’ai rêvé d’un jardin
Suis devenu le jardin

J’ai rêvé d’un magicien
Suis devenu le magicien

Or, sitôt que magicien
J’ai voulu être quelqu’un

Tout soudain
Je ne fus plus rien

(Claude Haller)

Recueil: Poèmes du petit matin
Traduction:
Editions: Hachette

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Cirque (José Saramago)

Posted by arbrealettres sur 16 mai 2022




    
Cirque

Le poète n’est pas quelqu’un, il est bête chose
Qui de la geôle ou la cage a vagabondé
Et il parcourt le monde en cabriolant,
Souvenir du cirque qu’il a inventé.

Il étend sur le sol la cape qui le découvre,
Fait de la poitrine le tambour, et roule, saute,
Il est ours danseur, singe savant,
Oiseau torse du bec et échasse.

Pour finir il joue la fanfare du poème,
Grosse caisse, basson, notes écorchées,
Et parce que bête il est, bête il reste là
A chanter pour les étoiles éteintes.

***

Circo

Poeta não é gente, é bicho coiso
Que da jaula ou gaiola vadiou
E anda pelo mundo às cambalhotas,
Recordadas do circo que inventou.

Estende no chão a capa que o destapa,
Faz do peito tambor, e rufa, salta,
E urso bailarino, mono sábio,
Ave torta de bico e pernalta.

Ao fim toca a charanga do poema,
Caixa, fagote, notas arranhadas,
E porque bicho é, bicho lá fica,
A cantar às estrelas apagadas.

(José Saramago)

 

Recueil: Les poèmes possibles
Traduction: Nicole Siganos
Editions: Jacques Brémond

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