Une quiétude rare
Quand le corps est las
En ce dimanche chaud
(Ying Chen)
Posted by arbrealettres sur 17 juin 2020
De moi ne restera peut-être
Rien que l’amour pour mon pays.
Peut-être qu’à nos descendants
Le don semblera trop petit.
D’autres avec beaucoup d’éclat
Surgiront du volcan du temps.
Moi, légère et mince fumée,
Je me dissoudrai lentement.
La gloire ne fut pas mon lot.
Elément plus dur et plus grave,
Je n’ai déversé sur mon siècle
Cendre ou vapeur, mais de la lave.
Catastrophe sur Pompéi,
Je l’étouffai en éclatant,
A ma pâte en feu n’échappèrent
Sbires, pharisiens ni savants.
L’humanité sans empereur
Grandit pendant que je sommeille.
Prenez garde, ne bougez pas,
Car tout au fond le brasier veille.
Mon front lisse est couvert de neige,
M’entourent paix et quiétude,
Mais, au tréfonds de la montagne,
Il bat, le coeur du vieux Vésuve.
(Mihai Beniuc)
Posted in poésie | Tagué: (Mihai Beniuc), amour, échapper, éclat, éclater, élément, étouffer, battre, bouger, brasier, catastrophe, cendre, coeur, couvrir, déverser, descendant, don, dur, empereur, entourer, feu, fond, front, fumée, gloire, grandir, grave, humanité, lave, léger, lentement, lisse, lot, mince, montagne, neige, paix, pays, pâte, petit, peut-être, pharisien, Pompéi, prendre garde, quiétude, rester, savant, sbire, se dissoudre, siècle, sommeiller, surgir, temps, tréfonds, vapeur, Vésuve, veiller, vieux, volcan | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 4 juin 2020
BLUES EN STÉRÉO
TON NUMÉRO VA SORTIR!
JE T’ENVERRAI DES GERBES
ET JE T’ENVERRAI DES RÊVES
ET DES CHEVAUX AUX SABOTS D’OR
POUR TE TRANSPORTER SI LES AUTOS
SONT CHOSES TROP BANALES…
JE T’ENVERRAI UNE TRIOMPHANTE ENTRÉE
AVEC DES CRIS POUSSES PAR LA TERRE ELLE-MÊME
LES PIEDS NUS QUI BATTRONT LA GRANDE GÉNÉRALE
À LA GLOIRE DE TON NOM ET DU MIEN
UN SEUL NOM ET LE MÊME,
TOI AUSSI NU-PIEDS
DANS LE QUARTIER DES NOIRS
OÙ COULE UN ANTIQUE FLEUVE
DEVANT LES CASES QUI ABRITENT UN MILLION DE NÈGRES
ET LE DIEU BLANC NE S’Y REND JAMAIS
CAR LA LUNE LE RENDRAIT PLUS BLANC
QUE LA BLANCHEUR DE SON PROPRE MASQUE
ET STUPÉFAITE
LA NUIT PERDRAIT SA QUIÉTUDE.
DANS UNE VILLE QUI PORTE LE NOM DE STANLEY
LA NUIT CHAQUE NUIT QUI VIENT NUITAMMENT
ET LA MUSIQUE DE L’ANCIENNE MUSIQUE
EST EMPRUNTÉE POUR LES CORS
QUI NE SAVENT PAS JOUER
SUR DES MICROSILLONS QUI SE DEMANDENT
COMMENT ILS ONT JAMAIS PU VENIR JUSQUE-LÀ
QUELLE HEURE EST-IL MAMAN ?
QUELLE HEURE EST-IL MAINTENANT ?
CA M’EST ÉGAL…
MIS JE DEMANDE QUAND MÊME
QUELLE HEURE EST-IL MAMAN ?
QUELLE HEURE EST-IL MAINTENANT ?
LÀ-BAS TOUT AU BOUT DU LONG SILLON DUR QUE JE BÊCHE
J’AI CRU ENTENDRE RETENTIR LA CORNE D’ABONDANCE
MAIS, SEIGNEUR!, IL FAUT QUE JE ME PROCURE UNE NOUVELLE ANTENNE.
IL NEIGE SANS ARRÊT DANS MON TÉLÉVISEUR.
***
YOUR NUMBER’S COMING OUT!
BOUQUETS I’LL SEND YOU
AND DREAMS I’LL SEND YOU
AND HORSES SHOD WITH GOLD
ON WHICH TO RIDE IF MOTORCARS
WOULD BE TOO TAME –
TRIUMPHAL ENTRY SEND YOU
SHOUTS FROM THE EARTH ITSELF
BARE FEET TO BEAT THE GREAT DRUMBEAT
OF GLORY TO YOUR NAME AND MINE
ONE AND THE SAME:
YOU BAREFOOT, TOO,
IN THE QUARTER OF THE NEGROES
WHERE AN ANCIENT RIVER FLOWS
PAST HUTS THAT HOUSE A MILLION BLACKS
AND THE WHITE GOD NEVER GOES
FOR THE MOON WOULD WHITE HIS WHITENESS
BEYOND ITS MASK OF WHITENESS
AND THE NIGHT MIGHT BE ASTONISHED
AND SO LOSE. ITS REPOSE.
IN A TOWN NAMED AFTER STANLEY
NIGHT EACH NIGHT COMES NIGHTLY
AND THE MUSIC OF OLD MUSIC’S
BORROWED FOR THE HORNS
THAT DON’T KNOW HOW TO PLAY
ON LPs THAT WONDER
HOW THEY EVER GOT THAT WAY.
WHAT TIME IS IT, ,MAMA?
WHAT TIME IS IT NOW?
MAKES NO DIFFERENCE TO ME—
BUT I’M ASKING ANYHOW.
WHAT TIME IS IT, MAMA?
WHAT TIME NOW?
DOWN THE LONG HARD ROW’ THAT I BEEN HOEING
I THOUGHT I HEARD THE HORN OF PLENTY BLOWING.
BUT I GOT TO GET A NEW ANTENNA, LORD—
MY TV KEEPS ON SNOWING.
(Langston Hughes)
Posted in poésie | Tagué: (Langston Hughes), antenne, blanc, blues, chevaux, cor, cri, Dieu, envoyer, générale, gerbe, gloire, heure, maman, masque, microsillon, musique, nègres, neiger, noir, nu-pieds, quiétude, rêve, se demander, stéréo, téléviseur, transporter, ville | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 23 février 2020
CONSCIENCE
Il y a parfois comme de grandes choses achevées.
La table est rangée, la chambre propre.
Tout est calme, paré de quiétude.
Il n’y a plus que des amis. Plus besoin d’attitudes.
Les objets se regardent exister.
ll semble que tout soit prêt, que le repos arrive.
La paix aura la couleur du soleil.
On pourra désirer le sommeil.
Mettre des fleurs dans les vases et comprendre les mots.
Les livres seront des robes de jeunes filles.
Tout sera simple et frais. L’amour, le travail et le corps.
Les songes auront le temps de vivre.
Des nappes sereines entourent les épaules.
Des buées rémittentes se posent sur le front. Le sang rêve.
Les mains s’adoucissent.
Une perception universelle aiguise la conscience.
(Gabriel Cousin)
Illustration: Manuel Gil Perez
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Posted by arbrealettres sur 14 février 2020
Illustration
L’INFINI
Toujours elle me fut chère cette colline solitaire
et cette haie qui dérobe au regard
tant de pans de l’extrême horizon.
Mais demeurant assis et contemplant,
au-delà d’elle, dans ma pensée j’invente
des espaces illimités, des silences surhumains
et une quiétude profonde ; où peu s’en faut
que le cœur ne s’épouvante.
Et comme j’entends le vent
bruire dans ces feuillages, je vais comparant
ce silence infini à cette voix :
en moi reviennent l’éternel,
et les saisons mortes et la présente
qui vit, et sa sonorité. Ainsi,
dans cette immensité, se noie ma pensée :
et le naufrage m’est doux dans cette mer.
(Giacomo Leopardi)
Posted in poésie | Tagué: (Giacomo Leopardi), assis, au-delà, éternel, bruire, cher, coeur, colline, comparer, contempler, dérober, demeurer, doux, entendre, espace, extrême, feuillage, haie, horizon, illimité, immensité, infini, inventer, mer, mort, naufragé, pan, pensée, présent, profond, quiétude, regard, revenir, s'épouvanter, saison, se noyer, silence, solitaire, sonorité, surhumain, toujours, vent, vivre, voix | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 29 décembre 2019
Un fleuve nous habite
Terré sous notre peau
Un fleuve nous habite
Se meut parmi nos membres
Monte jusqu’à nos lèvres
Plus vif parfois
Que nos corps qui l’abritent
Combien d’heures éteintes
Faudra-t-il traverser?
De plaines mises à feu
De puits insondables?
Dissoudre combien d’ombres
Desserrer becs et griffes?
Pour pénétrer cette eau
Dans la quiétude sans lampe
Et s’immerger
Longuement.
(Andrée Chedid)
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Posted by arbrealettres sur 21 novembre 2019
MON INQUIÉTUDE
J’ai l’inquiétude des loups, la quiétude des ours sages,
L’ennui écoute retentir en moi les cris d’un coeur sauvage,
Je ne suis point ce que je pense et ne suis pas tel que je veux,
Je suis l’enchanteur et je suis le sortilège de son jeu.
Je suis l’énigme qui se tue à résoudre enfin son mystère
Moi, plus agile que le vent qui se noue autour d’une pierre,
Je suis le soleil de l’été, l’hiver, le vent glacé du Nord
Et je suis le riche dandy que l’on voit gaspiller son or,
Hardi je suis le gars qui porte un peu de biais sa casquette
Et qui dévalise son temps en sifflotant un air de fête,
Je suis le violon mais aussi le tambourin, la contrebasse,
De ces trois vieux musiciens, orchestre vagabond qui passe,
Je suis la danse de l’enfant et sous la clarté de la lune
Je suis cet innocent qui rêve au pays bleu de la fortune.
Lorsqu’en passant je vois d’une maison détruite les décombres
Je suis le vide qui m’observe avec ses regards troués d’ombre.
Je suis la peur en ce moment qui m’épie peut-être au-dehors,
La fosse ouverte dans un champ à la mesure de mon corps,
Maintenant je suis la lueur qui brûle pour le souvenir
Et l’inutile image au mur suintant qui reste à jaunir,
Maintenant, le temps d’un éclair, je suis cette immense tristesse
Qui depuis un siècle me guette et qui me débusque sans cesse,
Et maintenant je suis la nuit, la lassitude est sa rançon,
Le pesant brouillard de la nuit, le soir et sa calme chanson,
L’étoile blanche que l’on voit très haut dans le ciel allumée
Et la rumeur sourde d’un arbre, un son de cloche, une fumée…
(Moshe-Leib Halpern)
Posted in poésie | Tagué: (Moshe-Leib Halpern), agile, air, allumer, arbre, au-dehors, éclair, écouter, énigme, épier, été, étoile, blanc, bleu, brûler, brouillard, calme, casquette, champ, chanson, ciel, clarté, cloche, coeur, contrebasse, corps, cri, dandy, danse, débusquer, décombres, détruire, dévaliser, enchanteur, enfant, ennui, fête, fortune, fossé, fumée, gars, gaspiller, glace, guetter, hardi, haut, hiver, image, immense, innocent, inquiétude, inutile, jaunie, jeu, lassitude, loup, lueur, lune, maison, mur, musicien, mystère, nord, nuit, observer, ombre, or, orchestre, ours, ouvert, passer, pays, penser, pesant, peur, pierre, quiétude, rançon, résoudre, rêver, regard, retentir, riche, rumeur, sage, sans cesse, sauvage, se nouer, se tuer, siècle, siffloter, soir, soleil, son, sortilège, sourd, souvenir, suinter, tambourin, temps, tristesse, trouer, vagabond, vent, vide, vieux, violon, vouloir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 6 juin 2019
ORAISON
Dhyâna
Hier je suis revenu sans vous dire mot.
J’ai mis fin pour toujours
au duel entre espoir et désolation,
aux griefs accablants des envies excédées.
Au sombre ciel d’absence il fait soir.
Je vous contemple
vous tiens dans l’infini
dans l’absolu.
Le cours du monde n’est plus,
ni soleil ni lune
ni astre ni planète aucune ;
l’air se tient coi, nul tracé d’arbres
à l’horizon ne se dessine.
Point de gens ni de chuchotements,
le bruit des pas du temps aboli
arrêté l’instant inachevé
dont je ne compte pas les fragments.
N’est plus ni jour ni obscurité
ni moi ni attache vous liant à moi.
Il n’y a ni plaisir ni peine ni crainte,
tout désir se trouve éteint
une quiétude se sent
dans le silence du ciel.
Tout est en vous recueilli,
en vous solitaire
dans mon esprit sans moi ne se profile
que l’intime vision de vous.
(Rabindranath Tagore)
Posted in poésie | Tagué: (Rabindranath Tagore), abolir, absence, absolu, accabler, air, arbre, arrêter, astre, attaché, éteindre, bruit, chuchotement, ciel, coi, compter, contempler, crainte, désir, désolation, dessiner, dire, duel, envie, espoir, esprit, excéder, fin, fragment, gens, grief, hier, horizon, inachevé, instant, intime, jour, lier, lune, monde, mot, obscurité, oraison, pas, peine, plaisir, planète, quiétude, recueilli, revenir, se profiler, sentir, silence, soleil, solitaire, sombre, toujours, trace, vision | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 21 mars 2019
Illustration: Alexandre Podgorny
Une autre nuit liquide
envahit le territoire de la nuit.
Les vagues du noir
n’ont pas besoin de plage
mais simplement d’un lit
de leur propre substance
qui contienne la question invraisemblable.
Les vagues du noir
cherchent une réponse
qui ne se trouve que dans le noir,
mais dans un noir distinct,
différent du noir.
Un noir aux ailes basses
et quiétudes extrêmes.
Questions et réponses
sont des substances dissemblables
qui ne se rejoignent presque jamais.
Les vagues du noir
unissent les deux substances
en rassemblant dans son noir
les noirs différents :
les liquides, les solides,
celui de derrière la vie,
celui de derrière la mort,
celui de toute question,
celui de toute réponse.
***
Otra noche líquida
invade el territorio de la noche.
Las olas de lo negro
no necesitan playa
sino tan sólo un lecho
de su mima sustancia
que lleve la pregunta inverosímil.
Las olas de lo negro
buscan una respuesta
que sólo esta en lo negro,
pero en un negro distinto,
diferente del negro.
Un negro de alas bajas
y quietudes extremas.
Preguntas y respuestas
son sustancias desiguales
que no se encuentran casi nunca.
Las olas de lo negro
juntan las dos sustancias,
al reunir en su negro
los diferentes negros:
los líquidos , los sólidos,
el de atrás de la vida,
el de atrás de la muerte,
el de toda pregunta,
el de toda respuesta.
(Roberto Juarroz)
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Roberto Juarroz), aile, bas, besoin, chercher, contenir, derrière, dissemblable, envahir, extrême, invraisemblable, liquide, lit, mort, noir, nuit, plage, question, quiétude, réponse, se rassembler, solide, substance, territoire, vague, vie | Leave a Comment »