Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘quintessence’

Sourate de la distillation (Khayr al-Din al-Asadi)

Posted by arbrealettres sur 16 janvier 2023




    

Sourate de la distillation
(extrait)

Mon bien-aimé au visage brun,
à la bouche souriante, aux yeux ivres,
au front étoilé, et à l’allure gracieuse

mon bien-aimé au désir fougueux
est l’oeillet des joies,
l’apogée de la jeunesse,
l’ivre à longueur de temps,

ses cheveux sont doux,
autour de ses lèvres humides
— comme une colonie de fourmis
aux abords d’une source

le temps a essayé de représenter la beauté
et il a créé des fleurs variées dans le vaste paradis
puis intimidé devant Lui
il les a vite cachées dans les bourgeons

les langues des bougies ont rivalisé
avec les lumières de la pureté
dans la bouche du bien-aimé,
alors sa peine fut la brûlure

les lumières de la pureté, ô voeu de l’oeil !
En elles je hume la quintessence de la vie

***

(Khayr al-Din al-Asadi)

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Tranquille comme un sage et doux comme un maudit (Charles Baudelaire)

Posted by arbrealettres sur 19 novembre 2018




Tranquille comme un sage et doux comme un maudit,
…j’ai dit:
Je t’aime, ô ma très belle, ô ma charmante…
Que de fois…
Tes débauches sans soif et tes amours sans âme,
Ton goût de l’infini
Qui partout, dans le mal lui-même, se proclame,

Tes bombes, tes poignards, tes victoires, tes fêtes,
Tes faubourgs mélancoliques,
Tes hôtels garnis,
Tes jardins pleins de soupirs et d’intrigues,
Tes temples vomissant la prière en musique,
Tes désespoirs d’enfant, tes jeux de vieille folle,
Tes découragements;

Et tes jeux d’artifice, éruptions de joie,
Qui font rire le Ciel, muet et ténébreux.

Ton vice vénérable étalé dans la soie,
Et ta vertu risible, au regard malheureux,
Douce, s’extasiant au luxe qu’il déploie…

Tes principes sauvés et tes lois conspuées,
Tes monuments hautains où s’accrochent les brumes.
Tes dômes de métal qu’enflamme le soleil,
Tes reines de théâtre aux voix enchanteresses,
Tes tocsins, tes canons, orchestre assourdissant,
Tes magiques pavés dressés en forteresses,

Tes petits orateurs, aux enflures baroques,
Prêchant l’amour, et puis tes égouts pleins de sang,
S’engouffrant dans l’Enfer comme des Orénoques,
Tes anges, tes bouffons neufs aux vieilles défroques
Anges revêtus d’or, de pourpre et d’hyacinthe,
Ô vous, soyez témoins que j’ai fait mon devoir
Comme un parfait chimiste et comme une âme sainte.

Car j’ai de chaque chose extrait la quintessence,

Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or.

(Charles Baudelaire)

Illustration: Eugène de Blaas

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 4 Comments »

Le poète est vraiment voleur de feu (Arthur Rimbaud)

Posted by arbrealettres sur 4 septembre 2018




Le poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens.
Toutes les formes d’amour, de souffrance, de folie ;
il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons,
pour n’en garder que les quintessences
[…]

Le poète est vraiment voleur de feu.

(Arthur Rimbaud)

Illustration: Heinrich Fueger

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

CONCORDANCES (Rémy de Gourmont)

Posted by arbrealettres sur 6 mai 2018



CONCORDANCES

De ses doigts s’exhalait une odeur délicate,
Comme l’assemblage exquis de fleurs sobres et rares
Ou l’effluve des prés qu’un vent d’été caresse ;
De ses doigts s’exhalait une odeur délicate.

Ô pénétrante odeur dont émane un désir,
Odeur moins désirable, pleine de moins d’ivresse
Que celle que dérobe la robe, ô délicate
Et pénétrante odeur dont émane un désir.

Aux parfums de la chair en leur loyale essence
Cèdent les élixirs, toutes les quintessences :
Un seul effleurement l’exalta au désir
Des parfums de la chair en leur loyale essence.

Ô chair faite de fleurs roses, blanches et bleues,
Dont la sève circule avec le sang des veines,
Sa peau moite en distille la plus subtile essence,
Ô chair faite de fleurs roses, blanches et bleues.

(Rémy de Gourmont)

Découvert chez la boucheaoreilles ici

Illustration: Pierre-Auguste Renoir

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Un rêve ancien m’a dit (Aïcha Arnaout)

Posted by arbrealettres sur 21 décembre 2016



 

Un rêve ancien m’a dit :
prends tes ossements et pars
Une deuxième naissance t’attend

Je n’ai pas pris mes ossements
je n’ai rien pris
J’ai laissé ma peau
les fragrances, les cellules
et le goût de la sève

Je veux naître sans corps
De la naissance
je veux la quintessence

(Aïcha Arnaout)

Illustration: Clint Cearley

 

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , | 4 Comments »

La chambre en désordre (Carlos Drummond de Andrade)

Posted by arbrealettres sur 6 décembre 2016



La chambre en désordre

Au virage périlleux de la cinquantaine
J’ai dérapé sur cet amour. Quelle douleur!
quel sensible et secret pétale me tourmente
et me provoque à la synthèse de la fleur

dont on ignore comme elle est faite: l’amour,
dans la quintessence du mot, l’amour muet
d’un naturel silence ne peut plus tenir
dans ce grand geste pour recueillir et aimer

le nuage que son ambiguïté dilue
en cet objet plus imprécis que le nuage
davantage défendu aussi, corps! corps, corps,

vérité si finale, soif variée,
et ce cheval en liberté parmi le lit,
qui de celui qui aime promène le coeur.

(Carlos Drummond de Andrade)


Illustration: Jean-Baptiste Valadie

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 2 Comments »

 
%d blogueurs aiment cette page :