Recueil: L’intégralité des Haïkus
Traduction: Makoto Kemmoku et Dominique Chipot
Editions: Points
Posts Tagged ‘raillerie’
Qu’importe (Bashō)
Posted by arbrealettres sur 14 avril 2023
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Laisse-nous pleurer (Marceline Desbordes-Valmore)
Posted by arbrealettres sur 8 octobre 2018
Laisse-nous pleurer
Toi qui ris de nos coeurs prompts à se déchirer,
Rends-nous notre ignorance, ou laisse-nous pleurer !
Promets-nous à jamais le soleil, la nuit même,
Oui, la nuit à jamais, promets-la-moi ! Je l’aime,
Avec ses astres blancs, ses flambeaux, ses sommeils,
Son rêve errant toujours et toujours ses réveils,
Et toujours, pour calmer la brûlante insomnie,
D’un monde où rien ne meurt l’éternelle harmonie !
Ce monde était le mien quand, les ailes aux vents,
Mon âme encore oiseau rasait les jours mouvants,
Quand je mordais aux fruits que ma soeur, chère aînée,
Cueillait à l’arbre entier de notre destinée ;
Puis, en nous regardant jusqu’au fond de nos yeux,
Nous éclations d’un rire à faire ouvrir les cieux,
Car nous ne savions rien. Plus agiles que l’onde,
Nos âmes s’en allaient chanter autour du monde,
Lorsqu’avec moi, promise aux profondes amours,
Nous n’épelions partout qu’un mot : » Toujours ! Toujours ! »
Philosophe distrait, amant des théories,
Qui n’ôtes ton chapeau qu’aux madones fleuries,
Quand tu diras toujours que vivre c’est penser,
Qu’il faut que l’oiseau chante, et qu’il nous faut danser,
Et qu’alors qu’on est femme il faut porter des roses,
Tu ne changeras pas le cours amer des choses.
Pourquoi donc nous chercher, nous qui ne dansons pas ?
Pourquoi nous écouter, nous qui parlons tout bas ?
Nous n’allons point usant nos yeux au même livre :
Le mien se lit dans l’ombre où Dieu m’apprend à vivre.
Toi, qui ris de nos coeurs prompts à se déchirer,
Rends-nous notre ignorance, ou laisse-nous pleurer.
Vois, si tu n’as pas vu, la plus petite fille
S’éprendre des soucis d’une jeune famille,
Éclore à la douleur par le pressentiment,
Pâlir pour sa poupée heurtée imprudemment,
Prier Dieu, puis sourire en berçant son idole
Qu’elle croit endormie au son de sa parole :
Fière du vague instinct de sa fécondité,
Elle couve une autre âme à l’immortalité.
Laisse-lui ses berceaux : ta raillerie amère
Éteindrait son enfant… Tu vois bien qu’elle est mère.
À la mère du moins laisse les beaux enfants,
Ingrats, si Dieu le veut, mais à jamais vivants !
Sinon, de quoi ris-tu ? Va ! J’ai le droit des larmes ;
Va ! Sur les flancs brisés ne porte pas tes armes.
Toi qui ris de nos coeurs prompts à se déchirer,
Rends-nous notre innocence, ou laisse-nous pleurer !
(Marceline Desbordes-Valmore)
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Je veux pleurer parce que j’en ai envie (Federico García Lorca)
Posted by arbrealettres sur 11 février 2018
Double poème du Lac Edem (extrait de)
[…]
Je veux pleurer parce que j’en ai envie
comme pleurent les enfants du dernier banc,
parce que je ne suis homme, poète ni feuille,
mais pulsation blessée qui sonde les choses de l’autre côté.
Je veux pleurer en disant mon nom,
rose, enfant et sapin au bord de ce lac,
pour dire ma vérité d’homme de sang
en tuant en moi la raillerie et la suggestion du mot.
[…]
***
Quiero llorar porque me da la gana
como lloran los niños del último banco,
porque yo no soy un hombre, ni un poeta, ni una hoja,
pero sí un pulso herido que sonda las cosas del otro lado.
Quiero llorar diciendo mi nombre,
rosa, niño y abeto a la orilla de este lago,
para decir mi verdad de hombre de sangre
matando en mí la burla y la sugestión del vocablo.
(Federico García Lorca)
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La fraîcheur des mots, le sentiment simple (Anna Akhmatova)
Posted by arbrealettres sur 13 août 2017
La fraîcheur des mots, le sentiment simple,
Si nous les perdions, nous deviendrions
Des peintres sans yeux, des acteurs sans voix,
De belles femmes sans beauté.
Mais ne tente pas de garder pour toi
Ce dont les Cieux t’ont fait présent.
Nous sommes condamnés – nous le savons –
A dissiper, et non à amasser.
Marche tout seul et guéris les aveugles,
Pour éprouver quand vient l’heure du doute,
La raillerie méchante des disciples
Et l’indifférence de la foule.
(Anna Akhmatova)
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