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Poésie

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Plans de construction (Henrik Ibsen)

Posted by arbrealettres sur 11 décembre 2020




Illustration: ArbreaPhotos
    
Plans de construction

Je me rappelle aussi net que si c’était ce jour
le soir où je vis mon premier poème imprimé dans le journal.

J’étais dans ma mansarde, à lancer des bouffées de
fumée et je rêvais, béatement satisfait.

Je bâtirai un château en Espagne. Il resplendira sur le Nord.

Il y aura deux ailes, une petite et une grande.
La grande hébergera un poète immortel, la
petite hébergera une jeune fille.

Je trouvais ce plan superbement harmonieux ;
puis le désordre s’y mit.
Quand le maître est devenu raisonnable, le château a paru absurde:
la grande aile était trop petite, la petite en ruine est tombée.

(Henrik Ibsen)

 

Recueil: Poèmes
Traduction: Régis Boyer
Editions: Les Belles Lettres

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SÉRIEUX SPIRITUEL (Iuliana Pașca)

Posted by arbrealettres sur 28 septembre 2020



Illustration: Tineke Storteboom
    
SÉRIEUX SPIRITUEL

Une sombre symbiose de pensées,
errant parmi des connexions d’étoiles
exige d’enterrer aussi mon âme
quand je mourrai.

Perçant la peau rugueuse
telle une mère en deuil
j’étreindrai le cœur brûlant.

Des abysses non encore pollués
nos âmes réunies amèneront
des personnes raisonnables.

Alors seulement persistera la lumière
qui émane de l’intérieur.

***

GRAVEDAD ESPIRITUAL

Una oscura simbiosis de pensamientos,
vagando entre las sinapsis de las estrellas
exige también enterrar mi alma
cuando me muera.

Atravesando su piel áspera,
abrazaré el corazón caliente
como una madre de luto.

Desde las simas aún no contaminadas
nuestras almas unidas
traerán a la vida humanos brillantes.

Sólo entonces perdurará la luz
que viene de adentro.

***

GRAVIDAD ESPIRITUAL

Uma obscura simbiose de pensamentos,
vagueando pelas sinapsis das estrelas
exige que enterre também a minha alma
quando morrer.

Passando pela sua pele áspera,
abraçarei o coração ardente
como uma mãe de luto.

Das profundidades ainda não contaminadas
as nossas almas unidas
trarão à vida brilhos humanos.

Só então perdurará a luz
vinda de dentro.

***

GRAVITÀ SPIRITUALE

Un’oscura simbiosi del pensiero
vagando attraverso le sinapsi delle stelle
chiede di seppellire anche la mia anima
quando muoio.

Attraverso la sua ruvida pelle,
abbraccerò il suo cuore incandescente
come una madre in lutto.

Dalle ancora incontaminate profondità,
le nostre anime unite
daranno vita ai luminosi esseri umani.

Solo allora rimarrà la luce
brillando dal di dentro.

***

Gravità spirituali

Na scura simbiosi di
Passiari ntra li sinapsi di li stiddi
Dumanna puru di vurricari la me arma
Quannu moru.

Pirciannu la peddi rascusa
M’abbrazzu lu cori cauddu
Comu na matri a luttu.

Di li prufunnità senza macchi
Li notri armi
Darannu vita a essiri nteliggenti.

Sulu tannu la luci dura ancora
Brillannu internamenti.

***

GRAVITAȚIE SPIRITUALĂ

O simbioză obscură de gânduri
rătăcite printre sinapse de aștri
cere să-mi îngropați și sufletul
atunci când voi muri.

Trecându-i prin pielea aspră,
voi cuprinde inima fierbinte
ca o mamă îndoliată.

Din adâncul încă neîntinat
sufletele noastre unite
vor naște oameni strălucitori.

Abia atunci va dăinui lumina,
venind dinăuntru.

***

SPIRITUAL GRAVITY

An obscure symbiosis of
wandering through the synapses of stars
demands also to bury my soul
when I die.

Passing through its rough skin,
I’ll embrace the hot heart
like a mourning mother.
From the still undefiled depths,

our united souls
will bring to life bright beings.

Only then shall the light last
glowing from within.

***

GEESTELIJKE ZWAARTEKRACHT

Een duistere symbiose van gedachten,
dwalend door de verbindingen van de sterren
eist om ook mijn ziel te begraven
als ik zal sterven.

Door de ruwe huid dringend
zal ik als een rouwende moeder
het warme hart omarmen.

Uit de nog niet vervuilde diepten
zullen onze verenigde zielen
verstandige mensen voortbrengen.

Alleen dan zal het licht
dat van binnenuit komt blijven bestaan.

***

SPIRITUELLE SCHWERKRAFT

Eine düsteres Knäuel von Gedanken,
das durch die Synapsen der Sterne wandert
fordert auch meine Seele zu begraben
wenn ich sterben werde.

Durch seine raue Haut gehend,
werde ich das heiße Herz
wie eine trauernde Mutter umarmen.

Aus den noch unberührten Tiefen
werden unsere vereinten Seelen
gute Menschen zum Leben erwecken.

Nur dann wird das Licht fortdauern
das von innen kommt.

***

ΠΝΕΥΜΑΤΙΚΗ ΒΑΡΥΤΗΤΑ

Δυσδιάκριτη συμβίωση
ανάμεσα στις συνάψεις αστεριών
ζητά να θάψει την ψυχή μου
όταν πεθάνω.

Το δέρμα της διαπερνά
κι εγώ αγκαλιάζω τη θερμή καρδιά
σαν μάνα που θρηνεί.

Από τ’ άσπιλα βάθη
ενωμένες οι καρδιές μας
τα φωτεινά παιδιά τους θα γεννήσουν.

Και τότε μόνο το φως θα λάμψει
εκ των έσω.

***

***

***

精神引力
一种深奥的思想共生
在星星的突触中游荡
需要也埋葬我的灵魂
当我将死时。
穿过它粗糙的皮肤,
我会拥抱那炽热的心
像一位在悲伤的母亲。
从这仍然洁白的深处
我们谐和的灵魂
会给生命带来光明的人类。
只有这样,光明才会持续
涌自内心。

***

GRAWITACJA DUSZY

Niezrozumiała symbioza
wędrująca przez synapsy gwiazd
domaga się również pogrzebania mojej duszy
kiedy umrę.

Przechodząc przez szorstką skórę,
obejmę gorące serce
jak lamentująca matka.

Z wciąż jeszcze nieskażonych głębin
nasze zespolone dusze
wzbudzą życie w świetlistych bytach.

Tylko wtedy światło niech trwa
promieniejąc od wewnątrz.

(Iuliana Pașca)

 

Recueil: ITHACA 624
Traduction: Français Germain Droogenbroodt – Elisabeth Gerlache / Espagnol Rafael Carcelén / Portugais Maria do Sameiro Barroso / Italien Luca Benassi / Corse Gaetano Cipolla / Roumain / Anglais Stanley Barkan / Néerlandais Germain Droogenbroodt / Allemand Wolfgang Klinck / Grec Manolis Aligizakis / Russe Rahim Karim / Indi Jyotirmaya Thakur / Chinois William Zhou / Polonais Mirosław Grudzień – Małgorzata Żurecka /Editions: POINT
Site: http://www.point-editions.com/en/

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Charabia (Marie-Anne Bruch)

Posted by arbrealettres sur 27 janvier 2020



    
Charabia

Nos paroles ne sont guère que des fanfreluches
colmatant mal les brèches et fissures de nos cages à penser,
même si je rêve d’atteindre l’os du verbe, la moelle de la langue,
à laquelle décidément il faudrait faire rendre gorge,
autant dire que l’Impensable n’est plus très loin.
Comme nous sommes futiles, nous autres, êtres humains !
Nous aimons enrober la substance active du néant
dans l’excipient notoire de la logique binaire.
La Raison raisonnante, raisonnable et raisonneuse
résonne si douloureusement dans nos cœurs
qu’on ne saurait lui donner raison.

(Marie-Anne Bruch)

 

Recueil: Revue Cabaret, numéro 31
Traduction:
Editions: Alain Crozier

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Mettre ma vie en pages (Josée Tripodi)

Posted by arbrealettres sur 8 mai 2019




    
Mettre ma vie en pages
Est-ce bien raisonnable

Récurer
Calembours et calembredaines

Étendre mes rêves
Encore humides

Trouer à mains nues
Les poches de tristesse

Découdre les plaies

Sans gants ni masque
Souffler sur les cadavres

Donner à lire
Ma destinée
Dans les détours de mes viscères

Peut-être vaut-il mieux
Faire la coquette

À l’envi répétant
Que je suis vieille
Malade et moche

Et pauvre aussi

(Josée Tripodi)

 

Recueil: Le temps court plus vite que moi
Traduction:
Editions: Le Castor Astral

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Au premier rendez-vous… (Samantha Barendson)

Posted by arbrealettres sur 9 septembre 2018



Illustration: Konstantin Razumov
    
Au premier rendez-vous…

Au premier
rendez-vous
j’essaie d’avoir
l’air belle
drôle
intelligente

Je parle
de ce qu’il aime
de ce qu’il me dit aimer

Il me dit
qu’il n’en a rien à foutre
Il me dit
qu’il veut faire l’amour

Et tandis
que ses doigts
glissent
là où
aucun
autre
n’est
jamais allé
je me dis
que tout ça

n’est pas
très
raisonnable

Plus tard
Nous faisons..l’amour
à Amsterdam

Il y a
ses épaules
ses cheveux gris
les poils de son torse
son cul ferme
et ses yeux
parfois verts
parfois bruns
ses mains
son sourire
et sa queue courbée

(Samantha Barendson)

 

Recueil: L’Ardeur ABC poétique du vivre plus
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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Je pense que la Vérité est la louange de Dieu (Francis Jammes)

Posted by arbrealettres sur 6 août 2018



Je pense que la Vérité est la louange de Dieu;
que nous devons la célébrer dans nos poèmes pour qu’ils soient purs;
qu’il n’y a qu’une école: celle où, comme des enfants
qui imitent aussi exactement que possible un beau modèle d’écriture,
les poètes copient avec conscience un joli oiseau, une fleur
ou une jeune fille aux jambes charmantes et aux seins gracieux.

Je crois que cela suffit.
Que voulez-vous que je préjuge d’un écrivain
qui se plaît à dépeindre une tortue vivante incrustée de pierreries?
Je pense, qu’en cela, il n’est point digne du nom de poète:
parce que Dieu n’a pas créé les tortues dans ce but,
et parce que leurs demeures sont les étangs et le sable de la mer.

Toutes choses sont bonnes à décrire lorsqu’elles sont naturelles;
mais les choses naturelles ne sont pas seulement le pain, la viande, l’eau, le sel, la lampe,
la clef, les arbres et les moutons, l’homme et la femme, et la gaîté.
Il y a aussi parmi elles, des cygnes, des lys, des blasons, des couronnes et la tristesse.

Que voulez-vous que je pense d’un homme qui, parce qu’il chante la vie,
veut m’empêcher de célébrer la mort, ou inversement;
ou qui, parce qu’il dépeint un thyrse ou un habit à pans d’hermine,
veut m’obliger à ne pas écrire sur un râteau ou une paire de bas?

Je trouve tout naturel qu’un poète, couché avec une jolie petite femme dure,
préfère, dans ce moment, l’existence à la mort;
cependant, si un poète qui a tout perdu dans ce monde, qui est atteint d’une cruelle maladie, et qui a la foi,
compose des vers sincères où il demande au Créateur de le délivrer bientôt de la vie,
je le trouve raisonnable.

(Francis Jammes)

Illustration: Patricia Blondel

 

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L’épreuve (Jorge Luis Borges)

Posted by arbrealettres sur 7 mai 2018



 

L’épreuve

De l’autre côté de la porte un homme
laisse tomber sa corruption. En vain
fera-t-il cette nuit une prière
à son étrange dieu, trois, deux en un,
pensera être immortel. À présent
il entend la prophétie de sa mort
et se sait un animal raisonnable.
Frère, tu es cet homme. Rendons grâce
à la vermine et à l’oubli.

(Jorge Luis Borges)

Illustration: Misha Gordin

 

 

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Toi rien que toi (Alain Borne)

Posted by arbrealettres sur 23 décembre 2017



Illustration: Montserrat Gudiol
    
Toi rien que toi
la vie continue sans raison.

La mort raisonnable regarde mon sang
qui court pour vivre dans son tunnel
et mon coeur
qui se détruit à t’aimer.

Car je t’aime
car je ne veux vivre encore un peu
que pour une fois encore
sceller mes yeux, mes mains
et tout mon corps
à ton image chaude et nue.

Car je t’aime
ma folie s’est partagée
comme un oiseau de foudre
dont l’aile éclatante t’éclaire
cependant que les griffes brûlantes
remplacent mes veines.

(Alain Borne)

 

Recueil: Oeuvres poétiques complètes
Traduction:
Editions: Curandera

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Il est, chaque jour, une heure trouble et lourde (Anna Akhmatova)

Posted by arbrealettres sur 11 octobre 2017




Il est, chaque jour,
Une heure trouble et lourde.
Je parle, sans ouvrir mes yeux ensommeillés,
À voix haute avec mon angoisse.
Elle a un battement comme le sang.
Elle est tiède comme une haleine.
Comme un amour heureux
Elle est raisonnable et méchante.

(Anna Akhmatova)

Illustration: Benoit Colsenet

 

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UN TOUR AU BOIS (Raymond Genty)

Posted by arbrealettres sur 14 juillet 2017



;
Illustration: Oleg Zhivetin
   
UN TOUR AU BOIS

Non, je n’aurais pas dû venir… je suis coupable,
Je m’en veux à présent… mais je l’avais promis.
Seulement, vous savez, soyez très raisonnable,
Nous allons bavarder comme deux vieux amis.

Que le Bois est joli !.,. les sentiers sont tout roses,
Regardez! les bouleaux ont des frissons très doux;
Au fond, il ne faut pas exagérer les choses,
On cause, on rit un peu…, mais quel mal faisons-nous?

Le monde est si méchant… tiens, une violette!
Aussi voyez, j’ai mis cette épaisse voilette
Pour pouvoir échapper aux yeux indélicats.

Éloignez-vous !… non, non…, vraiment je suis trop bonne;
Un baiser ?… calmez-vous !… il ne passe personne,
Allons ! dépêchez-vous… ne me décoiffez pas?

(Raymond Genty)

 

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