Posts Tagged ‘râle’
Posted by arbrealettres sur 25 février 2020

La Veuve
La Veuve, auprès d’une prison,
Dans un hangar sombre demeure.
Elle ne sort de sa maison
Que lorsqu’il faut qu’un bandit meure.
Dans sa voiture de gala
Qu’accompagne la populace
Elle se rend, non loin de là,
Et, triste, descend sur la place.
Avec des airs d’enterrement,
Qu’il gèle, qu’il vente ou qu’il pleuve,
Elle s’habille lentement,
La Veuve.
Les témoins, le prêtre et la loi
Voyez, tout est prêt pour la noce ;
Chaque objet trouve son emploi :
Ce fourgon noir, c’est le carrosse.
Tous les accessoires y sont :
Les deux chevaux pour le voyage
Et le grand panier plein de son :
La corbeille de mariage.
Alors, tendant ses longs bras roux,
Bichonnée, ayant fait peau neuve,
Elle attend son nouvel époux,
La Veuve.
Voici venir le prétendu
Sous le porche de la Roquette.
Appelant le mâle attendu,
La Veuve, à lui s’offre, coquette.
Tandis que la foule, autour d’eux,
Regarde frissonnante et pâle,
Dans un accouplement hideux,
L’homme cracher son dernier râle.
Car les amants, claquant du bec,
Tués dès la première épreuve,
Ne couchent qu’une fois avec
La Veuve.
Tranquille, sous l’œil du badaud,
Comme, en son boudoir, une fille,
La Veuve se lave à grande eau,
Se dévêt et se démaquille.
Impassible, au milieu des cris,
Elle retourne dans son bouge,
De ses innombrables maris
Elle porte le deuil en rouge.
Dans sa voiture se hissant,
Goule horrible que l’homme abreuve,
Elle rentre cuver son sang,
La Veuve.
Voici venir le prétendu
Sous le porche de la Roquette.
Appelant le mâle attendu,
La Veuve, à lui s’offre, coquette.
Tandis que la foule, autour d’eux,
Regarde frissonnante et pâle,
Dans un accouplement hideux,
L’homme cracher son dernier râle.
Car les amants, claquant du bec,
Tués dès la première épreuve,
Ne couchent qu’une fois avec
La Veuve.
Tranquille, sous l’œil du badaud,
Comme, en son boudoir, une fille,
La Veuve se lave à grande eau,
Se dévêt et se démaquille.
Impassible, au milieu des cris,
Elle retourne dans son bouge,
De ses innombrables maris
Elle porte le deuil en rouge.
Dans sa voiture se hissant,
Goule horrible que l’homme abreuve,
Elle rentre cuver son sang,
La Veuve.
(Jules Jouy)
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Posted in poésie | Tagué: (Jules Jouy), abreuver, accompagner, accouplement, amant, attendre, époux, épreuve, badaud, bandit, bec, boudoir, bouge, carrosse, claquer, coquette, corbeille, coucher, cracher, cri, cuver, demeure, descendre, deuil, enterrement, fille, foule, fourgon, frissonner, gala, geler, goule, hangar, hideux, homme, horrible, impassible, innombrable, lent, Loi, maison, mari, mariage, mâle, mourir, noce, noir, oeil, pâle, place, pleuvoir, populace, prétendu, prêtre, prison, râle, regarder, rouge, s'habiller, s'offrir, se dévêtir, se laver, se retourner, sombre, sortir, témoin, tranquille, triste, tuer, venter, veuve, voiture | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 22 septembre 2019

Illustration: ArbreaPhotos
Peut-être devons-nous
1- 2 – 3
compter les journées de vraie joie
sur les doigts d’une main morte?
Peut-être nous faut-il transformer
4 – 5 – 6
cri – crac – cri –
les râles en rire de ventriloque?
(Franck Venaille)
Recueil: Ça
Traduction:
Editions: Mercure de France
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Posted in poésie | Tagué: (Franck Venaille), compter, crac, cri, devoir, doigt, joie, main, mort, râle, rire, transformer, ventriloque, vrai | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 1 décembre 2018

Sphinx
Ils la trouvèrent, le crâne à demi défoncé,
tenant dans sa main roide un revolver brûlant.
Les badauds s’étonnaient. — Et l’ambulance
l’emporta vers l’hôpital jaune.
Une seule fois s’ouvrit sa paupière…
Nulle lettre, nul nom, — seuls une robe, un châle;
puis vint le médecin, questionnant à voix basse, —
puis le prêtre. — Elle resta muette et livide.
Pourtant, tard dans la nuit, elle voulut parler,
avouer… Personne dans la salle ne l’entendit.
– Un râle. — Et on l’emporta,
elle et sa souffrance. —
Et dehors nulle tombe.
(Rainer Maria Rilke)
Recueil: Oeuvres 2 Poésie
Traduction: Jacques Legrand, Lorand Gaspar, Philippe Jaccottet, Armel Guerne, Maurice Betz
Editions: Seuil
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Posted in poésie | Tagué: (Rainer Maria Rilke), ambulance, avouer, badaud, brûlant, châle, crâne, défoncé, dehors, emporter, entendre, hôpital, lettre, livide, main, médecin, muet, nom, ouvrir, parler, paupière, personne, prêtre, questionner, râle, revolver, robe, roide, s'étonner, salle, souffrance, Sphinx, tombe, trouver | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 19 novembre 2018

LA CLOCHE FÊLÉE
Il est amer et doux, pendant les nuits d’hiver,
D’écouter, près du feu qui palpite et qui fume,
Les souvenirs lointains lentement s’élever
Au bruit des carillons qui chantent dans la brume.
Bienheureuse la cloche au gosier vigoureux
Qui, malgré sa vieillesse, alerte et bien portante,
Jette fidèlement son cri religieux,
Ainsi qu’un vieux soldat qui veille sous la tente
Moi, mon âme est fêlée, et lorsqu’en ses ennuis
Elle veut de ses chants peupler l’air froid des nuits,
Il arrive souvent que sa voix affaiblie
Semble le râle épais d’un blessé qu’on oublie
Au bord d’un lac de sang, sous un grand tas de morts,
Et qui meurt, sans bouger, dans d’immenses efforts.
(Charles Baudelaire)
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Posted in poésie | Tagué: (Charles Baudelaire), amer, âme, écouter, bouger, brume, carillon, chant, chanter, cloche, cri, doux, effort, ennui, fêlé, feu, froid, hiver, lac, mort, nuit, palpiter, râle, soldat, souvenir, vieillesse | 3 Comments »
Posted by arbrealettres sur 19 novembre 2018

OBSESSION
Grands bois, vous m’effrayez comme des cathédrales ;
Vous hurlez comme l’orgue et dans nos coeurs maudits,
Chambres d’éternel deuil où vibrent de vieux râles,
Répondent les échos de vos De profundis.
Je te hais, Océan ! tes bonds et tes tumultes,
Mon esprit les retrouve en lui ; ce rire amer
De l’homme vaincu, plein de sanglots et d’insultes,
Je l’entends dans le rire énorme de la mer.
Comme tu me plairais, ô nuit ! sans ces étoiles
Dont la lumière parle un langage connu!
Car je cherche le vide, et le noir, et le nu !
Mais les ténèbres sont elles-mêmes des toiles
Où vivent, jaillissant de mon oeil par milliers,
Des êtres disparus aux regards familiers.
(Charles Baudelaire)
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Posted in poésie | Tagué: (Charles Baudelaire), écho, éternel, être, bois, cathédrale, chambre, chercher, coeur, deuil, disparu, effrayer, familier, hurler, inconnu, insulte, jaillir, langage, lumière, maudit, noir, nu, obsession, océan, orgue, parler, plaire, râle, répondre, sanglot, ténèbres, toile, tumulte, vaincu, vibrer, vide | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 5 novembre 2018

Illustration: Bénédicte Muller
Dix maximes pour la marche
Qui cherche une soeur gerce de douceur
qui cherche pourquoi herse toujours soi
qui hisse l’ennui la nuit le dévisse
qui tranche ses veines épanche sa peine
qui tue le lundi pue le vendredi
qui pâlit d’un pleur meurt au lit d’un râle
qui patauge en songe jauge le mensonge
qui hèle l’effroi cisèle sa croix
qui freine sa main traîne son chagrin
qui prouve le feu
les cieux le recouvrent.
(Jean Pérol)
Recueil: Poésie I (1953-1978)
Traduction:
Editions: De la Différence
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Posted in poésie | Tagué: (Jean Pérol), épancher, chagrin, chercher, ciel, ciseler, croix, dévisser, douceur, effroi, ennui, feu, freiner, gercer, héler, herser, hisser, jauger, lit, lundi, main, marche, maxime, mensonge, mourir, nuit, patauger, pâlir, pleur, pourquoi, prouver, puer, râle, recouvrir, soeur, songe, traîner, trancher, tuer, veine, vendredi | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 20 octobre 2018

Dans la terre torride, une plante exotique
Penchante, résignée : éclos hors de saison
Deux boutons fléchissaient, d’un air grave et mystique ;
La sève n’était plus pour elle qu’un poison.
Et je sentais pourtant de la fleur accablée
S’évaporer l’effluve âcre d’un parfum lourd,
Mes artères battaient, ma poitrine troublée
Haletait, mon regard se voilait, j’étais sourd.
Dans la chambre, autre fleur, une femme très pâle,
Les mains lasses, la tête appuyée aux coussins :
Elle s’abandonnait : un insensible râle
Soulevait tristement la langueur de ses seins.
(Remy de Gourmont)
Illustration: Diego Dayer
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Posted in poésie | Tagué: (Rémy de Gourmont), accablée, artère, éclos, battre, chambre, exotique, femme, fleur, grave, haleter, insensible, langueur, lasse, plante, poison, râle, réfléchir, résignée, s'abandonner, se voiler, sein, sourd, terre, torride, tristement, troublée | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 15 octobre 2018

Prologue
De la pensée aux mots,
un monde.
Dès qu’ils viennent en gros,
la ronde.
De la phrase à la phrase,
la stance.
Des couplets qui s’embrasent,
la danse.
Du chagrin à l’oubli,
un antre.
Sous toute philosophie,
le ventre.
Des coulisses aux décors,
un voile.
Du trépas à la mort,
un râle.
De la graine à l’épi,
un germe.
Du néant à la vie,
le sperme.
Du mineur au ministre,
un rang.
Et du lord jusqu’au cuistre,
un temps.
Du génie au crétin,
un gène.
Du raté au malin,
la veine.
Du gendarme au voleur,
un rôle.
En tout un, son tricheur,
son drôle.
Du vice à la vertu,
un tour.
De la mode au rebut,
un jour.
De ta main à la mienne,
un choix.
De l’amour à la haine,
un pas.
De la phrase à la phrase,
la stance.
Des couplets qui s’embrasent,
la danse !
(Esther Granek)
Illustration: Kandinsky
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Posted in poésie | Tagué: (Esther Granek), antre, épi, chagrin, couplet, crétin, cuistre, danse, décor, génie, gêne, germe, graine, lord, mer, mineur, ministre, mode, mot;monde, oubli, pensée, philosophie, phrase, prologue, râle, ronde, s'embraser, temps, trépas, veine, ventre, voile | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 26 août 2018

Il est des nuits où l’on ne saurait dormir sans les bruits du jour.
Turnhout. Jour de l’An.
Carillons, vos silences
me tiennent éveillé
J’entends les souris
grignoter le parquet
les termites
qui digèrent les poutres
le grésillement des vers
dans les meubles
les râles d’une braise
sous la cendre
les frôlements des corps
où s’usent les caresses
Nous mourons de murmures
vivons de carillons
(Robert Mallet)
Recueil: Presqu’îles presqu’amours
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Robert Mallet), éveillé, braise, bruit, caresse, carillon, cendre, corps, digérer, dormir, entendre, frôlement, grésillement, grignoter, jour, meuble, mourir, murmuré, nuit, parquet, poutre, râle, s'user, silence, souris, termite, ver, vivre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 8 juin 2018
Illustration: Edward Burne Jones
Le labyrinthe
A la lisière du Grand Bois
cette gueule béante entre les branches
est l’entrée du labyrinthe.
Une voix impérieuse
venue de nulle part
t’ordonne de marcher,
de pénétrer dans les entrailles noires.
Derrière toi les routes sont coupées,
les villes engluées dans leurs clameurs
où tu n’as plus de place
ni de nom.
Et te voici errant dans la ténèbre;
tu n’entends plus
que le bruit de ton pas,
au loin une rumeur de vie:
grognements, sifflements
souffles, râles et plaintes.
Peu à peu s’est levée une lueur lunaire
sur le vertige des couloirs.
Sans règle ni repères
tu marches droit, suivant ton coeur,
tandis que s’enfle,
toujours plus proche,
le grondement de la Bête.
(Jean Joubert)
Recueil: Longtemps j’ai courtisé la nuit
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
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Posted in poésie | Tagué: (Jean Joubert), bête, bois, branche, coeur, couloir, couper, droit, engluer, entendre, entrailles, entrée, errer, grognement, grondement, gueule, impérieux, labyrinthe, marcher, nulle part, ordonner, pénétrer, plainte, proche, râle, règle, repère, route, rumeur, s'enfler, sifflement, souffle, suivre, ténèbres, venir, vertige, ville, voix | Leave a Comment »