Soudain il s’est levé
et a éteint les lumières.
Il a prétendu : « Cette chambre est plus grande dans l’obscurité
parce que nous ne pouvons pas voir les murs. »
J’ai rallumé la lumière,
en lui répondant : « A vrai dire c’est cette lumière qui est l’espace
et souvent nous sommes prisonniers
de murs que nous ne pouvons pas voir. »
***
LOOKING FOR SPACE
Suddenly he got up
And switched off the lights
Saying “This room is bigger in the dark
As we cannot see the walls”
I switched on the light again
Saying “This light is actually the space
And we are often imprisoned
by walls that we cannot see”.
(Zurinah Hassan)
Recueil: ITHACA 596
Traduction: Français Germain Droogenbroodt et Elisabeth Gerlache
Editions: POINT
Au clair de mon âme,
Au coeur de mon coeur
Je cherche la flamme
De notre bonheur,
Je sais que nos amours sont mortes
Mais je ne veux pas
Que le temps déporte
Tout de toi et moi
Au clair de mon âme,
Tout comme un pierrot
Qu’un chagrin désarme
Je n’attends qu’un mot
Un mot de tes lèvres
Un cri de ton coeur
Pour chasser ma fièvre
Et briser ma peur
Au clair de mon âme
Cerné de chagrin
Et noyé de larmes
Je ne trouve rien.
Tu le vois, je me meurs ma Mie
Rallume ton feu
Et rends-moi la vie
Pour l’amour de Dieu.
Glorieuse, monumentale et monotone,
La façade de pierre effrite au vent qui passe
Son chapiteau friable et sa guirlande lasse
En face du parc jaune où s’accoude l’Automne.
Au médaillon de marbre où Pallas la couronne,
La double lettre encor se croise et s’entrelace;
A porter le balcon l’Hercule se harasse;
La fleur de lys s’effeuille au temps qui la moissonne.
Le vieux Palais, miré dans ses bassins déserts,
Regarde s’accroupir en bronze noir et vert
La Solitude nue et le Passé dormant;
Mais le soleil aux vitres d’or qu’il incendie
Y semble rallumer intérieurement
Le sursaut, chaque soir, de la Gloire engourdie.
Un rêve, un rêve,
Un rêve sinon rien
Un rêve qui élève
Qui enivre, qui délivre
Un rêve, pour aller plus loin
Donnez-nous un rêve
Et nous soulèverons le monde
Le rêve d’un rêve
Et nous le chanterons à la ronde
Celui du semeur qui prie pour sa moisson
Ou de l’homme confiant qui construit sa maison
Celui des braves gens qui disent encore bonjour
Et de l’enfant qui rit au bonheur qui l’entoure
Celui de l’ami Pierre, celui de Thérésa
Dans la même bonté Paris et Calcutta
Celui de celles et ceux
Qui cherchent et cherchent encore
Pour rallumer des vies
En réparant les corps
Et celui de John
Si bien imaginé
Celui que personne
N’a encore exaucé
Un rêve, le rêve de ne pas tout gâcher
Le rêve de n’pas tout fiche en l’air
Pour ne pas que la terre redevienne un désert
Sans rêve et sans lumière
Donnez-nous un rêve
Et nous soulèverons le monde
Le rêve d’un rêve
Et nous le chanterons à la ronde
Celui des marins qui ont vaincu leurs peurs
Qui ont défié la mer l’immensité au coeur
Les premiers fous volants,
Ces fiers enfants d’Icare
Jubilants en suspens
Entre le vide et l’histoire
Et celui de tous ceux
Qui inventent du soleil
D’une couleur, d’une note,
D’une image ou d’un mot
Artistes et magiciens
Qui entrouvrent le ciel
Frissons d’éternité
Si chers à Cyrano
Un rêve d’amour
Et de fraternité
Plus fort que les discours
Et les mots frelatés
Celui de Martin,
Celui de Nelson
La couleur de leur peau
Portée comme une couronne
Et celui de John
Si bien imaginé
Celui que personne
N’a encore exaucé
La coulée blanche du temps suggère un paysage
d’hermine. L’hiver s’est infiltré sous mes paupières
et je commence à déchiffrer son langage : un cri ample,
une ombre brusque, si bien que j’arrive aux maisons
de silence et comment les verrais-je s’écrouler ?
Je renverse le décor, je m’adosse à un arbre qui n’existe
pas, mais en quel verger me retiennent les soleils d’exil ?
L’oiseau soufré est à vrai dire une orange entre mes doigts.
Je coupe le fruit en deux. L’été se rallume d’un sang oublié.
cette femme ou rose efflanquée
habitait la rigueur
elle aiguisait sa jeunesse
une souffrance de cristal
rallumant sans faiblir
la bougie de faim plus claire
la parole gravée
par l’épine porte-rose dans son coeur