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Posts Tagged ‘rameur’

Vent d’automne (Liu Che)

Posted by arbrealettres sur 6 décembre 2022



Illustration: Shan Sa
    
Vent d’automne

Le vent d’automne se lève,
La course tranquille des nuages blancs se précipite.
Plantes et arbres jaunissent et se dépouillent.
Les oies sauvages rejoignent le sud.
L’orchidée garde sa beauté
Et le Chrysanthème son parfum
Je me languis de mon unique amour,
Impuissant à oublier.
Nous lançons le grand navire sur la rivière Fen
Il fend sans peine son courant,
S’agitant en vagues blanches.
L’écho des tubes et des tambours
Amplifie le chant des rameurs.
Au sommet de la joie, les pensées tristes me pointent
Jeunesse et force, comme vous passez vite !
Sans espoir possible, nous déclinons.

(Liu Che)

l’empereur Wu des Han (156-87)

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

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Un mot encore (Robert Momeux)

Posted by arbrealettres sur 21 juillet 2021



Un mot encore

Je t’aime.

Ce matin il n’y a plus de fleurs.
Le ciel s’est renversé.
Les statues sont mortes une seconde fois.
O destin !
Malheureux destin !

Il me reste tes mains que je ne puis baiser.
Je marche vers cet horizon qui bouge,
on dirait des rameurs.
Le vent qui s’est levé fait battre des coeurs
dans le frémissement des arbres.
Mais personne ne sait que je t’ai attendue.
Pourtant j’ai patienté si longtemps, les rues étaient très sombres.
Au couchant les peupliers devenaient roses
et mon enfance s’est toute entière
passée derrière ces meules de froid dures et noires.
C’est comme des vendanges qu’on n’oserait plus faire.
A présent, tu es là pour quelques instants encore.

Ensuite, ce sera à nouveau cette angoisse
qui pèse plus lourd que toutes les tristesses.
Des fenêtres s’allumeront encore
mais nous savons bien qu’il reste peu d’espoir.

Je t’aime.

Il me reste tes mains que je voudrais briser.
La vie ce serait d’être autre chose que ce fantôme malhabile.
Ces bulles légères qui éclatent sont des rêves qui n’ont pas su.
En avons-nous rencontré de ces errants splendides !
Des nappes de musique déferlent
et rien ne reste qu’une petite lampe qui clignote dans la brume.

Des enfants marchent dans les sentiers pleins d’ombre.
On sait bien qu’ils n’atteindront pas le but, pourtant une ardente nostalgie les mène.
Peut-être qu’ils iront où nous n’avons pas su aller.

(Robert Momeux)

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MAIS ELLE (René Char)

Posted by arbrealettres sur 28 septembre 2019



MAIS ELLE

Elle ne vit que par sa forme
Elle a la forme d’un rocher
Elle a la forme de la mer
Elle a les muscles du rameur
Tous les rivages la modèlent.

Ses mains s’ouvrent sur une étoile
Et ses yeux cachent le soleil
Une eau lavée le feu brûlé
Calme profond calme créé
Incarnant l’aube et le couchant

Pour en avoir connu le fond
Je sers la forme de l’amour
Elle ce n’est jamais la même
Je sers des ventres et des fronts
Qui s’effacent et se transforment

Fraîche saison promesse chaude
Elle est à l’échelle des fleurs
Et des heures et des couleurs
Niveau de force et de faiblesse
Elle est ma perte de conscience

Mais je refuse son hiver.

(René Char)

 

 

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CHANT DES OBSCURS (Robert Sabatier)

Posted by arbrealettres sur 1 septembre 2019


 


 

Ettore Aldo Del Vigo 657

CHANT DES OBSCURS

N’oubliez pas surtout les solitaires
Avec leurs fronts et leurs poings dédaignés.
Quand s’accomplit la folle cavalcade,
On les retrouve aux pieds de vos chevaux.

Il fut la joie. Il n’est plus que ravines,
Rides sans eau pour en faire des fleuves,
Et sans rameurs, sans rêves navigables,
Même le temps ne les reconnaît plus.

Cet amoureux enchâssant une perle
Dans un poème et croyant qu’une aurore
Se lèverait sur son geste magique :
L’autre la prit pour orner sa cravate.

Et celui-là qui jetait des fleurettes
Sur les tombeaux des enfants inconnus.
Le poing s’ouvrant pour demander l’aumône
S’est refermé sur des ronces cruelles.

Tout l’or du temps, tout l’ambre, tout le sable
Pour ces obscurs. Un flacon d’amour pur
Pour enivrer leur chaste souvenir,
Et pour leur mort un silence de vie.

(Robert Sabatier)

Illustration: Ettore Aldo Del Vigo

 

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Barque dans le courant (Xu Wei)

Posted by arbrealettres sur 17 juin 2019



Barque dans le courant glissant avec entrain.
Soudain voici la cascade, plongeant dans la cime des pins.
Fraîcheur dont on ne se lasse pas.
J’interpelle le petit rameur: « Tout doux, à présent! »

(Xu Wei)

 

 

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Amour – tu es profond – (Emily Dickinson)

Posted by arbrealettres sur 16 décembre 2018


amour

Amour – tu es profond –
Je ne puis te franchir –
Mais, en étant Deux
Au lieu d’un Seul –
Yacht, et Rameur – par un royal Eté –
Qui sait – si nous n’atteindrions pas le Soleil?

Amour – tu es Voilé –
Peu – te contemplent –
Sourient – et changent – et jasent – et meurent –
Le Bonheur – serait Bizarrerie – sans toi –
Surnommé par Dieu –
Eternité –

(Emily Dickinson)

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PROLONGEMENTS (Charles Vildrac)

Posted by arbrealettres sur 14 mars 2018



 

PROLONGEMENTS

Sur quel arbre du soir ira, sans nul témoin,
Se blottir et dormir cet oiseau voyageur
Qui s’éloigne et s’efface,
Battant le lourd ciel blanc comme un rameur ?

*

Le caillou chaud de soleil
Que par jeu et par orgueil
J’ai lancé dans l’eau profonde,
Combien de jours et d’années
Attendra-t-il désormais,
Docile esclave des algues,
Qu’un dieu change à nouveau le monde ?

*

Cet enfant de jadis, qu’enfant moi-même,
Un jour je fis pleurer d’effroi,
S’en souvient-il ?
Vit-il encore ?
Ou si l’unique trace de ses larmes
Est dans mon coeur ?

(Charles Vildrac)

Illustration: Georges Braque

 

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LES HOMMES SUR LA TERRE (Robert Desnos)

Posted by arbrealettres sur 16 février 2018




    
LES HOMMES SUR LA TERRE

Nous étions quatre autour d’une table
Buvant du vin rouge et chantant
Quand nous en avions envie.

Une giroflée flétrie dans un jardin à l’abandon
Le souvenir d’une robe au détour d’une allée
Une persienne battant la façade.

Le premier dit : « Le monde est vaste et le vin est bon
Vaste est mon coeur et bon mon sang
Pourquoi mes mains et mon coeur sont-ils vides ? »

Un soir d’été le chant des rameurs sur une rivière
Le reflet des grands peupliers
Et la sirène d’un remorqueur demandant l’écluse.

Le second dit : « J’ai rencontré une fontaine
L’eau était fraîche et parfumée
Je ne sais plus où elle est et tous quatre nous mourrons. »

Que les ruisseaux sont beaux dans les villes
par un matin d’avril
Quand ils charrient des arcs-en-ciel.

Le troisième dit : « Nous sommes nés depuis peu
Et déjà nous avons pas mal de souvenirs
Mais je veux les oublier. »

Un escalier plein d’ombre
Une porte mal fermée
Une femme surprise nue.

Le quatrième dit : « Quels souvenirs?
Cet instant est un bivouac
O mes amis nous allons nous séparer. »

La nuit tombe sur un carrefour
La première lumière dans la campagne
L’odeur des herbes qui brûlent.

Nous nous quittâmes tous les quatre
Lequel étais-je et qu’ai-je dit?
C’était un jour du temps passé.

La croupe luisante d’un cheval
Le cri d’un oiseau dans la nuit
Le clapotis des fleuves sous les ponts.

L’un des quatre est mort
Deux autres ne valent guère mieux
Mais je suis bien vivant et je crois que c’est pour longtemps.

Les collines couvertes de thym
La vieille cour moussue
L’ancienne rue qui conduisait aux forêts.

O vie, ô hommes, amitiés renaissantes
Et tout le sang du monde circulant dans des veines
Dans des veines différentes mais des veines d’hommes, d’hommes sur la terre.

(Robert Desnos)

 

Recueil: Fortunes
Traduction:
Editions: Gallimard

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L’oiseau (Charles Vildrac)

Posted by arbrealettres sur 16 juillet 2017



Sur quel arbre du soir ira,
sans nul témoin,
Se blottir et dormir
cet oiseau voyageur
Qui s’éloigne et s’efface,
Battant le lourd ciel blanc
comme un rameur?

(Charles Vildrac)

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MESSALINE (Alcide Bonneveau)

Posted by arbrealettres sur 5 juillet 2017



Illustration: Eugène Brunet
    
MESSALINE

Messaline, je t’aime, ô superbe païenne,
Pour ton corps merveilleux, tes puissantes amours,
Et l’impudicité de tes désirs de chienne
Errant, inassouvie, à tous les carrefours !

Oui,je t’aime ! Et je veux, prêtresse des luxures.
Dont rameur infini jamais ne fut vénal.
Religieusement panser les meurtrissures
Dont te cingla jadis le fouet de Juvénal.

Tu fus sincère, au moins, grande voluptueuse !
Rome ne t’a point vue hésiter ni choisir.
Sans souci de l’amant ta chair impétueuse
Se ruait, frémissante, à l’assaut du plaisir.

A tous tu prodiguais les splendeurs de ta forme,
Tes baisers énervants, ton regard velouté,
Et ton beau corps était comme une amphore énorme
D’où sans cesse coulait à flots la volupté.

Aussi, comme ils devaient tressaillir, tous ces mâles,
Blonde Lycisca, lorsque, vivant trésor,
Ta gorge pantelante aux tons roses et pâles
Brusquement surgissait de la résille d’or.

Je vous vois : eux rompus, la face convulsée.
Le front vide roulant dans la lourde épaisseur
De tes cheveux, et toi, non encore lassée.
Criant, criant toujours ton désir obsesseur.

Voilà pourquoi je t’aime, ô Femme entre les femmes !
Et pourquoi je méprise avec férocité
Les filles d’aujourd’hui, ces machines infâmes.
Sans passion, sans nerfs, sans force et sans beauté !

(Alcide Bonneveau)

 

Recueil: Poètes du Baiser
Editions: Société des Éditions LOUIS-MICHAUD

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