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Poésie

Posts Tagged ‘ranger’

JE PARS (Claude de Burine)

Posted by arbrealettres sur 25 février 2023



Illustration: Odilon Redon
    
JE PARS

Je pars
L’atlas est fermé
L’herbe est couchée
Avec ses rêves
De péniche
Sans parfum
L’armoire est rangée
Il ne neigera pas de violettes
Cette année.

(Claude de Burine)

Recueil: A Henri de l’été à midi
Editions: Saint Germain des Prés

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PRENEZ LES GENS… (Janine Mitaud)

Posted by arbrealettres sur 4 juin 2022




    
PRENEZ LES GENS…

Prenez les gens pour des nuages
Passez au travers des nuages
Et vous ne verrez pas l’orage

L’amour n’est plus qu’un jeu mortel
Et les symboles du langage
Déguisent bien le désespoir
Vous chantez fumées et feuillages
Vous réduisez à des images
Mon corps plus vif que sève et feu
Il perd pour vous l’éclat charnel
Vous le rangez dans l’irréel —
Le son du vent et mes appels
Confondus dans votre savoir —

Je suis vivante et mon cri tranche
Tous ces déserts imaginaires
Oasis, oiseaux indulgents
Ne croissent pas dans mon domaine
Mais je fends la coque des mots
Et j’y surprends la mer sauvage
Dont le désir franchit les plages.

(Janine Mitaud)

Recueil: 35 siècles de poésie amoureuse
Traduction:
Editions: Saint-Germain-des-Prés Le Cherche-Midi

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Une essence chasse une autre essence (Lyonel Trouillot)

Posted by arbrealettres sur 27 février 2022




    
Une essence chasse une autre essence.
Quelle essence vaincra la haine ?

Je te laisse ce coffret vide
où tu rangeras tes trésors.
Et lorsque tu auras trouvé
le doux parfum des temps à venir
tu le cacheras dans le coffret.
Tu iras au sommet
de la plus haute montagne
et tu ouvriras le coffret.

Le paradoxe du parfum,
c’est qu’il libère ce qu’il capture.
Tu ouvriras le coffret
et déverseras sur le monde
cette odeur de fruit pur, de rosée franche,
cette odeur de route à prendre dans le matin clair
avec laquelle tu es née
à laquelle tu ajouteras
toutes les trouvailles de ton fait,
une odeur de bonne semence
pour le triomphe de la récolte,
quand le pain amènera le rire,
quand, de jour comme de nuit,
la rivière arrosera les plantes
qui pousseront partout avec des coquetteries
de jolies filles habillées pour leur première sortie,
dans les cheveux des hommes et des femmes d’État,
dans les mains des nouveau-nés
comme un pari gagné sur leurs lignes de chance,
dans les armoires, entre deux vieilleries
pour appeler les vieux linges à leur vitalité.

(Lyonel Trouillot)

 

Recueil: Le doux parfum des temps à venir
Traduction:
Editions: Actes Sud

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Les gens qu’on aime (James Sacré)

Posted by arbrealettres sur 25 janvier 2022



Illustration: Bernard Abadie
    
Les gens qu’on aime leur joue la
couleur de leur slip ton sein, tire
pas tout le drap sur toi, le froid la nuit
les gens qu’on aime comme autant de bouteilles
mal rangées
désordre qu’on a gardé
ça fait des couleurs pas trop
dans une resserre quelque part comme un sourire
donne, ça s’en va ça s’en va.

(James Sacré)

Recueil: Bocaux, bonbonnes, carafes et bouteilles (Comme)
Traduction:
Editions: Le Castor Astral & Le Noroît

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Pays simple (Werner Lambersy)

Posted by arbrealettres sur 12 juillet 2020



Pays simple

Le jour: soleil. La nuit: étoiles.
Parfois entre eux et moi, nuages!

Chaque jour: laver, ranger, mille
petits riens. Le temps passe…

Souvent la nuit, à repenser aux
choses qui restent à faire, au peu
d’argent, mais bah!

Sommeil, plein de nuages au-dessus
de la mer!

La nuit, mon âme: loin!
Le jour, plus loin encore. Bientôt
entre elle et moi, plus rien!

(Werner Lambersy)

Illustration

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L’APPARITION (Jean Tardieu)

Posted by arbrealettres sur 16 avril 2020




    
(Recueil Accents)
L’APPARITION

L’homme avançait à petits pas,
Puis il tourna la poignée de la porte,
(Le cuivre du bouton ne brillait pas
Car la lumière était éteinte ou morte),

Entra sans heurt, s’approcha de mon lit
Et, d’une voix que je connais, me dit :
« Que fais-tu donc ? Dors-tu ? Es-tu parti,
J’entends avec un rêve, loin d’ici ?
J’arrive à temps pour empêcher ta fuite.
Refuse encor ces images sans suite,
Crains leur désordre et leurs fausses clartés ;
Moi je te dis de ne pas t’en aller.

Pense d’abord à ta chambre, à la forme
De la maison, à tes rideaux tirés,
À tant de gens autour de toi qui dorment
Comment, comment pourrais-tu t’évader ?

Rappelle-toi que tu as travaillé
Tout aujourd’hui. Pourquoi ? Pour te loger,
Pour acheter de quoi boire et manger.
Tu es ici gisant dans ta journée.

As-tu bien mis de l’ordre en tout cela ?
As-tu compris tout ce qui se passa,
Ce qui fut dit, ce qui te menaça ?
As-tu compté les heures et l’argent ?

As-tu rangé ton étroit logement ?
(Il te faudra, dans cet encombrement,
Atteindre, après la table, la fenêtre
Et te mouvoir, quand le jour va paraître !)

Allons ! Tu peux dormir jusqu’au matin.
Je te permets d’évoquer la fumée,
L’espace ouvert entre les cheminées
Ou le soleil vu à travers les mains.
—Je reviendrai t’accompagner demain. »

Moi qui feignais de dormir, j’entendis
Qu’il soupirait. Puis, pour lui-même, il ajouta :
« Demain, nous parlerons d’autres soucis ! »
Enfin, hochant la tête, il s’éloigna.

Il est là chaque soir, et sa voix
N’en dit pas plus sur le monde et sur moi.

(Jean Tardieu)

 

Recueil: Jean Tardieu Un poète
Traduction:
Editions: Gallimard Jeunesse

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Villanelle (Philippe Desportes)

Posted by arbrealettres sur 26 février 2020




    
Villanelle

Rosette, pour un peu d’absence,
Votre cœur vous avez changé,
Et moi, sachant cette inconstance,
Le mien autre part j’ai rangé :
Jamais plus, beauté si légère
Sur moi tant de pouvoir n’aura :
Nous verrons, volage bergère,
Qui premier s’en repentira.

Tandis qu’en pleurs je me consume,
Maudissant cet éloignement,
Vous qui n’aimez que par coutume,
Caressiez un nouvel amant.
Jamais légère girouette
Au vent si tôt ne se vira :
Nous verrons, bergère
Rosette,
Qui premier s’en repentira.

Où sont tant de promesses saintes,
Tant de pleurs versés en partant?
Est-il vrai que ces tristes plaintes
Sortissent d’un cœur inconstant?
Dieux! que vous êtes mensongère!
Maudit soit qui plus vous croira !
Nous verrons, volage bergère,
Qui premier s’en repentira.

Celui qui a gagné ma place
Ne vous peut aimer tant que moi;
Et celle que j’aime vous passe
De beauté, d’amour et de foi.
Gardez bien votre amitié neuve,
La mienne plus ne variera,
Et puis, nous verrons à l’épreuve
Qui premier s’en repentira.

(Philippe Desportes)

 

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Le boulanger (Jean Aicard)

Posted by arbrealettres sur 24 février 2020



Illustration: Alfred Desplanques
    
Le boulanger

— Que fais-tu là, boulanger ?
— Je fais du pain, pour manger.
Tu vois je pétris la pâte.
Le monde à faim ; je me hâte.

— Mais tu gémis, boulanger
— Je gémis… sans m’affliger :
Je geins, en brassant la pâte.
Le monde à faim ; je me hâte.

— Qu’as-tu fait là, boulanger ?
— J’ai, pour faire un pain léger,
Mis du levain dans la pâte.
Le monde à faim ; je me hâte.

— Que dis-tu donc, boulanger ?
— J’ai mes pelles à charger,
Quand J’aurai coupé ma pâte
Le monde à faim ; je me hâte

— Et puis après, boulanger ?
— Dans mon four, je vais ranger
Tous mes pains de bonne pâte.
Le monde à faim ; je me hâte.

— N’as-tu pas chaud, boulanger ?
— Si ; mais pour m’encourager,
La chaleur dore ma pâte
Que je retire en grand-hâte.

— Merci, brave boulanger
Le monde pourra manger !

(Jean Aicard)

 

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Nuit blanche (Michel Butor)

Posted by arbrealettres sur 29 novembre 2019



Illustration: Laurent S
    
Nuit blanche

Les bouteilles vidées, les couples désenlacés, on a secoué les nappes, les calèches s’en vont, baisers, la musique s’est tue, les fleurs ont détaché leurs pétales, échos, on a rangé les instruments, les arbres ont perdu leurs feuilles, lueurs, replié partitions et pupitres, les oiseaux se sont dissous dans le froid, pause, la Lune s’est répandue en neige, les flots se sont calmés, sommeil, un trait léger signale encore quelques balustres, les graviers et les vents se sont enrobés de silence, respiration, les marches deviennent transparentes, le mur, le sol, glissement, et même cette feuille de papier va disparaître.

(Michel Butor)

 

Recueil: Collation précédé de HORS-D’OEUVRE scandés par les SOUVENIRS ILLUSOIRES D’UN JAPON TRES ANCIEN
Traduction:
Editions: Seghers

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Je savais (Marie Noël)

Posted by arbrealettres sur 19 novembre 2019



Illustration: Edward Hopper
    
Je savais comment les meubles seraient rangés dans les chambres…
je savais quelles assiettes à ramages bleus j’allais poser sur la table…
je savais quelle porte s’ouvrirait tout à l’heure et qui entrerait…
je savais dans quelle ombre de la chambre je préparerais le berceau…

J’attendis. Les ans passèrent…
Et je m’en irai d’ici sans savoir ce qu’était une demeure humaine.

(Marie Noël)

 

Recueil: Les Chansons et les Heures / Le Rosaire des joies
Traduction:
Editions: Gallimard

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