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Poésie

Posts Tagged ‘rapace’

Les feuilles sont l’espoir des racines (Jacques Lacarrière)

Posted by arbrealettres sur 23 mars 2021




    
Les feuilles sont l’espoir des racines
Les fleurs, celui des branches
Et le bourgeon, celui de la ramure

Pour nous, quelle sève à notre espoir ?

Le ramage est l’espoir de l’oiseau
Le clapotis, celui des eaux
Le chuchotement, celui des vents

Pour nous, quel chant à notre espoir ?

La rose est l’espoir de la tige
Le bleu, celui de l’océan
Et le vert, celui du printemps

Pour nous quelle couleur à notre espoir ?

Le miel est l’espoir de la ruche
Le vin est celui de la vigne
Et la miche est celui du blé

Pour nous, quelle saveur à notre espoir ?

La proie est l’espoir du rapace
Le venin, celui du serpent
Le butin, celui du pirate

Pour nous, quel destin à notre espoir ?

(Jacques Lacarrière)

 

Recueil: A l’orée du pays fertile
Traduction:
Editions: Seghers

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Oiseau amoureux (Jean-Baptiste Besnard)

Posted by arbrealettres sur 27 août 2020



Oiseau amoureux

J’évolue en rasant la surface du sol,
Car je suis cet oiseau, rapace ou rossignol
Qui règne dans les airs, oiseau cherchant sa proie
D’un regard qui fascine, oiseau chantant la joie
Au lever du soleil, dans le ciel du matin
Alors que tu revêts ta robe de satin,
Que, devant ton miroir, tu tords avec adresse
Ta chevelure brune en une longue tresse.

Discrètement je frappe à la vitre du bec,
Rossignol au cœur tendre ou rapace au cœur sec,
Tu ouvres la fenêtre et caresses ma plume
Qui porte encor sur elle un lambeau de la brume.
Fermant, pour me garder, de ton cœur la prison
Et je reste à jamais captif dans ta maison.

(Jean-Baptiste Besnard)


Illustration: Bernard Fideler

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Qu’est-ce que le regard? (Philippe Jaccottet)

Posted by arbrealettres sur 13 mai 2020



oeil [1280x768]

 

Qu’est-ce que le regard?

Un dard plus aigu que la langue
la course d’un excès à l’autre
du plus profond au plus lointain
du plus sombre au plus pur

un rapace

(Philippe Jaccottet)

Illustration

 

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Si j’embaumais en moi l’amour (François Mauriac)

Posted by arbrealettres sur 14 septembre 2019



Si j’embaumais en moi l’amour que je te voue,
Si je te couchais, morte, avec les autres morts,
La terre frémirait toujours de jeunes corps,
La lueur de ton sang rougirait d’autres joues.

Si je crevais mes yeux, tous les yeux inconnus
Du monde flamberaient dans ma nuit éternelle,
Et mon esprit rapace irait brûler ses ailes
Aux grands phares vivants que je ne verrais plus.

(François Mauriac)

 

 

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Tout est en ordre (Anna Akhmatova)

Posted by arbrealettres sur 22 mars 2019



Tout est en ordre : le poème
Se tait comme il convient à sa nature.
Mais quand le motif se détache,
Il frappe du poing à la vitre, —
Et l’on entend l’écho lointain
De cet appel, un bruit atroce, —
Un clapotis, un cri de rapace, une plainte,
Et l’on a la vision de mains en croix.

(Anna Akhmatova)

Illustration: Danielle Decollonge

 

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ASCÈSE VERS L’INVISIBLE (Jean-Claude Xuereb)

Posted by arbrealettres sur 18 août 2018



 

Remedios Varo Uranga_Création de l’artiste suivant les vibrations du violon de son cœur [1280x768]

ASCÈSE VERS L’INVISIBLE

Voyageur immobile autour de l’écritoire
j’entrevois un sage — silhouette voûtée —
en marche pas à pas vers son aire sacrée
il sait qu’il s’effondrera avant de l’atteindre
portant il continue de pousser son corps
entre appel du gouffre et cognements des artères

Il rêve du compagnonnage d’un disciple
sur l’épaule duquel il pourrait s’appuyer
aux moindres défaillances du coeur ou des muscles
qui saurait lire la graphie des chemins
et décrypter la connivence des étoiles

Mais il va seul vers une improbable rencontre
ses forces s’épuisent sa vue baisse il ne sait
qui il est qui l’attend le surveille invisible
lui adresse des signes qu’il ne voit pas
dans la solitude qui précède la mort

Sur sa dépouille vont s’acharner les rapaces

(Jean-Claude Xuereb)

Illustration: Remedios Varo Uranga

 

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Du pic de la cime haute (Jean Richepin)

Posted by arbrealettres sur 13 juillet 2018



Illustration: Eric Itschert
    
Du pic de la cime haute
Je suis tombé comme un fou
Et me suis rompu le cou.
C’est bien fait, car c’est ma faute.

Je n’avais qu’à rester coi.
Mais j’ai voulu, trop rapace,
Saisir le bonheur qui passe
Et le retenir. Pourquoi?

Dans le ciel, à tire-d’aile,
Comme il planait d’un vol sûr,
Je pouvais bien dans l’azur
Le suivre d’un œil fidèle.

Mais, plein d’un fauve appétit,
Sans calcul, sans frein, sans règle,
J’ai fait comme le grand aigle
Qui veut nourrir son petit.

En voyant s’enfuir ma joie,
J’ai voulu la raccrocher,
Et j’ai contre le rocher
Brisé moi-même et ma proie.

(Jean Richepin)

 

 

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Paysages (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 23 mai 2018



Don Hong-Oai  005

Paysages

Derrière le visage et le geste
Les êtres taisent leur réponse
Et la parole dite alourdie
De celles qu’on ignore ou qu’on tait
Devient trahison

Je n’ose parler des hommes je sais si
Peu de moi

Mais le Paysage

Livré à mes yeux pour son reflet qui
Est aussi son mensonge glisse dans
Mes mots j’en parle sans remords
Reflet qui est moi-même et le visage
Des hommes mon unique tourment

Je parle de Désert sans quiétude
Sillonné des tourmentes du vent
Soulevé aux entrailles
Aveuglé de ses sables
Laissé aux solitudes sans toit
Jaune comme la mort
Qui parchemine
Face contre le soleil

Je parle
Des pas de l’homme si rares
En son aridité
Mais chéris comme le refrain
Jusqu’à l’autre passage
Du vent jaloux

Et de l’oiseau si rare
Qui de son ombre fuyante
Panse les blessures que donne le soleil

Et de l’arbre et de l’eau
Que l’on nomme Oasis
Du nom d’une femme aimée

Et je parle de la Mer rapace qui reprend
Les coquillages aux grèves
Les vagues aux enfants

Mer sans visage
Au cent visages de noyés
Qu’elle enroule d’algues
Rend glauques et glissants
Comme les bêtes marines

Mer insensée telle une histoire sans fin
Détachée de l’angoisse
Pleine de contes de mort

Et je parle de vallées ouvertes
Aux pas fertiles de l’homme
Au désordre de la fleur
De cimes confinées

De montagnes de clarté
Que dévore la fauve course des sapins

Et des sapins qui savent
L’accueil des lacs
La noirceur des sols
Et les sentiers qui errent

Echos de ces visages
Qui hantent nos matins.

(Andrée Chedid)

Illustration: Don Hong-Oai

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Ma renarde (René Char)

Posted by arbrealettres sur 26 avril 2018




    
Ma renarde, pose ta tête sur mes genoux.
Je ne suis pas heureux et pourtant tu suffis.

Bougeoir ou météore,
il n’est plus de coeur gros
ni d’avenir sur terre.

Les marches du crépuscule révèlent ton murmure,
gîte de menthe et de romarin, confidence échangée
entre les rousseurs de l’automne et ta robe légère.

Tu es l’âme de la montagne aux flancs profonds,
aux roches tues derrière des lèvres d’argile.

Que les ailes de ton nez frémissent.
Que ta main ferme le sentier
et rapproche le rideau des arbres.

Ma renarde, en présence des deux astres, le gel et le vent,
je place en toi toutes les espérances éboulées,
pour un chardon victorieux de la rapace solitude.

(René Char)

 

Recueil: Feuillets d’Hypnos
Traduction:
Editions: Gallimard

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Gibier (Thomas Vinau)

Posted by arbrealettres sur 30 mars 2018



Gibier

Ce matin le vent
a laissé dans ses yeux
juste assez
de cette petite sauvagerie
fraîche et décoiffée
qui fait du lapin
fuyant le rapace
un être légèrement
plus libre
que le rapace
à l’affût du gibier

lequel
a vraiment besoin
de l’autre
pour continuer

(Thomas Vinau)

Découvert chez la boucheaoreilles ici

 

 

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