ses pinceaux de plume,
ses tubes de crayon,
ses couleurs d’Angers,
ses toiles émerites,
ses encres de cygne,
nous l’adMIROns.
(Raymond Queneau)
Recueil: Miro oeuvre
Editions: Maeght
Posted by arbrealettres sur 24 avril 2023
ses pinceaux de plume,
ses tubes de crayon,
ses couleurs d’Angers,
ses toiles émerites,
ses encres de cygne,
nous l’adMIROns.
(Raymond Queneau)
Recueil: Miro oeuvre
Editions: Maeght
Posted in poésie | Tagué: (Raymond Queneau), admirer, émerite, couleur, crayon, cygne, pinceau, plume, pour, sencre, toile, tube | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 avril 2020
LA LIMACE
Limace pure et sans tache
dont la bave trace dans le dédale des bourraches
son espace tout en surface
limace vorace dont la fringale
ravage la salade automnale
limace âme sagace
semblable aux sargasses humaines
limace brave qui perpétue ta race
vivace malgré la haine du campagnard
limace trisyllabe limace méconnue
il faut te donner un peu d’affection
pour que tu continues paisiblement ton chemin
et que sur ta face s’efface la trace de ton angoisse
et celle de ta bave aussi
sur les soucis
(Raymond Queneau)
Posted in humour, poésie | Tagué: (Raymond Queneau), affection, angoisse, âme, bave, chemin, dédale, espace, face, fringale, haine, limace, paisiblement, perpétuer, pur, race, ravager, s'effacer, salade, souci, tache, tracer, vorace | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 2 avril 2020
Apprendre à voir
Les champs de blés mauves et les près rouge sang
Le tronc des arbres bleu le feuillage ocre ou brun
Les agneaux verts les chèvres jaunes et les vaches argentées
Le ruisseau de mercure et la mare de plomb
La ferme en sucre roux l’étable en chocolat
Pourquoi pas pourquoi pas pourquoi pas pourquoi pas
(Raymond Queneau)
Posted in poésie | Tagué: (Raymond Queneau), agneaux, apprendre, arbre, étable, blé, bleu, chocolat, fermé, maré, mercure, plomb, pourquoi, ruisseau, sucre, voir | 6 Comments »
Posted by arbrealettres sur 2 avril 2020
C’est jour de grève des boueux
on a la chance de pouvoir ce jour-là
jouer au chiffonnier au chineur
au brocanteur qui sait même à l’antiquaire
il y a un peu de tout
le choix est difficile
entre la poupée sans yeux sans bras sans nez
la boîte de sardines qui a perdu en chemin toutes ses sardines
la boîte de petits pois qui a perdu en chemin tous ses petits pois
le devoir déchiré qui a décroché non sans mal un zéro
le tube de pâte dentifrice qui a passé sous plusieurs compresseurs rouleaux
l’os l’arête le coton hydrophile
oui le choix est difficile
les poubelles bâillent au soleil de midi
toutes pleines de choses bonnes à cueillir
pour celui qui sait
tout à coup on aperçoit là… là… là…
une oeuvre d’art… d’art.. d’art…
abandonnée là… là… là…
par un philistin ignare
et sur laquelle on saute dare-dare
parfois c’est la Joconde que l’on retrouve ainsi
parfois c’est la Ronde de Nuit
parfois la Vénus de Milo
parfois le Radeau de la Méduse de Théodore Géricault
mais ce n’est pas tous les jours grève
jour de grève des boueux
(Raymond Queneau)
Posted in humour, poésie | Tagué: (Raymond Queneau), antiquaire, bâiller, boîte, boueux, brocanteur, chance, chemin, chiffonnier, chineur, choix, cueillir, dentifrice, devoir, difficile, grève, Joconde, oeuvre, os, poubelle, poupée, radeau, sardine, sauter, Vénus | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 22 janvier 2020
Quand Un fit l’amour avec Zéro
Les sphères embrassèrent les tores
Et les nombres premiers s’avancèrent
Tendant leurs mains vers les frais sycomores
Et les fractions continues blessées à mort
Dans le torrent des décimales muettes se couchèrent
Quand B fit l’amour avec A
Les paragraphes s’embrassèrent
Les virgules s’avancèrent
Tendant leur cou par-dessus les ponts de fer
Et l’alphabet blessé za mort
S’évanouit dans les bras d’une interrogation muette
(Raymond Queneau)
Posted in poésie | Tagué: (Raymond Queneau), alphabet, amour, blesser, cou, cygne, décimale, embrasser, fer, fraction, frais, interrogation, main, mort, muet, nombre, par-dessus, paragraphe, pont, s'avancer, s'évanouir, s'embrasser, se coucher, sphère, sycomore, tendre, tore, torrent, un, virgule, zéro | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 22 janvier 2020
Illustration: Etienne Adolphe Piot
Si tu t’imagines
si tu t’imagines
fillette fillette
si tu t’imagines
xa va xa va xa
va durer toujours
la saison des za
la saison des za
saison des amours
ce que tu te goures
fillette fillette
ce que tu te goures
Si tu crois petite
si tu crois ah ah
que ton teint de rose
ta taille de guêpe
tes mignons biceps
tes ongles d’émail
ta cuisse de nymphe
et ton pied léger
si tu crois petite
xa va xa va xa va
va durer toujours
ce que tu te goures
fillette fillette
ce que tu te goures
les beaux jours s’en vont
les beaux jours de fête
soleils et planètes
tournent tous en rond
mais toi ma petite
tu marches tout droit
vers sque tu vois pas
très sournois s’approchent
la ride véloce
la pesante graisse
le menton triplé
le muscle avachi
allons cueille cueille
les roses les roses
roses de la vie
et que leurs pétales
soient la mer étale
de tous les bonheurs
allons cueille cueille
si tu le fais pas
ce que tu te goures
fillette fillette
ce que tu te goures
(Raymond Queneau)
Posted in poésie | Tagué: (Raymond Queneau), amour, avachi, émail, étaler, beau, biceps, bonheur, croire, cueillir, cuisse, droit, durer, faire, fête, fillette, graisse, guêpe, jour, léger, marcher, menton, mer, mignon, muscle, nymphe, ongle, pétale, pesant, petit, pied, planète, ride, rond, rose, s'approcher, s'en aller, s'imaginer, saison, se gourer, soleil, sournois, taille, teint, toujours, tourner, tripler, véloce | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 19 décembre 2019
En sortant de sa cabane
le bûcheron se demande
s’il ne va pas neiger
pas un nuage
le bûcheron regarde le thermomètre
il fait trente-trois degrés
pas une brise
le bûcheron regarde le calendrier
on est le quatorze juillet
pas un souffle
le bûcheron suce son index
et le tend vers le ciel
le soleil fleurit
inondant la clairière
de ses étincelles
on ne saurait trop se méfier
le bûcheron se demande
s’il ne va pas neiger
(Raymond Queneau)
Posted in humour, poésie | Tagué: (Raymond Queneau), étincelle, bûcheron, brise, cabane, calendrier, ciel, clairière, fleurir, index, inonder, neiger, nuage, perplexité, regarder, se demander, se méfier, soleil, sortir, souffle, tendre, thermomètre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 2 septembre 2018
Illustration: Robert Doisneau
L’ÉCOLIER
J’écrirai le jeudi j’écrirai le dimanche
quand je n’irai pas à l’école
j’écrirai des nouvelles j’écrirai des romans
et même des paraboles
je parlerai de mon village je parlerai de mes parents
de mes aïeux de mes aïeules
je décrirai les prés je décrirai les champs
les broutilles et les bestioles
puis je voyagerai j’irai jusqu’en Iran
au Tibet ou bien au Népal
et ce qui est beaucoup plus intéressant
du côté de Sirius ou d’Algol
où tout me paraîtra tellement étonnant
que revenu dans mon école
je mettrai l’orthographe mélancoliquement
(Raymond Queneau)
Posted in humour, poésie | Tagué: (Raymond Queneau), aïeul, aller, école, écolier, écrire, étonnant, bestiole, broutille, champ, décrire, dimanche, intéressant, jeudi, mélancoliquement, nouvelle, orthographe, parabole, parents, parler, pré, revenir, roman, village, voyager | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 3 juillet 2018
Illustration: Maurice Lemaître
SUR UN PETIT AIR DE FLÛTE
Dans les temps bucoliques
le poète se disait doué de pouvoirs magiques
tout en se demandant avec inquiétude
où vais-je chercher toutes ces belles choses ?
suis-je une petite machine
qui rédige consciencieusement ce qui lui a été programmé ?
heureusement qu’il y a les ratures
ce qui donne le droit de parler de littérature
(Raymond Queneau)
Cent mille milliards de poèmes
Posted in humour, méditations, poésie | Tagué: (Raymond Queneau), air, bucolique, chercher, consciencieusement, doué, droit, flûte, heureusement, inquiétude, littérature, machine, magique, parler, poète, pouvoir, programmer, rature, temps | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 13 juin 2018
Illustration
POUR UN ART POÉTIQUE
Prenez un mot prenez-en deux
faites-les cuir’ comme des oeufs
prenez un petit bout de sens
puis un grand morceau d’innocence
faites chauffer à petit feu
au petit feu de la technique
versez la sauce énigmatique
saupoudrez de quelques étoiles
poivrez et puis mettez les voiles
où voulez-vous en venir ?
À écrire
Vraiment ? à écrire ? ?
(Raymond Queneau)
Posted in humour, poésie | Tagué: (Raymond Queneau), art, écrire, énigmatique, étoile, chauffer, cuire, feu, innocence, morceau, oeuf, poétique, poivrer, sauce, saupoudrer, sens, technique, verser, voile | Leave a Comment »