Le nom le plus doux que j’ai jamais entendu :
Maria, Maria, Maria, Maria…
Toutes les mélodies du monde réunies en un seul mot…
Maria, Maria, Maria, Maria…
Maria !
Je viens de rencontrer une fille qui s’appelle Maria,
Et soudain, ce nom
Ne sera plus jamais le même
Pour moi.
Maria !
Je viens d’embrasser une fille qui s’appelle Maria,
Et soudain je réalise
À quel point un nom
Peut être beau
Maria !
Crie-le, et cela devient une musique
Murmure-le, c’est presque une prière.
Maria,
Je ne peux pas m’empêcher de répéter son nom !
Le plus beau nom que j’ai jamais entendu.
Maria.
***
Maria …
The most beautiful sound I ever heard:
Maria, Maria, Maria, Maria …
All the beautiful sounds of the world in a single word . .
Maria, Maria, Maria, Maria …
Maria!
I’ve just met a girl named Maria,
And suddenly that name
Will never be the same
To me.
Maria!
I’ve just kissed a girl named Maria,
And suddenly I’ve found
How wonderful a sound
Can be!
Maria!
Say it loud and there’s music playing,
Say it soft and it’s almost like praying.
Abandonnés comme
des vœux non réalisés
cailloux dans le fleuve.
***
Achtergelaten
als onvervulde wensen
keien in de stroom
***
Abandonados
como incumplidos deseos
guijarros en el río
***
Forgotten behind
like unfulfilled desires
pebbles in the stream
***
Lasciàti indietro
come voglie insaziate
sassi del fiume
***
(Germain Droogenbroodt)
Recueil: Gouttes de rosée Cent haïkus
Traduction: Français Elisabeth Gerlache / Néerlandais l’original / Espagnol Rafael Carcelén / Anglais Stanley H. Barkan / Italien Silvia Pio / Japonais Taeko Uemura – Mariko Sumikura
Editions: POINT et Boeken Plan(P0ésie INTernationale)
L’heure tant attendue est venue : terminé, l’ouvrage de tant d’années.
D’où vient alors cette étrange tristesse qui me tenaille en secret ?
Ou, l’exploit réalisé, serais-je comme l’ouvrier inutile
étranger à toute entreprise une fois le salaire reçu ?
Vais-je regretter ce travail, compagnon silencieux des nuits,
ami de l’Aurore aux doigts d’or et de pénates sacrées ?
***
(Alexandre Pouchkine)
Recueil: L’heure de la nuit Poèmes
Traduction: Christiane Pighetti
Editions: De la Différence
Il y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n’était pas le théâtre et le drame de mon coucher n’existait plus pour moi,
quand un jour d’hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j’avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé.
Je refusai d’abord et, je ne sais pourquoi, me ravisai.
Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblaient avoir été moulées dans la valve rainurée d’une coquille de Saint-Jacques.
Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé
où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine.
Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis,
attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi.
Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause.
Il m’avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire,
de la même façon qu’opère l’amour, en me remplissant d’une essence précieuse: ou plutôt cette essence n’était pas en moi, elle était moi.
J’avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel.
D’où avait pu me venir cette puissante joie ?
Je sentais qu’elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu’elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature.
D’où venait-elle ? Que signifiait-elle ? Où l’appréhender ?
Je bois une seconde gorgée où je ne trouve rien de plus que dans la première, une troisième qui m’apporte un peu moins que la seconde.
Il est temps que je m’arrête, la vertu du breuvage semble diminuer.
Il est clair que la vérité que je cherche n’est pas en lui, mais en moi.
Il l’y a éveillée, mais ne la connaît pas, et ne peut que répéter indéfiniment,
avec de moins en moins de force, ce même témoignage que je ne sais pas interpréter
et que je veux au moins pouvoir lui redemander et retrouver intact, à ma disposition, tout à l’heure, pour un éclaircissement décisif.
Je pose la tasse et me tourne vers mon esprit. C’est à lui de trouver la vérité.
Mais comment ? Grave incertitude, toutes les fois que l’esprit se sent dépassé par lui-même ;
quand lui, le chercheur, est tout ensemble le pays obscur où il doit chercher et où tout son bagage ne lui sera de rien.
Chercher ? pas seulement : créer.
Il est en face de quelque chose qui n’est pas encore et que seul il peut réaliser, puis faire entrer dans sa lumière.
Sadako Sasaki, fillette leucémique irradiée à Hiroshima,
tenta de plier 1000 grues de papier pour que,
selon le proverbe, son voeu : continuer à vivre se réalise.
Avant de mourir, sans dévier de son but,
elle parvint à réaliser 644 de ces oiseaux hautement symboliques au Japon.
Ce sont les enfants de sa classe qui confectionnèrent les origamis manquants
afin de parvenir jusqu’à mille.
(Chantal Dupuy-Dunier)
Recueil: Mille grues de papier
Traduction:
Editions: Flammarion