Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2020

AVEC L’HERBE
À Berthold Mahn
Ah ! que je vous regarde avec des yeux fervents,
Arbres grandis ici et là sans contrainte,
Mes frères qu’on n’a pas comptés et mis en rangs
Et qui mêlez doucement vos bras et vos têtes !
Que je ne te force pas à tomber avant l’heure,
Petite feuille d’or qui rêves en te berçant ;
Tu naquis pour danser dans l’air et la lumière,
Reste jusqu’à la fin de ta danse et de ton sang !
Ah ! et toi, gazon vif, herbe populeuse, heureux peuple
Que font jouer les vents et l’ombre des nuages ;
Clémence de la terre ! Espérance invincible
Qui renaît de la cendre et qui perce la neige !
Qu’en toi je m’agenouille et que je cache en toi,
Herbe, ma face d’homme qui fait fuir les bêtes !
Que je sois confondu à ta taille ; et ta loi,
Que je la réapprenne et qu’elle me relève !
Brins verts contre ma bouche et que mon souffle fait trembler,
Je vous confie la détresse de l’homme
Et la honte où il est d’avoir encore abandonné
Le soin de son royaume au rebut des âmes.
Herbe que rajeunit et lave chaque aurore,
Je convie en ton cœur les cœurs toujours aimants ;
Je convie en ton cœur ces peuples vieux qui pleurent,
Repliés sous un joug sanglant !
(Charles Vildrac)
Recueil: Chants du désespéré (1914-1920) –
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 22 octobre 2019

Illustration: René Magritte
Que l’attache sacrée se rompe,
et le langage paraît être un ornement du néant.
Réapprendre la réalité par coeur.
(Pierre Oster)
Recueil: Paysage du Tout
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 30 juillet 2018

Réapprendre, refaire la découverte du monde,
retrouver la beauté nue de chaque chose
et ce rapport des simples outils
avec le bras tendu ou levé de l’artisan.
(Jean Follain)
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Posted by arbrealettres sur 17 novembre 2017

Il y a des fragments de paroles
au fond de toutes les choses,
comme des restes d’une antique semence.
Pour les trouver
il faut récupérer le balbutiement
du commencement ou de la fin.
Et à partir de l’oubli des noms
réapprendre à épeler les paroles,
mais à partir du revers des lettres.
Peut-être découvrirons-nous alors
qu’il ne faut pas compléter ces fragments,
car chacun est une parole entière,
une parole de langage oublié.
Il est même possible que nous trouvions en chaque chose
un texte complet,
un texte réservé et protégé
qu’il ne faut pas lire pour le comprendre.
(Roberto Juarroz)
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Posted by arbrealettres sur 5 juin 2016

Intempéries 1999
Au-delà des vignes naufragées
au-delà des maisons éventrées
et des rêves partis en fumée,
au-delà des yeux qui ont tout perdu,
au-delà des vies que la pluie a humiliées,
dans la blessure la plus vive de l’esprit
la cicatrice fait son oeuvre de tendresse :
des oiseaux innocents réapprennent
à chanter dans le silence des gens.
(René Depestre)
Illustration
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