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Posts Tagged ‘récif’

Tu dis la prune (Max-Pol Fouchet)

Posted by arbrealettres sur 21 mars 2023



Martin Jarrie 4 [1280x768]

Tu dis la prune
Et tu penses au noyau

Tu dis la hune
Et tu penses au récif

Tu dis l’homme
Et tu penses aux copeaux

Mais dis-tu seulement ?

(Max-Pol Fouchet)

Illustration: Martin Jarrie

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ô jeune homme pleure tout ton soûl ! (Abdourahman A. Waberi)

Posted by arbrealettres sur 4 août 2022



Ô jeune homme pleure tout ton soûl !
Désorienté comme l’étoile dilacérante
Sans soleil ni fourmillant récif
Ton oeil quête son Orient par devers toi
Ta conscience: un manteau d’emprunts usé

(Abdourahman A. Waberi)

Découvert ici: http://www.ipernity.com/blog/lara-alpha
 

 

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IDOLES (Marguerite Yourcenar)

Posted by arbrealettres sur 30 avril 2022



Illustration: Philippe de Champaigne
    

IDOLES

Amour, je t’ai d’abord
Gavé de chair et d’or
Comme un César farouche;
Incube au sein pesant, Ton
baiser épuisant A fatigué
ma bouche.

Je t’ai revu, sanglant, Tu
marchais, chancelant
Sous la terrible équerre;
Messie au flanc percé,
À tes pieds j’ai versé

Tout le nard de la terre.
Tu souris, pâle et beau : Ta
chair m’est un flambeau Fait
de cire et de flamme;
J’étreins, délice nu,
Ton visage inconnu
Identique à mon âme.

Je te verrai, pensif,
Sur le dernier récif,
Doux naufrageur des choses;
Sombre dieu sans dévots,
Quelque nuit tes pavots
Me guériront des roses.

(Marguerite Yourcenar)

 

Recueil: Les charités d’Alcippe
Traduction:
Editions: Gallimard

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MARINE (Fernand Gregh)

Posted by arbrealettres sur 3 mars 2021



MARINE

Les mâts geignent sous les voiles,
Doucement,
Et bercent dans le gréement
Les étoiles.

Et le roulis si doux,
Si tranquille,
Que le pont semble immobile
Devant nous,

Et qu’à travers le ciel libre,
Au vent frais
Où l’écheveau des agrès
Tremble et vibre,

On dirait que, dans l’air bleu,
Oscillante,
C’est toute la nuit qui, lente,
Roule un peu…

A peine si la mer gronde
Aux bords sourds
D’un récifs que bat toujours
L’eau profonde.

L’humble odeur des foins fauchés
Du rivage
Glisse avec l’odeur sauvage
Des rochers.

L’ombre est orageuse et chaude ;
Dans les flots,
Un marsouin, près des hublots,
Souffle et rôde.

Et, sourd murmure à l’avant
Monotone,
J’écoute l’eau qui moutonne
En rêvant.

Oui, ce soir, dans le silence
De la nuit,
Le monde sans fin, sans bruit,
Se balance…

Et je suis aussi bercé
Sur l’eau grise
Je me sens parmi la brise
Balancé,

Au long murmure de la grève
Doux amer,
Par deux infinis, la mer
Et le rêve…

(Fernand Gregh)

Illustration: Geneviève Goulley

 

 

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Nirvâna (Sri Aurobindo)

Posted by arbrealettres sur 5 janvier 2021



Illustration
    
Nirvâna

Tout est aboli, hormis le Seul muet.
Le mental affranchi de la pensée et le coeur de la peine
deviennent dès lors étonnamment inexistants ;
il n’y a plus ni Je, ni Nature, connu-inconnu.
La ville, théâtre d’ombres sans couleur,
flotte et tremble, irréelle ; des formes sans relief
passent comme de vagues silhouettes dans un film ; tel un récif
sombrant dans les abysses sans rivage, le monde n’existe plus.

Le Permanent illimitable, seul,
est ici. Une Paix prodigieuse, sans visage, immobile
remplace tout — ce qui naguère était Je, est en Elle
un vide sans nom, silencieux, satisfait
de disparaître dans l’Inconnaissable
ou de plonger dans l’extase des mers lumineuses de l’Infini.

(Sri Aurobindo)

 

Recueil: Poésie
Traduction: Français Cristof Alward-Pitoëff
Editions: Sri Aurobindo Ashram Trust

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MARINE (Paul Verlaine)

Posted by arbrealettres sur 4 septembre 2020



MARINE

L’océan sonore
Palpite sous l’oeil
De la lune en deuil
Et palpite encore,

Tandis qu’un éclair
Brutal et sinistre
Fend le ciel de bistre
D’un long zigzag clair,

Et que chaque lame,
En bonds convulsifs
Parmi les récifs,
Va, vient, luit et clame,

Et qu’au firmament,
Où l’ouragan erre
Rugit le tonnerre
Formidablement.

(Paul Verlaine)

Illustration

 

 

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A celle qui est voilée (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 29 juin 2020



    

A celle qui est voilée

Tu me parles du fond d’un rêve
Comme une âme parle aux vivants.
Comme l’écume de la grève,
Ta robe flotte dans les vents.

Je suis l’algue des flots sans nombre,
Le captif du destin vainqueur ;
Je suis celui que toute l’ombre
Couvre sans éteindre son coeur.

Mon esprit ressemble à cette île,
Et mon sort à cet océan ;
Et je suis l’habitant tranquille
De la foudre et de l’ouragan.

Je suis le proscrit qui se voile,
Qui songe, et chante, loin du bruit,
Avec la chouette et l’étoile,
La sombre chanson de la nuit.

Toi, n’es-tu pas, comme moi-même,
Flambeau dans ce monde âpre et vil,
Ame, c’est-à-dire problème,
Et femme, c’est-à-dire exil ?

Sors du nuage, ombre charmante.
O fantôme, laisse-toi voir !
Sois un phare dans ma tourmente,
Sois un regard dans mon ciel noir !

Cherche-moi parmi les mouettes !
Dresse un rayon sur mon récif,
Et, dans mes profondeurs muettes,
La blancheur de l’ange pensif !

Sois l’aile qui passe et se mêle
Aux grandes vagues en courroux.
Oh, viens ! tu dois être bien belle,
Car ton chant lointain est bien doux ;

Car la nuit engendre l’aurore ;
C’est peut-être une loi des cieux
Que mon noir destin fasse éclore
Ton sourire mystérieux !

Dans ce ténébreux monde où j’erre,
Nous devons nous apercevoir,
Toi, toute faite de lumière,
Moi, tout composé de devoir !

Tu me dis de loin que tu m’aimes,
Et que, la nuit, à l’horizon,
Tu viens voir sur les grèves blêmes
Le spectre blanc de ma maison.

Là, méditant sous le grand dôme,
Près du flot sans trêve agité,
Surprise de trouver l’atome
Ressemblant à l’immensité,

Tu compares, sans me connaître,
L’onde à l’homme, l’ombre au banni,
Ma lampe étoilant ma fenêtre
A l’astre étoilant l’infini !

Parfois, comme au fond d’une tombe,
Je te sens sur mon front fatal,
Bouche de l’Inconnu d’où tombe
Le pur baiser de l’Idéal.

A ton souffle, vers Dieu poussées,
Je sens en moi, douce frayeur,
Frissonner toutes mes pensées,
Feuilles de l’arbre intérieur.

Mais tu ne veux pas qu’on te voie ;
Tu viens et tu fuis tour à tour ;
Tu ne veux pas te nommer joie,
Ayant dit : Je m’appelle amour.

Oh ! fais un pas de plus ! Viens, entre,
Si nul devoir ne le défend ;
Viens voir mon âme dans son antre,
L’esprit lion, le coeur enfant ;

Viens voir le désert où j’habite
Seul sous mon plafond effrayant ;
Sois l’ange chez le cénobite,
Sois la clarté chez le voyant.

Change en perles dans mes décombres
Toutes mes gouttes de sueur !
Viens poser sur mes oeuvres sombres
Ton doigt d’où sort une lueur !

Du bord des sinistres ravines
Du rêve et de la vision,
J’entrevois les choses divines… –
Complète l’apparition !

Viens voir le songeur qui s’enflamme
A mesure qu’il se détruit,
Et, de jour en jour, dans son âme
A plus de mort et moins de nuit !

Viens ! viens dans ma brume hagarde,
Où naît la foi, d’où l’esprit sort,
Où confusément je regarde
Les formes obscures du sort.

Tout s’éclaire aux lueurs funèbres ;
Dieu, pour le penseur attristé,
Ouvre toujours dans les ténèbres
De brusques gouffres de clarté.

Avant d’être sur cette terre,
Je sens que jadis j’ai plané ;
J’étais l’archange solitaire,
Et mon malheur, c’est d’être né.

Sur mon âme, qui fut colombe,
Viens, toi qui des cieux as le sceau.
Quelquefois une plume tombe
Sur le cadavre d’un oiseau.

Oui, mon malheur irréparable,
C’est de pendre aux deux éléments,
C’est d’avoir en moi, misérable,
De la fange et des firmaments !

Hélas ! hélas ! c’est d’être un homme ;
C’est de songer que j’étais beau,
D’ignorer comment je me nomme,
D’être un ciel et d’être un tombeau !

C’est d’être un forçat qui promène
Son vil labeur sous le ciel bleu ;
C’est de porter la hotte humaine
Où j’avais vos ailes, mon Dieu !

C’est de traîner de la matière ;
C’est d’être plein, moi, fils du jour,
De la terre du cimetière,
Même quand je m’écrie : Amour !

(Victor Hugo)

 

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Noir dans le noir (Clara Janès)

Posted by arbrealettres sur 7 juin 2020



Illustration: Hugues Crépin
    
Noir dans le noir
et dans le noir, du noir
que sillonne l’éclair.
La mer s’ouvre
et le blanc bondit
jusqu’au récif
d’où les rêves brûlent de
se fracasser.

Traduction en Français: Germain Droogenbroodt – Elisabeth Gerlache

***

Negro en el negro
y en el negro, negro
cruzado por el rayo.
Y se abre el mar
y salta la blancura
hasta el cantil
desde el que los sueños
querían despeñarse.

Espagnol (original) Clara Janès

***

Zwart in het zwart
en in het zwart, zwart
door de bliksem doorkruist.
De zee opent zich
en het wit springt
tot aan de klip
van waar de dromen
zich te pletter willen storten.

Traduction en Néerlandais: Germain Droogenbroodt

***

Schwarz in Schwarz
und im Schwarzen, schwarz
vom Blitz durchkreuzt.
Und das Meer öffnet sich
und das Weiß springt
bis zur Klippe
von der sich die Träume
stürzen wollen

Traduction en Allemand: Wolfgang Klinck

***


Traduction en Persan: Sepideh Zamani

***

Μαύρο μες στο μαύρο
και στο μαύρο το μαύρο
που φώτισε η αστραπή
κι η θάλασσα αφήνοντας τη λευκότη
απλώνεται
μέχρι πάνω στο λόφο
απ’ όπου όνειρα
θέλουν να ξαπεταχτούν
από μόνα τους.

Traduction en Grec: Manolis Aligizakis

***


Traduction en Indi: Jyotirmaya Thakur

***

Nero su nero
e nel nero, nero
attraversato dai fulmini.
E il mare si apre
getta il bianco
sugli scogli
dai quali i sogni
vogliono cadere in pezzi.

Traduction en Italien: Luca Benassi

***


Traduction en Japonais: Naoshi Koriyama

***

Niuru ntô niuru
E lu niuru , niuru
Spacctu d’un raggiu
E si apri lu mari
Sauta la biancura
Finu a li scogghi
finu a quannu li sonnura
si tuffanu a la lavanca.

Traduction en Sicilien: Gaetano Cipolla

***

O escuro no escuro
no escuro, escuro
atravessado pelo raio.
E o mar se abre
até o penhasco
desde que os sonhos
queiram precipitar-se.

Traduction en Portugais: José Eduardo Degrazia

***


Traduction en Russe: Rahim Karim

***

Negru din negru
și-n negru, alt negru
despicat de fulger.
Se desface marea
izbind spuma albă
de coasta falezei
de care visurile
ar vrea să se desprindă.

Traduction en Roumain: Gabriela Căluțiu Sonnenberg

***

Black in the black
and in the black, black
crossed by lightning.
And the sea opens up
and skips the whiteness
up to the cliff
from which dreams
want to throw hurl themselves.

Traduction en Anglais: Stanley Barkan

***

Siyahın içinde siyah
Ve siyahın içinde, siyah
Yıldırım çarpılmış
Ve deniz açılır
Ve beyazı atar
Resiflere kadar
Hangi rüyalardan
Kendilerini parçalamak isterler

Traduction en Turc: Serpil Devrim

***


Traduction en Arabe: Sarah Silt

***

黑色中的黑色
而黑色之中,黑色
被闪电划过。
而大海敞开
接着把白色抛起
甩给礁石
梦想要在这
礁石上撞开自己。

Traduction en Chinois: William Zhou

***

Czarno w czerni
i w czerni czerń
przecięta przez nagły rozbłysk.
I rozpościera się morze
i rozrzuca biel
aż po urwisko
z którego marzenia
usiłowały się roztrzaskać.

Traduction en Polonais Mirosław Grudzień – Małgorzata Żurecka /

***

(Clara Janès)

Recueil: ITHACA 633Editions: POINT
Site: http://www.point-editions.com/en/

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Salut (Stéphane Mallarmé)

Posted by arbrealettres sur 19 avril 2020



Salut

Rien, cette écume, vierge vers
A ne désigner que la coupe;
Telle loin se noie une troupe
De sirènes mainte à l’envers.

Nous naviguons, ô mes divers
Amis, moi déjà sur la poupe
Vous l’avant fastueux qui coupe
Le flot de foudres et d’hivers;

Une ivresse belle m’engage
Sans craindre même son tangage
De porter debout ce salut

Solitude, récif, étoile
A n’importe ce qui valut
Le blanc souci de notre toile.

(Stéphane Mallarmé)


Illustration: Victor-Louis Mottez

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Contre les récifs (Germain Droogenbroodt)

Posted by arbrealettres sur 26 janvier 2019




    
Contre les récifs
se déchirant sans arrêt
la mer houleuse.

***

De donder hamert
op het aambeeld van de zee
die de vonken dooft

***

Martillea el trueno
contra el yunque del mar
que extingue las chispas

***

The thunder hammers
on the anvil of the sea
extinguishing sparks

***

Il tuono martella
sull’incudine del mare
che placa scintille

***

(Germain Droogenbroodt)

 

Recueil: Gouttes de rosée Cent haïkus
Traduction: Français Elisabeth Gerlache / Néerlandais l’original / Espagnol Rafael Carcelén / Anglais Stanley H. Barkan / Italien Silvia Pio / Japonais Taeko Uemura – Mariko Sumikura
Editions: POINT et Boeken Plan(P0ésie INTernationale)

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