Posts Tagged ‘réciter’
Posted by arbrealettres sur 5 septembre 2022
Illustration: Kitty Crowther
COMPTINE D’ÉTÉ
à réciter sous le soleil avec un choeur d’insectes
L’été, je chasse les mots autant que les mouches bleues.
Et s’ils reviennent silencieux me tourner autour de la main,
je les écris aussitôt pour en avoir fini avec le chatouillis de leurs pattes de mouche.
(Carl Norac)
Recueil: Petits poèmes pour passer le temps
Traduction:Editions: Didier Jeunesse
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Posted by arbrealettres sur 2 janvier 2022

Illustration
Tu récites pour toi seul des vers anciens
et tout en toi-même est plus proche et plus nu.
sous le masque du dormeur le temps doucement va
les années les minutes les semaines les mois.
il te souvient des femmes dans la rue l’une
aux maigres épaules portant des choses lourdes.
l’autre passait avec des gestes d’adieu belle
comme une île ou une phrase inachevée.
celle-ci qui riait aux éclats dans le feuillage
obscur et dont le nom était imprononçable.
et celle-là voyageuse aux couleurs du monde
avec ses énormes bagages et ses robes lyriques.
à l’autre bout de ta nuit ceux que nul ne connaît
qui ne font aucun détour posant cartes sur table.
et ceux qui emportent dans leur coeur leur ordure
et leur toit des chiens morts des rouleaux secrets des fleurs nouvelles.
ta mère aux bras flottants qui ne pouvait comprendre
toute ronde si petite et les yeux couleur d’encre.
tu as pris dans ses yeux le goût de l’être et des iris
mais tout s’éloigne ainsi qu’un vol d’oiseaux. le ciel
se déplace. et ça n’en finit pas les errances
à travers nuits et jours au gré des vents, la vie
ses mornes champs ses gares ses travaux ses villages
ses grimaces, la tristesse sur la face des gens.
et l’infini désert recommence au matin :
tu récites pour toi seul des vers anciens.
(Lionel Ray)
Recueil: Le nom perdu
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 2 juillet 2021

Illustration
Désirs en combustion
Lorsque je regarde les enfants qui étudient
Me reviennent en mémoire ces rêves de lire, d’écrire
Ces désirs de devenir quelqu’un en étudiant
Tant que Père était en vie
J’allais même à l’école avec lui
Sur le sol en terre battue de la maison
J’écrivais j’effaçais les lettres
Je répétais par coeur plusieurs poèmes
Comme ça, pour jouer
Afin de comprendre un mot
Je posais des milliers de questions.
Mais… Père alors…
À présent…
À présent, j’ai vu Maman pétrir la terre des heures durant
J’ai vu des traces de terre se former sur son front
Puis dégouliner
Alors qu’elle repoussait les mèches de ses cheveux
Avec ses mains couvertes de terre
Parfois j’ai vu dans cette terre
Le sel de ses larmes
Se muer spontanément en terre
Alors les pages de mes livres
Ont commencé à allumer le feu
De branches humides dans le foyer
Ces pages où étaient écrites
Les poésies qu’en rythme
J’avais l’habitude de réciter à Père!
***


(Madhu)
Recueil: Pour une poignée de ciel Poèmes au nom des femmes dalit (Intouchable)
Traduction: Traduit du Hindi par Jiliane Cardey
Editions: Bruno Doucey
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Posted by arbrealettres sur 30 mai 2021

La petite fille
– Petite fille, as-tu mangé?
– Oui, maman, tout le pain perdu.
– Petite fille, as-tu bien bu ?
– Oui, maman, tout le bol de thé.
– Petite fille, et ton devoir ?
– Je viens de le faire au brouillon.
– Petite fille, et ta leçon ?
– Je la sais depuis hier au soir.
– Petite fille, et ta poupée ?
– Maman, j’ai dû la corriger.
Elle n’a rien voulu manger,
Puis elle n’a rien voulu boire,
Elle n’a pas fait son devoir.
Quant à réciter sa leçon,
Elle est plus muette qu’un poisson.
(Maurice Carême)
Illustration: Albert Anker
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Posted by arbrealettres sur 4 mai 2021

Illustration: Philippe Abril
UNE MAISON LÀ-BAS
Une maison là-bas
avec sa porte ouverte
et ses deux tourterelles
récitant inlassablement le nom de l’absent
Une maison là-bas
avec son puits profond
et sa terrasse aussi blanche
que le sel des constellations
Une maison là-bas
pour que l’errant se dise
j’ai lieu d’errer
tant qu’il y aura une maison là-bas
(Abdellatif Laâbi)
Recueil: L’arbre à poèmes Anthologie personnelle 1992-2021
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 18 mars 2021

EMPÉDOCLE
«J’ai rêvé d’un suicide où dans la conquête et le dépassement de la mort
il me serait loisible de regretter pour la première fois le monde, de poursuivre mon geste
avec la certitude qu’il est absurde et vain.
Je devine, en mes chairs, un fourmillement d’êtres oisifs qui n’attendent que ma mort pour naître. »
Quarante ans de méditation ont conduit Empédocle dans le cratère du Stromboli.
À cet instant, pour la première fois,
il a vu un volcan, un ciel bleu, une fumée sulfureuse,
une mort apprise chaque jour et enfin récitée dans le feu de la terre.
(Jacques Lacarrière)
Recueil: A l’orée du pays fertile
Traduction:
Editions: Seghers
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Posted by arbrealettres sur 15 mars 2021

[…]
noire la page où je t’écris
je t’écris parce que tu ne sais plus écrire que tu
récites sans te tromper l’alphabet du néant
je t’écris sans écrire
les passants marchent sur mes mots
mes consonnes sont rêches mes
voyelles sont nues
je t’écris pour éteindre le feu qui dévore mes doigts dès qu’ils
touchent ton nom
Dieu de l’oubli
dans quelle poche gardes-tu ceux qui partent
et pourquoi permets-tu que l’on se souvienne
(Vénus Khoury-Ghata)
Recueil: Demande à l’obscurité
Traduction:
Editions: Mercure de France
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Posted by arbrealettres sur 2 février 2021

Illustration: Catherine Suchocka
CAMONIENNE
Qui es-tu, barbara, qui demeures
dans un poème que l’on étudie et récite
dans les écoles,
— toi qui t’es limitée à être aimée
d’un poète qui, peut-être, ne t’a
rien donné d’autre en échange de cet amour
qu’un poème que toi, peut-être,
tu n’as jamais entendu? Qui es-tu,
ô femme plus réelle que ce
poète qui t’a chantée, et dont nul ne
sait rien — si ce n’est
qu’il t’a aimée, et mise dans
ce poème où tu vis encore, et respires,
comme au jour où il l’a écrit,
se rappelant ton corps, et tes
lèvres, et les jours, ou les nuits,
qu’il passa près de toi? Qui es-tu,
femme réelle et rêvée qui habites
tous les poèmes que ce poème
a inspirés, et tous les rêves qui
ont trouvé en cette barbara une image
précise et définitive ? Retourne-toi,
dans ces vers, pour que nous voyions
ton visage, et dis-nous ton nom — ton nom
authentique, et non pas celui que le poète
a inventé pour t’appeler dans un poème
qui ne garde le secret que de toi seule ;
et ensuite, dors, oublie
ce que l’on a dit de toi, et les commentaires
dont tu as été le prétexte, et les images
où chaque fois davantage, tu as perdu
cette image unique, la tienne.
(Nuno Jùdice)
Recueil: Un chant dans l’épaisseur du temps suivi de méditation sur des ruines
Traduction: Michel Chandeigne
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 28 septembre 2020

CHENGDU
Les nuages qui survolent les montagnes de Jade
ressemblent aux changements de l’histoire
– Du Fu –
Les fleurs s’épanouissaient de manière charmante
aux alentours tout était vert
paisible et rêveur
tels les pandas dans les arbres.
La poésie résonnait en langues
que l’on pouvait ou non comprendre.
Les chinois récitaient leurs poèmes à gorge déployée
annonçant Le changement ?
Fascinants la danse et le show,
mais le poète restait prudent
méditant et inquiet
de l’avenir du temps.
(Poème écrit pour le Festival International de Poésie de Chengdu, Chine 2019)
***
CHENGDU
Flying clouds over the Jade Mountains
Are like the changes of history
– Du Fu
Flowers were blooming so gaily,
and all around was green
peaceful and dreamingly
like the pandas in the trees.
Poetry echoed in tongues
One could or couldn’t understand.
Chinese poems were shouted,
announcing The Change?
The dance and the show were fascinating.
But the poet remained thoughtful,
meditating and questioning
the future of Time.
***
成 都
玉垒浮云变古今
——杜甫
花朵如此欢快地绽放,
周围绿草茵茵
宁静而梦幻
就像熊猫在树上
诗歌语言中回响
你能或不能理解
中国诗歌被吼叫
在宣告“改变”?
舞蹈和表演很迷人
但诗人仍然在沉思
在冥想和怀疑
时间的未来。
***
Λουλούδια
Χαρούμενα π’ ανθίζουν τα λουλούδια
με πράσινο ένα γύρο
σαν τ’ όνειρο αθώο
σαν πάνδας μες στα δέντρα
Ποίηση που ηχεί σε γλώσσες
που δεν καταλαβαίνεις.
Κινέζικα ποιήματα ακούστηκαν
που ανακοίνωναν την Αλλαγή
Χορός και χιόνι γιόρταζαν
μα σκεπτικός ο ποιητής
ρωτά και διαλογίζεται
χρόνο μελλοντικό.
***
CHENGDU
De wolken die over het Jadegebergte voorbijtrekken
zijn zoals de veranderingen van de geschiedenis
Du Fu
De bloemen bloeiden zo liefelijk
en overal rond was het groen
vredig en dromerig
zoals de panda’s in de bomen.
Poëzie weerklonk in talen
die men al dan niet begrijpen kon
De Chinezen reciteerden hun gedichten luidkeels,
verkondigend De Verandering?
Fascinerend de dans en de show,
maar de dichter bleef bedachtzaam
mediterend en bezorgd
over toekomst van de tijd.
***
CHENGDU
Las nubes que pasan sobre las montañas de jade
son como los cambios de la historia
Du Fu
Las flores germinaban alegremente
y todo alrededor era verde
pacífico y soñador
como los pandas en los árboles.
La poesía resonaba en los idiomas
que uno podía entender o no
Gritaban sus poemas los chinos
¿anunciando El Cambio?
Fascinante fue el baile y el espectáculo,
pero el poeta permaneció pensativo,
meditando y cuestionando
el futuro del tiempo.
***
CHENGDU
Fliegende Wolken über den Jadebergen
Sind wie die Veränderungen der Geschichte.
– Du Fu
Die Blumen blühten so heiter,
und überall herum war grün.
friedlich und verträumt
wie die Pandas in den Bäumen.
Die Poesie erklang in Sprachen
die man entweder oder nicht verstehen konnte.
Die Chinesen deklamierten ihre Gedichte lärmend/laut,
verkündigend Die Veränderung?
Faszinierend der Tanz und die Schau,
aber der Dichter blieb nachdenklich,
meditieren und besorgt
über die Zukunft der Zeit.
***
CHENGDU
Flying clouds over the Jade Mountains
Are like the changes of history
– Du Fu
Flowers were blooming so gaily,
and all around was green
peaceful and dreamingly
like the pandas in the trees.
Poetry echoed in tongues
one couldn’t understand.
Chinese poems were shouted,
announcing The Change?
The dance and the show were fascinating.
But the poet remained thoughtful,
meditating and questioning
the future of Time.
***
CHENGDU
Le nuvole che volano sopra le montagne di Giada
sono come i cambiamenti della storia
– Du Fu
Con tale gioia sbocciavano i fiori,
e tutto intorno era verde
nella pace nel sogno
come i panda sugli alberi.
Eco di poesia sulle lingue
che nessuno poteva capire.
poesie erano gridate in cinese,
annunciando il Cambiamento?
Lo spettacolo e la danza erano affascinanti.
ma il poeta rimase pensieroso,
meditabondo e perplesso
sul futuro del Tempo.
***
CHENGDU
As nuvens que passam sobre as montanhas de jade
são como as mudanças da história
Du Fu
As flores germinavam alegremente
e tudo ao redor era verde
pacífico e sonhador
como os pandas nas árvores.
A poesia ressoava nos idiomas
que cada um podia entender ou não
gritavam os chineses os seus poemas
anunciando A MUDANÇA?
Fascinante foi o baile e o espetáculo
mas o poeta permaneceu pensativo,
meditando e questionando
o futuro do tempo.
***
CHENGDU
Norii plutesc deasupra munților de jad
asemeni trecătoarelor schimbări istorice
– Du Fu
Creșteau voioase florile
și-n jurul lor era totul de-un verde
la fel de pașnic și de visător
ca urșii panda tolăniți pe ramuri.
Vibrau în aer poezii
pe limbi neînțelese.
Chineze vorbe, oare prevesteau
Schimbarea presupusă?
Pașii și jocul fascinant
poetului nu-i alungară tulburarea,
rămase meditând îngrijorat,
la mersul vremurilor viitoare.
***

***

(Germain Droogenbroodt)
Recueil: ITHACA 604
Traduction: Français Germain Droogenbroodt Elisabeth Gerlache / Anglais Germain Droogenbroodt / Chinois William Zhou / Grec Manolis Aligizakis / Néerlandais Germain Droogenbroodt / Espagnol Rafael Carcelén / Allemand Wolfgang Klinck / Anglais Stanley Barkan / Italien Luca Benassi / Portugais José Eduardo Degrazia / Roumain Gabriela Căluțiu Sonnenberg / Hébreu Dorit Wiseman / Indi Jyotirmaya Thakur /
Editions: POINT
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Posted in haïku, poésie | Tagué: (Germain Droogenbroodt), alentours, annoncer, arbre, avenir, changement, charmant, chinois, comprendre, danse, déployer, fasciner, fleur, gorge, inquiet, langue, manière, méditer, paisible, panda, poème, poète, poésie, prudent, réciter, résonner, rêveur, rester, s'épanouir, show, temps, vert | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 15 novembre 2019

Le champ a réveillé ses enfants
Son visage est choeur, ses mains sont cithare
Les oiseaux récitent leur passion
Un rossignol ravale sa langueur
Trempe sa corde
Dans le nectar de l’arbre
(Adonis)
Recueil: Lexique amoureux
Traduction: Vénus Khoury-Ghata Issa Makhlouf Houria Abdelouahed
Editions: Gallimard
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CAMONIENNE (Nuno Jùdice)
Posted by arbrealettres sur 2 février 2021
Illustration: Catherine Suchocka
CAMONIENNE
Qui es-tu, barbara, qui demeures
dans un poème que l’on étudie et récite
dans les écoles,
— toi qui t’es limitée à être aimée
d’un poète qui, peut-être, ne t’a
rien donné d’autre en échange de cet amour
qu’un poème que toi, peut-être,
tu n’as jamais entendu? Qui es-tu,
ô femme plus réelle que ce
poète qui t’a chantée, et dont nul ne
sait rien — si ce n’est
qu’il t’a aimée, et mise dans
ce poème où tu vis encore, et respires,
comme au jour où il l’a écrit,
se rappelant ton corps, et tes
lèvres, et les jours, ou les nuits,
qu’il passa près de toi? Qui es-tu,
femme réelle et rêvée qui habites
tous les poèmes que ce poème
a inspirés, et tous les rêves qui
ont trouvé en cette barbara une image
précise et définitive ? Retourne-toi,
dans ces vers, pour que nous voyions
ton visage, et dis-nous ton nom — ton nom
authentique, et non pas celui que le poète
a inventé pour t’appeler dans un poème
qui ne garde le secret que de toi seule ;
et ensuite, dors, oublie
ce que l’on a dit de toi, et les commentaires
dont tu as été le prétexte, et les images
où chaque fois davantage, tu as perdu
cette image unique, la tienne.
(Nuno Jùdice)
Traduction: Michel Chandeigne
Editions: Gallimard
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