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Poésie

Posts Tagged ‘reconnu’

Regarde moi! Regarde moi (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 30 novembre 2022



Regarde moi! Regarde moi.
Vous vous dites: les chevaux aussi demandent ça,
et les arbres et les fous et les pauvres,
et tout ce qui passe dans le temps – pour un temps.
Partout l’appel, partout l’impatience de la gloire, d’être aimé, reconnu,
partout cette langueur de l’exil et cette faim d’une vraie demeure
– les yeux d’un autre. Regarde moi! Regarde moi.

(Christian Bobin)

 

 

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PAS ENCORE (Claude Roy)

Posted by arbrealettres sur 5 février 2020



Illustration: Abel-Dominique Boyé
    
PAS ENCORE

Souvenir d’un après-midi d’août
dont je ne me souvenais pas
Je rêve un rêve déjà rêvé
puis oublié il y a longtemps

Je dormais sur l’herbe d’été
dans la prairie près de la rivière
Un grand rideau de peupliers
chuchotait sa langue de feuilles
et ses ombres bien alignées

Je rêvais d’une jeune femme
qui de l’autre côté de l’eau
sur l’ancien chemin de halage
marchait dans les herbes hautes

Elle traverse la passerelle d’écluse
et vient lentement à ma rencontre
Elle me sourit et dit à voix basse
« Il est trop tôt pour que ce soit nous »

C’était toi toi l’inconnue
la pas encore reconnue
toi qui n’est pas encore ma vie
mais qui viens vers moi en avance
dans un rêve ancien oublié

(Claude Roy)

 

Recueil: Claude Roy un poète
Traduction:
Editions: Gallimard Jeunesse

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TÉLÉGRAMME (Jean Tardieu)

Posted by arbrealettres sur 17 avril 2019




    
TÉLÉGRAMME

MOI JAMAIS CONTENT RESTER MÊME CHOSE
MOI TOUJOURS PARTIR NOUVEAU
FUIR ENNUI DU TOUJOURS MÊME
TOUJOURS ESPÉRER TROUVER FENÊTRE
AU BOUT TUNNEL APRÈS SUIE ET OMBRE
TOUJOURS VOULOIR BRISER ENTRAVES
OUVRIR PORTE SAUTER MONTER
LA-HAUT-LA OÙ NOIR-NOIR
S’ÉCARTE OÙ BRILLE AURORE
TOUJOURS FRAÎCHEUR TOUJOURS
INCONNU RECONNU.

(De nulle part. An zéro.
Signé : Personne.)

(Jean Tardieu)

 

Recueil: L’accent grave et l’accent aigu
Traduction:
Editions: Gallimard

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Un visage (François Cheng)

Posted by arbrealettres sur 24 février 2018


visagel

Un visage
Traversé
Par hasard
Désormais
unique

 

Un visage
Reconnu
Entre tous
Désormais
unique

L’univers
Répondant
A un nom
Prend visage
et sens

Où tu es
Ou n’es pas
Tout n’est plus
Que présence
absence

(François Cheng)

 

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LE POIDS DU SILENCE (Guy Goffette)

Posted by arbrealettres sur 13 février 2018



 

LE POIDS DU SILENCE

Les commencements sont nombreux, mais c’est toujours la même histoire,
celle d’un homme que le petit matin dans la rue saisit par le col,
alors qu’il était sorti pour acheter une baguette à la boulangerie.
Et voilà que ce qu’il croyait établi dans sa vie,
le chemin tracé, une femme avec un chat parmi les livres,
voilà que la rue humide et riante sous le premier
soleil avec son odeur de nouveau-né,
flanque tout par terre, le petit matin, le ciel, le chemin,la boulangerie,
et lui ne sait plus rien tout à coup,
ni qu’il avait faim, ni que l’amour existe
et qu’il eut dans sa vie la place du soleil, rien.

Quelque chose comme l’aile d’un ange ou d’un oiseau vient de le toucher,
et c’est comme s’il avait trébuché sur son ombre invisible à cette heure,
et la terre en le recevant ne l’a pas reconnu.
Son corps s’en va devant lui tout seul et il le regarde
sans étonnement ni effroi,
longer les couloirs de la ville et se perdre,
avec une sorte de demi-sourire,
comme celui de l’ange du porche dont il ne se souvient plus.

Il pèse tout juste le poids de son silence.

(Guy Goffette)

Illustration: Fan Ho

 

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J’écoute mais je ne sais pas (Sophia de Mello Breyner Andresen)

Posted by arbrealettres sur 11 novembre 2017



J’écoute mais je ne sais pas
Si ce que j’entends est le silence
Ou dieu

J’écoute sans savoir si j’entends
La sonorité des plaines du vide
Ou la conscience attentive
Qui des confins de l’univers
Me déchiffre et me fixe

Je sais juste que je chemine comme celui
Qui est vu aimé et reconnu
Et c’est pour cela que je mets en chaque geste
Le risque et la solennité

*

Escuto mas não sei
Se o que oiço é silêncio
Ou Deus

Escuto sem saber se estou ouvindo
O ressoar das planícies do vazio
Ou a consciência atenta
Que nos confins do universo
Me decifra e fita

Apenas sei que caminho como quem
É olhado amado e conhecido
E por isso em cada gesto ponho
Solenidade e risco

(Sophia de Mello Breyner Andresen)

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

Illustration: Edward Hopper

 

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Si la trace des dieux (Antoine-Marin Lemierre)

Posted by arbrealettres sur 30 juin 2016



Si la trace des dieux fut, dit-on, reconnue
Aux parfums qu’après eux ils laissaient dans la nue,
Que dans mes vers ainsi chaque trait aperçu,
Se sente du trépied où je l’aurai conçu;
Que le plus humble objet brille encor d’étincelles;

Même quand l’oiseau marche, on sent qu’il a des ailes.

(Antoine-Marin Lemierre)

Illustration: ArbreaPhotos  

 

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Un visage (François Cheng)

Posted by arbrealettres sur 13 juin 2016



 

Un visage
Traversé
par hasard
Désormais
unique

Un visage
Reconnu
Entre tous
Désormais
unique

L’univers
Répondant
A un nom
Prend visage
et sens

Où tu es
Ou n’es pas
Tout n’est plus
Que présence
absence

(François Cheng)

 

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ROMANCERO DU PROFIL PERDU (Louis Emié)

Posted by arbrealettres sur 15 mai 2016



 

Hans Bellmer  portrait Joe Bousquet  [1280x768]

ROMANCERO DU PROFIL PERDU

LE VISAGE
(Portrait de Joe Bousquet par Hans Bellmer.)
A Jean Ballard.

PRISE au piège d’un visage,
Une étoile de granit
Inonde ce paysage
Et veut y faire son nid.

Nébuleuse d’un désastre
Dont elle n’est qu’un lambeau,
Elle cesse d’être un astre
Pour éclairer ce tombeau.

Visage sur la muraille
Tout de pierre illuminé!
C’est sur un champ de bataille
Qu’avec lui cet autre est né…

Il s’arrache de la Terre
Et devient le survivant
Du vertige et du mystère
Dans un désert de grand vent.

Les pas de sa multitude
De lui seul vont s’approcher :
Ce profil de solitude
Change en homme ce rocher…

— J’habite (dit ce visage)
Dans une autre profondeur,
A la pointe d’un langage
Dont ma pénombre est la soeur.

«Je mesure ma présence
Au-delà de mon regard :
Un abîme est sa défense
Sur ces chemins de hasard.

«Si j’étais, à hauteur d’homme,
L’enfant de votre clarté,
Je me verrais mourir comme
Si je m’étais déserté.

« Mais une forme plus pure
Se dénoue entre mes bras :
Fleur de feu de ma blessure,
Je ne la nommerai pas…

« Quand j’émerge d’un silence
Par le mien ressuscité,
Cette voix, ma ressemblance,
Dédouble ma vérité.

« Je suis fait d’une parole
Qui déroule autour de moi
La spirale d’un symbole
Auquel ma nuit fait la loi.

« Ce masque d’or, cet échange,
Ce visage mis à nu,
Est-ce toi, ma forme d’ange,
Qui m’as enfin reconnu ?

« Je m’entends et je m’écoute
Où je suis, toujours plus loin,
Dans un monde que j’envoûte,
Mon épreuve, mon besoin…

« Cet orage que j’allume
Me dit qu’il fait toujours noir
Et que rien ne me consume
Quand je brûle sans me voir.

« Suis-je celui que je hante
Sur la piste de l’éclair,
Ce double de mon attente,
Ce dédale de ma chair ?

« Dans le chant qui me traverse
Je n’existe pas encor
Mais mon souffle ne disperse
Que les ombres du décor.

« De toute cette agonie,
De ce coeur sur mon amour,
Une obscure mélodie
Prolonge la fin du jour.

« Pour veiller jusqu’à l’aurore,
Je rassemble autour de moi
Ce visage que j’adore
Dans celui qu’il est pour toi… »

(Louis Emié)

Illustration: Hans Bellmer

 

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Nuit de la pluie attendue (Cédric Le Penven)

Posted by arbrealettres sur 23 février 2016



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Nuit de la pluie attendue
qu’exauce le désordre de ses cheveux
cherché et reconnu dans le labyrinthe des heures blanches
(demain nous agrandirons le verger, les fruits
de notre amour auront été épargnés par le gel)

(Cédric Le Penven)

Découvert ici: http://www.ipernity.com/blog/lara-alpha

Illustration: Adam Tan

 

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