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FRAÎCHEUR NOCTURNE (Juan Ramón Jiménez)

Posted by arbrealettres sur 9 mai 2022



FRAÎCHEUR NOCTURNE

Limbe de paix céleste descendue
— heure humide, refermée déjà
sur la nuit blanche qui se hâte :
dix heures en mon pauvre village ! — ;
puits blanc et fatal,
où vous devrez être tous enfouis
— songeant à moi peut-être —, parmi le lourd trésor
de ce ciel, automnal déjà, de septembre
— vendange, lit froid —, effondré
sous le poids de ses étoiles uniques.

***

RELENTE

¡Limbo de descendida paz celeste
—hora húmeda, cerrada
ya en su temprana trasnochez:
filas diez del pobre pueblo mío!—;
pozo blanco y fatal,
donde estaréis todos hundidos
—soñando en mí quizás—, entre el tesoro bajo
de este cielo, otoñal ya, de setiembre
—vendimia, cama fría—, con el peso
de sus estrellas únicas caído!

(Juan Ramón Jiménez)

Illustration

 

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Chant pour des ans à venir (Robert Momeux)

Posted by arbrealettres sur 3 avril 2020



Chant pour des ans à venir

C’était en revenant de la maison des rêves (je sais que tu ne m’aimes pas).
Tous les enfants étaient partis et l’herbe était devenue noire et plus un oiseau ne chantait.
J’avais erré longtemps, tous les livres s’étaient refermés pour moi
et je n’avais rien retenu de toutes leurs amours.

J’étais seul.

Tous les sentiers que je suivais
menaient vers la même eau calme et sombre, sous des lunes.
Je tournais en rond dans un sablier têtu et triste,
je repassais vingt fois devant man enfance au soleil et des fiançailles fanées.
Rien.
Plus une porte.

J’ensanglantais mes doigts à des murs invisibles.
Des journées vertes et douces défilaient, lointaines, silencieuses.
Je voyais se lever des tours et des palais, des ombres de futaies et des festins heureux.
Des visages perdus depuis toujours me souriaient gravement.
Une brume ténue voilait des gestes et des attitudes.
I1 y avait comme des puits, luisants et pleins de menace,
où je ne distinguais rien, m’y penchant.

Sous mes yeux, de grands pans de mon passé s’écroulaient, tranquilles et chastes.
Ma vie était dans une cendre mélancolique et froide que pas un souffle ne pouvait chasser.
J’allais, j’allais longtemps encore dans des plaines muettes.
Et plus tard, quand la nue fut percée, je ne vis plus qu’un grand fantôme,
ivre comme de vin, qui titubait sous le ciel bas
et qui jetait au vent des lambeaux de son linceul
jaune et sale.

(Robert Momeux)


Illustration: Odilon Redon

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NAVARRENX (René Guy Cadou)

Posted by arbrealettres sur 17 août 2018



 

Navarrenx [1280x768]

NAVARRENX

Le coeur s’est refermé
Les mains se sont éteintes
Sous le toit défleuri
La misère qui tinte
Mais les oiseaux sauvés
La dernière clé d’or allumée sur la porte
Et les chiens d’aube qui rapportent
Quelques lambeaux d’été
Des plumes de lumière
Les cloches réveillées au fond de la rivière
Tout le ciel de côté

Chacun reprend courage
Et la route est partie sous l’aile de l’orage
L’homme sur sa chanson
Que le plus clair de nous éclaire ton visage

(René Guy Cadou)

Illustration: Navarrenx

 

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OMBRE (Jean Tardieu)

Posted by arbrealettres sur 6 novembre 2017




    
OMBRE

Opacité des murs, silence
tombé sur d’obscures clameurs,
temps où sombre la patience,
soleil de plomb sur la douleur
et les ténèbres de soi-même,
formes de fer, masques de feu,
rochers refermés sur les dieux
ruisselants de pluie et de pleurs,
ouvrez, ouvrez à qui les aime,
ouvrez vos portes dont je meurs!

(Jean Tardieu)

 

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LE DÉSIR N’A PAS DE LÉGENDE (XVIII) (Lucien Becker)

Posted by arbrealettres sur 2 septembre 2017



 

Illustration: Irma Gruenholz
    
LE DÉSIR N’A PAS DE LÉGENDE (XVIII)

Au-delà de mes mains refermées sur toi,
au-delà de ce baiser qui nous dénude,
au-delà du dernier mot que tu viens de dire,
il y a le désir que nous tenons vivant contre nous.

Il y a la vie des autres qui remonte de la ville
sans pouvoir aller plus loin que la porte
derrière laquelle les murs écoutent à notre place
le bruit que le coeur des hommes fait dans la rue.

Tu dépasses les herbes
de quelques hauteurs de soleil.
Je te sens à peine bien que je sois sur toi
comme sur la pointe la plus aiguë d’une montagne.

Tu es entière contre chacune de mes mains,
tu es entière sous mes paupières,
tu es entière de mes pieds à ma tête,
tu es seule entre le monde et moi.

(Lucien Becker)

 

Recueil: Rien que l’amour
Editions: La Table Ronde

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Elle avait un sourire égal au goéland (Guillevic)

Posted by arbrealettres sur 7 avril 2017




Elle avait un visage
Comme sont les visages
Ouverts et refermés
Sur le calme du monde.

Dans ses yeux j’assistais
Aux profondeurs de l’océan, à ses efforts
Vers la lumière supportable.

Elle avait un sourire égal au goéland.
Il m’englobait.

(Guillevic)

Illustration: Calirezo

 

 

 

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Chemins (Martin Heidegger)

Posted by arbrealettres sur 13 décembre 2016



Chemins

chemins de la pensée ; ils vont d’eux-mêmes,
ils s’échappent. Quand donc amorcent-ils à nouveau le tournant,
dégageant la vue sur quoi ?
Chemins allant d’eux-mêmes,
jadis ouverts, soudain refermés,
plus tard. Montrant de l’antérieur,
jamais atteint, voué au non-dit –
relâchant les pas
à partir de l’accord d’un fiable destin.
Et à nouveau presse
une ombre incertaine
dans la lumière qui tarde.

***

Wege,
Wege des Denkens, gehende selber,
entrinnende. Wann wieder kehrend,
Ausblicke bringend worauf ?
Wege, gehende selber,
ehedem offene, jäh die verschlossenen,
später. Früheres zeigend,
nie Erlangtes, zum Verzicht Bestimmtes –
lockernd die Schritte
ans Anklang verlâsslichen Geschicks.
Und wieder die Not
zögernden Dunkels
im wartenden Licht.

(Martin Heidegger)

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

 

 

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Retouche à l’absence (Daniel Boulanger)

Posted by arbrealettres sur 1 août 2016


 

Retouche à l’absence

tombé du temps
ton souvenir posé sur mon âme qui plie
a refermé ses ailes

(Daniel Boulanger)

 

 

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Nature morte (Paul Celan)

Posted by arbrealettres sur 2 mai 2016



Nature morte

Bougies avec les bougies, scintillances avec les scintillances,
lueurs avec les lueurs.

Et ici en dessous, ceci : un œil,
dépareillé et clos,
frangeant de cils le Tard qu’on voyait poindre
sans être le soir.

Devant, le Non-connu, dont tu es l’hôte ici :
le chardon sans lumière
dont l’Obscur fait cadeau aux siens,
depuis le Lointain,
pour demeurer inoublié.

Et puis encore, ceci, porté disparu dans le Sourd :
la bouche,
pétrifiée et les crocs refermés sur des pierres,
hélée par la mer
qui toutes les années roule vers le haut ses glaces.

(Paul Celan)

Illustration: Salvador Dali

 

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Crépuscule au bord des fenêtres (Richard Rognet)

Posted by arbrealettres sur 6 mars 2016



Crépuscule au bord
des fenêtres, fleurs
fidèles, corolles
chaleureuses, puis la nuit

avec ses légendes, ses
miroirs sous l’obscurité,
la nuit refermée sur
les gestes humains,

la nuit paisible – et
la gourmandise du silence
lorsqu’un chat, avec
sa tiédeur, se glisse
contre toi pour
réparer le monde.

(Richard Rognet)

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

 

 

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