Pour ce rien cet impondérable
Qui fait qu’on croit à l’incroyable
Au premier regard échangé
Pour cet instant de trouble étrange
Où l’on entend rire les anges
Avant même que de se toucher
Pour cette robe que l’on frôle
Ce châle quittant vos épaules
En haut des marches d’escalier
Je vous aime Je vous aime
Pour la lampe déjà éteinte
Et la première de vos plaintes
La porte à peine refermée
Pour vos dessous qui s’éparpillent
Comme des grappes de jonquilles
Aux quatre coins du lit semés
Pour vos yeux de vague mourante
Et ce désir qui s’impatiente
Aux pointes de vos seins levés
Je vous aime Je vous aime
Pour vos toisons de ronces douces
Qui me retiennent me repoussent
Quand mes lèvres vont s’y noyer
Pour vos paroles démesure
La source le chant la blessure
De votre corps écartelé
Pour vos reins de houle profonde
Pour ce plaisir qui vous inonde
En long sanglots inachevés
Je vous aime Je vous aime
Tu portes ma chemise
Et je mets tes colliers.
Je fume tes gitanes,
Tu bois mon café noir.
Tu as mal à mes reins
Et j´ai froid à tes pieds.
Tu passes mes nuits blanches
Et j´ai tes insomnies.
Je ne sais pas où tu commences,
Tu ne sais pas où je finis.
Tu as des cicatrices
Là où je suis blessé.
Tu te perds dans ma barbe,
J´ai tes poignets d´enfant.
Tu viens boire à ma bouche
Et je mange à ta faim.
Tu as mes inquiétudes
Et j´ai tes rêveries.
Je ne sais pas où tu commences,
Tu ne sais pas où je finis.
Tes jambes m´emprisonnent,
Mon ventre te retient.
J´ai ta poitrine ronde,
Tu as mes yeux cernés.
Ton souffle me réchauffe
Et j´étouffe tes cris.
Je me tais quand tu m´aimes,
Tu dors quand je le dis.
Le temps de tourner la tête
et déjà tu n’es plus la même.
La bête qui bouge en toi,
qui te parcourt, qui t’occupe,
flairant le jour au bleu des veines,
tramant la nuit au creux des reins,
la bête obscure a bronché.
Elle se fige, elle a vieilli.
A peine si je reconnais
le jeune masque de neige
sur la rive dévastée.
Entre mon corps et l’étrangère
qui dérive à mon côté,
s’épaissit le cri de la mer.
La fermeture éclair a glissé sur tes reins
Et tout l’orage heureux de ton corps amoureux
Au beau milieu de l’ombre
A éclaté soudain
Et ta robe en tombant sur le parqué ciré
N’a pas fait plus de bruit
Qu’une écorce d’orange tombant sur un tapis
Mais sous nos pieds
Ses petits boutons de nacre craquaient comme des pépins
Sanguine
Joli fruit
La pointe de ton sein
A tracé une nouvelle ligne de chance
Dans le creux de ma main
Sanguine
Joli fruit
Soleil de nuit
La fermeture éclair a glissé sur tes reins
Et tout l’orage heureux de ton corps amoureux
Au beau milieu de l’ombre
A éclaté soudain
Et ta robe en tombant sur le parqué ciré
N’a pas fait plus de bruit
Qu’une écorce d’orange tombant sur un tapis
Mais sous nos pieds
Ses petits boutons de nacre craquaient comme des pépins
Sanguine
Joli fruit
La pointe de ton sein
A tracé une nouvelle ligne de chance
Dans le creux de ma main
Sanguine
Joli fruit
Soleil de nuit
L’arabesque en forme de femme
balance des feuilles tendres sur le blanc
de la peau.
Elle transmue des cuisses en rythmes,
des genoux en tulipes. Et elle danse
en reposant. Maintenant s’incline
en turgides, promettantes collines.
Tout s’allonge: c’est une terre
parsemée de minéraux arrondis,
bracelets, anneaux multipliés,
mandolines de douceur aux reins chantant.
Où s’apaise le mouvement, naît
spontanée la parabole,
et un orbe, un sein, une baie
font s’écouler, sans fin,
la modulation de la ligne.
De cinq, dix sens, s’enfle
l’arabesque, pomme
polie dans la rosée
de corps qui s’enlacent et se déprennent
dans la courbe courbe courbe bien-aimée,
et ce que le corps invente est chose ailée.
Il y a la musique du soleil qui fait danser
les ombres
le sel
qui boit du vin
la vie à livre ouvert
qu’on lit
dans les abeilles
le miel
d’un côté
de l’autre
le venin
Il y a des cris d’amour qui s’ élèvent
le désir dans ses mains qu’on retient
comme un dernier frisson d’antennes
dans les reins le plaisir le plaisir
le plaisir
comme un battement d’ailes
Il y a les paroles échangées
les mots
soufflés dans l’air
tout ce qu’on respire et qui a été dit
nos serments
gravés hier sur des chimères
qui aujourd’hui retombent en pluie
en grêle
d’hiver
qui nous assomme
de confetti
Il y a de la joie soudain qui éclate comme du verre
l’autre qu’on fait chanter
d’un doigt mouillé
comme le cristal
l’autre qu’on fait chanter
et la nuit qui juponne
la nuit qui descend
la nuit qui fait mal
la nuit qui vous éperonne comme une envie
d’aller au bal
Et puis il y a nous
nous
tout en bas
qui poussons parmi les hommes
nous qui poussons
poussons dans la nuit vers la forme
comme des essences
nous qui fleurissons moins pour l’apparence
que pour le parfum
nous qui passons
dans les branches…
Une perle de rosée sur la pointe des seins,
Quelques gouttes qui ruissellent dans le creux de tes reins…
Une brise discrète caresse la peau
Et s’amuse avec ces gouttes d’eau…
Les yeux mi-clos,
Des pensées oses
Et commandes à ta main
De guider tes doigts fins.
Vers le plaisir tu avances,
Et bientôt, ô jouissance,
Tu oublies ces chagrins
Qui parsèment ton chemin…