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Poésie

Posts Tagged ‘repos’

Ces gens de tout repos (Marie Noël)

Posted by arbrealettres sur 30 mai 2023



    

… ces gens de tout repos,
Qui font tout bonnement tous une même chose.
Je m’ennuie à mourir sur ce chemin morose…
Je n’aime pas brouter l’herbe déjà tondue,
Ce petit foin sans goût, sans fleur inattendue.
Rien de nouveau, rien, rien… Tout est toujours pareil.

Je m’échappe, je cours à travers la campagne,
Je bondis pour trouver quelque peu de montagne,
Je grimpe à des talus très hauts de chemins creux.

On est très bien tout seul, sans moutons, si loin d’eux
Qu’ils semblent tout au fond du val des pierres grises.
Les thyms inviolés ont des saveurs exquises…
Je cours, je broute ici, puis là… je perds du temps,
Je hume l’odeur froide et sauvage des vents.

(Marie Noël)

Recueil: Poètes d’aujourd’hui – Marie Noël
Editions: Pierre Seghers

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Pour parvenir à tout goûter (Saint Jean de la Croix)

Posted by arbrealettres sur 18 avril 2023



Illustration 
    
Pour parvenir à tout goûter

Rédaction tirée
du Mont de la Perfection
ou Mont Carmel
dessiné par saint Jean de la Croix

Pour parvenir au tout

Pour parvenir à ce que tu ne sais pas,
tu dois aller par où tu ne sais pas.
Pour parvenir à ce que tu ne goûtes pas,
tu dois aller par où tu ne goûtes pas.
Pour parvenir à posséder ce que tu ne possèdes pas
tu dois aller par où tu ne possèdes pas.
Pour parvenir à ce que tu n’es pas
tu dois aller par où tu n’es pas.

Pour avoir tout

Pour parvenir à tout savoir,
ne veuille rien savoir rien
Pour parvenir à tout goûter
ne veuille rien goûter en rien.

Pour parvenir à tout posséder,
ne veuille en rien posséder rien.
Pour parvenir à être tout,
ne veuille en rien n’être rien.

Pour ne pas empêcher le tout

Quand tu te fixes sur quelque chose,
tu cesses de te jeter dans le tout.
Car, pour parvenir en tout au tout,
tu dois tout entier te laisser en tout,
et quand tu parviendras à tout avoir en tout,
tu dois l’avoir sans rien vouloir.
Car si tu veux avoir quelque chose en tout,
tu n’as pas un pur trésor en Dieu.

Signe que l’on possède tout

En ce dénuement l’esprit
trouve sa quiétude et son repos
car, comme il ne convoite rien, rien
ne le tire vers le haut
et rien ne le pousse vers le bas, il est
au centre de son humilité.
Car quand il convoite quelque chose,
en cela même il se fatigue.

***

Para venir a gustarlo todo

Redacción sacada
del Monte de Perfección
o Monte Carmelo
dibujado por san Juan de la Cruz

Modo para venir al todo

Para venir a lo que no sabes
has de ir por donde no sabes.
Para venir a lo que no gustas
has de ir por donde no gustas.
Para venir a poseer lo que no posees
has de ir por donde no posees.
Para venir a lo que no eres
has de ir por donde no eres.

Modo de tener al todo

Para venir a saberlo todo
no quieras saber algo en nada.
Para venir a gustarlo todo
no quieras gustar algo en nada.

Para venir a poseerlo todo,
no quieras poseer algo en nada,
Para venir a serlo todo,
no quieras ser algo en nada.

Modo para no impedir al todo

Cuando reparas en algo,
dejas de arrojarte al todo.
Porque, para venir del todo al todo,
has de dejarte del todo en todo,
Y cuando lo vengas del todo a tener
has de tenerlo sin nada querer.
Porque, si quieres tener algo en todo
no tienes puro en Dios tu tesoro.

Indicio de que se tiene todo

En esta desnudez halla el
espíritu su quietud, y descanso,
porque como nada codicia, nada
lo impele hacia arriba, y nada
lo oprime hacia abajo, que está
en el centro de su humildad.
Que cuando algo codicia,
en eso mismo se fatiga.

(Saint Jean de la Croix)

Recueil: Jean de la Croix L’oeuvre poétique
Traduction: de l’espagnol par Bernard Sesé
Editions: Arfuyen

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CHANSON DE ROUTE (Hermann Hesse)

Posted by arbrealettres sur 29 mars 2023




    
CHANSON DE ROUTE

Ô soleil, viens briller dans mon coeur,
Vent, dissipe soucis et misère.
Je ne sais joie si pure sur terre
Que partir, se faire voyageur.

Je suis prêt à courir vers la plaine.
Brûle-moi soleil, baigne-moi, mer.
Ouvrez-vous, mes sens et vous ma chair,
Aux saveurs de notre vie humaine.

Que les jours, se suivant, me dévoilent
Nouveaux frères, compagnons nouveaux,
Que je sois, louant tout en repos,
Hôte, ami de toutes les étoiles.

***

REISELIED

Sonne leuchte mir ins Herz hinein,
Wind verweh mir Sorgen und Beschwerden !
Tiefere Wonne weiß ich nicht auf Erden,
Als im Weiten unterwegs zu sein.

Nach der Ebne nehm ich meinen Lauf,
Sonne soll mich sengen, Meer mich kühlen ;
Unsrer Erde Leben mitzufühlen
Tu ich alle Sinne festlich auf.

Und so soll mir jeder neue Tag
Neue Freunde, neue Brüder weisen,
Bis ich leidlos alle Kräfte preisen,
Aller Sterne Gast und Freund sein mag.

(Hermann Hesse)

Recueil: Poèmes choisis
Traduction: Jean Malaplate
Editions: José Corti

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Le silence se meut (Dong Qiang)

Posted by arbrealettres sur 20 mars 2023



oiseau bleu

Lumière sombre, médium
aux senteurs végétales pénètre les habits.
Silence, repos de tous les êtres,
quand naissent ces vers secrets.
L’eau qui coule, là-bas, n’offre
aucune musique au roseau solitaire.
L’Oiseau Bleu, doté d’un esprit,
sait consoler les deux tiges enlacées.

(Dong Qiang)

Illustration: Remy Disch

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Au point repos du monde qui tourne (Thomas Stearns Eliot)

Posted by arbrealettres sur 25 février 2023




    
Au point repos du monde qui tourne,
ni chair, ni privation de la chair,
ni venant de, ni allant vers…

Un point repos, là est la danse,
mais ni arrêt, ni mouvement,
ne l’appelez pas fixité,
passé et futur s’y marient.
Non pas mouvement de ou vers.
Non pas ascension ou déclin.
N’était le point, le point repos,
là, où il n’y aurait nulle danse,
là, il n’y a que danse.

(Thomas Stearns Eliot)

 

Recueil: 52 poèmes d’Occident pour apprendre à s’émerveiller
Editions: Pocket

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Fuyez, amants (Michel Ange)

Posted by arbrealettres sur 25 février 2023



Illustration: Edvard Munch
    
Fuyez, amants, fuyez l’amour et ses ardeurs;
sa flamme est âpre ; sa blessure mortelle.
Qui ne le fuit soudain, lui opposera vainement plus tard
le courage et la force, l’absence et la raison.

Fuyez : que le trait mortel qui m’a frappé
ne soit pas pour vous une stérile leçon!
Voyez en moi les maux qui vous attendent,
et combien sont barbares les jeux de cet enfant.

Fuyez-le , sans tarder, fuyez dès le premier regard.
Je crus pouvoir en tout temps obtenir de lui le repos :
hélas ! voyez maintenant le feu qui me dévore.

Insensé , celui qui, violemment épris d’une beauté séduisante,
égaré par de trompeurs désirs,
ferme l’oreille et les yeux à son propre bonheur,
pour courir au-devant des traits empoisonnés de l’amour!

(Michel Ange)

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Pour mon enterrement (Miu Xi)

Posted by arbrealettres sur 13 décembre 2022



Illustration: Shan Sa
    
Pour mon enterrement

De mon vivant, j’arpentais les rues de la capitale,
Dans ma mort, me voilà confondu au sein des plaines.
À l’aube, mes pas vifs résonnaient dans le grand hall du palais
À l’ombre, je loge désormais auprès des sources jaunes.
Un soleil blanc se dépose dans le Golfe de Yu
Son char d’or à l’arrêt, ses coursiers au repos.
Le dieu, dans sa gloire céleste,
Ne pourrait-il restaurer mon unité perdue ?
Corps et visage lentement décomposés,
Dents et cheveux dispersés au loin.
Voilà le chemin des hommes et toute chose ;
Qui saurait en rompre la trame de bronze ?

(Miu Xi)

(186-245)

 

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

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En voyant l’océan (Zao Zao)

Posted by arbrealettres sur 13 décembre 2022



Illustration: Shan Sa
    
En voyant l’océan

Par l’orient, du haut de la montagne Jieshi,
J’envisage l’océan infini.
Des eaux bouillonnantes inlassables
Surgissent des pics abrupts et déchirés.
Des arbres y croissent en grappe
Et l’herbe riche forme ses tapis de sève.
Le vent d’automne soupire
Les hautes vagues barattent l’écume
Qu’elles jettent ensuite aux cimes des nues
Soleil et lune, en leur périple,
Semblent trouver là, naissance et repos.
Les étoiles en leur brillance constellée
Émergent de ses profondeurs marines.
Comme est grand mon ravissement !
Je le chante dans ces vers.

(Zao Zao)

(155-220)

 

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

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Les eaux montent (Lu Ji)

Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2022



Illustration: Shan Sa
    
Les eaux montent

Mon service prend fin et je descends les marches du palais
Repos du soir — je gagne enfin mes appartements
L’éclair hurlant éclate dans la nuit pleine
Les flèches de lumière vive rayent les ténèbres
De noirs nuages harcèlent les tours vermillonnes
Et le vent frappe le linteau des fenêtres.
L’eau s’écoule bouillonnante par les gouttières du toit
Des flaques jaunes noient les degrés aveugles des terrasses
Les cieux dénués s’engrènent impassibles sans se déchirer
De larges voies d’eau rejoignent abondantes un canal englouti
À Liang et Ying, les cultures meurent sous les flots du ciel
Des paysans vagabonds passent devant les bras furieux du fleuve
Les eaux montent inlassables et changent nos vies en ruine marine.

(Lu Ji)

(261-303)

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

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À l’ombre des pins et des cyprès (Pan Qi Yu)

Posted by arbrealettres sur 6 décembre 2022



Illustration: Shan Sa
    
À l’ombre des pins et des cyprès

La sagesse reçue des Anciens
M’accorda une vie humaine.
Elle m’invita, pauvre créature, jusqu’au palais
À tenir un humble rang dans le quartier des femmes.
J’ai joui de la grâce profuse du saint souverain,
Recueillant la faveur radieuse du soleil et de la lune.
Les rais brûlants de l’astre pourpre posés sur moi,
Je reçus la haute bénédiction dans le Pavillon de Zeng Shen.
Abandonnée à l’espoir de jours heureux,
Je délaçais mon souffle, éveillée comme endormie.
Mais les décrets du Ciel — qui pourra jamais les infléchir ?
Avant de les savoir, le soleil voilait sa lumière
Et me laissait déjà dans l’ombre du soir.
Je gardais la bonté du roi qui demeurait mon seul asile
Et mes fautes ne me conduisirent pas à l’exil.
J’ai servi l’impératrice douairière dans le palais d’orient
Et pris ma place parmi les suivantes de la Confiance éternelle.
J’aidais à laver les rideaux, à balayer le sol souillé
Et ma tâche se poursuit ainsi jusqu’au terme mortel.
Alors mes os trouveront repos au pied de la colline.
Et l’ombre vacillante des pins et des cyprès couvrira ma tombe.

(Pan Qi Yu)
(1er siècle avant J.-C.)

 

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

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