Quand y a la mer et puis les ch´vaux
Qui font des tours comme au ciné
Mais qu´ dans tes bras, c´est bien plus beau
Quand y a la mer et puis les ch´vaux
Quand la raison n´a plus raison
Et qu´ nos yeux jouent à s´ renverser
Et qu´on n´ sait plus qui est l´ patron
Quand la raison n´a plus raison
Quand on rat´rait la fin du monde
Et qu´on vendrait l´éternité
Pour cette éternelle seconde
Quand on rat´rait la fin du monde
Quand le diable nous voit pâlir
Quand y a plus moyen d´ dessiner
La fleur d´amour qui va s´ouvrir
Quand le diable nous voit pâlir
Quand la machine a démarré
Quand on n´ sait plus bien où l´on est
Et qu´on attend c´ qui va s´ passer
Le bon silence, c’est celui de l’écoute,
celui de l’ouverture de l’âme à l’art, à la lumière et à la nuit,
à la parole initale
dont toutes les autres ont pu sortir dans la durée d’une vie.
Le roi David, dans un psaume, remercie Dieu
de lui avoir profondément « creusé l’oreille ».
Retrait en nous, caché derrière le voile des formes,
des images, des événements fugitifs,
s’abrite le lieu de toute confiance
et de plénitude dans le repos
-parfois je l’appelle le lac de la rosée-,
d’où jaillit, hors du silence,
la possibilité de la perception des choses,
et de la parole en même temps.
(Claude Vigée)
Recueil: Dans le silence de l’Aleph
Traduction:
Editions:Albin Michel
J’ai vécu le retrait
le repliement la solitude
auxquels m’astreignait
le périple de la quête de soi
et la voix que j’étouffais
ne cessait d’implorer
accordez-moi un sourire
une poignée de main
ce signe d’amitié
qui apaiserait le besoin
que j’ai de vous
Je t’offre le silence
dit une voix — souffle, murmure —
venue de l’au-delà de la terre.
Je t’offre ce jardin de silence,
ce lieu blanc
où tu pourras t’agenouiller
non pas pour la prière
mais pour l’attente immobile
de l’éclosion du silence.
Je t’offre le silence et je me tais.
Je te laisse à ce que l’on nomme silence:
la respiration de la terre,
l’harmonie du sang et de la sève,
du coeur paisible et du frisson des sources.
Ailleurs, dans la fureur des villes
les hommes sont esclaves
et complices du vacarme,
assaillis, engloutis, sans âme ni parole.
Avec l’âgе est venu le temps du retrait et du refus.
Dans la grâce de ce jardin
voici pour la seule pensée
la musique silencieuse des mots.
(Jean Joubert)
Recueil: Longtemps j’ai courtisé la nuit
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
S’éveillera sans nous l’alternative du sens au coeur de
l’ébriété du langage. Du langage assoupli par l’allégresse
de son rebondissement illimité J’ânonne, il s’élance. Il
oublie que je suis second, en retrait, en recul. Il ignore
surtout que je n’existe pas, que je bave et transpire
d’inexistence dans l’ébranlement de sa trace.
(Jacques Dupin)
Recueil: Le corps clairvoyant
Traduction:
Editions: Gallimard
Parler au futur,
c’est déjà tapisser la nuit d’étoiles mortes.
Restons muets afin de sauvegarder l’instant,
d’en mesurer le passage et le retrait :
saisissons les choses
dans leur déploiement sans pareil.
(Max Alhau)
Recueil: Présence de la Poésie
Editions: Editions des Vanneaux