Tu verras bien qu’un beau matin fatigué
J’irai m’asseoir sur le trottoir d’à côté
Tu verras bien qu’il n’y aura pas que moi
Assis par terre comme ça
Le temps d’un jean et d’un film à la télé
On se retrouve à vingt-huit balais
Avec dans le coeur plus rien pour s’émouvoir
Alors pourquoi pas s’asseoir
Tu verras bien qu’un beau matin fatigué
J’irai m’asseoir sur le trottoir d’à côté
Tu verras bien qu’il n’y aura pas que moi
Assis par terre comme ça
Depuis le temps qu’on est sur pilote automatique
Qu’on fait pas nos paroles et pas notre musique
On a le vertige sur nos grandes jambes de bazar
Alors pourquoi pas s’asseoir
Tu verras bien qu’un beau matin fatigué
J’irai m’asseoir sur le trottoir d’à côté
Tu verras bien qu’il n’y aura pas que moi
Assis par terre comme ça
J’appuie sur la gâchette accélérateur
Y’a que des ennemis dans mon rétroviseur
Au dessus de cent quatre vingts je perds la mémoire
Alors pourquoi pas s’asseoir
Tu verras bien qu’un beau matin fatigué
J’irai m’asseoir sur le trottoir d’à côté
Tu verras bien qu’il n’y aura pas que moi
Assis par terre comme ça
La nuit je dors debout dans un R.E.R.
Dans mon téléphone tu sais j’entends la mer
Y’a pas le soleil dans ma télé blanche et noire
Alors pourquoi pas s’asseoir
Tu verras bien qu’un beau matin fatigué
J’irai m’asseoir sur le trottoir d’à côté
Tu verras bien qu’il n’y aura pas que moi
Assis par terre comme ça
Tu verras bien qu’un beau matin fatigué
J’irai m’asseoir sur le trottoir d’à côté
Tu verras bien qu’il n’y aura pas que moi
Assis par terre comme ça
Un con qui téléphone sans tenir son volant
Un autre en 205 qui fait n’importe quoi
Une fille qui déboite, comme ça, sans clignotant
Un taxi fatigué qui rentre à Levallois
Deux blacks sapés la frime dans leur Opel Manta,
Une dame en chapeau qui traîne en japonaise
Un cadre la trentaine dans une Laguna
Trois rappeurs en casquette, plaque 93
Un maçon portugais dans son Renault Express
Une Mercedes noire, une vieille DS
Des camions sur deux files, une bagnole de flics
Toutes ces vies frôlées sur le périphérique
Étranges étrangers aux étranges bonheurs
Et toi tout endormi dans mon rétroviseur.
(Hervé Le Tellier)
Recueil: Zindien
Traduction:
Editions: Le Castor Astral
Tout petit
Petit
Je faisais des petits avions
Des petits avions en papier
Que je lâchais sur les toits
Au hasard
Un ange déchu s’en servait une fois
Pour regagner son patelin de nuages
Mon ami Pierrot s’en souvient bien
Les yeux tout ronds
Déjà tout petit
Petit
Je faisais des petits bateaux
Des petites caravelles piégées
Conçues sans quille et sans coeur
Pour basculer Christophe Colomb
Et ses frères conquista-d’or
Et sa conquête très coquette reine Isabelle
Croyez-vous vraiment qu’elle était catholique
Déjà tout petit petit
Je faisais des avions
Et des bateaux avec mes cahiers d’écolier
Ces petits bateaux-là voyageaient loin
Très loin dans
les larmes de maman
Qui me prenait par la peau du cou
Me plaçait face contre mur
Il faut jamais faire ça de tes cahiers
Plus jamais