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Poésie

Posts Tagged ‘révélation’

Un visage signé de rides (Jean-Vincent Verdonnet)

Posted by arbrealettres sur 22 février 2023




    
Un visage signé de rides
qu’une rose en s’ouvrant
lira

la poix de la suie douce aux poutres
où reposèrent un moment
les oiseleurs de sortilèges

le baiser des millénaires aux graminées
dans un tourbillon d’allégresse

la manne de ciels
qui naissent de faims pauvres

des gestes anciens fondant
l’espace nouveau des journées

et ces révélations d’étoiles
dont l’eau des fontaines frémit

pourraient changer
l’ordre du monde

(Jean-Vincent Verdonnet)

 

Recueil: D’ailleurs
Editions: Saint-Germain-des-Prés

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Dire (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 29 novembre 2022



Dire : cette vie est un jardin de roses, c’est mentir.

Dire : cette vie est un champ de ruines, c’est mentir.

Dire : je sais les horreurs de cette vie
et je ne m’en lasserai jamais d’en débusquer les merveilles,
c’est faire son travail d’homme et vous le savez bien :

ce genre de travail n’est jamais fini,
c’est comme les images,
elles continuent à trembler après le bain,
bien après la magie des révélations.

Vos images ne sont pas des mirages.
Vos images sont des points d’eau dans le désert.

(Christian Bobin)

 Illustration: Edouard Boubat

 

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Est-ce que cela a un nom? (André du Bouchet)

Posted by arbrealettres sur 7 janvier 2021


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Est-ce que cela peut s’appeler quelque chose?
Est-ce que cela a un nom?
Cette révélation comme décevante de l’inconnu
est celle même de notre existence,
alors qu’elle s’avère soudain dépouillée de son nom
– et trop proche

(André du Bouchet)

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Pour ma part, j’ai traversé trois grandes étapes (Christiane Singer)

Posted by arbrealettres sur 2 septembre 2020



Illustration: Freydoon Rassouli  
    
Pour ma part, j’ai traversé trois grandes étapes.
Tout d’abord, jeune femme,
la vita activa,
j’étais toute puissante et je me passais de toute transcendance.

Puis, la vita contemplativa
m’offrit les clés de la révélation que tout était Dieu.

Et puis maintenant, troisième étape,
voilà que ces deux univers interfèrent
dans un étrange jeu ondulatoire.

(Christiane Singer)

 

Recueil: Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ?
Traduction:
Editions: Le livre de poche

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EXPULSION DE L’ESPRIT (Srecko Kosovel)

Posted by arbrealettres sur 28 février 2020



 

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EXPULSION DE L’ESPRIT

L’esprit dans l’espace.
Le feu des orages embrase les ténèbres,
L’esprit brûle dans l’espace.
Il diffuse la lumière magique.
L’express aux vertes fenêtres
Brillant sur le viaduc.
Moi-même je brûle et m’éclaire;
Aveugles ils éprouvent mon électricité
Mais ne voient pas la lueur.
Tous tremblent comme moi,
D’une ivresse de mort.
Ils reconnaissent lá le frisson
Des ailes refusant de se déployer,
De rayonner comme un astre en la nuit.
Ils maudissent les geôliers du soleil,
Qui dorment
Comme des fonctionnaires.
Tous les hommes dorment la nuit,
Ils n’éprouvent pas les révélations magiques,
Qui sourdent en moi de moi
L’homme est expulsion de l’esprit.
Difformité de la connaissance.

(Srecko Kosovel)

Illustration

 

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Couvre-le, couvre-le (Adonis)

Posted by arbrealettres sur 8 janvier 2020




    
Couvre-le, couvre-le
la révélation de ton corps est pour lui la seule preuve
et sa chute en lui le seul indice.

Couvre ton corps au sien
sans lequel rien ne s’ouvre
ni ne se ferme.

Couvre-le, couvre-le

duvet de ton ventre
huile à oindre
branche de tilleul et de voeux.

(Adonis)

 

Recueil: Lexique amoureux
Traduction: Vénus Khoury-Ghata Issa Makhlouf Houria Abdelouahed
Editions: Gallimard

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Qu’il neige sur la Ville (Géo Libbrecht)

Posted by arbrealettres sur 8 septembre 2019



 

Qu’il neige sur la Ville

Qu’il neige sur la Ville et neige dans le coeur,
qu’il neige, ô lente neige, à travers notre songe,
qu’il neige sur l’oiseau, dans la main du veilleur
où l’ombre et la durée à l’infini s’allongent ;
qu’il neige sur le temps, sur la feuille et l’écorce,
qu’il neige sur la vie aux visages sans nom,
avec le chant du soir, l’oubli des jours à naître,
que sur les morts debout neigent tous les hivers.
Plus pauvre que le pauvre, ô neige pardonneuse,
qu’il neige du silence et neige sur l’esprit ;
ne sommes-nous ce peu qu’un peu de neige efface
et pourquoi tant de bruit pour un peuple qui passe ?
Pour reculer en nous les révélations,
qu’il neige avec le spleen, qu’il neige avec l’angoisse,
neige de l’absolu, qu’il neige sur la race,
qu’il neige sur moi-même ainsi que sur l’ami,
est-il un souvenir qui n’ait sa neige aussi ?
Qu’il neige sur les Rois, qu’il neige sur Marie,
douce neige, qu’il neige, ô bénédiction,
et que l’aurore soit, qu’il neige et qu’on oublie.
La pâle odeur des lys épanche le sommeil,
ô neige patiente où s’endort le soleil,
pour le pardon de l’homme et le pardon du crime,
qu’il neige, neige étrange, au creux de nos chagrins,
sur toute vanité, sur la vigne et la tombe,
je veux rester ici parmi les pèlerins
à contempler la neige avec le ciel qui tombe.

(Géo Libbrecht)

Illustration: ArbreaPhotos

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L’OISEAU D’OR DE BRANCUSI (Mina Loy)

Posted by arbrealettres sur 5 avril 2019



Illustration: Constantin Brancusi   
    
L’OISEAU D’OR DE BRANCUSI

Et le jouet
devint l’archétype esthétique

Comme si la patience de quelque Dieu paysan
avait poli et poli
l’Alpha et l’Oméga
de la forme
à partir d’une masse de métal

Orientation dénudée
désempennée déplumée
dans la dynamique du vol
le rythme final
a élagué les extrémités
de crêtes et de serres

L’acte absolu
de l’art
accorda
à la chasteté de la sculpture
‒ nue comme l’arcade d’Osiris –
sein de la révélation

une courbe incandescente
léchée par les flammes chromatiques
dans les labyrinthes du jeu des reflets

L’hyperesthétisme
de ce gong de cuivre affiné
transperce l’air
comme

la lumière agressive
délivre
sa signification

L’immaculée
conception
de l’inaudible oiseau
jaillit
d’une superbe retenue

(Mina Loy)

 

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Un rideau de lumière (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 7 mars 2019



Un rideau de lumière
interrompt l’office des ténèbres.
Alors nous comprenons que la lumière
est aussi un office,
le rite originaire,
la liturgie nue
d’une révélation
sans autre exégèse.

Et l’ombre le sait.
C’est pourquoi elle s’ouvre devant la lumière.

(Roberto Juarroz)


Illustration: Odilon Redon

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Il serait si facile (Pier Paolo Pasolini)

Posted by arbrealettres sur 24 octobre 2018



Illustration
    
Il serait si facile de dévoiler
Cette lumière ou cette ombre… Un mot :
Et l’existence, qui en moi existe seule
Sous les voix que chaque homme s’invente
Pour se rapprocher de vérités
Fuyantes, serait exprimée, finalement.
Mais ce mot n’existe pas.
Si toutefois j’écoute dans le bruit
Qui monte du quartier, un son un peu
Plus clair — ou que j’aspire dans l’odeur
De la saison un souffle plus précis
De feuilles mouillées, de pluie, alors,
Allusive, l’indicible vie qui est la mienne
Se dessine à mes yeux, rien qu’un instant,
Et je ne saurais la supporter… Mais un jour,
Ah un jour, je hurlerai à cette vue,
La révélation sera un hurlement…

***

Sarebbe cosi facile svelare
questa luce o quest’ombra… Una parola :
e l’esistenza che in me esiste cola
sotto le voci che ogni uomo inventa
per avvicinarsi a verità
fuggenti, sarebbe espressa, infine.
Ma questa parola non esiste.
Se tuttavia ascolto nel rumore
che sale dal rione, un suono un poco
più terso — o aspiro nell’odore
della stagione un più preciso auto
di foglie fradice, di pioggia, allora,
allusa, l’indicibile mia vita
mi si disegna, per un solo istante…
E non so sopportarla… Ma un giorno,
ah un giorno, urlero , a quella vista,
sarà un urlo la rivelazione…

(Pier Paolo Pasolini)

 

Recueil: Adulte ? Jamais
Traduction: René de Ceccaty
Editions: Points

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