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Poésie

Posts Tagged ‘riche’

Porteur (Langston Hughes)

Posted by arbrealettres sur 23 avril 2023




    
Porteur

Je dois vous dire
Oui monsieur,
Tout le temps.
Oui monsieur !
Oui monsieur !
Tous les jours
J’gravis une énorme montagne
De oui monsieur !

Le monde appartient
Aux vieux riches blancs.
Donnez-moi vos chaussures
A cirer.

Oui monsieur !

***

Porter

I must say
Yes, sir,
To you all the time.
Yes, sir!
Yes, sir!
All my days
Climbing up a great big mountain
Of yes, sirs!

Rich old white man
Owns the world.
Gimme yo’ shoes
To shine.

Yes, sir!

(Langston Hughes)

Recueil: Mes beaux habits au clou
Traduction: Frédéric Sylvanise
Editions: JOCA SERIA

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ODE À L’AMOUR TERRESTRE (Henrique Huaco)

Posted by arbrealettres sur 23 avril 2023




    
ODE À L’AMOUR TERRESTRE

Amour? Jamais je ne l’ai vu briller
aussi beau que dans les marchés,
caché dans les fromages,
ou déguisé en fleurs dans les paniers rouges;
jamais je n’ai imaginé sa fraîcheur séculaire
sa force souterraine,
à cette heure avant la création du soleil
dans l’obscurité.

Le merveilleux repose sur les nappes
des vieilles tables,
prêt pour être choisi, observé, senti,
prêt pour être palpé
par notre entendement,
prêt à s’abandonner et se donner, à nous.

Qui parle d’amour ?
Qui, caché dans les jardins,
sort à sa rencontre ?
Qui l’attend dans les nuits antiques ?

Nous chercherons une cinquième saison
pour nous aimer.
Nous chercherons le nouveau monde,
les plages
où goûter enfin la peau
obscure et parfumée du bonheur
la peau opaque de la mangue.

Nos angles sont riches en possibilités,
nous avons la soif qui produit la multiplication,
la soif de l’image pour l’image,
Pour les aïes ! et les voix qui nous réduisent
à une boule de feu;
qui nous soulèvent sur les toits
des vieux quartiers des villes,
haletants, comblés enfin,
ardents de nostalgie et de sagesse.

***

ODA AL AMOR TERRESTRE

¿Amor ? Nunca lo vi brillar
tan bello como en los mercados,
oculto entre los quesos,
o disfrazado de flor en las canastas rojas ;
nunca imaginé su frescura secular,
su subterranea fuerza,
en esa hora antes de la creación del sol
en la oscuridad.

Lo maravilloso yace sobre las mantas
de las viejas mesas,
listo para ser escogido, observado, olido,
listo para ser palpado
por nuestro entendimiento,
listo para dejarse y darse a nosotros.

¿ Quién habla de amor?
¿ Quién, escondido en los jardines,
sale a su encuentro ?
¿ Quién le espera en las antiguas noches ?

Buscaremos una quinta estación
para amarnos.
Buscaremos el nuevo mundo,
las playas
donde probar al fin la piel
oscura y perfumada de la dicha,
la opaca piel del mango.

Nuestros ángulos son ricos en posibilidades,
tenemos la sed que produce la multiplicación,
la sed de la imagen por la imagen.
Por ayes! Y voces que nos reduzcan
a una bola de luz;
que nos levanten sobre los techos
de los viejos barrios de las ciudades,
jadeantes, plenos al fin,
ardiendo con nostalgia y sabiduría.

(Henrique Huaco)

Recueil: La peau du temps
Traduction: Anne-Marie Vindras
Editions: des Crépuscules

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Lui s’en allait (Georges-Emmanuel Clancier)

Posted by arbrealettres sur 22 mars 2023



Rouges, riches, pleins déjà
A dégorger la musique du remords,
En vain les processions fardées
De la vue, avec leurs longues mains
Mortes
Cognaient à sa peau.
Lui s’en allait.
Il portait à ses doigts une lueur,
A ses lèvres une soif douce,
L’une brillait très loin sur un secret,
L’autre rendait toute chose
Pesante et pleine comme un fruit.

(Georges-Emmanuel Clancier)

Illustration

 

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Au plus secret (Roland Dubillard)

Posted by arbrealettres sur 20 mars 2023


Poele_en_fonte

Est-il besoin, au fond, d’avoir un extérieur?
Au plus secret de la gueuse de fonte
Soufflent tous les vents, comme ailleurs.
Simplement, dans cet intérieur inhabitable,
C’est en bien plus petit qu’ils soufflent;
Et en plus riche; et en plus dense;
Et en silence.

(Roland Dubillard)

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VILLE DE PÉCHÉ (Jaroslav Seifert)

Posted by arbrealettres sur 11 mars 2023




    
VILLE DE PÉCHÉ

La ville des fabricants, des riches, des boxeurs cruels,
ville des inventeurs, des ingénieurs,
ville des généraux, des commerçants, des poètes patriotes,
par ses noirs péchés avait dépassé la mesure du courroux divin
et Dieu était en colère ;

cent fois il avait promis à cette cité
sa vengeance, une pluie de soufre, le feu
et les grondements du tonnerre
et cent fois il lui a pardonné
puisqu’il s’est rappelé avoir dit, un jour,
qu’il épargnerait la ville à cause de deux justes,
et qu’il est difficile à Dieu de parler en l’air :

deux amants allaient dans le verger printanier,
respirant à pleins poumons l’odeur des aubépines en fleur.

(Jaroslav Seifert)

Recueil: Les danseuses passaient près d’ici
Traduction: Petr Kral et Jan Rubes
Editions: Actes Sud

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Richesse (Gabriela Mistral)

Posted by arbrealettres sur 26 février 2023




    
Richesse

J’ai le bonheur fidèle
et le bonheur perdu,
j’ai l’un comme la rose,
l’autre comme l’épine.
De ce qu’on m’a ôté,
ne suis dépossédée :
j’ai le bonheur fidèle
et le bonheur perdu
et suis riche de pourpre
et de mélancolie.

Ah! bien-aimante rose!
Ah! bien-aimée épine!
Tel le double contour
de deux beaux fruits jumeaux,
j’ai le bonheur fidèle
et le bonheur perdu…

(Gabriela Mistral)

Recueil: Poèmes choisis Prix Nobel de littérature 1945
Editions: Rombaldi

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L’ENFANT SEUL (Gabriela Mistral)

Posted by arbrealettres sur 26 février 2023



Illustration: Marianne Clouzot  
    
L’ENFANT SEUL
A Sara Hubner.

Entendant pleurer, je m’arrêtai sur le chemin en pente
et m’approchai jusqu’à la porte de la cabane.
Un enfant aux yeux de douceur me regarda de son lit
et une immense tendresse m’enivra comme vin!

Sa mère s’attardait, courbée sur le chaume;
l’enfant, à son réveil, avait cherché le sein
et s’était mis à pleurer. Je le pris dans mes bras
et une berceuse monta, tremblante, jusqu’à mes lèvres.

Par la fenêtre ouverte, la lune regardait.
L’enfant s’était rendormi et la chanson baignait
comme d’un autre éclat, mon sein riche de son faix.

Et lorsque la femme tremblante ouvrit la porte,
elle dut voir sur mon visage un bonheur si vrai
qu’elle laissa dans mes bras l’enfant endormi.

(Gabriela Mistral)

Recueil: Poèmes choisis Prix Nobel de littérature 1945
Editions: Rombaldi

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Joli tambour (Anonyme)

Posted by arbrealettres sur 6 février 2023




    
Joli tambour

Joli tambour s’en revient de la guerre
Joli tambour s’en revient de la guerre
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
S’en revient de la guerre

La fille du roi s’est mise à sa fenêtre
Dans sa main droite, elle tient une rose
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
Elle tient une rose.

Fille du roi, veux-tu m’donner ta rose ?
Fille du roi, veux-tu m’donner ta rose ?
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
Veux-tu m’donner ta rose ?

Joli tambour, demande-la z’à mon père
Joli tambour, demande-la z’à mon père
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
Demande-la z’à mon père

Sire mon Roi, veux-tu me donner ta fille ?
Joli tambour, quelle est donc ta fortune ?
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
Quelle est donc ta fortune ?

Sire mon Roi, ma caisse et mes baguettes
Sire mon Roi, ma caisse et mes baguettes
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
Ma caisse et mes baguettes

Joli tambour, tu n’es pas assez riche
Joli tambour, tu n’es pas assez riche
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
Tu n’es pas assez riche

J’ai bien aussi des châteaux par douzaines
J’ai trois vaisseaux dessus la mer jolie
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
Dessus la mer jolie

L’un est en or, l’autre en argenterie
Le troisième, c’est pour embarquer ma mie
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
Pour embarquer ma mie

Joli tambour, dis-moi quel est ton père
Joli tambour, dis-moi quel est ton père
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
Dis-moi quel est ton père

Sire mon roi, c’est l’empereur Auguste
Joli tambour, je te donne ma fille
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
Je te donne ma fille

Sire mon roi, je fais fi d’toi et d’ta fille
Dans mon pays, y’en a de plus jolies
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
Y’en a de plus jolies
Y en a des blond’ et des brunes aussi
Ran,ran,ran pataplan!
Et des brunes aussi!

(Anonyme)

 

Recueil: Les plus belles chansons du temps passé
Traduction:
Editions: Hachette

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En voyant l’océan (Zao Zao)

Posted by arbrealettres sur 13 décembre 2022



Illustration: Shan Sa
    
En voyant l’océan

Par l’orient, du haut de la montagne Jieshi,
J’envisage l’océan infini.
Des eaux bouillonnantes inlassables
Surgissent des pics abrupts et déchirés.
Des arbres y croissent en grappe
Et l’herbe riche forme ses tapis de sève.
Le vent d’automne soupire
Les hautes vagues barattent l’écume
Qu’elles jettent ensuite aux cimes des nues
Soleil et lune, en leur périple,
Semblent trouver là, naissance et repos.
Les étoiles en leur brillance constellée
Émergent de ses profondeurs marines.
Comme est grand mon ravissement !
Je le chante dans ces vers.

(Zao Zao)

(155-220)

 

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

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Je cherche (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 30 novembre 2022



Illustration: Alain Chayer
    
Je cherche
ce que nous cherchons tous
Nella
la pureté

Oui tous nous la cherchons
cette chose sans prix
cette chose si pauvre
que le mot de pureté
est encore bien trop riche
pour la dire
et qu’il vaut mieux le remplacer
par celui de bonté
ou mieux encore par celui de
légèreté

Je cherche la légèreté Nella
celle du funambule

Comment faire comment être
De quel pas aller
sur le fil tendu de l’âme

J’avance quand même
peu mais j’avance
et beaucoup grâce à vous

(Christian Bobin)

 

Recueil: La Vie Passante
Editions: Fata Morgana

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